Il est impératif de continuer à documenter l’évolution de la situation familiale des enfants déjà identifiés comme étant exposés à la violence conjugale à l’aide des Outils de détection de l’exposition à la violence conjugale. Lorsqu’un partenaire spécialisé est impliqué, le suivi n’incombe pas à l’éducatrice, l’éducateur ou le (la) RSGE.
Steve, le père de Marine, est peu impliqué dans la vie sa fille. Il la voit deux à trois fois par année lors de fêtes particulières.
Une activité d’appropriation est proposée pour l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale. L’objectif de cette activité d’appropriation est de s’interroger, au moyen d’une mise en situation, sur les observations se rapportant à l’exposition de l’enfant à la violence conjugale. Les outils de la Trousse FÉE permettent ensuite d’objectiver ces observations.
La famille de Marine illustre le défi de concerter, dans un service de garde éducatif à l'enfance, l’ensemble des observations et des actions à poser au sein d’une famille recomposée. Cette famille illustre bien l’importance d’adopter une vision systémique de l’exposition à la violence conjugale.
Alexandre, l’éducateur de Marine, remplit l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale — enfants âgés de 4 à 5 ans. En plus des observations déjà complétées, ce temps d’arrêt lui permet de consigner d’autres impacts possibles de l’exposition à la violence conjugale sur les besoins développementaux de l’enfant.
À la suite de ses observations, Alexandre discute de l’Outil de détection avec sa directrice. Il décide d’utiliser le conte proposé dans le matériel ludique de la Trousse FÉE auprès de son groupe. La lecture est suivie d’une causerie.
Tou(-te)s les enfants s’expriment. Alexandre porte attention à Marine qui dit : « J’entends de gros bruits qui viennent de la cuisine, comme si de la vaisselle explosait. », « Maman et Marc crient très fort. », et « Marc était très en colère et c’est pour ça qu’il a lancé un objet sur Maman. ».
Alexandre reprend l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale — enfants âgés de 4 à 5 ans et ajoute les nouvelles verbalisations de Marine découlant de la causerie.
Pour l’enfant exposé, un facteur de préjudice important est le fait de demander d’obtenir de l’aide pour le parent qui subit la violence conjugale.
Si l’enfant s’engage face à la violence (s’interpose, tente d’obtenir de l’aide d’un voisin, etc.), il court un risque encore plus grand de subir de la violence physique ou psychologique, soit de la part du parent qui commet la violence, ou même de celui qui la subit, puisque les agressions qui devaient demeurer secrètes sont maintenant dévoilées au grand jour.
Plus l’enfant grandit, plus ses capacités se développent et plus il intervient directement lors des épisodes de violence. Beaucoup d’enfants crient contre le parent qui commet les actes de violence soit depuis une autre pièce, soit depuis la même pièce, ou appellent à l’aide et interviennent physiquement.
Ex. : se cacher durant les épisodes de violence conjugale, se boucher les oreilles.
Ex. : défendre sa mère qui est victime de violence conjugale.
Ex. : attirer l’attention des parents durant un épisode de violence conjugale. L’enfant pourrait par exemple utiliser la diversion somatique (« J’ai mal au ventre »). Il est toutefois important de savoir que des maux de ventre réels peuvent être présents.
Ex. : ignorer l’épisode de violence conjugale en poursuivant ses activités.
Ex. : s’occuper de ses frères et sœurs.
Ces références permettent de soutenir les observations qui se retrouvent au dossier éducatif de l’enfant et d’étayer l’information qui sera transmise aux parents. Dans un contexte d’exposition à la violence conjugale, il est important d’adapter la transmission de l’information aux parents.
Ces bases sont nécessaires. Toutefois, l’éducatrice ou l’éducateur doit adapter ces connaissances à chaque enfant, du fait que chaque enfant est unique et que son développement ne se fait pas au même rythme que celui de tous les autres. Il importe donc de comparer l’enfant à lui-même.
« Se manifeste chez les petits d’âge préscolaire parce qu’ils n’ont pas encore appris à utiliser des stratégies pacifiques pour résoudre leurs conflits, à réguler leurs émotions ou à se servir de comportements adaptatifs de rechange à l’agressivité. Ils n’ont pas encore développé les habiletés sociales qui leur permettront d’interagir de façon positive avec leur entourage. On explique leurs gestes agressifs par leur maladresse sociale, leur immaturité neurologique, leurs habiletés langagières à peine émergentes et leur capacité naissante à intégrer les interdits. »
« Se manifeste chez les enfants d’âge préscolaire qui déclenchent des bagarres, intimident, utilisent des objets pour blesser les autres. Ces agissements nuisent à leur développement. Ils se montrent incapables de vivre des relations positives avec leurs compagnons, ils agressent leurs parents. La dangerosité des gestes et leur planification sont aussi des facteurs à considérer (éprouver du plaisir à blesser les autres et ne ressentir aucun remords envers la victime). On peut également s’inquiéter de la violence exercée sur des animaux et de certains gestes destructeurs, comme mettre le feu. »
« À partir de 2 ans, et plus particulièrement vers 3 ans, l’enfant veut parler aux autres, dire ce qu’il veut et ce qu’il refuse, au lieu d’utiliser l’agressivité physique. Il utilise aussi le langage intérieur; il se parle à lui-même pour intégrer les consignes et pour se raisonner avant d’agir. »
« Au fur et à mesure que l’enfant verbalise ses frustrations, il utilise de moins en moins l’agression physique. »