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Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

J’observe l’enfant · Détection

J’observeDétection

J’observe les conséquences de l’exposition à la violence conjugale sur les besoins développementaux de l’enfant

Réaliser un suivi de la situation familiale.

Il est impératif de continuer à documenter l’évolution de la situation familiale des enfants déjà identifiés comme étant exposés à la violence conjugale à l’aide des Outils de détection de l’exposition à la violence conjugale. Lorsqu’un partenaire spécialisé est impliqué, le suivi n’incombe pas à l’éducatrice, l’éducateur ou le (la) RSGE.

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Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale pour un enfant âgé de 18 mois ou moins

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Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale pour un enfant âgé de 19 à 47 mois

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Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale pour un enfant âgé de 4 à 5 ans

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Mise en situation: Marine

La famille de Marine est composée de trois adultes et trois enfants.

Génogramme de la famille de Marine

Steve, le père de Marine, est peu impliqué dans la vie sa fille. Il la voit deux à trois fois par année lors de fêtes particulières.

Consultez la vignette de Marine

Une activité d’appropriation est proposée pour l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale. L’objectif de cette activité d’appropriation est de s’interroger, au moyen d’une mise en situation, sur les observations se rapportant à l’exposition de l’enfant à la violence conjugale. Les outils de la Trousse FÉE permettent ensuite d’objectiver ces observations.

La famille de Marine illustre le défi de concerter, dans un service de garde éducatif à l'enfance, l’ensemble des observations et des actions à poser au sein d’une famille recomposée. Cette famille illustre bien l’importance d’adopter une vision systémique de l’exposition à la violence conjugale.

Mise en contexte

Alexandre, l’éducateur de Marine, remplit l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale — enfants âgés de 4 à 5 ans. En plus des observations déjà complétées, ce temps d’arrêt lui permet de consigner d’autres impacts possibles de l’exposition à la violence conjugale sur les besoins développementaux de l’enfant.

Consigne

  1. Lire les observations rapportées par Alexandre, l’éducateur de Marine
  2. Remplir l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale — enfants âgés de 4 à 5 ans
  3. Comparer vos réponses avec l’exemple de l’outil complété

Étape 1

Voici les éléments qu’Alexandre a observés par rapport à Marine à l’intérieur de son groupe.

  • Marine adopte des comportements préoccupants envers les ami(e)s. Par exemple, Alexandre observe qu’elle tire les jouets d’un autre enfant assis à côté d’elle, qu’elle crie lorsque celui-ci ne lui donne pas ce qu’elle veut. Depuis quelques semaines, il lui arrive de taper et de pousser les autres, alors que cela n’était pas le cas avant.
  • Elle s’isole et se replie sur elle-même.
  • Elle ne va pas vers les autres. Elle les fixe et investit très peu les jeux qui nécessitent une interaction. Son regard apparaît suspicieux.
  • Elle apparaît plus agitée, se déplaçant d’un bord et l’autre. Elle a fait plusieurs pipis dans ses pantalons, alors que la propreté était acquise.
  • Alexandre observe qu’elle est plus irritable. Aussitôt qu’un ami fait une petite chose ou qu’Alexandre donne une consigne, elle se met à pleurer. Alexandre ne parvient toutefois pas à consoler Marine, car elle le repousse même si elle semble de toute évidence avoir besoin de réconfort.
  • Marine se plaint souvent qu’elle a mal à la tête lors des différentes activités. Par exemple, lors des lectures, des jeux de société, du bricolage ou des marches au parc, Marine tombe souvent dans la lune, et Alexandre s’efforce d’intervenir en lui rappelant les consignes et en la « ramenant dans le groupe ».
  • Les routines sont difficiles, car Marine a la tête ailleurs. Elle met parfois ses mains sur ses oreilles lorsqu’Alexandre intervient. Son humeur changeante perturbe les transitions entre deux activités. Alexandre varie les différentes façons de l’interpeller et l’informe à l’avance des prochaines étapes de la journée.
  • Quand Alexandre propose de nouvelles activités, comme un parcours imaginaire dans l’espace, Marine refuse de participer. Elle semble craindre les nouvelles situations.
  • Elle n’est pas en mesure de parler, d’expliquer sa réaction, ou d’identifier les émotions qu’elle vit, comme si elle n’avait pas de mots. Dans le local d’Alexandre, il y a pourtant des images qui dépeignent différentes émotions, matériel fréquemment utilisé auprès du groupe.
  • Marine s’exprime maintenant rarement sur la joie qu’elle ressent lors des activités. Il lui arrive de déchirer ses bricolages ou de les barbouiller.
  • Le matin, Marine refuse de quitter sa mère. Marine s’accroche à elle, alors qu’auparavant, l’arrivée au service de garde éducatif à l’enfance (SGEE) se déroulait facilement et Marine était généralement de bonne humeur. Alexandre tente alors de stimuler son intérêt à l’aide de jeux, mais cela ne fonctionne pas. Il n’arrive pas à capter son attention.
  • Dernièrement, Marine affirme qu’elle n’habite plus chez elle. Lorsque les ami(e)s lui demandent où elle habite, elle dit : « Je ne sais pas ».

À la suite de ses observations, Alexandre discute de l’Outil de détection avec sa directrice. Il décide d’utiliser le conte proposé dans le matériel ludique de la Trousse FÉE auprès de son groupe. La lecture est suivie d’une causerie.

Tou(-te)s les enfants s’expriment. Alexandre porte attention à Marine qui dit : « J’entends de gros bruits qui viennent de la cuisine, comme si de la vaisselle explosait. », « Maman et Marc crient très fort. », et « Marc était très en colère et c’est pour ça qu’il a lancé un objet sur Maman. ».

Alexandre reprend l’Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale — enfants âgés de 4 à 5 ans et ajoute les nouvelles verbalisations de Marine découlant de la causerie.

Étape 2

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Remplir l'outil de détection de l’exposition à la violence conjugale - enfants âgés de 4 à 5 ans

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Étape 3

Ouvrir le PDF Exemple d'outil de détection de l'exposition à la violence conjugale - Marine âgé de 4 ans

Exemple : Marine (4 ans)
Outil de détection de l’exposition à la violence conjugale - enfants âgés de 4 à 5 ans

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Visionnez cette animation pour mieux comprendre la vision de l'enfant exposé à la violence conjugale.

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Les 9 formes d’exposition à la violence conjugale

(Holden, 2003)

  1. La violence prénatale. Ex. : la mère enceinte vit de la terreur, la violence peut affecter le développement du fœtus, etc.
  2. L’enfant qui intervient pour faire arrêter la violence.
  3. L’enfant qui est victime pendant l’épisode de violence.
  4. L’enfant qui participe à l’assaut contre le parent qui subit les actes violents.
  5. L’enfant qui voit l’épisode de violence.
  6. L’enfant qui entend la violence.
  7. L’enfant qui observe les conséquences de la violence. Ex. : le parent qui subit des comportements violents pleure, a des ecchymoses, etc.
  8. L’enfant qui expérimente les contrecoups de la violence conjugale. Ex. : dépression du parent qui subit les actes violents, séparation des parents, etc.
  9. L’enfant qui entend parler de la violence entre ses parents. Ex. : par un conjoint, un frère ou une sœur.

Les 9 formes d’exposition à la violence conjugale

L’âge de l’enfant

  • Plus l’enfant est jeune, moins il dispose des capacités cognitives lui permettant de comprendre et de réfléchir à la violence à laquelle il est exposé. Il ne dispose pas de stratégie pour faire face à ce stress. L’impact est donc plus fort.
  • Ce facteur d’âge est d’autant plus important que la violence conjugale est souvent plus marquée lors de la grossesse et de la transition vers la parentalité.
  • Les enfants d’âge préscolaire sont deux fois plus nombreux à être exposés à la violence conjugale que les enfants plus vieux. Ils passent en outre plus de temps à la maison.
  • L’exposition à la violence conjugale à un âge précoce entraine des conséquences à plus long terme. Les besoins de développement de ces enfants sont nettement plus entravés que ceux des enfants plus vieux. Les enfants qui ont été le plus fréquemment exposés à la violence entre leur naissance et l’âge de trois ans sont ceux qui présentent les comportements les plus agressifs vers l’âge de 8 ans.
  • Les études réalisées auprès des enfants de 6 à 12 ans révèlent que, pour 64 % d’entre eux, la première exposition à la violence conjugale a eu lieu avant l’âge de trois ans. Ce n’est que pour 12 % d’entre eux que l’exposition a débuté après l’âge de 6 ans.

Les 5 catégories de stratégies utilisées par l’enfant

Les stratégies utilisées par l’enfant (Alvarez-Lizotte, 2018) pour faire face à la violence conjugale représentent une tentative de répondre à ses propres besoins non comblés.

Les 5 catégories de stratégies utilisées par l’enfant

Voici des extraits qui illustrent la stratégie du retrait et celle de la diversion

Pour l’enfant exposé, un facteur de préjudice important est le fait de demander d’obtenir de l’aide pour le parent qui subit la violence conjugale.

Si l’enfant s’engage face à la violence (s’interpose, tente d’obtenir de l’aide d’un voisin, etc.), il court un risque encore plus grand de subir de la violence physique ou psychologique, soit de la part du parent qui commet la violence, ou même de celui qui la subit, puisque les agressions qui devaient demeurer secrètes sont maintenant dévoilées au grand jour.

Plus l’enfant grandit, plus ses capacités se développent et plus il intervient directement lors des épisodes de violence. Beaucoup d’enfants crient contre le parent qui commet les actes de violence soit depuis une autre pièce, soit depuis la même pièce, ou appellent à l’aide et interviennent physiquement.

Le retrait

Ex. : se cacher durant les épisodes de violence conjugale, se boucher les oreilles.

L'engagement

Ex. : défendre sa mère qui est victime de violence conjugale.

La diversion

Ex. : attirer l’attention des parents durant un épisode de violence conjugale. L’enfant pourrait par exemple utiliser la diversion somatique (« J’ai mal au ventre »). Il est toutefois important de savoir que des maux de ventre réels peuvent être présents.

Le détachement

Ex. : ignorer l’épisode de violence conjugale en poursuivant ses activités.

La prise de responsabilité

Ex. : s’occuper de ses frères et sœurs.

Références relatives au développement de l’enfant

Ces références permettent de soutenir les observations qui se retrouvent au dossier éducatif de l’enfant et d’étayer l’information qui sera transmise aux parents. Dans un contexte d’exposition à la violence conjugale, il est important d’adapter la transmission de l’information aux parents.

Ces bases sont nécessaires. Toutefois, l’éducatrice ou l’éducateur doit adapter ces connaissances à chaque enfant, du fait que chaque enfant est unique et que son développement ne se fait pas au même rythme que celui de tous les autres. Il importe donc de comparer l’enfant à lui-même.

  • Est-il en retard dans toutes les sphères de son développement?
  • Est-ce que cela entrave son fonctionnement?
  • Est-ce que vous observez un impact marqué face à son développement?

Les comportements agressifs chez le tout-petit

Normal, mais jusqu’à quel point?

« Ce qui distingue les manifestations agressives normales des conduites agressives dites “anormales” ou “atypiques”, c’est la fréquence et la gravité des symptômes » (Bourcier, 2018).

Agressivité normale

« Se manifeste chez les petits d’âge préscolaire parce qu’ils n’ont pas encore appris à utiliser des stratégies pacifiques pour résoudre leurs conflits, à réguler leurs émotions ou à se servir de comportements adaptatifs de rechange à l’agressivité. Ils n’ont pas encore développé les habiletés sociales qui leur permettront d’interagir de façon positive avec leur entourage. On explique leurs gestes agressifs par leur maladresse sociale, leur immaturité neurologique, leurs habiletés langagières à peine émergentes et leur capacité naissante à intégrer les interdits. »

(Bourcier, 2018)

Agressivité atypique

« Se manifeste chez les enfants d’âge préscolaire qui déclenchent des bagarres, intimident, utilisent des objets pour blesser les autres. Ces agissements nuisent à leur développement. Ils se montrent incapables de vivre des relations positives avec leurs compagnons, ils agressent leurs parents. La dangerosité des gestes et leur planification sont aussi des facteurs à considérer (éprouver du plaisir à blesser les autres et ne ressentir aucun remords envers la victime). On peut également s’inquiéter de la violence exercée sur des animaux et de certains gestes destructeurs, comme mettre le feu. »

(Bourcier, 2018)

Évolution

« À partir de 2 ans, et plus particulièrement vers 3 ans, l’enfant veut parler aux autres, dire ce qu’il veut et ce qu’il refuse, au lieu d’utiliser l’agressivité physique. Il utilise aussi le langage intérieur; il se parle à lui-même pour intégrer les consignes et pour se raisonner avant d’agir. »

« Au fur et à mesure que l’enfant verbalise ses frustrations, il utilise de moins en moins l’agression physique. »

(Bourcier, 2018)

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur les besoins de développement de l’enfant, consultez la section :

Le cadre d'analyse écosystémique

Sensibilisation à des réalités familiales diverses

Les questions traitées permettent d’apporter un regard plus nuancé sur les observations de l’enfant.