Qu’est-ce que l’itinérance? Pour l’individu, l’itinérance est une stratégie de survie à l’impasse, voire à l’effondrement de son projet d’être. C’est une façon d’habiter la rupture sociale qui, elle, est à l’arrière-plan.
Comme stratégie de survie, l’itinérance dépend des capacités et habiletés des individus, ainsi que des opportunités et des conditions des milieux dans lesquels ils se trouvent. Pour certains l’itinérance se déroule dans l’espace public. Elle est très visible. Et parfois elle peut être très dérangeante, voire troublante. C’est le cas de Blanche.
L’itinérance de Blanche est très visible. Une petite bonne femme, trapue, la tête rasée, emmitouflée de plusieurs couches de manteaux, hiver comme été, ça ne passe pas inaperçu au centre-ville. Socialement, elle n’a aucune présentabilité. Son humanité est totalement dénudée. Ce dénuement affiché sans aucune retenue dans l’espace public frôle l’indécence. La plupart des passants préfèrent l’ignorer. Ils détournent le regard pour éviter la rencontre. D’autres, heureusement moins nombreux, voyant sa vulnérabilité se moquent d’elles et essaient de lui faire peur, voire de lui faire du mal. Mais Blanche a appris jeune à se défendre. C’est une battante, comme on dit. Elle ne se laisse pas faire. Elle crie. Elle insulte. Elle rage. Et elle finit par faire fuir ceux et celles qui veulent s’approcher trop près. Mais souvent, les personnes qui sont victimes de ses attaques verbales sont des passants plutôt bienveillants à son égard. C’est que Blanche entend des voix hostiles qui menacent de lui faire du mal, voire de la tuer. Et elle est persuadée que ce sont les passants qui la menacent ainsi. Elle crie après eux pour leur faire peur et les faire fuir. Généralement, elle réussit. Sauf lorsque ce sont des policiers. L’itinérance de Blanche est très visible et souvent dérangeante, voire troublante. Blanche est-elle dangereuse? Pas vraiment. Sauf peut-être pour elle-même.
Pour d’autres, leur itinérance est dissimulée dans les interstices du tissu social. Peu visible, elle peut facilement passer inaperçue. La majorité des personnes qui utilisent les refuges et les hébergements d’urgence sont dans cette catégorie. Si on ne travaille pas ou ne fréquente pas ces milieux, on ne les verra pas. Leur itinérance passe facilement inaperçue. Pour la voir, il faut s’approcher de plus près. Car du dehors, elle ne sera pas visible. Elle est comme recouverte d’une présentabilité sociale qui la dissimule et protège la personne des regards blessants.
C’est le cas de M. Bernard. Il vit dans un refuge depuis une vingtaine d’années. Tous les soirs, vers 20 heures 30, il se présente au refuge pour s’enregistrer pour la nuit. Tous les matins, depuis vingt ans, il quitte le refuge après déjeuner. Il n’a jamais manqué une journée. Et il n’a jamais demandé un autre traitement. Il est très poli et respectueux. Même s’il doit partager un dortoir avec des inconnus et s’astreindre à des règles de vie strictes, il ne se plaint jamais. Au contraire. Il semble apprécier ce qui lui est offert.
M. Bernard est toujours propre et bien habillé. Il traine avec lui une petite mallette, comme si tous les matins il allait travailler au bureau. Sur la rue, personne ne le remarque. Il ne dérange personne. Et son costume avec sa petite mallette en cuir le protège de tous regards hostiles ou méprisants. Son humanité blessée est très bien protégée. Personne ne peut la voir ni même la soupçonner. Elle est à l’abri. Tous les jours, il va à la bibliothèque. Pas toujours la même. Il consulte les journaux. Son itinérance s’inscrit dans une routine réglée au quart de tour.
M. Bernard était fonctionnaire. Il a perdu son poste dans des circonstances obscures. Il croit qu’on lui a fait perdre son poste injustement. Il en est profondément convaincu. Il croit même que tout ce qui lui est arrivé a été orchestré afin de le détruire. C’est pour ça qu’il vit dans un refuge. Il doit se cacher tout en préparant sa défense. C’est ce qu’il fait tous les jours dans les bibliothèques. Il ramasse des preuves qui démontrent son innocence et le complot malfaisant dont il est victime.
Personne ne voit l’itinérance de M. Bernard. Elle ne dérange personne. Pourtant, l’itinérance de M. Bernard plonge ses racines dans une rupture sociale profonde. Mais la rupture sociale n’est pas quelque chose de visible. C’est l’itinérance qui l’est. Mais cette visibilité sociale n’est pas toujours évidente, comme dans le cas de M. Bernard. Son itinérance se fond dans le décor social. Pour la voir, il faut être très attentif et l’observer. C’est sa vie dans le refuge qui rend l’itinérance de M. Bernard lisible. Autrement, elle serait très difficile à repérer. C’est le cas de plusieurs personnes qui ne sont ni à la rue, comme Blanche, ni dans un refuge, comme M. Bernard. Leur itinérance est beaucoup moins lisible, parce que la rupture n’est pas totale. Elles n’ont pas de chez-soi véritablement; leur projet d’être est en panne sèche dans toutes les sphères de leur vie. Leur vie relationnelle est dans une impasse complète. Mais elles ne sont ni à la rue ni dans un refuge. C’est l’instabilité résidentielle chronique qui rend leur itinérance repérable et lisible, et, derrière elle, la rupture sociale et l’impasse de leur projet d’être quelqu’un, quelque part.
Jacques est un jeune adulte. Il veut réussir sa vie. Devenir architecte. Avoir une blonde. Fonder une famille. Avoir un char, une maison. Faire suffisamment d’argent pour prendre sa retraite rapidement et profiter de la vie. Plus profondément, il veut montrer à sa famille et à ses amis ce qu’il vaut. Il veut qu’ils se rendre compte de ses talents qu’il croit bien au-dessus de la moyenne.
Dans la réalité Jacques n’a pas de travail. Il a bien réussi de peine et de misère à terminer un bac. Mais il n’a pas été capable de conserver aucun emploi. Il n’a pas de blonde non plus. Il a bien eu plusieurs relations qui semblaient prometteuses. Mais elles se sont toutes terminées en catastrophe. Il n’a plus vraiment d’amis non plus. Tous ceux qu’ils avaient se sont éloignés. Les membres de sa famille continuent de l’aider et de l’héberger. Mais c’est de plus en plus difficile. Sa situation est très précaire.
Jacques a un problème de santé mentale qui est apparu à l’adolescence. Mais il ne l’a jamais vraiment accepté. Il sait bien que quelque chose ne tourne pas rond. Mais il n’a aucune confiance ni au système, ni aux psychiatres, ni à personne. Son projet d’être est gouverné par la méfiance, voire la paranoïa. Très fragile, son estime personnelle repose essentiellement sur sa capacité à fonctionner sans médication. Pour y parvenir, il s’est construit une identité de combattant quasi invulnérable. En fait, il s’est coupé de son humanité. Pour réussir à survivre ainsi dans les moments les plus difficiles, il se noie dans l’alcool ou dans tout ce qui peut lui permettre une sortie d’urgence de l’angoisse. Il vit le plus possible exilé de son humanité.
Jacques est rarement à la rue. Il a toujours un lieu où vivre. Mais il n’habite vraiment nulle part. Toutes ses tentatives d’habitation ont échoué. Il passe d’un lieu à un autre. Un mois à une place. Une semaine ailleurs. Retour au point de départ. C’est son itinérance. Sa façon de survivre à l’impasse de son projet d’être quelqu’un, quelque part.
L’itinérance de Jacques ne peut pas être repérée dans l’espace public. Il n’utilise pas les refuges et ne vit pas dans la rue. Elle se déroule à l’abri des regards dans des espaces privés. C’est son instabilité résidentielle qui la révèle.
Les itinérances se déroulent toujours dans les marges de la société. Parfois elles sont très visibles, voire très dérangeantes. On ne peut les ignorer. Mais la plupart du temps, elles sont plus dissimulées à l’abri des regards, voire invisibles. Les itinérances, qu’elles soient visibles ou non, sont des stratégies de survie des personnes dont le projet d’être est dans une impasse. Elles sont souvent confondues avec des parcours d’errance dans les marges de la société. Les parcours d’errance sont très importants dans les sociétés modernes contemporaines. Surtout chez les jeunes. Mais pas seulement. Ces parcours d’errance ne sont pas des stratégies de survie, mais de développement. Ce sont des stratégies qui présentent des risques. Elles peuvent inquiéter, déranger, voire troubler. Surtout lorsqu’elles sortent des balises institutionnelles. Ce sont des parcours souvent sans repère précis, voire même sans orientation précise, voire même dans des zones de grande vulnérabilité. Les personnes engagées dans ces parcours peuvent être même très instables. Par exemple, ne pas avoir de lieu de résidence fixe. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte qu’elles sont dans une dynamique de développement. Leur projet d’être n’est pas en impasse. Elles sont dans une quête de sens dans les marges de la société, en dehors de l’agitation frénétique de la société de consommation.
Gabriel a vingt ans. Il étudie en musique au CEGEP. La musique l’intéresse. Mais pas le CEGEP. Finalement, il décide de partir en voyage, sans compléter son parcours scolaire et obtenir son diplôme.
Avec peu d’argent en poche, il part sur le pouce avec trois autres compagnons en direction du Mexique. En cours de route, ils vont vivre toute sorte d’aventures. Pour survivre, ils jouent de la musique dans les lieux publics. Ils dorment souvent dehors. Mais pas toujours. Ils sont parfois invités chez des personnes qui leur offrent le gîte. Ils traversent ainsi les frontières des «États-Unis et du Mexique. Finalement, ils se séparent. Gabriel poursuit avec un autre compagnon. Ils se retrouvent dans un bidonville près de Mexico. Cette expérience est intense et les marque profondément. Ils amorcent le retour à travers les États-Unis, couchant ici et là, selon les opportunités du moment. De retour à Montréal, Gabriel s’intègre dans un milieu anarchique. Il vit dans un appartement qu’il partage avec une douzaine d’autres personnes. Il n’a pas de bail ni ententes précises. Dans l’appartement, il n’y a pas vraiment de règle de vie. La règle, c’est de ne pas avoir de règle. La plupart des occupants sont instruits et engagés. Du moins leur discours est engagé. En fait, il y a beaucoup de consommation et l’atmosphère est plutôt tendue. Gabriel décide de quitter et de s’installer dans un immeuble abandonné. Il croit qu’il y sera mieux pour poursuivre son exploration. De l’extérieur, il vit comme une personne itinérante. Après quelques mois, il était temps pour lui de faire le point sur son expérience. Il ramasse ses choses et retourne chez lui.
Gabriel a vécu une expérience très riche en dehors des sentiers balisés par les institutions. C’est ce qu’il voulait faire. C’est ce qu’il sentait qu’il devait faire pour comprendre le monde dans lequel il devait s’insérer. Il lui fallait aller explorer l’humanité en bordure du monde. Ce qu’il a vu l’a enrichie. S’inscrire aux études et prendre sa place dans la société, prend plus de sens pour lui maintenant. Cette expérience d’errance, malgré ses risques, marque un point tournant et une avancée importante dans son développement.
En fait, malgré les apparences, Gabriel n’a jamais été en rupture sociale. Il était toujours en communication avec sa famille et ses amis qui le suivaient de proche et soutenaient sa démarche. Il n’était pas du tout en fuite ni en rupture. Il était en exploration de l’humanité, en quête de sens, en lien avec la vie. Son errance est en fait une démarche de développement et d’intégration. Elle est fondée sur la liberté que donne la confiance en soi et l’ouverture sur le monde. Son errance n’est pas une stratégie de survie, mais de développement. Ce qui la motive, ce n’est pas la fuite d’une situation sans issue, voire dangereuse. Mais la recherche d’une vie plus vraie, plus consciente de la réalité du monde.
Dans nos sociétés ouvertes, ces parcours d’errance sont nombreux. Plusieurs jeunes se cherchent en dehors des sentiers balisés. Mais ils demeurent en lien avec le monde qui les entoure. Et surtout ils demeurent en lien avec eux-mêmes et la vie qui est en eux. C’est souvent pour rester présent à ce qu’ils vivent qu’ils peuvent se lancer dans ces aventures en bordure du monde. Mais de l’extérieur la distinction n’est pas toujours facile. D’autant plus qu’une quête de sens, même si elle est sincère, peut facilement aboutir dans un cul-de-sac. Dans un parcours d’errance, le lien avec la vie peut se rompre, et tout peut perdre son sens. La quête peut se terminer dans une démission de soi. Il n’y a aucune garantie. Il n’y a pas d’assurance qui préserve et compense la perte de sens. Ce risque est d’autant plus important, qu’en arrière-plan des valeurs qui donnent sens à notre être ensemble, traine un fond culturel nihiliste qui en nie la pertinence, jusqu’à la racine. Mené à l’extrême et radicalisé, le nihilisme peut atteindre la pulsion vitale, l’amour de la vie, voire le désir de vivre. La quête de sens elle-même peut perdre son sens. Le parcours d’errance risque alors de se transformer en itinérance. Ce qui au départ pouvait être une stratégie de développement, peut se transformer et devenir une stratégie de survie à l’impasse du projet d’être, quelqu’un, quelque part. À l’inverse, une itinérance peut se transformer en quête de sens, en stratégie de développement. Mais rarement, voire jamais sans soutien, sans passage qui permet de se reconnecter avec la réalité du monde, avec soi-même et avec la vie.
L’itinérance désigne plus que la marginalité au sein de laquelle elle prend place. Et elle est autre chose qu’une aventure en marge des chemins balisés du monde. Elle est une stratégie de survie.
Même si le discernement n’est pas toujours facile, il est essentiel de ne pas confondre l’itinérance comme stratégie de survie avec les stratégies de développement que sont les parcours d’errance dans les marges de la société. L’itinérance se déroule dans les marges de la société. Mais elle n’est pas qu’une marginalité. Comment les distinguer et avec quel critère ? Je crois que le critère le plus juste c’est quelque chose que l’on pourrait appeler la captivité. Il y a dans l’itinérance comme situation de rupture sociale plus qu’une marginalité relativement au monde. Il y a une incapacité à habiter le monde, à y trouver sa place, à se loger, voire à être quelqu’un, quelque part. L’itinérance désigne plus que la marginalité au sein de laquelle elle prend place. Et elle est autre chose qu’une aventure en marge des chemins balisés du monde. Elle est une situation d’impasse dans le projet d’être quelqu’un, quelque part. Elle est une situation de rupture qui atteint la confiance qui fonde le lien social.
Les parcours d’errance dans les marges nous renvoient à la liberté des personnes qui vivent à l’écart des institutions et à leur droit d’explorer des chemins de vie hors des sentiers battus. Alors que l’itinérance nous renvoie à la détresse des personnes vulnérables abandonnées à elles-mêmes; des personnes qui n’arrivent pas à trouver leur place nulle part et qui sont en lutte pour leur survie. La marginalité est toujours ambiguë. La rupture sociale est plus qu’une situation de marginalité. Elle est une détresse, une captivité dans la marge, voire dans la misère et le dénuement le plus total.
L’itinérance n’est pas un parcours dans le milieu de l’itinérance. Cela, c’est une aventure, une exploration qui peut être fascinante, voire très enrichissante. Mais il ne faut pas se méprendre. Ces expériences n’ont rien à voir avec le vécu de l’itinérance. Lorsque le journaliste de TVA Hugo Meunier prépare son reportage sur le milieu de l’itinérance à Montréal, il essaie de recréer le plus possible les conditions de l’itinérance. Il laisse derrière lui toutes ses possessions. Sauf 20$ qu’il conserve comme mise de départ. Démuni, il part à l’aventure explorer le milieu de l’itinérance. Mais il ne vit pas l’itinérance. Il vit comme s’il était itinérant. Il couche dehors, à la Mission Old-Brewery, à la Maison du Père. Il va manger à l’Accueil Bonneau. Il vit une aventure dans le milieu de l’itinérance en partageant avec eux les conditions dans lesquelles ils vivent. Ce parcours insolite s’inscrit dans une stratégie de développement de son projet d’être. Dans ce cas-ci, sa carrière journalistique. Cette expérience a beaucoup de sens. Elle permet de sensibiliser la population à la réalité de l’itinérance. Mais l’itinérance n’est pas une stratégie de développement. C’est une stratégie de survie. L’itinérance est une façon de survivre à l’impasse du projet d’être quelqu’un, quelque part, avec les autres, dans des institutions communes. L’itinérance n’est pas un parcours planifié avec son début, son déroulement et sa sortie. L’itinérance n’a pas de sortie prévue d’avance. On ne décide pas un jour de devenir itinérant, pour trois mois. En deçà du décor dans lequel elle se déroule, c’est ce qui caractérise l’itinérance : l’impasse du projet d’être de la personne.
Claude arrive à l’hébergement d’urgence sur la fin de l’après-midi. Il demande un hébergement pour quelques jours. Selon ses dires, sa situation d’impasse n’est que temporaire et accidentelle. Il travaille au noir et son patron ne l’a pas encore payé. C’est ce qui explique sa situation. Claude est instruit, c’est certain. Il a fait des études universitaires. Il se présente bien. Et malgré une anxiété assez forte qu’il réussit à maîtriser, il semble assez sûr de lui. Il n’aime pas le milieu et ne se mêle pas aux autres.
Au cours des mois qui suivent, Claude revient à l’hébergement de plus en plus fréquemment. Un lien de confiance s’établit. Il décide de se confier. Ça fait une dizaine d’années qu’il vit sans adresse fixe, sans revenu, sans compte bancaire et sans cartes d’identité. Le plus souvent, il se fait héberger dans les communautés religieuses. Il a développé de bons liens avec quelques religieux qui lui avancent un peu d’argent pour l’aider à survivre. Il réussit aussi à faire des travaux de peinture payée en argent et au noir. Avec cet argent, il s’est développé un marché de livres usagés de collection qu’il réussit à revendre. Mais sa vie est de plus en plus difficile. Il se sent très seul. Il n’a pas de contact avec sa famille depuis le début de son itinérance. Il n’a donné aucun signe de vie à personne et n’a reçu aucune nouvelle d’eux non plus. Il pense beaucoup à sa mère qui lui manque. Il y a quelques années, il a amorcé une relation amoureuse. Mais il a mis fin abruptement à la relation. Il ne pouvait plus lui mentir sur son histoire ni lui dévoiler la vérité. C’était une situation sans issue. Les derniers temps sont devenus encore plus difficiles. Des problèmes de santé assez importants sont apparus. Sans carte d’assurance maladie et sans argent, il ne peut consulter un médecin. Il ressent une anxiété de plus en plus forte qu’il a commencé à gérer avec l’alcool qui commence à être un problème. Au bout du rouleau, il a mis au point un scénario pour s’enlever la vie, qu’il prévoit mettre en exécution bientôt, s’il ne trouve aucune autre solution.
Acculé au pied du mur, il finit par raconter son histoire, sans entrer dans les détails. Il livre l’essentiel, c’est tout. « J’ai tué quelqu’un. J’étais en légitime défense. Mais j’ai paniqué. Je me suis enfui, sans laisser de trace. Je n’ai aucune confiance dans la justice. Et j’ai très peur de me retrouver en prison. J’ai tout fait pour ne pas avoir à affronter la justice. Mais là je n’en peu plus. »
Claude s’est finalement livré aux policiers. Il a subi son procès. Il a été condamné. Il a fait son temps. Il a été libéré après un séjour en maison de transition. Et il a repris sa vie, son projet d’être. Sa vie pouvait maintenant avoir un sens, au-delà de la survie. L’itinérance était maintenant derrière lui.
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