Michel Simard
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Comprendre : résumé des idées
  • Les deux distinctions clés s’inscrivent dans une approche compréhensive de l’itinérance.
  • L’approche compréhensive ne remplace pas l’approche épidémiologique; elle la complète.
  • Une approche compréhensive cherche à comprendre l’itinérance en dehors des problèmes qui lui sont associés.
  • Pour baliser la compréhension de l’itinérance, j’ai recours à deux distinctions clés : les niveaux individuel et collectif, la dimension d’avant-plan et d’arrière-plan.

Deux niveaux : individuel et collectif

  • Ce qui est enjeu pour la personne dans l’itinérance, c’est l’impasse de son projet d’être quelqu’un, quelque part.
  • Avoir un logement, c’est plus et autre chose qu’avoir un abri. Mais un logement peut se transformer en abri pour une personne.
  • La croissance du phénomène de l’itinérance depuis la fin du XXe siècle révèle une faille dans le développement des sociétés modernes contemporaines, un développement déréglé : le nombre de personnes qui peut en profiter se rétrécit constamment et la dynamique de développement semble s’accompagner d’une déliance qui isole les individus et les laisse désarmés et vulnérables à l’égard des risques de la vie sociale.
  • La fracture systémique entre les réseaux publics et communautaires contribue massivement à la production de l’itinérance. Elle s’inscrit dans le prolongement du dérèglement plus large du développement des sociétés modernes contemporaines.

Deux dimensions : avant-plan et arrière-plan

L'itinérance comme stratégie de survie

  • L’itinérance est une stratégie de survie à l’impasse, voire à l’effondrement de son projet d’être. C’est une façon d’habiter la rupture sociale qui, elle, est à l’arrière-plan.
  • Comme stratégie de survie, l’itinérance a plusieurs visages. Certains sont plus visibles, d’autres plus discrets, voire dissimulés dans les interstices du tissu social.
  • L’itinérance ne doit pas être confondue avec les parcours d’errance dans les marges de la société. Les parcours d’errance sont des stratégies de développement, caractérisés par des quêtes de sens en dehors des cadres institutionnels. Alors que les itinérances sont des stratégies de survie.

L'itinérance comme perte de l'enveloppe psychosociale

  • La rupture sociale est derrière l’itinérance, à l’arrière-plan. Elle n’est pas directement visible.
  • La rupture sociale c’est l’expérience de la perte de l’enveloppe psychosociale qui forme la demeure où les hommes et les femmes vivent leur humanité.
  • Les sphères psychosociales remplissent trois fonctions essentielles d’une vie pleinement humaine : la protection, un milieu d’accomplissement du projet d’être et de transmission des valeurs et des normes nécessaires à la vie commune.
  • Lorsque ces sphères éclatent le projet d’être quelqu’un, quelque part de la personne avorte. Elle est comme mise à nue, sans protection, sans possibilité d’accomplissement. L’itinérance est une stratégie de survie à cette situation existentielle.