Collaboration de Sophie Ménard, psychologue au Service aux étudiants
La consultation psychologique revêt encore parfois une aura d'inconnu un peu inquiétante. Cette série de trois articles vise à éclaircir le processus de consultation psychologique. Le premier article traitera de la décision de demander de l'aide. Le second, du déroulement d'une première rencontre de consultation psychologique et le dernier de la poursuite ou non de la démarche.
Si tout va bien, pourquoi apporter des changements? Sans souffrance, point de motivation au changement…C'est bien normal! Mais, malgré la souffrance, il faut savoir que le changement implique des risques qui peuvent nous inciter à retarder notre démarche : perdre ses habitudes, ses repères, ressentir davantage la souffrance que l'on parvient pour le moment à tenir à distance. L'inconnu nous guette, de même que les sentiments, pensées ou prises de consciences désagréables que nous avons relégués dans le fond de la garde-robe.
Souvent, nos souffrances sont le résultat du meilleur compromis que nous trouvons pour être adaptés. Parfois, nos difficultés proviennent de comportements, pensées, émotions que nous avons eus par le passé et qui alors étaient la meilleure réponse pour être en équilibre, parfois en réaction à un environnement ou une situation aberrante. Cependant, aujourd'hui, ces mêmes comportements, pensées et émotions peuvent nous nuire, car nous avons vieilli, notre environnement a changé, les personnes ne sont plus les mêmes, etc.
Depuis quelques temps, je ne vais pas très bien. Comment savoir si j'ai besoin d'aide? Se poser la question est déjà le signe de quelque chose qui ne va pas. Mais parfois, pris dans le tourbillon de la vie, on reporte ces préoccupations en se disant que cela va passer. Cependant, certains indices peuvent nous alerter qu'il se passe quelque chose auquel il faudrait porter attention.
Nous vivons tous un jour ou l'autre des moments difficiles où certaines des manifestations ci-haut peuvent se retrouver. Et il arrive que cela passe, parfois même sans que l'on sache trop pourquoi. Par contre, lorsque ces difficultés perdurent, deviennent dérangeantes pour moi ou pour les autres, provoquent des conséquences ou que je suis incapable de changer, la consultation est requise.
Pour certaines personnes ou dans certaines circonstances, demander de l'aide est difficile. Cela peut être vécu comme un signe de faiblesse, d'incapacité, un échec. Pourtant, lorsque nous avons une vilaine infection, un mal physique persistant, nous hésitons souvent moins longtemps avant de consulter un professionnel. Parfois nous commençons par consulter une personne de confiance. C'est parfois le cas avec les difficultés émotives, relationnelles ou existentielles. Et cela peut fonctionner! Mais pas toujours, pas suffisamment profondément ou suffisamment longtemps.
Certaines personnes viennent consulter et manifestent l'inquiétude de savoir si elles ont raison de le faire, si la gravité de leurs difficultés justifie une demande d'aide. Bien souvent, en discutant de ce qui les préoccupe, elles se rendent compte que leur mal-être est plus important et dure depuis plus longtemps qu'elles n'avaient l'impression. Et elles se sentent alors soulagées d'en parler et de faire enfin face à ce qui les perturbe. Que ce soit en lien avec des difficultés ressenties à l'intérieur de soi, des problèmes avec des gens que l'on côtoie ou une décision à prendre, lorsqu'on se décide enfin à affronter ce que l'on a longtemps repoussé, un grand soulagement s'installe. L'énergie mobilisée à nous empêcher de penser est enfin à notre service pour avoir accès à des solutions.