Lola Faivre

PROJET 1

Vestige de notre époque

Baudelaire a écrit « le travail de l'artiste est d'extraire du présent ce qui est digne d’être retenu et de devenir antiquité ». S'il l'entendait d'un point de vue métaphorique, je l'applique ici de façon littérale. Je laisse la dignité de côté, les objets les plus banals sont les plus représentatifs de nos quotidiens de nos modes de vies, ce sont eux qui documenteront les civilisations futures sur ceux que nous étions. À travers cette œuvre, je poursuis une idée collapsologue et présente une tasse brisée, comme si elle avait été retrouvée par une civilisation/communauté future qui nous étudierait comme nous étudions nos prédécesseurs. Se créer ainsi un aller retour déconcertant entre passé présent et futur lorsque le spectateur contemple les ruines de son présent. La poursuite de ce projet me permettra d’envisager les modes de vies du futurs à travers une représentation de ce que seraient les musées, que j’imagine profondément bouleversées des suites de nos enjeux actuels, post-coloniaux, féministes, écologiques, post-moderne.  

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 Projet 2

Mon œuvre consiste en l’aménagement sommaire d’un dumpster : une chaise, un pack de bière et quelques canettes vides ici et là, une assiette en carton sale et une cuillère, quelques sacs poubelles remplis comme fauteuil. Je cherche à créer les traces d’un passage un suspens, on ignore s’il s’agit d’un habitat, d’un abri extraordinaire fraichement abandonné, si la personne qui l’a occupé reviendra ou non. Le peu d’objets utilisables ainsi que leur aspect souillé, le tout au milieu dans une flaque brunâtre dans une poubelle amènent une atmosphère insalubre, précaire. Avant même d’avoir pu documenter mon installation, un camion benne a emporté tout ce que le dumpster contenait, ce qui finalement appuie mon propos en renforçant l’idée d’instabilité qui vient avec la précarité. En pleine crise du logement, à l’heure ou de plus en plus de personnes se trouvent sans domicile fixe, je cherche à confronter les spectateurs à cette réalité qui nous concerne tous.

 Projet 3

Larmes d’hommes

Cet objet, une bouteille de liquide en spray, grâce à son étiquette, veut dénoncer le système masculiniste qui prône une course à la domination sans fin. Il propose d’assainir le monde en mettant fin à l’éducation patriarcale qui créer des hommes violents, égocentriques, conquérants, et des femmes sensibles, fatiguées de devoir se réparer des violences quotidiennes infligées par les hommes en plus de devoir les réparer eux des préjudices de leur éducation viriliste. Je fais des larmes d’hommes quelque chose d’aussi magique que banale, parce que reconnaître et exprimer ses émotions, quelque soit l’identité de genre, c’est sain et nécessaire pour communiquer, se respecter et respecter l’ensemble du monde du vivant. Il s’agit donc d’une œuvre écoféministe qui prône une nouvelle façon d’exister, en dehors du système patriarcal, solutionnant en même temps les iniquités et problèmes environnementaux. Le spectateur interagit avec l’objet à sa guise et perçoit le liquide qu’il contient comme il le souhaite : il peut s’agir d’un assainisseur, d’une eau pure, d’un remède, d’un parfum, d’un fertilisant pour plantes… les possibilités sont nombreuses.

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 Projet 4

Prison break

Ma sculpture se compose de 2 éléments, une tête de mannequin en plastique dont le visage est grossièrement tatoué par des motifs semblables à ceux qui sont traditionnellement associé aux prisonniers, et d’une paire de menottes rouillées qui pendent au-dessus d’elle. Au moment de « tatouer » ce visage, j’étais habitée par l’idée d’être prisonnière de la condition de femme. Les menottes renforcent le sentiment d’aliénation, la tête de mannequin l’idée de chosification et les tatouages évoquent à la fois un contexte, suggèrent l’atmosphère de vieille prison insalubre tout en renvoyant à une image de dure à cuire, de force ; celle nécessaire dès qu’il s’agit de se battre pour faire respecter son identité . La hauteur à laquelle sont placés les éléments suggèrent l’épée de Damoclès ; nous ne sommes jamais à l’abri d’un revirement et nos méthodes de luttes peuvent à tout moment se retourner contre nous pour mieux nous asservir ou tirer profit de nos corps. 

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