De quoi parlons-nous exactement lorsqu’on parle d’itinérance ? Depuis les années 2000, il est devenu de plus en plus clair chez nombre d’acteurs sociaux et politiques que le phénomène social de l’itinérance prenait une ampleur très préoccupante. Non seulement le nombre de personnes sans abri est en croissance continue, le phénomène autrefois relativement circonscrit et marginal, semble se généraliser. On voit maintenant errer dans les rues, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des personnes migrantes, etc. Elles sont toutes déracinées, sans chez-soi. La situation est d’autant plus troublante qu’on observe parmi cette population déracinée, beaucoup de personnes très fragiles et vulnérables, plusieurs même avec des problèmes graves de santé physique et mentale. Que nous arrive-t-il ? Et que pouvons-nous faire ?
La première : Le phénomène n’est pas un problème conjoncturel. Une mauvaise passe à traverser liée à une conjoncture défavorable. Comme ce fut le cas lors du crash économique des années 30, par exemple. Nous sommes confrontés à un problème structurel lié au fonctionnement de la société. Il faut donc avoir une vision systémique du problème et envisager des solutions novatrices de longue durée.
La deuxième : conclusion s’est imposée elle aussi assez rapidement. Un phénomène de cette ampleur et de cette nature est une responsabilité collective qui ne peut être assumée uniquement par la société civile. Même s’il ne peut le faire seul, sans une contribution active, essentielle et importante de la société civile, l’État doit jouer un rôle actif et assumer un leadership dans le développement, la mise en œuvre et le suivi des actions pour prévenir et contrer le phénomène de l’itinérance. C’est ici que se pose le problème de la définition.
On ne peut développer des politiques nationales, mettre en place des plans d’action et assurer le suivi des mesures sur l’ensemble d’un vaste territoire sans avoir un minimum de consensus sur la définition du problème visée par ces politiques, ces plans d’action et ces mesures. C’est un passage obligé : de quoi parlons-nous exactement, lorsqu’on parle d’itinérance?