Le mercredi 24 janvier 2018
Gilles Bronchti, professeur et chercheur au Département d'anatomie de l'UQTR, dans la pièce où sont embaumés les corps.
Crédit photo : Audrey Leblanc
EMBAUMEMENT. Au laboratoire d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), on utilise du sel de piscine pour embaumer des corps. À la fois simple et inusitée, cette technique comporte de nombreux avantages, notamment pour la formation en neurochirurgie.
Deux autres méthodes sont déjà utilisées pour embaumer les corps à l’UQTR, dont la traditionnelle solution à base d’alcool et de formol. La technique au sel est quant à elle testée depuis septembre 2016, soit un peu plus d’un an. C’est le professeur et chercheur Gilles Bronchti qui a voulu essayer cette méthode connue notamment en Iran et au Japon.
Il n’y a aucune autre technique connue pour la conservation du cerveau comme il l’est en réalité.
– Gilles Bronchti
«L’un des avantages de cette technique, c’est que les corps conservent une certaine souplesse, explique-t-il. Une fois disséqués, les corps ont une très belle mobilité. Ils sont bien plus intéressants que des corps classiques [embaumés au formol] sur ce point de vue. Les corps salés, comme on les appelle, sont aussi mieux pour des chirurgies abdominales parce que les tissus sont plus solides.»
Mais par-dessus tout, la solution saline permet de conserver le cerveau humain presque parfaitement. Pour le laboratoire d’anatomie de l’UQTR, il s’agit là d’une grande avancée. «Il n’y a aucune autre technique connue pour la conservation du cerveau comme il l’est en réalité, indique le professeur Bronchti. Des techniques existent pour préserver le cerveau, mais elles font en sorte que le cerveau est plus dur que dans la réalité.»
Cette découverte a même retenu l’attention d’un neurochirurgien de la région qui s’est montré très intéressé à développer des formations. «Il est venu au laboratoire et il a fait des chirurgies sur les cerveaux. C’est là qu’on a pu voir la qualité du cerveau. Ça n’existe nulle part», mentionne fièrement M. Bronchti.
Peu coûteux
Non seulement la solution saturée en sel complète la gamme d’embaumement du laboratoire, mais elle est également très peu couteuse et beaucoup moins nocive pour la santé que la méthode traditionnelle au formol.
À titre de comparaison, l’une des techniques utilisées peut coûter jusqu’à 700 $ pour un seul corps alors que le sel ne coûte que quelques dollars. La solution saline est constituée principalement de sel et d’eau. On y ajoute d’autres ingrédients, dont une toute petite quantité d’alcool et de formol pour détruire les bactéries.
Une fois prête, il faut de 20 à 25 litres de cette solution par corps, dépendamment de la taille de celui-ci. La solution est injectée par les artères alors que le sang est drainé par les veines. «Cette technique au sel n’est pas parfaite, mais elle permet des choses qu’on ne pouvait pas faire avec les autres techniques», soutient le chercheur. Reste à voir maintenant si ces corps salés se conserveront pendant plusieurs années. Pour l’instant, la qualité est la même après plus d’un an de tests.
1300 étudiants formés par année
Le Département d’anatomie forme environ 1 300 étudiants par année, dont plusieurs sont issus de différents programmes en santé. Les étudiants des programmes en chiropractie et en podiatrie sont les principaux utilisateurs du laboratoire. Ce dernier travaille également avec trois facultés de médecine et des établissements collégiaux. Selon le professeur Bronchti, il s’agit du laboratoire le plus actif pour les formations au Québec. On y fait aussi de la recherche.
Département d'anatomie
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