Les personnes en situation critique de rupture sociale ont toutes des problèmes de santé qui interpellent le réseau de la santé : santé physique, santé mentale et dépendance. Très souvent, elles ont de multiples problèmes de santé relativement graves et chroniques qu’elles ne peuvent et ne veulent même pas reconnaitre. Comment leur donner accès aux services auxquels elles ont droit est un des plus grands défis auquel est confrontée une approche de stabilisation. Encore une fois, il n’y a pas qu’une seule formule. Mais l’expérience nous permet d’identifier certaines balises incontournables pour le développement de stratégies intégrées de soin de santé.

Les soins infirmiers

L’intégration d’un infirmier ou d’une infirmière au sein de l’équipe interorganisationnel est une stratégie gagnante à plusieurs niveaux. D’abord pour les personnes qui ont besoin de soin. Pour les intervenants qui peuvent bénéficier de l’expertise des soins infirmiers dans leurs suivis. Et pour l’intégration des soins médicaux au sein de l’équipe ou le relais avec des services médicaux extérieurs.

Une médecine de proximité

Aller vers les services communs est un principe louable. Mais l’expérience nous enseigne qu’il faut faire l’inverse : il faut approcher les services des personnes, là où elles se trouvent. À Trois-Rivières, nous avons développé un service de médecine de proximité avec des médecins généralistes, un psychiatre répondant, un infirmier relié aux services en dépendance et une infirmière reliée aux services de psychiatrie. De cette façon, les services de deuxième ligne en psychiatrie et en dépendance peuvent être offerts directement aux personnes.

Il y a deux bureaux de consultation : un dans les locaux de l’hébergement d’urgence et l’autre dans le centre de jour. Ce qui est important, c’est que le service soit le plus près du milieu de vie des personnes et puisse se situer en continuité avec l’équipe interorganisationnelle et les services offerts aux personnes : hébergement, centre de jour, travail de rue, etc.

Pour que ce service fonctionne bien, il est nécessaire qu’il soit bien intégré aux services réguliers. Il ne doit pas être perçu comme un service marginal en parallèle, encore moins en rupture avec les services courants. C’est une stratégie d’adaptation des services à la complexité d’une situation problématique. Ce n’est pas une stratégie pour éviter les services réguliers, mais pour les intégrer.