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Guides de pratique danois sur les lombalgies et les radiculopathies

National Clinical Guidelines for non-surgical treatment of patients with recent onset low back pain or lumbar radiculopathy
MJ Stochkendahl et al.
Eur Spine J (2018) 27:60–75

Environ 15% de la population danoise souffre de lombalgie et la plupart des Danois auront au moins un épisode de lombalgie pendant leur vie ce qui correspond à ce qui est observé dans la population mondiale. La lombalgie, avec ou sans radiculopathie, est une cause importante d’incapacité et a des impacts socioéconomiques importants dans la société.

Face à cette problématique, l’Autorité de la santé danoise a formé deux groupes de travail dans le but de développer des guides de pratique sur les interventions non chirurgicales pour les lombalgies d’origine récente et la radiculopathie lombaire d’origine récente (< 12 semaines). Le mandat des deux groupes était de faire des recommandations formulées à partir de 10 questions pour chacun des guides. Les questions étaient structurées selon le format PICO (patient, intervention, comparison, outcome)

Ces groupes de travail ont été formés de cliniciens et d’académiciens provenant de milieux diversifiés, dont la chiropratique. Des regroupements de sociétés professionnelles et des agences ont été consultés pendant le processus. 

La revue de littérature utilisée pour la confection des guides a été limitée aux études concernant la population adulte dont la durée de symptômes de lombalgie ou de radiculopathie était d’une durée de moins de 12 semaines.

Six interventions ont été couvertes par les deux guides de pratique. Deux de ces interventions étaient autonomes (conseils sur l’activité vs le repos; l’utilisation de routine de l’imagerie vs pas d’imagerie). Quatre interventions ont été déterminées en tant qu’ajouts aux soins usuels (information individualisée; exercices supervisés; acupuncture et thérapie manuelle).

Pour les auteurs les soins usuels incluent : de l’information de base au sujet de la progression de la maladie, le pronostic, les signaux de danger, les conseils au sujet de l’activité et la gestion de la douleur.

Les deux guides sont présentés de manière résumée dans les deux tableaux ci-dessous.

Guide pour les patients souffrant de lombalgie aigüe

À ces patients, devrait-on, en addition aux soins usuels leur proposer …

Question

Recommandation / commentaires

1- de demeurer actif ou de se reposer?

Les patients devraient demeurer actifs. Les effets positifs de l’activité l’emportent sur les effets néfastes potentiels du repos.

2- de l’éducation individualisée?

Ça dépend.

 

L’éducation individuelle devrait être offerte de manière spécifique aux patients qui montrent des inquiétudes au sujet de leur lombalgie, qui montrent des signes d’évitement ou en encore, une attitude passive.

 

L’éducation devrait être orientée vers les patients qui montrent suffisamment de motivation et de capacité à modifier leurs comportements.

3- des interventions ciblées comparativement à des interventions usuelles (non ciblées) ?

 

Les auteurs définissent les interventions ciblées comme étant celles qui identifient des sous-groupes de patients partageant certains facteurs de pronostic communs.

Non. Le guide suggère de prendre en considération les aspects psychosociaux de la lombalgie pour faire ressortir les besoins spécifiques de chaque patient.

4- de routine, de l’imagerie (RX ou IRM)?

Non. La prise d’imagerie sans indication d’une condition sous-jacente sérieuse n’améliore pas les résultats des soins. De plus, les effets néfastes potentiels l’emportent sur les effets positifs.

5- de la thérapie manuelle ?

Oui. Il faut cependant noter les résultats cliniques inconsistants des études à ce sujet.

6- des exercices supervisés ?

Oui. Il existe une tendance dans toutes les études en faveur de l’exercice supervisé.

7- des soins d’acupuncture ?

Non, sauf dans certains cas bien sélectionnés.

8- de l’acétaminophène (paracétamol en Europe)?

Non, sauf dans certains cas bien sélectionnés.

9- des opioïdes?

Non, sauf dans certains cas bien sélectionnés.

10- des anti-inflammatoires non stéroïdiens?

Non, sauf dans certains cas bien sélectionnés.

Guide pour les patients souffrant de radiculopathie aigüe

 À ces patients, devrait-on, en addition aux soins usuels leur proposer …

Question

Recommandation / commentaires

1- de demeurer actif ou de se reposer?

Les patients devraient garder un niveau normal d’activité plutôt qu’une réduction des activités (ex.: repos au lit).

2- des exercices supervisés ?

Oui.

3- des exercices directionnels[1] ou des exercices de contrôle moteur[2]?

L’un ou l’autre. Les études ne révèlent aucune différence entre ces deux types d’exercices.

4- des exercices directionnels combinés à des exercices de contrôle moteur ou des exercices directionnels seulement ?

Puisqu’une synergie entre les 2 types d’exercice ne peut être éliminée, il est de bonne pratique de combiner ces deux types d’exercice.

5- de la thérapie manuelle ?

Oui.

6- de l’exercice supervisé ou de la thérapie manuelle ?

L’un ou l’autre, car aucune étude ne révèle de différence entre les deux interventions.

7- des soins d’acupuncture ?

Non. Il n’est pas une bonne pratique d’offrir l’acupuncture de routine.

8- de routine, de l’imagerie de résonance magnétique ?

Seulement après une sérieuse évaluation puisque les effets bénéfiques de cette intervention sont incertains.

9- des injections extraforaminales de glucocorticoïdes ?

Seulement après une sérieuse évaluation puisque les effets bénéfiques de cette intervention sont probablement faibles et de courte durée.

10- une consultation en chirurgie s’il n’y a aucun résultat des soins conservateur avant 12 semaines ou après 12 semaines ?

Ces patients devraient être évalués en chirurgie à l’intérieur d’un délai de 12 semaines quand des douleurs intenses et incapacitantes persistent malgré des soins non chirurgicaux.

Wong et al. ont révisé les guides de pratique pour la gestion non chirurgicale des lombalgies avec ou sans radiculopathie publiés entre 2005 et 2014. Ils ont déterminé que les conseils et l’éducation sur l’autogestion et la réassurance de même que le conseil de demeurer actif, l’exercice supervisé et la thérapie manuelle étaient universellement reconnus pour les patients souffrant de ces conditions.

Différents choix thérapeutiques peuvent être appropriés pour différents patients. Les cliniciens doivent aider les patients à choisir une option de gestion conforme à leurs valeurs et leurs préférences.

Pierre Boucher D.C., Ph.D.
31 janvier 2019

[1] Certains aimeraient réviser ce document de Western States Chiropractic College
[2] Certains aimeraient réviser ce document de l’Association chiropratique canadienne