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Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

J’observe l’enfant · Aide-mémoire

J’observeAide-mémoire

Je porte attention aux signes de la violence conjugale chez les parents (tant chez le parent qui la commet que chez celui qui la subit).

Détecter les signes qu’une éducatrice, un éducateur ou un (une) RSGE peut observer.

Utiliser l’Aide-mémoire des signes de la violence conjugale chez le parent qui subit la violence conjugale et chez celui qui la commet.

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Aide-mémoire des signes de la violence conjugale

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Aide-mémoire : La violence conjugale ce n’est pas...

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Les types de violence conjugale

La violence conjugale peut se manifester sous une ou plusieurs formes qui peuvent évoluer au fil du temps.

Violence verbale

Les cris comme trame sonore.

  • Crier
  • Adopter un ton de voix méprisant
  • Donner des ordres
  • Hurler
  • Blasphémer
  • Crier des noms

L’enfant rapporte qu’un de ses parents a crié à l’autre des termes vulgaires et méchants.

« Il lui disait genre : t’es juste une &%?%&? de guidoune, ferme ta gueule. Mon père, il la traitait de niaiseuse, de nounoune. »

Devant les épisodes de violence verbale, l’enfant voit que, la majorité du temps, le parent tente de s’expliquer, de calmer son partenaire, de riposter sur le même ton, ou encore, de ne rien dire ou ne rien faire.

Violence psychologique
  • Mépriser, humilier, dénigrer, dévaloriser, insulter
  • Employer un langage vulgaire dans le but de rabaisser l’autre
  • Effrayer les autres en conduisant dangereusement une voiture
  • Menacer, faire du chantage, utiliser des sarcasmes
  • Proférer des menaces de mort, de suicide ou d’infanticide
  • Isoler la victime
  • Ignorer l’autre pendant des heures, des jours, des semaines
  • Contrôler la victime (gestes, paroles, courrier, appels)
  • Exercer la cyberviolence ou la violence technologique
  • Différents moyens technologiques sont utilisés afin de surveiller et de contrôler le parent (menacer de publier des vidéos sexuels sur les réseaux sociaux, géolocalisation, espionnage, appels ou textos incessants).

    Référence : site Milieux de travail alliés

  • Utiliser les croyances spirituelles pour justifier sa domination et son pouvoir
  • Ridiculiser les croyances spirituelles de l’autre, forcer ou empêcher la pratique d’une religion, se servir de la religion pour justifier sa violence, s’attaquer aux valeurs profondes ou aux aspirations de l’autre, etc.

    (SOS violence conjugale)

  • Avoir recours au détournement cognitif (gaslighting)
  • Forme de manipulation qui vise à faire douter une personne d’elle-même en ayant recours au mensonge, au déni, à l’omission sélective ou à la déformation des faits, et ce, afin de tirer profit de l’anxiété et de la confusion ainsi générées chez le parent.

    (Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, 2022)

    Le parent qui commet la violence conjugale manipule à plusieurs reprises le parent qui la subit afin de l’inciter à se méfier de sa propre mémoire et de ses propres perceptions.

    (Tracy, 2021)

  • Avoir recours à la violence par proxy
  • Le parent qui commet la violence conjugale s’en prend à l’environnement de son partenaire. Il peut causer du tort à son animal de compagnie, menacer de s’en prendre à l’enfant s’il ne se soumet pas à ses demandes, être harcelant envers la famille ou les amis du parent, discréditer le parent aux yeux du personnel intervenant ou éducateur afin que celui-ci adopte sa vision de la situation.

    Dans un rôle parental, la violence psychologique peut prendre différentes formes :

    • Menacer de provoquer une fausse couche ou de s’en prendre aux enfants;
    • Dénigrer les compétences parentales de l’autre;
    • Ridiculiser le corps de la femme enceinte ou se plaindre de sa prise de poids;
    • Dévaloriser les idées de l’autre;
    • Entrer en compétition avec le tout-petit pour obtenir l’affection de l’autre parent;
    • Réaliser des pressions sur l’autre parent afin qu’il diminue les soins et l’affection offerts à l’enfant.

Dans un rôle parental, la violence psychologique peut prendre différentes formes :

  • Menacer de provoquer une fausse couche ou de s’en prendre aux enfants;
  • Dénigrer les compétences parentales de l’autre;
  • Ridiculiser le corps de la femme enceinte ou se plaindre de sa prise de poids;
  • Dévaloriser les idées de l’autre;
  • Entrer en compétition avec le tout-petit pour obtenir l’affection de l’autre parent;
  • Réaliser des pressions sur l’autre parent afin qu’il diminue les soins et l’affection offerts à l’enfant.

Le parent auteur de violence conjugale peut ressentir de la jalousie sexuelle et restreindre les comportements de son partenaire à l’extérieur de la maison. Il peut contrôler ses sorties, ses amitiés, son habillement. Il affirme le faire par amour. La jalousie sexuelle est définie comme une préoccupation non fondée du parent auteur de violence conjugale au sujet de l’infidélité sexuelle de son partenaire. Le parent peut émettre des doutes sur la paternité de l’enfant. Il s’agit d’un facteur de risque important, autant pour l’enfant que le parent victime.

L’enfant peut devenir un moyen d’atteindre le parent victime de violence conjugale. La relation avec l’enfant devient alors instrumentalisée : menacer de battre l’enfant, violenter l’enfant afin de punir le parent qui subit la violence conjugale, agir de façon à l'encourager l’enfant à ne pas respecter l’autorité du parent victime et se révolte contre lui, maintenir une emprise sur le parent en utilisant l’enfant. Cette instrumentalisation de l’enfant est accrue lors du contexte postséparation.

Cette violence cible une personne particulière et chère pour le parent qui la subit : l’enfant. Le parent victime peut ainsi craindre de quitter son partenaire, anticipant que son enfant pourrait se retrouver seul avec le parent violent. Il a peur que l’enfant subisse des représailles. En cas de rupture, le parent peut reprendre sa relation avec le parent auteur de comportements violents en pensant protéger l’enfant.

Violence économique
  • Prendre l’argent du partenaire, voler ses cartes (débit, crédit, etc.)
  • L’empêcher d’avoir un emploi ou de le conserver
  • Surveiller ou contrôler les achats d’épicerie, de vêtements
  • Ne pas payer, de façon intentionnelle, la pension alimentaire
  • Manipuler la victime sur le plan financier dans le but de consommer drogue et alcool, ou pour des activités de jeu compulsif
  • Priver la victime des ressources financières et matérielles nécessaires au bon fonctionnement du foyer
  • Contrôler et surveiller les activités économiques du partenaire (la victime est privée de décider quoi que ce soit en cette matière)
Violence sexuelle
  • Recourir à l’agression sexuelle, au viol, au harcèlement, à l’intimidation, au dénigrement sur le plan sexuel, à la manipulation, à la brutalité en vue d’obtenir une relation sexuelle non consentie
  • Traiter la victime comme un objet sexuel
  • L’obliger à visionner du matériel pornographique
Violence physique

Violence indirecte

  • Briser les biens du partenaire
  • Lui lancer des projectiles
  • Frapper sur un meuble, défoncer une porte ou un mur dans le but d’intimider

Violence directe

  • Bousculer
  • Commettre un voie de fait simple ou grave (ex. : fracture)
  • Avoir un contact physique dans le but d’agresser la victime (ex. : donner un coup dans le ventre de la mère enceinte)
  • Commettre une agression armée
  • Faire une tentative de meurtre
  • Perpétrer un meurtre

Un radar qui ne détecte plus

Le parent qui est victime de violence conjugale vit dans un environnement particulier de menace et de peur. Normalement, la peur est un signal d’alarme important. Or, dans ce contexte, la peur cesse de jouer son rôle d’alarme. La peur devient un état habituel. Il s’agit d’un mode de survie. Le seuil de tolérance du parent victime augmente. Celui-ci devient impuissant, dépendant, fragile et peine à trouver les moyens pour réagir aux évènements. Le flot d’émotions entraine un effet paralysant. Le parent doute de sa compréhension de la situation. Sa sécurité psychologique et physique est menacée.

Un radar qui ne détecte plus

Chaque cycle de violence réduit l’estime de soi du parent. Celui-ci se referme de plus en plus. Plus la violence se poursuit, plus le parent se sent responsable et incompétent. Le contrôle et la violence deviennent normaux. Le parent peut perdre sa dignité et sa personnalité : « Je ne savais plus qui j’étais. J’ai dû reconstruire l’intérieur de moi au complet. »

Le parent en vient à croire qu’il mérite ce qui lui arrive; qu’il ne peut vivre d’une meilleure façon.

Les stratégies familiales pour le maintien du secret de la violence conjugale

(Côté, Dallaire, et Vézina, 2011)

En tant qu’éducatrice ou éducateur, il est possible de repérer ces stratégies, lorsqu’elles sont exprimées par les enfants de 4 ou 5 ans.

Il est aussi possible d’en faire l’observation lors des différents dialogues avec les parents.

Une grande partie des parents qui subissent de la violence conjugale n’en ont pas conscience en raison des conséquences mêmes qu’elle entraine (ex. : dépression, perte d’estime de soi, sentiment d’être responsable de la violence subie). Le fait de prendre conscience de ces éléments fait partie du processus d’aide.

Négation

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « Je n’ai aucun problème. »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Tu as dû rêver ça. Ton père et moi, on ne s’est pas chicanés hier soir. C’était probablement un film à la télévision qui jouait trop fort. »
  • Par l’enfant exposé : « Tout va très bien à la maison. Ma mère et son nouvel ami s’entendent très bien. »

Blâme

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « C’est vous, le problème. N’importe qui se fâcherait avec une famille comme vous autres. »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Si mes enfants étaient plus calmes et si je m’en occupais mieux, je suis certaine que ce serait plus facile pour mon mari! »
  • Par l’enfant exposé : « C’est vrai que je suis pas mal tannant. »

Manipulation

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « Toi, tu me comprends. Tu es une bonne petite fille, tu sais que j’agis pour le bien de tout le monde. »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Ce n’est pas facile ces temps-ci, mais que veux-tu que j’y fasse? Aimerais-tu mieux que papa aille en prison? »
  • Par l’enfant exposé : « Je vais te prêter ma planche à roulettes si tu ne parles pas de ce que tu as vu chez nous hier soir. »

Isolement

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « Ce qui se passe à la maison, ça ne regarde pas les autres. Pas question de demander de l’aide! »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Ne va surtout pas raconter ça à l’école. Ce serait mieux de garder ça entre nous. On va s’en sortir tout seuls. »
  • Par l’enfant exposé : « Non, j’aime mieux que vous ne veniez pas à la maison. Peut-être qu’on peut aller chez Alex, à la place? »

Menace

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « Si jamais j’ai un appel de l’école, je ne suis pas fou, je vais tout de suite savoir que c’est toi qui en as parlé. »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Je ne peux pas croire que vous avez raconté à grand-papa ce qui s’est passé. Je ne vous ramènerai plus jamais le voir! »
  • Par l’enfant exposé : « Oublie pas que je suis plus forte que toi et que je peux te taper n’importe quand si tu racontes ce qui se passe entre papa et maman! »

Banalisation

  • Par le parent qui commet des actes d’agression : « Quand même, je n’ai pas frappé ta mère! »
  • Par le parent qui subit des actes d’agression : « Mes enfants sont trop sensibles. Un simple accrochage entre mon mari et moi, et ils fondent en larmes. »
  • Par l’enfant exposé : « Se chicaner, y'a rien là : tous les parents sont comme les miens. »

La violence conjugale ce n’est pas…

Ce n’est pas de l’amour ni du respect

Le respect est le « sentiment qui porte à accorder à quelqu’un de la considération en raison de la valeur qu’on lui reconnait » (Le Robert).

L’amour est le « sentiment vif qui pousse à aimer quelqu’un, à vouloir du bien, à aider […]. » (Le Robert).

Ce n’est pas de la colère

« La colère est une émotion normale et inévitable. Mal maitrisée, elle peut mener à la violence. Bien maitrisée, elle fait partie de l’affirmation de soi » (Paradis, 2012).

À éviter

Ce n’est pas de l’agressivité

« L’agressivité est une pulsion fondamentale qui permet de survivre. Mal utilisée, elle peut être destructrice et entrainer de la violence envers les autres ou envers soi-même. Bien utilisée, elle peut générer une énergie constructive. On peut penser à l’exemple de la mère qui se sert de cette énergie pour sauver la vie de son enfant en s’interposant devant un chien le menaçant. Aussi, une réaction de défense peut ressembler à une agression. La personne ne cherche pas à prendre le contrôle, mais bien à faire cesser l’attaque et ainsi se protéger. Reconnaitre cette réaction permet de distinguer la personne agressée de l’agresseur » (Paradis, 2012).

Distinguer la violence conjugale, la violence situationnelle et le conflit conjugal

Lorsque l’on écoute les parents et les enfants, ceux-ci utilisent souvent les termes « chicanes » et « conflits » pour décrire des situations qui constituent de la violence conjugale. Pourtant, le conflit conjugal n’est pas synonyme de violence conjugale.

D’un autre côté, il est normal que des conflits éclatent à l’intérieur d’un couple.

Voici donc quelques repères pour y avoir plus clair.

« Un conflit est une opposition d’intérêts, d’opinions ou de valeurs entre deux ou plusieurs personnes sans que la peur détermine qui sera le gagnant. Bien géré, un conflit sera résolu sans violence par la négociation, le compromis ou la médiation » (Paradis, 2012).

Y a-t-il une recherche de pouvoir sur l’autre? Y a-t-il un déséquilibre dans la relation?

Violence conjugale

OUI : la recherche de pouvoir sur l’autre caractérise la violence conjugale.

Elle est majoritairement perpétrée par les hommes envers les femmes.

Violence situationnelle

NON : elle est généralement réciproque.

Elle est perpétrée autant par les femmes que par les hommes.

Conflit conjugal

NON : c’est le pouvoir sur la situation qui est recherché.

Le sujet fait l’objet d’un différend sur le plan des idées, des valeurs, etc.

Il peut y avoir une forte charge émotionnelle, mais l’autre ne fait pas l’objet de menace par exemple. Chacun tente de convaincre l’autre.

Y a-t-il une intention de contrôle?

Violence conjugale

OUI : de façon plus ou moins consciente, le moyen est choisi pour obtenir le contrôle sur l’autre.

Violence situationnelle

NON : l’intention n’est pas de contrôler et de dominer l’autre personne.

Conflit conjugal

NON : le sujet fait l’objet d’un conflit, mais il ne constitue pas un prétexte pour avoir une emprise sur l’autre.

Les impacts de la violence sont-ils marqués?

Violence conjugale

OUI : les conséquences sont marquées souvent pour tous les membres de la famille.

La personne victime craint les représailles. La sécurité des enfants et du parent qui la subissent peut être menacée.

Violence situationnelle

OUI : même si elle risque peu de mener à une escalade et de causer des blessures, elle entraine des impacts psychologiques sur les membres de la famille.

Conflit conjugal

NON : il y a un sentiment de liberté d’action, de spontanéité des deux côtés.

Comme la peur ne les paralyse pas, les partenaires peuvent s’exprimer.

Sensibilisation à des réalités familiales diverses

Les questions traitées permettent d’apporter un regard plus nuancé sur les observations de l’enfant.