Michel Simard
Ce qu'il faut retenir - L'itinérance aujourd'hui
Avoir un chez-soi, c’est plus qu’avoir un toit sur la tête. Et on pourrait dire qu’avoir un logement, c’est aussi plus qu’avoir un toit sur la tête. Autrement, c’est un abri.
Avoir une place à soi où vivre ce n'est pas un privilège. C'est un droit. Mais avoir une place à soi, ce n'est pas encore avoir une vie.

Définition de l'itinérance

  • Le phénomène de l’itinérance n’est pas un problème conjoncturel et passager. C’est un problème structurel lié au fonctionnement des sociétés modernes contemporaines.
  • Depuis 2005, environ, il s’est progressivement construit un consensus au niveau international autour d’une définition de l’itinérance centrée sur le rapport d’exclusion au logement.
  • Cette définition permet de mesurer et suivre le phénomène à partir d’indicateurs d’exclusion du logement : être dans la rue, dans un refuge, dans un hébergement temporaire, etc.
  • Mais cette définition ne permet pas de comprendre ce que vivent les personnes et ce que signifie l’itinérance aujourd’hui comme phénomène social.

Compréhension de l'itinérance

  • Au-delà du fait qu’elle dorme dans la rue ou dans un refuge, c’est l’impasse de son projet d’être qui est en jeu pour la personne dans l’itinérance.
  • Le sens de l’itinérance ne se comprend pas à partir du logement, mais de ce que signifie l’absence de logement dans la vie de la personne. Le logement n’a pas de sens en lui-même. Il n’est pas en soi un chez-soi. Il peut devenir un abri pour une personne.
  • La croissance continue de l’itinérance, des inégalités sociales et des problèmes environnementaux révèlent tous une faille au sein du développement des sociétés modernes contemporaines : le nombre de personnes qui peut en profiter se rétrécit constamment et la dynamique de développement semble s’accompagner d’une déliance qui isole les individus et les laisse désarmés et vulnérables à la rupture sociale. Le développement des sociétés modernes contemporaines est comme déréglé.
  • La solution au problème de l’itinérance passe nécessairement par des actions qui ont une portée systémique et qui s’inscrivent dans une perspective de longue durée.
  • Pour L’individu l’itinérance est une stratégie de survie è l’impasse, voire à l’effondrement de son projet d’être. C’est une façon d’habiter la rupture sociale qui, elle, est à l’arrière-plan.
  • La rupture sociale c’est ce qui est derrière l’itinérance. C’est l’éclatement des sphères psychosociales qui enveloppent et protègent l’individu. Sa vie est ainsi mise à nue, sans protection, sans possibilité d’accomplissement. L’itinérance est une stratégie de survie à cette situation existentielle.

Organisation des services et besoins des personnnes

  • Les besoins sont des ressources essentielles pour le développement de la vie et de l’humanité. Ils peuvent être satisfaits ou non. Ils sont les mêmes et ont la même légitimité pour tous.
  • Il faut faire attention pour ne confondre les besoins avec les stratégies qu’on utilise pour les satisfaire. Autrement, on risque de centrer l’intervention sur nos stratégies au lieu de la centrer sur les besoins des personnes visés par les stratégies d’intervention.
  • On peut regrouper les besoins dans la sphère de l’itinérance en trois thèmes : avoir un abri, avoir une place à soi et avoir une vie. Autour de ces besoins se développent des services et des approches particulières : l’urgence, la stabilisation et la réadaptation.
  • Ces approches et les services qui y leur sont rattachés sont distincts. Le défi et l’enjeu central sont de reconnaitre leur particularité et leur complémentarité.
  • Les approches d’urgence et de réadaptation sont anciennes et relativement bien connues. Alors que l’approche de stabilisation est très récente et relativement peu connu.

Accompagnement des personnes

  • L’accompagnement n’est ni un métier ni une profession. C’est un mode relationnel de proximité humaine avec une personne, en route vers, au sein duquel s’instaure un partage expérientiel. L’essentiel de l’accompagnement est contenu dans cette phrase.
  • Pour habiter cet espace de proximité humaine avec les personnes en situation de rupture sociale, il faut développer un savoir être en relation avec l’autre en marge.
  • Trois repères balisent la posture d’accompagnement : la non-violence, le non-savoir et la non-indifférence à l’autre.
  • Dans l’accompagnement il ne s’agit pas de rendre les personnes autonomes, mais de mobiliser et prendre appui sur leur autonomie.
  • Lorsqu’on accompagne une personne, on marche derrière elle. C’est elle qui est aux commandes.
  • L’accompagnement doit s’adapter au rythme de la personne, non l’inverse.
  • L’accompagnement s’appuie sur la motivation de la personne. On peut la soutenir. Mais elle est parfois absente et défaillante. Il faut apprendre à vivre avec ces difficultés et ces limites.
  • L’accompagnement n’est pas une recette miracle. Il y a des besoins qu’il faut prendre en charge et il y a des interventions nécessaires qui ne s’inscrivent pas dans une relation d’accompagnement à proprement parler.