Une structure interorganisationnelle est formée d’un comité de direction et d’une équipe d’intervention, chacun étant composé de membres appartenant à chacune des organisations partenaires. C’est l’essentiel. C’est ce qui permet l’intégration.

La structure interorganisationnelle communautaire-publique est une structure de coresponsabilité. Elle permet d’assurer la gestion et la coordination de services intégrés. Il s’agit essentiellement de reconnaitre qu’il existe une zone d’intervention pour laquelle ni le réseau communautaire ni le réseau public ne peuvent agir seul. C’est l’espace de coresponsabilité. Cet espace peut être aménagé de différentes façons et le niveau d’intégration des services et de métissage des pratiques peut varier selon les réalités. Ce qui est proposé ici c’est un niveau d’intégration élevé des services et de métissage des pratiques. C’est ce qui s’est avéré le plus efficient pour à la fois avoir un impact systémique au niveau des organisations et assurer l’intégration et la coordination des services dans un environnement complexe.

Cette structure interorganisationnelle de coresponsabilité peut être plus ou moins formalisée. Par exemple, il est possible de créer un organisme à but non lucratif formellement enregistré. Pour notre part, nous avons opté pour un organisme communautaire désigné pour être fiduciaire des fonds communs et de prêts de service entre les partenaires promoteurs.

Mais, peu importe la forme juridique, il est important de convenir clairement au point de départ de l’orientation, de la composition, du fonctionnement et des responsabilités du comité. Même si les choses peuvent changer en cours de route, il est nettement préférable de savoir le plus tôt possible vers où nous allons, avec qui nous allons cheminer dans cette direction, ce que nous avons à faire et comment nous allons le faire. Ce sont les quatre points à éclaircir pour la formation d’un comité de direction.

La finalité première de la structure ce sont les personnes visées. Être en mesure de les soutenir et les aider le mieux possible à avoir une place à eux et à avoir une vie, au-delà de la survie. Le sens d’une structure interorganisationnelle n’est pas de développer des services, mais de contribuer à la réponse aux besoins des personnes auxquelles sont dédiés les services. L’offre de services est un moyen pour mieux assurer la réponse aux besoins des personnes et le respect de leurs droits. La finalité de cette structure ce sont les personnes, ce ne sont pas les services, aussi essentiels soient-ils.

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que le but ce ne sont pas les cibles de gestion, mais la réponse aux besoins des personnes.

Au bout du compte ce qui est crucial, c’est de placer la population visée par le projet au centre de toutes les actions du comité.

Mais il y a un autre niveau de finalité du projet qu’il ne faut pas perdre de vue : une finalité systémique. En fait, c’est très simple. La structure interorganisationnelle de coresponsabilité ne doit pas être une voie de sortie des services réguliers, mais une voie d’entrée. Au niveau systémique, la structure de coresponsabilité joue un rôle régulateur afin de réduire, voire éliminer la fracture systémique. C’est-à-dire le déplacement des clientèles vulnérables vers le réseau de l’itinérance et ultimement vers les services correctionnels, sans voie de retour. La finalité de la structure interorganisationnelle de coresponsabilité se décline donc à un double niveau : au niveau des personnes et au niveau systémique. Il faut une grande vigilance aux deux niveaux. Peut-être plus particulièrement au niveau systémique. Car il est très facile et tentant pour d’autres équipes d’utiliser une équipe dédiée en itinérance comme porte de sortie de leur propre service et responsabilité. Surtout au début, il faut prévoir des mécanismes de suivi assez serrés, afin de créer une culture de collaboration centrée sur l’intégration et le maintien des personnes dans les services réguliers. Un service dédié aux personnes désaffiliées ne doit pas devenir une voie de sortie des services réguliers, mais un dispositif qui facilite l’accès et la responsabilisation des établissements à l’égard d’une population qui autrement serait abandonnée à elle-même.