Imaginez-vous être assis sur la banquette arrière d’une voiture. Votre père conduit. Votre mère est assise côté passager. La violence éclate. Vous entendez les cris. Vous voyez votre père frapper votre mère, qui réagit avec violence. Vous sentez que plus personne n’a de contrôle sur la direction de la voiture. Il vous est impossible de quitter la voiture. Vous êtes pris. Vous avez envie que ça cesse. De crier. De prendre le volant. De mettre vos mains sur vos oreilles. Ceci représente le vécu d’un enfant exposé à la violence conjugale.
Grâce à cette image, une évidence nous frappe : le vécu de l’enfant exposé n’est pas le même que celui de ses parents, assis à l’avant de la voiture. Toutefois, dans la pratique, les besoins et les émotions de l’enfant sont souvent réfléchis comme s’ils étaient les mêmes que ceux d’un de ses parents. Ce qui est faux.
Aborder la violence conjugale fait ressortir toutes sortes de craintes et de peurs. L’exposition des tout-petits à la violence conjugale mène à devoir se questionner sur son propre vécu, présent ou passé, en termes de violence conjugale. Nous sommes tou(-tes) confronté(e)s à différentes problématiques personnelles parallèlement à notre emploi. Il est important de recevoir du soutien. Si vous répondez « oui » à une ou plusieurs de ces questions, nous vous invitons à remplir les outils suivants et à chercher à obtenir le soutien nécessaire. SOS violence conjugale - Explorez votre situation
Est-ce que je ressens ou j’ai déjà ressenti de la peur au sein d’une relation conjugale?
Est-ce que j’ai peur ou j’ai déjà eu peur des représailles envers moi-même ou mon enfant si je m’affirme ou si je quitte une relation conjugale?
Est-ce que j’ai dit ou je crois avoir déjà dit par le passé « C’est seulement des chicanes de couple, ça va passer; tant que ça n’en vient pas à de la violence physique »?
Dans ma relation conjugale actuelle ou antérieure, est-ce que je me sens plus isolé(e) ou était-ce le cas par le passé? (ex. : J’ai perdu contact avec les personnes de qui j’étais proche avant.)
La violence conjugale se caractérise par une série d’actes répétitifs, qui se produisent généralement selon une courbe ascendante. Les spécialistes appellent cette progression « l’escalade de la violence ». Elle se produit, chez l’agresseur, selon un cycle défini par des phases marquées par la montée de la tension, l’agression, la déresponsabilisation, la rémission et la réconciliation. À ces phases correspondent chez la victime, la peur, la colère, le sentiment qu’elle est responsable de la violence et, enfin, l’espoir que la situation va s’améliorer. Toutes les phases ne sont pas toujours présentes et ne se succèdent pas toujours dans cet ordre.
La violence conjugale comprend les agressions verbales, psychologiques, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique.
Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle.
Elle peut être vécue dans une relation maritale, extraconjugale ou amoureuse, à tous les âges de la vie.
La violence conjugale crée un climat perpétuel de tension, de peur et de dangerosité dans lequel évolue la famille. Tant l’enfant que ses parents et leur entourage sont affectés par cet environnement.
Le contrôle coercitif n’est pas toujours synonyme d’un recours à des gestes d’agression puisque la violence conjugale est davantage le fait d’un ensemble d’attitudes et d’actions visant à contrôler et à dominer la victime. Il s’agit d’un schéma comportemental de contrôle, de contrainte ou de menace utilisé par un individu à l’endroit d’une personne dans le but de la rendre dépendante, soumise et privée de sa liberté d’agir et de réfléchir (Strak, 2007).
Par exemple, l’isolement peut se révéler plus dévastateur à long terme que les agressions physiques. Les actes doivent être compris d’une façon interreliée, dans un contexte d’accumulation, plutôt que de façon isolée.
Le climat de contrôle et de terreur instaure une emprise permanente dans la vie de l’enfant exposé à la violence conjugale. Ce climat perdure même en l’absence du parent auteur de violence conjugale ou lors d’une séparation. C’est la peur de même que le contrôle exercé par le parent auteur de violence qui peuvent empêcher l’autre parent de mettre fin à la relation.
Votre rôle et vos responsabilités prennent une forme particulière à l’égard des situations d’exposition de l’enfant à la violence conjugale et face à la prévention de celles-ci.
La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ, Commission Laurent, 2021) nous amène à considérer ce qui entoure l’enfant (ex. : les différents services, les dispositions judiciaires, etc.) comme des cercles de bienveillance.
La bienveillance se définit comme étant une disposition favorable à l’égard de quelqu’un (Le Robert).
Elle incite à agir collectivement en fonction des besoins et des droits de tous les enfants (CSDEPJ, Commission Laurent, 2021).
Le service de garde éducatif à l'enfance constitue un cercle de bienveillance. Ce milieu de vie de l’enfant représente une occasion privilégiée d’observation, de prévention, d’intervention et de construction de liens, tout autour de lui.
Vous êtes, éducatrices et éducateurs, partie intégrante de ce cercle. Vous êtes au premier plan pour comprendre les besoins de l’enfant, y répondre et partager cette responsabilité avec les parents de l’enfant.
La violence conjugale constitue une perte de contrôle.
La violence conjugale se termine lorsqu’un parent quitte son partenaire.
L’exposition à la violence conjugale préserve l’enfant des impacts puisque les comportements violents ne le visent pas directement.
Les enfants âgés de 0 à 5 ans sont préservés des conséquences de l’exposition à la violence conjugale comme ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne s’en souviendront pas.
La violence conjugale précède la maltraitance envers des enfants dans plus de 78 % des situations.
La violence conjugale a de nombreuses conséquences sur la relation entre l’enfant et son parent, que celui-ci soit victime ou auteur de violence.
Il est possible d’entendre des parents et des enfants utiliser les termes « chicanes » et « conflits » pour décrire des situations qui constituent de la violence conjugale.
Il est normal d’observer des ruptures et des reprises de la relation conjugale lorsqu’un parent victime de violence tente de quitter la relation.
Rien ne justifie les comportements violents.
La plupart des enfants vont tenter de protéger le parent qui subit la violence, et ce, même lorsqu’un niveau élevé de violence règne au sein du milieu de vie.