Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
(CONTE DU GRAAL)
|
|
Introduction
|
|
L'objectif du site | |
est de ''donner à entendre '' les prononciations du Moyen Âge, domaine des études médiévales qui a souvent été négligé, et dont la problématique est connue (voir à ce propos l'article, lisible en ligne, de Dominique Lagorgette Quel ancien français pour quels étudiants? présenté dans la bibliographie). |
|
Nous avons choisi de présenter des extraits du site de May Plouzeau, | |
PercevalApproches | |
(appelé '' Perceval Approches '' exclusivement dans la page d'accueil), | |
car celui-ci est l'un des rares dans le web, sinon le seul, où l'on peut entendre la version sonorisée d'un texte médiéval. Le site est publié à l'origine par le Laboratoire de Français Ancien (LFA) de l'Université d'Ottawa. | |
Le texte des extraits, tiré de | |
PercevalApproches, | |
est le suivant : Lecoy (Félix), éd., | |
Les romans de Chrétien de Troyes édités d'après la copie de Guiot (Bibl. nat. fr. 794), | |
t. V et t. VI, | |
Le Conte du Graal (Perceval) | |
; Paris (Champion) ; 2 vol. ; [189] et [171] p. (CFMA, 100, 103.) | |
Ont été utilisés par May Plouzeau une impression de 1972 ou 1973 pour le premier volume (qui porte ces deux dates) et de 1975 pour le second. | |
May Plouzeau expose de façon détaillée, dans l'enregistrement | |
e1, | |
section ◊Enregistrements des ◊Utilitaires de | |
PercevalApproches, | |
les problèmes posés par une prononciation restituée à partir de textes écrits. | |
On ne doit pas oublier que toute prononciation restituée est le produit de choix qui peuvent être discutés. | |
May Plouzeau précise que la prononciation adoptée prétend se rapprocher de celle d'une '' personne vivant à l'Est de Paris vers 1230-1240 et qui serait assez conservatrice. '' | |
Pour les traductions et les gloses que l'on trouve sous les mots cliquables, nous combinons les gloses de May Plouzeau dans PercevalApproches, la traduction de Simone Hannedouche, Le Roman de Perceval, Triades, 1969, établie à partir du manuscrit français No 12576 de la Bibliothèque Nationale, l'édition Perceval traduite par Daniel Poirion, Hatier, 2007 et nos propres interprétations. | |
Les traductions et commentaires ne sont pas l'objectif principal de notre travail. Ils ne sont fournis ou signalés que pour fixer les idées. | |
La traduction complète de chaque extrait se trouve indiquée sous le dernier mot du premier vers. | |
Les chapitres indiqués sont ceux du texte de May Plouzeau. Nous avons numéroté les paragraphes que nous avons choisi de présenter. Sous le premier mot de chaque vers, nous avons mis un renvoi au paragraphe précis de | |
PercevalApproches. | |
Les extraits de texte ne sont pas automatiquement présentés selon le fil de la narration, mais selon un ordre choisi par May Plouzeau, pour suivre certaines explications philologiques. | |
Nous nous sommes permis parfois de simplifier les gloses pour faciliter la lisibilité à l'écran. On trouvera dans le site PercevalApproches l'ensemble des explications philologiques détaillées du texte de Perceval. | |
Nous n'en conservons qu'une partie minime ici. | |
L'ensemble des textes du site est imprimable par l'icône d'imprimante située dans la partie supérieure gauche de l'écran. | |
.../2 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. | |
Traduction de chaque extrait sous le dernier mot du premier vers. | |
Renvoi au paragraphe de | |
PercevalApproches | |
sous le premier mot du premier vers. | |
Texte imprimable par l'icône d'imprimante située dans le coin supérieur gauche de l'écran. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: May Plouzeau
|
|
CHAPITRE 1 | |
1-Si |
PercevalApproches 1.1.2.2. Abréviation pour ''May Plouzeau PercevalApproches chap. 1.1.2.2.'' |
s'an va tot selonc | |
la rive, |
Il suit donc la rive,
Il suit donc la rive |
-v1313 | |
lez une grant roiche | |
naïve, | près d'une grande falaise de roche vive, |
et de l'autre part l'eve | |
estoit | et de l'autre côté il y avait de l'eau |
si que l'eve au pié li | |
batoit. | qui battait le pied de la falaise. |
Sor cele roche, an un | |
pandant | Sur le penchant de la falaise |
qui vers mer aloit | |
descendant, | qui descendait vers la mer |
ot un chastel mout riche et | |
fort. | se dressait un château riche et fort. |
-v1319 |
Mot | Annotation |
---|---|
2-Bien | PercevalApproches 1.1.2.4 |
sachoiz que je vos | |
ferroie, |
Sachez bien que je vous frapperais,
sachez bien que je vous frapperais |
-v1098 | |
se plus parler m'an | |
feisïez. | si vous m'en faisiez parler davantage |
Lors fu li chevaliers | |
iriez, | Alors le chevalier fut en colère. |
-v1100 |
Mot | Annotation |
---|---|
CHAPITRE 2 - Début | |
3.A .IIII. | PercevalApproches 2.3.1. |
parties del |
À quatre endroits du mur,
À quatre endroits du mur, |
mur |
À quatre endroits du mur,
À quatre endroits du mur, |
-v1331 | |
don li quarrel estoient | |
dur | dont les pierres étaient dures, |
avoit .IIII. basses | |
torneles, | il y avait quatre tourelles basses, |
qui | |
mout |
L'adverbe mout peut se placer directement devant l'adjectif (cf. mout parfondev1311 “très profonde”) ou bien vers le début de la phrase, où il constitue à lui seul le corps tonique qui précède le corps verbal ou est un constituant de ce corps tonique ; c'est ce qui se produit ici, mais sémantiquement, mout porte ici sur les adjectifs (plutôt que sur le premier adjectif seulement) qui viennent plus loin. Le fait que mout fût souvent placé en début de phrase alors qu'il portait sémantiquement sur des mots plus éloignés lui aurait été fatal au cours du temps. (Cet adverbe, aujourd'hui écrit moult, ne s'emploie plus guère que dans un contexte badin ; la prose journalistique en fait une grande consommation.) |
estoient forz et | |
beles. | qui étaient très solides et très belles. |
Li | |
chastiax |
“Le chastel avait très bon aspect et était très confortable à l'intérieur”, mais qu'est-ce qu'un chastel ? Dans le corpus de FouletPerceval (qui n'est pas notre roman de Perceval : voir ◊Bibliographie), le nom chastel désigne la plupart du temps non exactement ce que nous traduisons par “château-fort”, mais “une agglomération où, autour de la demeure d'un seigneur, sont groupées des maisons, des rues, des places” (FouletPerceval p40). En ce qui concerne le chastel de cet épisode-ci, Chrétien n'insiste pas sur l'aspect agglomération (même si l'on apprend que le seigneur du lieu y avait Riches meisons beles et granz v1553) ; mais le chastel v1705 de Beaurepaire est nettement une ville fortifiée (cf. v1750 et suivants). L'embarras du traducteur est grand. |
fu mout bien | |
seanz | le chastel avait très bon aspect |
et bien aeisiez par | |
dedanz. | et était très confortable à l'intérieur. |
Devant le chastelet | |
reont | Devant la petite fortification ronde |
ot sor l'eve drecié | |
un pont | il y avait sur l'eau un pont dressé |
de pierre et | |
d'areinne |
areinne = arène (français moderne) = sable. Au Canada, un aréna est un centre sportif couvert comportant une patinoire. |
et de | |
chauz |
fait de pierre , de sable et de chaux. j'ajoute “fait” parce que “dressé de pierre” serait ambigu, et je veux garder dans la mesure du possible l'ordre des syntagmes adopté par Chrétien ; en effet, le romancier choisit soigneusement l'ordre de présentation du paysage : que le pont soit sor l'eve c'est normal, et c'est une mention qui n'a pas à se faire désirer pour mieux se faire remarquer : mais les matières dans lesquelles il est construit (il pourrait être en bois) témoignent de la richesse du propriétaire. |
-v1339 |
Mot | Annotation |
---|---|
4-Et li vaslez | PercevalApproches 2.3.2. |
sanz nul | |
arest |
et le jeune homme sans s'arrêter du tout s'en va à vive allure à travers la forêt si bien qu'il arriva au terrain découvert sur une rivière qui avait en largeur plus d'une portée d'arbalète, et toute l'eau était entrée et s'était retirée dans son grand lit. |
-v1301 | |
s'an va poignant par la | |
forest |
Littéralement “s'en va éperonnant à travers la forêt”, ce qui passe mal ; on peut essayer “s'en va à vive allure à travers la forêt”. |
tant que | |
es | bien noter es terres plainnes : es, contraction de en + les(lemmes du TL : +en, +le la les), contient un article défini ; cet article est un article de notoriété : à toute forest s'attache un terrain découvert, sur son pourtour ; d'où ma traduction “au terrain découvert”. |
terres plainnes | |
vint | Si bien qu'il arriva au terrain découvert |
sor une riviere qui tint | |
de lé plus d'une | |
arbalestee, |
Sur une rivière qui avait en largeur plus d'une portée d'arbalète, je m'efforce de conserver l'ordre des mots ; Chrétien veut nous impressionner ! L'arbalète, contrairement à l'arc, s'arme au moyen d'un mécanisme, et est plus puissante. |
si s'estoit tote l'eve antree | et toute l'eau était entrée |
et retrete an son grant | |
conduit. | et s'était retirée dans son grand lit. |
-v1307 |
Mot | Annotation |
---|---|
5-Vers | PercevalApproches 2.3.3. |
la grant riviere qui | |
bruit |
Vers la grande rivière qui bruit
Vers la grande rivière qui bruit |
-v1308 | |
s'an va tote | |
une praerie, | il traverse une prairie, |
mes an l'eve n'antra il | |
mie | mais il n'entra pas dans l'eau, |
qu'il la vit mout parfonde et | |
noire | car il la vit très profonde et noire |
et asez plus corrant que | |
Loire. | et au courant plus rapide que la Loire. |
Si s'an va tot selonc | |
la rive, | Il suit donc la rive, |
lez une grant roiche | |
naïve, | près d'une grande falaise de roche vive, |
et de l'autre part l'eve | |
estoit | et de l'autre côté il y avait de l'eau |
si que l'eve au pié li | |
batoit | |
-v1316 | |
.../3 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: May Plouzeau
|
|
CHAPITRE 2 (suite) | |
6-Sor | PercevalApproches 2.3.4. |
cele roche, an un | |
pendant |
Sur le penchant de la falaise
Sur le penchant de la falaise |
-v1317 | |
qui vers mer aloit | |
descendant | qui descendait vers la mer, |
ot un chastel mout riche et | |
fort | se dressait un château riche et fort. |
Si com l'eve aloit au | |
regort, | Comme l'eau formait là une baie, |
torna li vaslez a | |
senestre | le jeune homme tourna à gauche |
et vit les torz del chastel | |
nestre, | et vit naître les tours du château, |
qu'avis li fu qu'eles | |
nessoient | car il lui parut qu'elles naissaient |
et que fors del chastel | |
issoient. | et qu'elles sortaient du château. |
-v1324 |
Mot | Annotation |
---|---|
7-En mi | PercevalApproches 2.3.5. |
le chastel, an | |
estant |
Au milieu du château,
Au milieu du château, |
-v1325 | |
ot une tor et fort et | |
grant; | s'élevait une tour forte et grande; |
une | |
barbacane |
Voyez ce qu'est une barbacane à cette adresse. |
mout | |
fort | il y avait une très solide barbacane |
avoit |
il y avait une très solide barbacane Il faudrait vérifier si dans le reste de PercL un inanimé est dit +avoir “posséder”. Je n'ai pas fait cette vérification. Reste que avoit peut fort bien être impersonnel et signifier “il y avait”. La traduction dans ce cas est “il y avait une barbacane très solide”, mais on ne sait pas où est située la barbacane. Notez que selon l'interprétation choisie, le référent de li v1330 changera : si la barbacane est dans la tor v1326 qui elle-même est au milieu (En mi v1325) du chastel, li v1330 réfère au chastel ; si l'on comprend que le sujet de Avoit est le chastel, li v1330 peut référer au chastel ou à la barbacane ; si l'on comprend Avoit impersonnel, il est naturel de croire que li v1330 réfère à la barbacane. Encore une fois, la représentation visuelle que l'on se fait dépend de l'analyse grammaticale que l'on pratique. Moralité : l'ancien français n'est pas fait pour être traduit, il est fait pour être compris (mais n'oubliez pas la deuxième partie, il s'agit de comprendre). |
tornée vers le | |
gort | tournée vers le courant d'eau |
qui à la mer | |
se combatoit, | |
et la mers au pié li | |
batoit, | et la mer lui battait le pied. |
-v1330 |
Mot | Annotation |
---|---|
8-Li | PercevalApproches 2.3.6. |
ponz estoit et forz et | |
hauz, |
Le pont était fort et haut,
Le pont était fort et haut, |
-v1340 | |
a batailles estoit | |
antor, |
flanqué de batailles (de bastions) sur son pourtour. Mais qu'est-ce que des batailles ? Là encore, on aimerait se représenter exactement le pont décrit […] […[L'article +bataille du TL 2 comporte une rubrique “plur. batailles Befestigungswerk an einer Mauer, einem Turm”, ce qui veut dire que le pluriel batailles est défini dans ce dictionnaire “ouvrage de défense sur un mur, une tour” ; les exemples fournis (Perceval n'y est pas) ne permettent pas d'en dire plus, mais montrent que cette définition paraît acceptable |
qu'an mi le pont ot | |
une tor, | |
et, devant, | |
un pont torneïz, | et, devant, un pont-levis |
qui estoit fez et | |
establiz, | qui était fait et établi, qui était construit |
a ce que sa droiture | |
aporte | pour répondre aux exigences de sa nature |
le jor ert ponz, et la nuit, | |
porte. | le jour il était pont, et la nuit, porte. |
-v1346 |
Mot | Annotation |
---|---|
9-Li vaslez | PercevalApproches 2.3.7. |
vers le pont | |
chemine. |
Le jeune homme s'avance vers le pont.
Le jeune homme s'avance vers le pont. |
-v1347 | |
Vestuz d'une robe | |
d'ermine | Vêtu d'un vêtement d'hermine |
s'aloit uns prodom | |
esbatant | un gentilhomme se promenait |
par sus le pont, et si | |
atant | sur le pont et attendant |
celui qui vers le pont | |
venoit | celui qui vers le pont venait. |
Li prodom an sa main | |
tenoit | Le gentilhomme tenait à la main |
par contenance | |
un bastonet | pour se donner de l'importance un bâtonnet |
et aprés lui vienent | |
vaslet | et après lui viennent des pages |
dui ; desafublé sont | |
venu. | au nombre de deux; sans leur manteau. |
-v1355 |
Mot | Annotation |
---|---|
10-Cil | PercevalApproches 2.3.8. |
qui vient a bien | |
retenu |
Celui qui vient a bien retenu
Celui qui vient a bien retenu |
-v1356 | |
ce que sa mere | |
li aprist | ce que sa mère lui avait appris |
car il le salua et | |
dist | car il le salua et dit |
“Sire, ce m'anseigna ma | |
mere | “Sire, c'est ce que ma mère m'enseigna. |
— Dex beneïe toi, biau | |
frere” | —Que Dieu te bénisse, cher frère,” |
fet li prodom qui le vit | |
sot. | fait le gentilhomme, qui vit qu'il était sot |
— au parler le conut et | |
sot— | —à son parler comprit qu'il était sot— |
et dit : “Biax frere, don | |
viens tu? | et dit: “Cher frère, d'où viens-tu? |
— Dont ? De la cort | |
le roi Artu. | — d'où? De la cour du roi Arthur. |
-v1364 | |
.../4 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: May Plouzeau
|
|
CHAPITRE 3 | |
11-et | PercevalApproches 3.3.2. |
tantost .IIII. sergent | |
vindrent |
et aussitôt arrivèrent quatre sergents
et aussitôt arrivèrent quatre sergents |
-v1737 | |
qui granz haiches a lor cos | |
tindrent, | qui portaient de grandes haches au cou, |
et chascuns ot ceinte une | |
espee, | et chacun portait une épée, |
si ont la porte | |
desfermee | ils ouvrirent la porte |
et dient : “Sire, venez | |
anz |
et lui dirent : “Sire, venez avant. ” (Sire, avancez) |
-v1741 |
Mot | Annotation |
---|---|
12-Se bien | PercevalApproches 3.3.3. |
esteüst |
Se bien esteüst as sergenz, mout fussent bel. Se est conjonction de subordination “si”. Nous avons un système conditionnel dont les deux verbes sont au subjonctif imparfait. Une traduction littérale serait “si la situation avait été bonne pour les sergenz, ils auraient été très beaux”. Or, il n'en est rien : l'hypthèse porte sur un fait passé qui s'est révélé faux (quand on décrivait la syntaxe du latin en mon enfance, on parlait, au plan notionnel, d'irréel du passé) ; le résultat de cette hypothèse s'est également révélé faux. Pour exprimer cela, l'ancien français dispose d'un système très simple : +se + subjonctif imparfait dans la subordonnée // subjonctif imparfait dans la principale. |
as | |
sergenz, |
Si la situation fût bonne pour les sergents, (Si la situation avait été bonne pour les sergents)
Si la situation avait été bonne pour les sergents |
-v1742 | |
mout fussent bel, mes il | |
avoient |
ils fussent très beaux, mais ils avaient (ils auraient été très beaux, mais ils avaient) |
meseise eü tant qu'il | |
estoient | eu tant de déboires |
tel qu'an s'an poïst | |
merveiller, | qu'on aurait pu s'en étonner |
de geüner et de | |
veillier. | Mais ils avaient tant souffert de jeunes et de veilles que c'était pitié de les voir. |
-v1746 |
Mot | Annotation |
---|---|
13-Et s'il | PercevalApproches 3.3.4. |
ot bien defors | |
trovee |
Et s'il avait trouvé dehors
Et s'il avait trouvé dehors |
-v1747 | |
la terre gaste et | |
escovee | la terre nue et déserte, |
dedanz rien ne li | |
amanda, | à l'intérieur cela ne s'arrangea pas pour lui, |
que par tot la ou il | |
ala | partout où il alla |
trova anhermies | |
les rues | il trouva les rues désertes |
et les meisons viez | |
decheües, | et les maisons vieilles et en ruines |
qu'home ne fame n'i | |
avoit | dans des conditions telles qu'il n'y avait ni homme ni femme. |
-v1753 |
Mot | Annotation |
---|---|
14-.II. | PercevalApproches 3.3.5. |
mostiers |
Voir l'impressionnant site du village de Moustiers Sainte-Marie en Provence. Le mot mostier est issu du latin : lat. monast'erium donne AF mostier par voie d'usure phonétique prononcée (tandis que par emprunt savant lat. monast'erium donne monastère) ; mostier signifie à l'origine “monastère”, “couvent”. Mostier a évolué en moutier, mot qui ne survit plus que régionalement ou dans des noms de lieu. Très souvent mostier signifie “lieu de culte”, et alterne avec eglise en ce sens. |
an la ville | |
avoit, |
Il y avait en la ville deux moustiers.
Il y avait en la ville deux moustiers, |
-v1754 | |
qui estoient .II. | |
abaïes, | qui étaient deux abbayes, |
li uns de | |
nonains |
Traduire par “religieuses” parce que FM nonne est vieux ou plaisant : voir Petit Robert 1993 p1497a. Le chanteur Georges Brassens s'amuse quand dans Le mauvais sujet repenti il fait rimer nonne avec Sorbonne. |
esbaïes, | l'un de religieuses effrayées |
l'autres de moinnes | |
esgarez. | l'autre de moines désemparés. |
Ne trova mie bien | |
parez | ces moustiers, il ne les trouva pas bien parés (décorés) |
les mostiers | ces moustiers, il ne les trouva pas bien parés (décorés) |
ne bien | |
portanduz | ni ornés de tentures |
ençois |
Nous avons ici un cas d'emploi très fréquent du mot ainçois : après une proposition négative, il reformule de façon positive et il précise le contenu de la proposition négative. En ce sens, il fonctionne comme l'allemand sondern. On peut le gloser par “au contraire”, “bien plus” et le traduire par “mais”. |
vit crevez et | |
fanduz | mais (les murs) en étaient fendus et crevés |
les murs, et les torz | |
decovertes, | et les tours sans toiture |
et les meisons erent | |
overtes | et les maisons étaient ouvertes |
ausi de nuiz come de | |
jorz. | |
-v1763 |
Mot | Annotation |
---|---|
15-Molins | PercevalApproches 3.3.6. |
n'i mialt ne n'i cuist | |
forz |
Là, moulin ne moud ni four ne cuit
Là, moulin ne moud ni four ne cuit |
-v1764 | |
an nul leu de tot le | |
chastel | en nul lieu de tout le château, |
ne ne trova pain ne | |
gastel, | et il ne trouva ni pain ni gâteau |
ne rien nule qui fust a | |
vandre, | et (il ne trouva) absolument rien qui fût à vendre |
don l'an poïst un denier | |
prandre. | dont on pût tirer un denier. |
Ensi trova le chastel | |
gaste. | Ainsi il trouva le château abandonné, |
que n'i trova ne pain ne | |
paste | car il n'y trouva ni pain ni pâte |
ne vin ne sidre ne | |
cervoise. | |
-v1771 | |
.../5 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: May Plouzeau
|
|
16-Vers | PercevalApproches 3.3.7. |
un palés couvert | |
d'atoise |
Vers un palais couvert d'ardoise
Vers un palais couvert d'ardoise |
-v1772 | |
l'ont li .IIII. sergent | |
mené | les quatre sergents l'ont mené |
et descendu et | |
desarmé. | et descendu de cheval. |
Et tantost uns vaslez | |
avale | Et aussitôt un jeune homme accourt |
par mi les degrez de | |
la sale, | par l'escalier de la salle, |
qui aporta un mantel | |
gris |
et apporte un manteau gris; Attention ! L'adjectif gris peut signifier “de couleur grise” mais aussi “fait de la fourrure du petit-gris”. Parfois, le contexte ne permet pas de décider. Ici, Chrétien a voulu donner une impression de désolation, mais le palés v1772 avec son atoise v1772° est épargné : nous verrons v1797 et suivants que les fourrures abondent. Donc il vaut sans doute mieux comprendre “fait de la fourrure du petit-gris”. Le petit-gris est une variété d'écureuil très appréciée dans la pelleterie du Moyen Âge. |
au col au chevalier | |
l'a mis, | (et) l'a mis au cou du chevalier, |
et uns autres a | |
establé | et un autre a mené à l'écurie |
son cheval la ou il | |
n'ot blé | son cheval, là où il n'y avait céréales |
ne fain ne fuerre se | |
po non, | ni foin, ni paille, sinon en petite quantité |
que il n'estoit an | |
la meison. | car il n'y en avait pas dans la maison. |
Li autre devant ax | |
le font | Les autres devant eux le font |
monter par les degrez | |
amont | monter par l'escalier qui le conduit plus haut |
an la sale qui mout fu | |
bele. | |
-v1785 |
Mot | Annotation |
---|---|
17.Dui | PercevalApproches 3.3.8. |
prodome et | |
une pucele |
Deux gentilshommes et une jeune fille (il s'agit de Blancheflor)
Deux gentilshommes et une jeune fille |
-v1786 | |
li sont a l'ancontre | |
venu. | sont venus à sa rencontre. |
Li prodome estoient | |
chenu, | Les gentilshommes étaient chenus, |
ne pas si que tuit fussent | |
blanc. | mais pas au point d'être entièrement blancs de cheveux. |
De bel aaige a tot | |
lor sanc | Dans la force de l'âge avec tout leur sang |
et a tote lor force | |
fussent, | et avec toute leur force, voilà ce qu'ils auraient été |
s'enui et pesance | |
n'eüssent, | s'ils n'avaient eu contrariété et déplaisir. |
-v1792 |
Mot | Annotation |
---|---|
18-et | PercevalApproches 3.3.9. |
la pucele vint plus | |
jointe, |
et la jeune fille vint, plus gracieuse
et la jeune fille vint, plus gracieuse |
-v1793 | |
plus acesmeë et plus | |
cointe | et plus élégante |
que espreviers ne | |
papegauz |
qu'épervier ou perroquet. Une chose est certaine : en comparant les qualités de la jeune fille à celle d'un épervier (esprevier), Chrétien reste dans la tradition. N'oublions pas que les oiseaux de fauconnerie sont des oiseaux nobles, que la classe aristocratique les avait sans cesse sous les yeux et sur le poing, et que pour elle, prendre comme point de comparaison un épervier est tout à fait parlant. Mais avec le perroquet (papegauz v1795 ; lemme du TL, papegai), Chrétien détonne et s'amuse (selon moi), au point que la comparaison a été reprise dans le portrait d'une héroïne de fabliau, Guillaume au faucon, dont fait état le Glossaire sv passemervoille. En choisissant Arielle Dombasle pour incarner Blancheflor dans son Perceval le gallois (1978), le cinéaste Éric Rohmer a été bien inspiré ; voilà une actrice impeccable sur elle et qui joue souvent des personnages que les réalisateurs traitent avec humour (par exemple L'ennui de Cédric Kahn, film de 1998). |
Ses mantiax fu, et ses | |
bliauz, | Son manteau, de même que sa tunique |
d'une porpre noire, | |
estelee | étaient faits d'une somptueuse étoffe sombre, étoilée. |
de | |
vair, |
de fourrure de vair Le mot a pour origine l'adjectif vair, qui signifie dans le domaine de la couleur “qui présente des couleurs variées” (vair vient du lat. v'arium) ; substantivé, comme ici, le mot vair désigne la fourrure de fourrure de vair Le mot a pour origine l'adjectif vair, qui signifie dans le domaine de la couleur “qui présente des couleurs variées” (vair vient du lat. v'arium) ; substantivé, comme ici, le mot vair désigne la fourrure de l'écureuil appelé petit-gris, très précieuse. De quoi s'agit-il ? “En termes de pelletier-fourreur les faits se présentent ainsi : le vrai vair, la peau du Sciurus varius, est bicolore. Le centre (le dos), au poil dense, est gris cendre ou plus foncé, le pourtour (le ventre), et surtout vers le bas, est blanc et nettement contrasté.” On lira avec intérêt la contreverse vair / verre sur la composition des pantoufles de Cendrillon dans Wikipédia. |
et n'ert mie | |
pelee | et elle n'était point pelée |
la pane qui d'ermine | |
fu. | la fourrure qui était d'hermine. |
D'un | |
sebelin | la zibeline est une fourrure précieuse, comme l'hermine ou le vison. |
noir et | |
chenu, | d'une zibeline noire et grise |
qui n'estoit trop lons ne trop | |
lez, | qui n'était ni trop longue, ni trop large |
fu li mantiax au col | |
orlez ; | le manteau était ourlé au niveau du cou; |
-v1802 |
Mot | Annotation |
---|---|
19-et | PercevalApproches 3.3.10. |
se je onques fis | |
devise |
et si j'ai jamais donné une description
et si j'ai jamais donné une description |
-v1803 | |
an biauté que Dex eüst | |
mise | de la beauté que Dieu a pu mettre |
an cors de fame ne an | |
face, | dans un corps ou un visage de femme, |
or me plest que une an | |
reface | il me plaît maintenant d'en refaire une |
ou ge ne mantirai de | |
mot. | dans laquelle je ne mentirai pas d'un mot. |
-v1807 |
Mot | Annotation |
---|---|
20-Deslïee | PercevalApproches 3.3.11. |
fu, et | |
si ot |
Elle (Blancheflor) avait la tête découverte
Elle (Blancheflor) avait la tête découverte |
-v1808 | |
les chevox tex, s'estre | |
poist, | et les cheveux tels |
que bien cuidast qui les | |
veist | que celui qui les aurait vus aurait cru |
que il fussent tuit | |
de fin or, | qu'ils étaient tout d'or fin, |
tant estoient luisant | |
et sor. | tant ils étaient blonds et brillants. |
Le front ot blanc et haut et | |
plain | Son front était blanc, haut et lisse |
com se il fust ovrez de | |
main, | comme s'il avait été ouvré à la main, |
que de main d'ome l'uevre | |
fust. | ouvré de main d'homme |
de pierre ou d'ivoire ou de | |
fust. | dans le marbre, l'ivoire ou le bois. |
Sorcix brunez et large | |
ant'ruel, | (elle avait) des sourcils bruns et séparés par un large entr'œil, |
an la teste furent | |
li oel | elle avait des yeux |
riant et | |
veir |
Ici, nous avons l'adjectif vair, qui, dans le domaine de la couleur, signifie étymologiquement “qui présente des couleurs variées” (cf. commentaire du v1798 supra dans le présent ◊Chap3 §79a). Toutefois, le sens de l'adjectif quand il est incident au mot ueil n'est pas facile à déterminer. Les yeux des belles personnes sont traditionnellement qualifiés de vairs dans les textes littéraires (cf. par exemple l'article vair du TL), mais les auteurs ne précisent pas ce qu'ils entendent par là. Ce que l'on peut dire, c'est que ueil vair n'est pas interchangeable pour le sens avec ueil noir (j'ai écrit les syntagmes au CSP, dans la graphie du TL), grâce à Adam de la Halle, Si noir oeil me sanloient vair. Par ailleurs, “le fait que vair (incident à ueil) est fort souvent accompagné des mots cleret riant montre qu'il ne s'agit probablement pas de la couleur des yeux, mais de leur expression : vif, animé, expressif” (FouletPerceval p312). Cette interprétation a l'intérêt de conserver un certain lien sémantique avec l'étymon de vair, lat. v'arium: un regard animé est changeant. |
et | |
cler fandu. | riants et vairs, et nettement fendus. |
Le nés ot droit et | |
estandu. | Son nez formait une ligne bien droite, |
et mialz li avenoit | |
el vis | et sur son visage mieux lui seyait |
li | |
vermauz |
Les mots vermeil et sinople réfèrent tous deux à une couleur. Nous ne pouvons pas rendre sinoples par FM sinople, parce qu'aujourd'hui ce mot désigne “un des émaux héraldiques, de couleur verte” (PetitRobert1993 p2095b). Le mot sinople à l'origine désigne une couleur rouge, puis désigne une couleur verte. Le changement de sens se fait au cours du Moyen Âge : dans certains textes on ne peut savoir à quoi réfère sinople, mais ici le passage est éclairant : il désigne une couleur rouge. Le mot vermeil désigne un rouge vif : dans les textes qui utilisent à la fois le mot +roge et le mot vermeil, on voit que vermeil est connoté positivement, ce qui n'est pas le cas de roge. Dans PercL nous avons en tout 22 occurrences de vermeil (nom ou adjectif) contre seulement deux de sinople. Nous pouvons en déduire que sinople est plus recherché que vermeil, et peut-être même que c'est déjà un terme technique, lié à la couleur des armoiries. En effet, l'autre occurrence de sinopleest la suivante : Les armes de sinople taintes Au chevalierv1219. À la lumière de ces informations (et des informations qui vous sont fournies dans le ◊Glossaire), je propose de traduire “et sur son visage l'incarnat rehaussant la blancheur était plus seyant que gueules sur champ d'argent”. |
sor le blanc | |
asis |
la couleur vermeille contrastée avec le blanc La forme vermeil (ou dans certaines régions de l'Est vermoil) provient par évolution phonétique régulière du lat. verm'iculum, qui signifie “petit ver” (vous reconnaissez le radical de AF verm commenté ◊Chap2 §56). Cette petite bête broyée donnait une teinture rouge, au point que le descendant de lat. verm'iculum a pu concurrencer les descendants du radical de lat. r'uber pour signifier “rouge” dans certaines langues romanes. |
que li sinoples sor | |
l'argent. |
que la couleur sinople sur l'argent. ou bien “et sur son visage l'incarnat rehaussant la blancheur était plus seyant que gueules sur champ d'argent”. |
-v1823 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
CHAPITRE 4 | |
21-Por | PercevalApproches 4.3.1. |
anbler san et cuer de | |
gent |
Pour ravir la raison et le cœur des gens
Pour ravir la raison et le cœur des gens |
-v1824 | |
fist Dex de li | |
passemervoille, | Dieu avait fait d'elle un tel prodige, |
n'onques puis ne fist la | |
paroille | et depuis il n'en a pas fait de pareille |
ne devant feite ne | |
l'avoit. | non plus qu'il n'en avait fait auparavant. |
-v1827 |
Mot | Annotation |
---|---|
22-Et quant | PercevalApproches 4.3.2. |
li chevaliers la | |
voit, |
Et quand le chevalier la voit
Et quand le chevalier la voit |
-v1828 | |
si la salue, et | |
ele, lui | il la salue et elle lui rend son salut, |
et li chevalier | |
amedui | et les deux autres chevaliers saluent en même temps |
et la dameisele le | |
prant | alors la demoiselle le prend |
par la main | |
debonerement | par la main aimablement, |
-v1832 |
Mot | Annotation |
---|---|
23-et dist : | PercevalApproches 4.3.3. |
“Biau frere, vostre | |
ostex |
Et dit: “Beau seigneur, votre logement
Et dit: “Beau seigneur, votre logement |
-v1833 | |
certes n'iert pas anquenuit | |
tex | Mais si l'on vous disait maintenant |
com a prodome | |
covandroit | comme il le faudrait pour un homme de bien. |
Mes qui vos diroit | |
orandroit | Mais si l'on vous disait maintenant |
tot nostre covine et nostre | |
estre, | tout sur notre situation et notre état |
vos cuidereiez, puet cel | |
estre, | vous croiriez peut-être |
que de malvestié le | |
deisse | que je le dirais par méchanceté |
por ce qu'aler vos an | |
feïsse. | pour que je vous fasse partir. |
Mes se vos plest or | |
remenez, | Mais si cela vous plaît, restez |
l'ostel tel com il est | |
prenez, | et acceptez notre hospitalité comme elle est, |
et Dex vos doint meillor | |
demain.” | et que Dieu vous en procure une meilleure demain. |
-v1843 |
Mot | Annotation |
---|---|
24-Ensi | PercevalApproches 4.3.4. |
l'an mainne par | |
la main |
Elle l'emmène ainsi par la main
Elle l'emmène ainsi par la main |
-v1844 | |
jusqu'an une chanbre | |
celee |
jusqu'à une chambre au plafond orné
ATTENTION! Celee ici n'est pas 'cachée'.
Voir l'article celer2 du Lexique du Dictionnaire Électronique de Chrétien de Troyes (Déct) http://www.atilf.fr/dect/ de Pierre Kunstmann: Voir aussi la note au vers 1847 de l'édition de Perceval par Keith Busby publiée à Tübingen (Max Niemeyer) en 1993. |
qui mout ert bele et longue | |
et lee. | qui était très belle, longue et large. |
Sor une coute de | |
samit | Sur une courtepointe de riche étoffe de soie |
qui fu tandue sor | |
un lit | qui était étendue sur un lit |
se sont leanz andui | |
asis. | ils se sont assis tous les deux. |
Chevalier quatre, cinc | |
et sis | Quelques chevaliers, quatre, cinq, puis six, |
vindrent leanz et si | |
se sistrent | entrèrent dans la pièce et s'assirent |
tot par tropeax et mot ne | |
distrent, | par petits groupes sans dire mot |
et virent celui qui | |
se sist | et virent celui qui était assis |
delez lor dame et mot | |
ne dist. | aux côtés de leur dame et ne disait mot. |
Por ce de parler | |
se tenoit | Il se retenait de parler |
que del chasti li | |
sevenoit | parce qu'il se souvenait du conseil |
que li prodom li | |
avoit fet, | que le gentilhomme lui avait donné |
s'an tenoient antr'ax | |
grant plet | et tous les chevaliers en parlaient |
tuit li chevalier | |
a consoil. | entr'eux à voix basse : |
-v1859 |
Mot | Annotation |
---|---|
25-“Dex, | PercevalApproches 4.3.5. |
fet chascuns, mout | |
me mervoil |
“Dieu, disait chacun, je me demande vraiment
“Dieu, disait chacun, je me demande vraiment |
-v1860 | |
se cil chevaliers est | |
muiax. | si ce chevalier est muet. |
Granz diax seroit, c'onques | |
si biax | Ce serait grand dommage car jamais aussi beau |
chevaliers ne fu nez de | |
fame. | chevalier ne fut né de femme. |
Mout avient bien delez | |
ma dame, | Il forme un beau couple à côté de ma dame, |
et ma dame ausi | |
delez lui. | et ma dame aussi à côté de lui. |
S'il ne fussent muël | |
andui, | Si seulement ils n'étaient pas muets tous les deux |
tant est cil biax et | |
cele bele | il est si beau et elle si belle |
c'onques chevaliers ne | |
pucele | que jamais chevalier et jeune fille |
si bien n'avindrent mes | |
ansanble, | ne furent si bien accordés |
que de l'un et de l'autre | |
sanble | car au sujet de l'un et de l'autre, il semble |
que Dex l'un por l'autre | |
feïst | que Dieu les fit l'un pour l'autre |
por ce qu'ansanble les | |
meïst.” | pour les mettre ensemble. ” |
-v1872 |
Mot | Annotation |
---|---|
26-Et tuit | PercevalApproches 4.3.6. |
cil qui leanz | |
estoient |
Et tous ceux qui étaient là rassemblés
Et tous ceux qui étaient là rassemblés |
-v1873 | |
antr'ax grant parole an | |
feisoient | en faisaient le sujet de leur conversation |
et la dameisele | |
atandoit | et la demoiselle attendait |
qu'il l'aparlast de que | |
que soit, | qu'il lui parle de quoi que ce soit |
tant qu'ele vit tres bien | |
et sot | au point qu'elle comprit très bien |
que il ne li diroit | |
ja mot | qu'il ne lui dirait pas un mot |
s'ele ne l'aresnoit | |
avant, | si elle ne lui adressait pas la parole la première |
-v1879 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
CHAPITRE 5 | |
27-et dist | PercevalApproches 5.2.1. |
mout | |
debonerement |
et elle lui dit donc très aimablement
et elle lui dit donc très aimablement |
-v1880 | |
“Sire, don venistes vos | |
hui? | “Seigneur, d'où êtes-vous arrivé aujourd'hui? |
— Dameisele, fet il, | |
je jui | —Demoiselle, fait-il, j'ai passé la nuit |
chiés un prodome an un | |
chastel, | chez un gentilhomme dans un château, |
ou j'oi ostel et bon et | |
bel, | où j'eus bel et bon logement, |
s'i a .V. torz forz et | |
eslites, | ce château a cinq tours fortes et bien construites |
une grant et .IIII. | |
petites. | une grande et quatre petites. |
Ne sai tote l'uevre | |
asomer | Je ne saurais énumérer toutes les parties de l'ouvrage |
ne le chastel ne sai | |
nomer, | ni dire le nom du château |
mes je sai bien que li | |
prodon | mais je sais bien que le gentilhomme |
Gornemanz de Gohorz | |
a non. | a pour nom Gornemant de Goort. |
-v1890 |
Mot | Annotation |
---|---|
28— Ha ! | PercevalApproches 5.2.2. |
biax amis, fet | |
la pucele |
— Ha ! Cher ami, dit la jeune fille,
— Ha ! Cher ami, dit la jeune fille, |
-v1891 | |
mout est vostre parole | |
bele | que vos paroles sont belles |
et mout avez dit que | |
cortois. | et combien courtois ce que vous avez dit. |
Gré vos an sache Dex | |
li rois | Que Dieu, le roi du ciel, vous sache gré |
qant vos prodome | |
l'apelastes. | quand vous l'appelâtes gentilhomme. |
Onques plus voir mot ne | |
parlastes, | Jamais vous n'avez proféré de parole plus véridique, |
qu'il est prodom, par | |
saint Richier, | car il est gentilhomme, par saint Richier, |
ice puis je bien | |
afichier; | je puis bien l'affirmer; |
et sachiez que je sui | |
sa niece, | et sachez que je suis sa nièce, |
mes je nel vi mout a grant | |
piece, | mais il y a très longtemps que je ne l'ai pas vu |
et, certes, puis que vos | |
meüstes | et, sans aucun doute, depuis que vous avez quitté |
de vostre ostel, ne | votre maison, vous n'avez rencontré |
queneüstes | votre maison, vous n'avez rencontré |
plus prodome mien | |
esciant. | gentilhomme plus noble, que je sache. |
Mout lié ostel et mout | |
joiant | Il vous a réservé un accueil très souriant et joyeux |
vos fist, que il le sot bien | |
feire | car il a bien su le faire |
come prodom et | |
deboneire, | comme un gentilhomme aimable |
puissanz et aeisiez et | |
riches. | puissant, prospère et riche. |
-v1907 |
Mot | Annotation |
---|---|
29-“Mes ceanz | PercevalApproches 5.2.3. |
n'a mes que .VI. | |
miches |
“Mais ici il n'y a que cinq miches
“Mais ici il n'y a que cinq miches
qu'un de mes oncles, qui est prieur, |
-v1908 | |
c'uns miens oncles, qui est | |
prieus, | qu'un de mes oncles, qui est prieur, |
mout sainz hom et | |
religieus | un très saint homme de religion |
m'anvea por soper | |
enuit, | m'envoya pour notre souper ce soir |
et un bocel plain de vin | |
cuit. | avec une outre de vin cuit. |
De vitaille n'a plus | |
ceanz, | Pour le reste de la nourriture, nous n'avons plus ici |
fors un chevrel c'uns miens | |
sergenz | qu'un chevreuil qu'un de mes hommes d'armes |
ocist hui main d'une | |
saiete.” | a tué ce matin d'une flèche.“ |
Atant comande que l'an | |
mete | Alors elle ordonne que l'on dresse les tables, |
les tables, et eles sont | |
mises, | et une fois les tables mises |
et les | |
genz |
En ancien français, le nom gent est féminin au singulier et très souvent féminin aussi au pluriel, conformément au genre de l'étymon, lat. g'ens, g'entis (j'ai cité comme dans le Gaffiot, lequel toutefois n'imprime pas d'accent tonique). Nous avons gardé un souvenir de cet ancien état de fait : la gent estudiantine, les vieilles gens sont malheureux. |
au soper | |
asises. | les gens s'assoient pour souper. |
-v1918 |
Mot | Annotation |
---|---|
PERCEVAL
|
|
Veuillez consulter PercevalApproches pour des commentaires philologiques détaillés. |
Mot | Annotation |
---|---|
CHAPITRE 6 | |
30-Au mangier | PercevalApproches 6.1.1. |
ont mout petit | |
sis, |
Ils sont restés assis à table fort peu de temps
Ils sont restés assis à table fort peu de temps |
-v1919 | |
mes par mout grant talant l'ont | |
pris. | mais ont mangé de grand appétit. |
Aprés mangier se | |
departirent ; | Après le repas ils se séparèrent; |
cil remestrent, qui se | |
dormirent | les uns restèrent pour dormir, |
qui l'autre nuit veillié | |
avoient; | ceux qui avaient veillé la nuit d'avant; |
cil s'an issirent qui | |
devoient | les autres sortirent qui devaient |
la nuit par le chastel | |
veillier. | la nuit veiller répartis à travers le château. |
Sergent furent et | |
escuier | Les hommes d'armes et les ecuyers |
.L. qui la nuit | |
veillirent; | qui veillèrent la nuit étaient au nombre de cinquante; |
li autre mout se | |
traveillierent | les autres s'efforcèrent |
de lor oste bien | |
aeisier. | de mettre leur hôte bien à l'aise. |
-v1929 |
Mot | Annotation |
---|---|
31-Biax dras | PercevalApproches 6.1.2. |
et covertor mout | |
chier |
De beaux draps et une couverture très chers
De beaux draps et une couverture très chers |
-v1930 | |
et orellier au chief li | |
mestent | et un oreiller pour la tête sont mis |
cil qui del couchier | |
s'antremestent; | par ceux qui sont chargés du coucher; |
trestot l'eise et tot le | |
delit | toute l'aise et le plaisir |
qu'an saüst deviser | |
an lit | qu'on eût pu souhaiter en un lit |
ot li chevaliers | |
cele nuit, | le chevalier l'eut cette nuit |
fors que solement le | |
deduit |
à l'exception du plaisir le deduit. Le mot existe encore en français d'aujourd'hui, mais son emploi est qualifié de “vieux” dans PetitRobert1993 p560b. C'est dire qu'il n'est pas possible de l'utiliser pour rendre le mot deduit du texte, parce qu'à l'époque de Chrétien, l'emploi de ce mot ne créait pas d'effet d'archaïsme. Concernant ce mot, il est une autre différence entre l'ancien français et le français moderne : dans PetitRobert1993 il est traduit : “Divertissement. Jeux amoureux.” Et en effet, deduit, se trouve aujourd'hui semble-t-il surtout dans des contextes érotiques. Or, en ancien français, le mot deduit n'est pas limité à ces seuls contextes : par exemple, l'on parle souvent de deduit d'oiseaus ou de deduit en riviere, en référence au plaisir de la fauconnerie. |
de pucele, se lui | |
pleüst, | d'une jeune fille, si tel avait été son désir |
ou de dame, se li | |
leüst. | ou d'une dame, s'il lui avait été permis. |
Mes il n'an savoit nule | |
rien, | Mais il était encore innocent, |
et por ce vos di ge mout | |
bien | et pour cela je vous dis bien |
qu'il s'andormi auques par | |
tans, | qu'il s'endormit vite |
qu'il n'estoit de rien an | |
espans. | libre de tout souci. |
-v1942 | |
* * * / / / * * *
|