Les besoins peuvent être satisfaits ou non satisfaits. C’est ainsi qu’ils apparaissent spontanément à la conscience. J’ai faim. Je suis fatigué. J’ai peur. Je suis en colère. Mais aussi, je suis rassasié. Je me sens bien, confortable, en sécurité. Je suis stimulé, motivé, etc. Les besoins n’apparaissent pas directement à la conscience. Ils apparaissent à travers des sensations, des émotions et des pensées qui les révèlent. Pour connaître les besoins, nous devons être attentifs à ce qui est enjeu dans les sensations, les émotions et « derrière » les histoires racontées.
On pourrait parler des besoins comme des conditions pour que la vie soit possible, et plus particulièrement pour que la vie humaine soit possible, pour que la personne puisse exister humainement, au-delà de la survie. Dans cette perspective, les besoins sont indépendants de la volonté des personnes, dans ce sens qu’elles ne peuvent les choisir. Ce sont des ressources essentielles pour vivre, des exigences de la vie et de l’humanité de l’Homme que l’on peut choisir de satisfaire de différentes façons. Mais on ne peut pas choisir de ne pas avoir de besoin. Les besoins ne sont pas des préférences, mais des exigences de la vie. On peut choisir de ne pas satisfaire un besoin. Alors on renonce à vivre ou à vivre humainement. Les besoins sont des ressources essentielles pour le développement de la vie et de l’humanité. (Bowlby 1969) Ils peuvent être satisfaits ou non satisfaits.
Même s’il n’y a pas de consensus sur l’identification et la classification de l’ensemble des besoins humains. Il y a un consensus assez large à l’effet que les besoins sont limités et sont les mêmes pour tous. On peut lire à ce sujet les travaux de Maslow et Rosenberg. (Maslow 1962; Rosenberg 1999) Il n’est pas nécessaire ici d’entrée dans cette discussion. Il suffit de savoir que les besoins sont en nombre limité et, surtout, qu’ils sont les mêmes pour tous. Il n’y a pas de différence entre les besoins humains du premier ministre, du gestionnaire de programme, de l’intervenant de première ligne et de la personne sans abri. Leurs conditions et leurs positions sociales sont évidemment très différentes. Mais au niveau humain, ils ont exactement les mêmes besoins. Aucune différence entre le premier ministre et le sans-abri à cet égard. C’est le fondement d’une approche humaniste : nous avons tous les mêmes besoins. Ils sont nécessaires pour vivre et pour vivre humainement.
Les besoins sont des ressources essentielles pour vivre et pour vivre humainement. En ce sens, les besoins de chacun sont légitimes. Les besoins des uns ne sont pas plus légitimes que les besoins des autres. Les besoins du premier ministre ou d’un PDG d’une grande compagnie n’ont pas plus de légitimités que ceux d’une personne sans abri, toxicomane et schizophrène. Les besoins de tous sont légitimes et ne peuvent être désavoués, sans rompre avec l’éthique et porter atteinte aux droits humains. (Weil 1949) (Nations-Unies 1948)
L’approche que nous allons développer dans les pages qui suivent est fondée sur la reconnaissance :
Il faut bien le reconnaitre, ce n’est pas facile d’identifier et de nommer un besoin, même s’il est important. Il est beaucoup plus simple, par exemple, d’identifier et de nommer les émotions. Mais les besoins, c’est beaucoup moins évident. Pourtant, c’est sur eux que s’appuie l’intervention. S’il n’y a pas de besoin, pourquoi intervenir ? Que serait la motivation de la personne à changer quelque chose si tous ses besoins étaient comblés ? Mais lorsque vient le temps de les identifier, on passe rapidement à autre chose. En fait, on passe directement aux stratégies pour répondre aux besoins. Mais le besoin n’est pas une stratégie. (Rosenberg 2012) J’ai faim (mon besoin). Mais je n’ai pas besoin de chocolat (ma stratégie). J’ai soif (mon besoin). Mais je n’ai pas besoin d’une bière (ma stratégie). Le besoin est toujours général et ne vise personne ni aucun objet en particulier. La stratégie est toujours particulière et ciblée. J’ai besoin d’un lieu à moi où vivre, où je puisse être chez moi. Mais je n’ai pas besoin d’un 31/2 subventionné tout meublé. C’est une stratégie pour répondre à mon besoin. C’est peut-être celle que je préfère. C’est peut-être la meilleure. Mais c’est une stratégie parmi d’autres. Il faut se rappeler continuellement de cette distinction si l’on veut rester centré sur les besoins des personnes. Les stratégies que nous développons pour y répondre deviennent très facilement le centre de nos préoccupations. Et on peut se sentir déçu, voire menacé lorsque les personnes n’adhérent pas ou critiquent nos stratégies. Les stratégies sont des moyens, des préférences. Elles peuvent être critiquées et leurs légitimités remises en question. Contrairement aux besoins qui sont des exigences dont la légitimité ne peut être contestée. La distinction entre les besoins et les stratégies pour les satisfaire est précieuse dans l’accompagnement des personnes et la rencontre interorganisationnelle ou intersectorielle. La discussion sur les différences entre les stratégies de chacun est beaucoup plus facile lorsqu’on prend soin de bien distinguer les besoins des stratégies qu’on utilise pour les satisfaire.
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