Version PDF les résumés de nos communications (177 ko)
Nous n’avons jamais eu autant besoin de penser notre monde dans sa complexité et pourtant, la pensée dualiste, binaire, manichéenne, reste le refuge le plus opérant aujourd’hui. Le fait de mobiliser des connaissances dans le but de produire de nouvelles connaissances, de nouvelles certitudes, de nouvelles vérités impose d’abord une réflexion sur leurs sources épistémologiques, sur les modalités de leur expression et sur les conditions susceptibles de les rendre pérennes. Entre l’acte de foi et ses certitudes révélées et l’acte de raison qui proposent ses certitudes de faits, ses certitudes logiques et ses certitudes construites, certains penseurs classiques ne pourraient-ils pas nous offrir une occasion de mobilisation des connaissances qui éclaireraient notre compréhension de certains phénomènes complexes contemporains ? Pourraient-ils constituer, à nouveau, une des sources crédibles à notre capacité à produire de nouvelles connaissances sur la base de la mobilisation ? Notre présentation n’aura pas comme objectif de montrer les avatars de la pensée complexe. Je tenterai plutôt de rappeler quelques anciennes sources, susceptibles de nous guider dans la compréhension de ce qui se présente comme étant des phénomènes complexes.
Cette communication visera à présenter l’une des activités phares de la Chaire de recherche du Québec sur la démocratie, le vivre-ensemble et les valeurs communes au Québec (subventionnée par le FRQSC-Actions concertées) soit la médiation scientifique. Nous présenterons notre approche ainsi que les initiatives déjà amorcées en lien avec la médiation scientifique. Plus précisément, dans le cadre de ce projet, nous visions non pas à ajouter au travail de l’équipe de 24 chercheurs, mais bien à mettre en valeur leurs travaux.
L’un des objectifs de la chaire est la transférabilité des connaissances produites à l’action publique, notamment par le biais de l’élaboration de nouvelles politiques, d’un éclairage nouveau porté sur les programmes et à de la formulation de recommandations s’adressant aux décideurs. L’équipe contribuera ainsi à l’élaboration de politiques fondées sur les données probantes. À cette fin, l’équipe s’adjoindra les services d’une personne chargée de la médiation scientifique. Pour nous, la médiation scientifique fait écho à la médiation culturelle et à ses pratiques de démocratisation. L’une et l’autre visent l’éducation, la rencontre avec les citoyens par le biais d’activités de vulgarisation (Jammet, 2003) ; toutefois, si l’une vise la rencontre entre le public et les œuvres, l’autre vise une rencontre avec la science sous toutes ses formes.
Dans cette optique, la personne médiatrice scientifique servira d’intermédiaire entre l’équipe, les partenaires et les publics : organisations en tous genres, établissements d’enseignement, grand public. Cette personne travaillera en outre à l’appropriation scientifique des résultats des différentes études menées par l’équipe. Elle sera responsable de la synthèse, de la vulgarisation et de la valorisation des résultats des travaux de recherche et contribuera, avec les chercheurs de l’équipe, à suggérer des modifications aux politiques publiques et à proposer des pistes d’action possibles découlant des connaissances produites au sujet des enjeux étudiés. Elle tissera des liens, avec l’appui du Bureau des affaires gouvernementales de l’UQTR qui s’ajoute comme partenaire à la chaire, avec les titulaires de charges et les fonctionnaires susceptibles d’intégrer les résultats de recherche dans leurs décisions. Une partie de son travail s’appuiera sur des compétences communicationnelles robustes et sur une capacité à synthétiser et transformer les résultats de recherche en données intelligibles pour les fonctionnaires et les titulaires de charges. Nous encouragerons aussi nos chercheurs à s’inscrire au programme de formation interface (Acfas/FRQSC) et, lorsqu’approprié, et complémentaire à nos efforts de mobilisation, des demandes CRSH Synthèse des connaissances.
Luckerhoff et Guillemette (2012) ont travaillé sur les conflits entre les exigences de la méthodologie de la théorisation enracinée (MTE) et les exigences institutionnelles en matière de recherche scientifique. Pelbois, Luckerhoff et Guillemette (2025), quant à eux, ont travaillé sur les conflits entre le décloisonnement des disciplines et les exigences institutionnelles en matière de recherche scientifique en enseignement supérieur au Québec. Ces travaux montrent que les comités d’évaluations et les institutions imposent parfois des critères qui vont, par instant, à l’encontre de certaines postures épistémologiques.
Dans notre communication, nous désirons analyser les conflits qui peuvent exister entre les caractéristiques de la recherche-action et les exigences institutionnelles en matière de recherche scientifique en enseignement supérieur au Québec. Nous nous intéresserons, en premier lieu, à l’épistémologie de la recherche-création. Dans un deuxième temps, nous analyserons quelles caractéristiques propres à la recherche-création peuvent entrer en contradiction avec les critères d’évaluation en enseignement supérieur. Finalement, nous proposerons des solutions afin que la recherche-création ne soit pas pénalisée dans l’évaluation des mémoires et thèses.
En reprenant Marcel Mauss et son article « les techniques du corps » (1934), il sera question dans cette communication de montrer de quelles façons, entre Le geste et la parole (Leroi-Gourhan, 1964), la perspective ethnologique et anthropologique peut servir de base à l’étude des rapports complexes qui existent entre les individus, les cultures et les sociétés.
D’emblée, ce que nous nommons la mobilisation des connaissances (MDC) doit être compris comme l’histoire qui se fraie un chemin à travers des gestes qui font sens dans des relations matérielles et symboliques faites de médiations (Vygotskij, 1997). Une telle perspective épistémologique et historique cherche donc à reconquérir le corps dans sa matérialité et dans son imaginaire social historique, surtout à une époque où le corps est perçu comme un frein au progrès de l’esprit.
Nous voulons rappeler que les gestes les plus quotidiens sont aussi, par extension, une « attitude du corps » inscrite dans des habitudes, dans le sens latin d’un habitus (Mauss, 1934, p. 7) : « Ces “habitudes” varient non pas simplement avec les individus et leurs imitations, elles varient surtout avec les sociétés, les éducations, les convenances et les modes, les prestiges » (p. 7). Pour discuter des gestes et des « techniques du corps », on doit se rattacher à un monde existant, à la fois matériel et symbolique ; il faut comprendre de quelles façons les gestes, et plus largement les actes d’une Personne, au-delà du corps compris comme un instrument, permettent de fonder un monde à soi qui nous rattache aux autres.
Auteurs
L’intérêt pour la mobilisation des connaissances dans le milieu universitaire est grandissant. Dorénavant, les mandats institutionnels, comme ceux des Instituts de Recherche en Santé du Canada et des Fonds de recherche du Québec, mettent de l’avant l’objectif de combler le fossé entre les producteurs et les utilisateurs des connaissances. Face à cet intérêt, il devient primordial que les étudiantes et étudiants en recherche développent des compétences en mobilisations des connaissances. Cependant, des obstacles en lien avec un manque de ressources, de reconnaissance académique et parfois de soutien institutionnel liés aux activités de mobilisation des connaissances rendent difficile l’intégration de la mobilisation des connaissances dans la formation universitaire. L’objectif principal de cette étude est d’explorer les compétences en mobilisation des connaissances scientifiques des étudiantes et étudiants universitaires dans des domaines liés à la santé. Spécifiquement, cette étude décrira les barrières et facilitateurs liés au développement de ces compétences et proposera des solutions pour leur renforcement. À travers un devis qualitatif descriptif, nous recueillerons les perceptions d’étudiantes et d’étudiants aux cycles supérieurs par des entrevues semi-structurées. Les données collectées seront analysées selon une approche thématique. Les résultats attendus permettront de connaitre comment s’organise la formation actuelle sur la mobilisation des connaissances et apporter des recommandations concrètes pour améliorer son intégration dans le cursus des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs dans des domaines liés à la santé.
Rappelons qu’au Québec, le monde du sport en est un où beaucoup de bénévoles s’y retrouvent et que très peu d’entraîneurs professionnels y gagnent leur vie. Il semble donc y avoir un besoin important de transférer des connaissances dans ce domaine afin de procurer aux enfants un encadrement adéquat pour leur pratique sportive. S’inscrivant sous l’axe méthodologique de l’appel à communications de ce colloque, cette communication a pour but de présenter trois activités où des connaissances scientifiques ont été mobilisées et transférées en contexte sportif. En lien avec cet objectif, la création d’une boîte à "outils psychologiques" pour les entraîneurs, la veille scientifique pour Hockey Québec ainsi qu’un projet avec le Sport-Études patinage de vitesse seront décrits et évalués à la lumière de l’heuristique Évaluation Temps 1, Conception, Implantation et Évaluation Temps 2 et des éléments de la mise en place d’un plan de mobilisation de connaissances. À la suite de la présentation de ces trois activités, des recommandations pour transférer des connaissances dans le sport seront esquissées.
L’interdisciplinarité appelle, au sens de Kasavin (2008), une formulation, une mobilisation et une production de résultats qui peuvent avoir écho au sein des disciplines prenant place dans la démarche scientifique. Or, comme le suggère Kasavin (2008), ce sont chacune des disciplines qui peuvent, individuellement, apprécier les intérêts de ces résultats. Comme le souligne l’auteur, cette exigence d’appréciation des résultats par les disciplines qui se sont préalablement montrées contributoires au projet interdisciplinaire nécessite une recontextualisation des résultats au regard de ces disciplines. Dès lors, on peut aborder la démarche de recherche interdisciplinaire comme nécessitant en elle-même des activités de mobilisation de connaissances. Cette mobilisation de connaissances permet donc de réunir des chercheurs-partenaires ayant des postures ontologiques, voire épistémologiques, parfois différents autours d’objets de recherche communs (Bagaragaza et al., 2021). Elle permet également de mobiliser les connaissances produites en interdisciplinarité dans une perspective de retour en champ disciplinaire à la suite des travaux, ce que Resweber (2011) présente comme l’annexion de concepts aux disciplines-sources.
Plusieurs questions peuvent émerger de ce constat. Quels sont les enjeux épistémologiques de cette proposition ? Quels apprentissages peut-on tirer des pratiques de mobilisation de connaissances afin de les mobiliser au service de la recherche interdisciplinaire ? Quels écueils peuvent être évités si l’on considère la recherche interdisciplinaire comme un cas de mobilisation de connaissances ? Ainsi, notre communication s’intéresse à la démarche de recherche menée en interdisciplinarité comme une pratique de mobilisation de connaissances. La communication proposée a donc pour objectif de présenter dans un premier temps les motifs permettant la proposition d’une telle association de l’interdisciplinarité et de la mobilisation de connaissance. Dans un second temps, on visera à présenter les enjeux épistémologiques inhérents à cette association, mais surtout les retombées et considérations découlant de cette constatation.
Les Premières Nations ont eu un accès limité au droit de vote jusqu’en 1969 en plus d’avoir des liens complexes avec les gouvernements tant provinciaux que fédéraux. De plus, leur taux de participation électorale est faible. Plusieurs travaux de recherches gouvernementales et non gouvernementales se sont penchés sur la complexité des enjeux autochtones et des liens entre les gouvernements locaux, fédérales et provinciales (Bacon, 2020)[1]. Nous nous sommes donc intéressées aux liens entre la réception des communications en période électorale et la volonté de participer aux processus électoraux.
Notre communication vise à analyser les communications politiques adressées aux membres des premiers peuples ainsi que le partage de données avec les administrations et personnes élues des Conseils de bandes. Notre projet sur les stratégies des communications des partis politiques et la participation des Cris d’Eeyou Istchee vise notamment à promouvoir les collaborations de recherches avec les communautés autochtones dans le domaine des sciences politiques et des communications tout en respectant les visions du processus démocratique des personnes participantes. Nous désirons mieux comprendre la perception des communications politiques reçues par les membres d’une communauté crie et les effets de celles-ci sur la participation ou la non-participation au processus électoral.
[1] Furrey, G. M. (2021). Peuples autochtones et politique au Québec et au Canada : identités, citoyennetés, et auto-détermination éds. par Stéphane Guimont Marceau, Jean-Olivier Roy et Daniel Salée. The French Review, 95(1), 236‑237. https://doi.org/10.1353/tfr.2021.0202
Les dynamiques de pouvoir jouent un rôle crucial dans la mobilisation des connaissances interculturelles, particulièrement dans le cadre des collaborations scientifiques internationales. Ce sujet explore comment les relations de pouvoir influencent la production, la diffusion et l'application des connaissances, et propose des stratégies pour équilibrer ces dynamiques afin de favoriser une participation équitable et respectueuse des différentes cultures. Les collaborations scientifiques internationales sont souvent marquées par des hiérarchies et des inégalités d'accès aux ressources, ce qui peut limiter la contribution des chercheurs issus de cultures moins dominantes (Shen,2022).
Les normes culturelles et les valeurs peuvent également affecter qui a la voix dominante et quelles perspectives sont valorisées (Green,2023). Pour surmonter ces défis, il est essentiel de reconnaître et de comprendre les dynamiques de pouvoir, de promouvoir l'inclusion et la participation, et d'adopter des pratiques de partage équitable des ressources (Espinoza,2023). L'analyse épistémologique de ces dynamiques révèle que les épistémologies interculturelles peuvent enrichir la mobilisation des connaissances en intégrant des savoirs locaux et traditionnels avec des connaissances scientifiques modernes (R’boul,2025). Cela nécessite des méthodologies flexibles et inclusives qui permettent une co-création des connaissances respectueuse des différences culturelles (Panikkar,2010). En conclusion, pour améliorer la collaboration scientifique internationale, il est crucial de mettre en place des stratégies visant à équilibrer les relations de pouvoir et à favoriser une participation équitable. Cela permettra de créer des environnements de recherche plus inclusifs et innovants, où les connaissances peuvent être partagées et enrichies par des perspectives variées East et al, 2022).
La mobilisation des connaissances hors des milieux universitaires demande ouverture et flexibilité de la part du chercheur. Ces attitudes sont nécessaires à l’établissement du dialogue et de la collaboration garante de la réussite d’un projet de MdeC. Afin d’illustrer l’importance de ces aptitudes, nous présenterons un projet institutionnel de MdeC réalisé récemment à l’École nationale des pompiers du Québec. Immanent d’un besoin formulé par les pompiers, une infolettre scientifique a été créée. Dans le cadre de cette présentation, nous retracerons le contexte et les étapes de réalisation du projet. Nous nous attarderons tout particulièrement au contexte et à la formulation du besoin initial, à la rédaction du devis de recherche et à la collecte de données ; collecte réalisée par entrevues semi-dirigées et par aller-retours auprès d’une équipe de douze pompiers. Nous conclurons cette présentation sur quelques commentaires et appréciations des pompiers qui ont consulté cette infolettre scientifique.
Cette communication s’attardera à la production des résultats de recherche et à leurs utilisations, deux activités inhérentes à la mobilisation des connaissances (CRSH, 2019). Plus précisément, la théorie des portes filtrantes (White, 1950) ainsi que la théorie de la communication à deux étages (Katz & Lazarsfeld, 1955) seront employées afin d’expliquer la notion d’effet de cascade (Potter, 2021) qui sous-tend la mobilisation des connaissances. En lien avec cette idée, il sera notamment question de différents filtres (par ex. : l’effet WEIRD, l’effet Matilda, l’idée de reproduire) qui influencent la production de connaissances.
À l’aide des rapports publiés annuellement par l’American Psychological Association, des données s’étalant sur plus de 50 ans seront également présentées afin de brosser un portrait quant à la diversification des périodiques scientifiques de ce secteur et à l’acceptation ou non des articles soumis aux fins d’évaluation. Précisons qu’une attention particulière sera portée sur les statistiques de 1965 à 2023 de la revue scientifique Journal of Personality and Social Psychology. Cette présentation se terminera par une description des impacts de la cascade sur les utilisateurs des savoirs mobilisés, et ce, en lien avec la notion du lien social.
Depuis son lancement en novembre 2022 par OpenAI, ChatGPT a trouvé des applications dans divers domaines, allant de l'assistance à la clientèle à la création de contenu, en passant par l'éducation et le divertissement. Son accessibilité, permettant aux utilisateurs d'interagir sans avoir besoin de créer un compte, a également contribué à sa popularité
Cette technologie repose sur un modèle avancé appelé Generative Pre-trained Transformer (GPT), et a été conçue pour engager des conversations de manière fluide et naturelle, semblable à celle d'un humain. ChatGPT appartient à l’IA générative qui « fait référence à un ensemble de technologies qui utilisent de l’information existant sous forme de texte, de code, d’image, d’audio ou de vidéo pour générer un nouveau contenu dans une de ces formes, sans action humaine » (Boroujeni et Nollet, 2023).
Cependant, le recours à l’Intelligence artificielle présente quelques défis dans l’acquisition et la vulgarisation des connaissances en milieu universitaires. En effet, l’IA accroit considérablement les risques liés à la fraude, la triche ou le plagiat, des fléaux que tentent de combattre la communauté universitaire. Ces risques concernent aussi bien les formateurs que les apprenants. Ils sont relatifs à la fiabilité des données générées dont on ignore les sources et la provenance, à l’incitation à la paresse intellectuelle et finalement à entraver la créativité, l’imagination et la réflexion personnelle.
Si l’on considère que la mobilisation des connaissances implique l’identification, l’organisation et l’utilisation de l’information afin d’en maximiser l’impact scientifique et social, alors la question se pose : comment y parvenir efficacement dans un monde saturé de données et de savoirs ? Nous sommes confrontés à une abondance d’informations, sans toujours savoir distinguer ce qui est pertinent, fiable ou essentiel. Tout explorer exigerait un temps considérable, que nous n’avons pas. Et si nous pouvions disposer d’une multitude d’assistants personnels capables d’analyser et d’organiser ces informations pour nous ? Est-ce possible ? Comment se repérer dans cet environnement complexe où l’évaluation critique des savoirs est essentielle ? L’intelligence artificielle peut-elle être une solution à ces défis ?
Au cours de cette présentation, nous explorerons ces questions en testant, à travers une démonstration, Scispace (Type.io), Consensus et un chatbot personnalisé basé sur ChatGPT-4.0, trois outils d’IA sélectionnés pour leur pertinence dans l’analyse et la mobilisation des connaissances scientifiques. Notre démarche s’appuiera sur une approche éthique et sécuritaire, en veillant à limiter les biais algorithmiques et à éviter les phénomènes d’hallucination des modèles d’IA.
Enfin, nous analyserons ensemble les résultats de ces démonstrations afin de déterminer si l’IA constitue un outil pertinent pour la mobilisation des connaissances scientifiques.
Les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par les Nations Unies en 2015, sont un appel mondial à l’action pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la paix et la prospérité pour tous d’ici 2030. Selon Brundtland (1987), le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Cela implique une société organisée de manière à assurer sa pérennité à long terme en prenant en compte la préservation de l’environnement, l’équité sociale et économique, et la croissance démographique.
Parmi les 17 ODD, l’ODD 11 sur les villes et communautés durables est particulièrement pertinent à l’ère des technologies de l’information et de la communication et de l’intelligence artificielle. La création de nouvelles villes et de quartiers urbains, ainsi que l’émergence de concepts tels que les villes intelligentes et les écoquartiers, soulèvent des questions sur leur origine et leur développement. Le développement durable est-il désormais un domaine d’étude scientifique, selon Mathieu et Guermond (2005) ? De quelle manière le développement durable est-il perçu ?
Il sera question d’analyser comment les ODD, et en particulier l’ODD 11, sont diffusés, interprétés et appropriés par les différents acteurs du développement urbain (gouvernements, collectivités territoriales, entreprises, citoyens). Sur le plan épistémologique, nous examinerons comment les connaissances scientifiques, les savoirs locaux et les expertises techniques sont mobilisés dans la conception et la mise en œuvre des projets de villes durables.
Dans de nombreux champs académiques, il est aujourd’hui courant d’impliquer des partenaires extra-universitaires dans des rôles actifs, que ce soit dans les processus de prise de décision liés à la science ou dans certaines étapes du processus de recherche (Dancause et Luckerhoff, 2025). Cette participation peut prendre de nombreuses formes et peut avoir des répercussions financières. Des représentants du grand public peuvent être invités à participer à des panels de citoyens ou à des jurys pour discuter des questions éthiques soulevées par les nouvelles technologies, ou des experts issus de divers secteurs de la société peuvent travailler avec des chercheurs dans le cadre de collaborations transdisciplinaires complexes et axées sur la recherche de solutions. Nous nous intéressons aux partenaires qui jouent un rôle actif en recherche (ce qui exclut le financement sans prendre part à la pratique de la production des connaissances).
Certains philosophes des sciences soutiennent que la participation d’acteurs externes au milieu académique ne menace pas l’objectivité scientifique (Douglas, 2005 ; Kitcher, 2011). D’autres considèrent qu’elle peut en fait accroître l’objectivité de la recherche (Harding, 2015; Wylie, 2015).
Finalement, d’autres encore estiment que l’implication de partenaires extra-universitaires peut biaiser la recherche et donc menacer l’objectivité scientifique (Elliott et Rosenberg, 2019; Bedessem et Ruphy, 2020).
La thèse de Koskinen (2023) est que la participation extra-universitaire peut à la fois accroître et menacer l’objectivité de la recherche menée, parfois même simultanément. Nous analyserons cette thèse pour porter un regard nuancé sur la participation d’acteurs externes, notamment dans les démarches de mobilisation des connaissances.
Au printemps 2023, Érudit organisait le colloque “Perspectives sur la publication et les revues savantes” dans le cadre du Congrès annuel de l’Acfas, qui réunissait à la fois des chercheur·euses en sciences de l’information, des professionel·les de la publication savante et des responsables de revues scientifiques.
À l’issue de ces journées, il est devenu évident que les équipes des revues avaient besoin d’échanger librement sur leurs nombreux défis, notamment le libre accès, les mutations technologiques et les enjeux de financement. Pour répondre à cette nécessité, les organisateur·trices du colloque ont rapidement mis en place une collaboration avec plusieurs parties prenantes, à commencer par les revues elles-mêmes, en plus de l’Acfas et du Fonds de recherche du Québec, pour élaborer un cadre d’échange adapté à ce besoin.
Cette mobilisation a conduit au déploiement d’un ensemble d’activités comprenant une journée d’ateliers qui a réuni de nombreuses équipes éditoriales de revues (Symposium des revues savantes québécoises), une séance plénière adressée aux hauts responsables universitaires, une publication rassemblant des recommandations détaillées et, enfin, le dévoilement public de ce document. Au cours des 10 mois de travail qu’ont nécessité la préparation et la réalisation de ces projets, nous avons mobilisé et développé de nouvelles compétences et connaissances, notamment la gestion d’équipe, la conception d'événements, la rédaction et la vulgarisation scientifique et la diplomatie. Notre présentation offrira un retour sur ce processus complet de mobilisation des connaissances, en partageant notre analyse et nos apprentissages alors que les effets de cette initiative continuent à se déployer.
Résumé
Dans de nombreuses disciplines, telles que la philosophie, la psychologie et la communication, il existe une forme de vulgarisation des savoirs qui émerge et transgresse assez souvent les frontières (Klein, 2014; Monthuy-Blanc et al., 2022). Les savoirs s’articulent, entrent en relation et en conflit et contribuent par la suite à une nouvelle façon de penser et comprendre le monde (Kail & Fayol, 2003). Différentes structures scientifiques s’appuient sur la transdisciplinarité pour participer à la révision d’un paradigme perçu comme classique, et prendre en compte également d’autres méthodes pour promouvoir la science (Montuori, 2013).
L’équipe de recherche Loricorps s’inscrit dans cette démarche de croisement des savoirs et des méthodes, où chaque champ d’études est à même de contribuer au progrès de la science (Monthuy-Blanc et al., 2024). Ce contexte révolutionne également une autre dynamique de collaboration où la priorité est le partage des connaissances et des savoirs (Luckerhoff et al., 2023 ; Siegesmund, 2004). Cette perspective contribue à reconsidérer les outils participant au processus de mobilisation des connaissances, afin de s’intéresser davantage à la manière dont les résultats de recherche sont transmis et peuvent être utilisés en dehors d’un cadre strictement universitaire (Montuori, 2013).
L’équipe de recherche Loricorps sait qu’il s’agit d’une posture épistémologique complexe, puisque, dans la pratique, la transdisciplinarité s’abstient d’une posture propre à elle-même (Hamel, 2023). Comment l’équipe de recherche Loricorps réussit-elle à valoriser autant les savoirs théoriques que les savoirs pratiques ? Comment peut-elle favoriser la recherche-action dans une perspective transdisciplinaire ? Comment fait-elle pour mobiliser et mettre la connaissance au service du plus grand nombre (Koskinen & Mäki, 2016)? L’objectif de cette communication est de rapporter une expérience de nouveau membre sur la manière dont l’équipe de Loricorps se sert de la transdisciplinarité pour participer au transfert et à la mobilisation des connaissances ainsi qu’à la valorisation de la science au sein de son laboratoire.
Depuis une quinzaine d’années, l’expression mobilisation des connaissances remplace celle de transfert des connaissances dans les glossaires des milieux de l’éducation, de la recherche et de l’innovation sociale. Bien plus qu’un effet de mode ou une simple substitution synonymique, ce virage terminologique témoigne d’une transformation des méthodes de diffusion des savoirs qui fait appel à une horizontalisation des rapports entre l'entité qui porte la connaissance et celle qui doit la recevoir. Ce brouillage de la frontière entre la personne qui enseigne et celle qui reçoit les enseignements n’est pas sans rappeler les liens éducatifs tels qu’ils s’envisagent chez les Premiers peuples.
Si certains travaux se sont penchés sur les modalités de la mobilisation des connaissances dans le cadre de projets ciblés, peu ont cherché à observer comment la mobilisation des connaissances s’opérait naturellement chez les Premiers peuples. Cette communication vise à explorer le potentiel d’ouverture et d’enrichissement des perspectives définitionnelles et opératoires de la mobilisation des connaissances au contact des pratiques autochtones. D’enseignement et de transmission des savoirs. Nous chercherons à mieux comprendre de quelles manières les pratiques et définitions allochtones de la MdC pourraient bénéficier d’une démarche d’autochtonisation et dans un contexte plus large, comment une telle initiative pourrait participer du processus de réconciliation en contribuant à horizontaliser davantage les rapports entre les Allochtones et les Premiers peuples.
La mobilisation des connaissances MdeC est essentielle à l’amélioration de la pratique professionnelle des cliniciennes et cliniciens. Mais comment enseigner un cours universitaire selon les principes de la mobilisation des connaissances ? Cette présentation offrira un récit de mon expérience de développement et d’enseignement d’un cours de méthodologie de 2e cycle selon les principes de la MdeC. Nous y aborderons les questionnements initiaux qui m’ont menée à réorienter le cours Recherche et statistiques en pratique infirmière avancée, enseigné en hiver 2025, selon les principes de la MdeC.
Nous montrerons comment la planification pédagogique a été revue tout en demeurant conforme au descriptif du cours et au plan de cours cadre. Le développement d’exercices formatives en littératie scientifique et la transformation de l’évaluation finale en rédaction d’un article de vulgarisation scientifique seront également abordés. Nous conclurons avec quelques perceptions et commentaires des étudiantes et étudiants des deux groupes ayant vécus ces transformations.
entre les Allochtones et les Premiers peuples.
Le but de cette présente communication est d’explorer le rôle des médias sociaux, en particulier LinkedIn, dans la mobilisation des connaissances (MdC). À travers une analyse des publications de l’ACFAS et d’Érudit entre décembre 2024, qui marque la période de l’appel à candidature pour le Colloque sur la MdC, et février 2025, nous examinons la distinction entre la simple diffusion des contenus scientifiques et l’engagement effectif des publics. En mobilisant l’analyse du discours numérique (Paveau, 2013 et 2017), cette étude combine une approche quantitative (fréquence et engagement des publications) et qualitative (stratégies discursives) pour interroger l’efficacité des médias sociaux numériques comme outils de mobilisation des connaissances. Nos résultats visent à mieux comprendre les mécanismes, de circulation et d’appropriation des connaissances scientifiques, mis en œuvre afin de réduire la frontière entre simple diffusion et engagement.