De l'Ehlebore blanc de Nicolas à l'Ophrys de Pline (suite 1.)

Le texte de Nicolas s'en tient à une brève description qui est beaucoup moins détaillée que celle de son contemporain anglais. Il établit une différence avec la variété européenne. La forme des feuilles, le format de la racine et son usage médicinal demeurent les points importants de sa description.

Le dessin de l'Ehlebore blanc du Codex se situe, de par son manque de détails dans le rendu des parties de la plante, quelque part entre les représentations de 1549 à 1583 .

Les figures de Clusius Illustration, de Dodoens Illustration, montrent l'appareil végétatif et donnent de l'importance aux racines. Zwinger Illustration représente l'Ellébore en fleur avec, de part et d'autre du spécimen, le détail de la fleur et du fruit. Tournefort montre avec une extrême précision la fleur en toutes ses parties Illustration. Somme toute, la classification visuelle de Nicolas est proche du milieu ou de la fin du XVIe siècle. Elle ne s'attache pas à montrer les détails des fleurs, des fruits ou des racines comme la plupart des illustrations du XVIIe siècle. Le dessin ne montre pas la fleur. Il illustre sommairement la racine et les feuilles, c'est-à-dire ce qui sert dans la pharmacopée amérindienne et qui permet de la reconnaître. Nicolas a sûrement remarqué cette espèce aux grandes feuilles d'un vert très vif qui annonce de façon spectaculaire le printemps.

Nicolas croyait-il avoir trouvé une nouvelle variété d'Ellébore? Les figures du XVIe et XVIIe siècles permettent d'établir sans l'ombre d'un doute qu'il n'a pas copié les modèles européens de l'Ellébore blanc. Il s'est plutôt inspiré de la figure d'une plante montrée par Matthioli: la Sesamoïdes magnum  que

"les Modernes appellent Ophris, est fort semblable à l'Ellébore blanc. Elle ne jette que deux feuilles: du milieu desquelles sort une tige toute garnie de petites testes, desquelles sortent de petites fleurs blanches, & semblables à petites langues. Elle a une racine fort menue, à laquelle sont attachées plusieurs autres petiz filamens, qui sont fort odorans. Toute la plante est bonne à faire noircir les cheveux, à guérir les fractures, et souder les playes." *.