Un roman peut-il inciter à la haine ou au meurtre ? Peut-on empêcher un·e cinéaste de faire de soi un personnage ? Une fiction a-t-elle le droit de faire circuler de fausses nouvelles ? Le public doit-il distinguer la personne civile et celle qui crée ? Faut-il republier des œuvres canoniques racistes ? Doit-on encadrer la création et comment ?
La succession des débats sur la liberté de création semble laisser toujours plus de questions que de réponses. Les dissensus émanent souvent du fait que l’art se voit assigner des fonctions sociales contradictoires : critiquer, divertir, déranger, élever l’âme, transgresser, éduquer, enchanter, etc. C’est aussi que la liberté de création peut entrer en contradiction avec une pluralité d’autres libertés, souvent fondamentales : le droit à la vie privée, à la réputation, à la sécurité, à la liberté de conscience ou encore à la propriété intellectuelle.
Le site L’Art en procès propose une variété de ressources qui visent à alimenter la réflexion sur la liberté de création. Il émane d’un groupe de recherche franco-québécois, financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et l’Agence nationale de la recherche en France, qui réunit des juristes, des linguistes, des analystes du discours social, des historien·nes et des sociologues de l’art et de la littérature. Ces chercheuses et chercheurs travaillent notamment sur l’humour, le blasphème, l’obscénité, le plagiat, l’incitation à la haine, les arts du réel, les politiques de l’art ou encore le développement du numérique. Depuis 2016, les membres du groupe ont notamment croisé leurs expertises autour d’affaires récentes (García, Dulac, Couture, Ward, Godbout, Koons) qui ont été l’occasion de faire le procès de l’art, dans les tribunaux comme dans l’arène publique.