Carte de 1612 de Champlain

Les travaux de Champlain, explorateur, cueilleur de racines et de simples, sont un apport certain à la cartographie et aux sciences naturelles. A l'époque de la création du Jardin royal des plantes médicinales et des cabinets de curiosités, ses récits de voyages, ses descriptions, ses croquis et quelques spécimens botaniques rapportés parfois des colonies suscitent un grand intérêt auprès des botanistes. À l'époque, ceux-ci commencent à accorder un peu plus d'importance à l'observation qu'aux textes des botanistes de l'Antiquité et du Moyen Age.

La Carte de 1612 de Champlain soulève la question des sources iconographiques utilisées par David Pelletier et, en même temps, du type de classification utilisée pour montrer les plantes. Le graveur de la Carte de 1612 avait probablement les esquisses ou les notes manuscrites de Champlain. Or, celles-ci n'ont pas été retrouvées. Cette piste s'arrête donc là pour le moment. Quels sont donc les autres modèles connus et utilisés par Pelletier? Face à un savoir qui se constitue, le graveur, pour représenter l'inhabituel, le fruit des explorations de Champlain, utilise comme point de départ ce qui lui est connu et familier. Pelletier n'est pas botaniste ou naturaliste. Seuls les travaux de graveurs ayant illustré des ouvrages botaniques souvent réédités lui sont familiers. Il réfère donc aux marges de pages frontispices de traités de botanique de la fin du XVIe siècle comme en témoignent les figures de spécimens inspirés de De Bruyn. Quant aux spécimens que tiennent les Amérindiens, les modèles s'apparentent, entre autres, à certains ouvrages botaniques d'abord publiés au milieu du XVIe siècle comme celui de Matthioli, de Laguna et de Le Moyne de Morgues. Ces ouvrages sont très connus et largement diffusés. Dans ses descriptions comme dans ses illustrations de plantes, la botanique de Champlain est la rencontre de deux ordres de connaissance: celui de ses observations et celui des similitudes avec une tradition iconographique de la fin du XVIe siècle. Les filiations iconographiques que nous avons établies au chapitre premier le confirment.