Avoir subi dans son enfance de la maltraitance, de l’exposition à la violence conjugale ou les deux.
Devenir parent à un jeune âge (tant le parent qui subit la violence que celui qui la commet).
Les représentations du parent — son propre filtre — sont teintées par ses expériences antérieures. Elles influencent négativement ses états psychologiques actuels au sein de son rôle de mère et de père.
L’exposition aux violences conjugales augmente le risque de s’engager dans des relations intimes violentes à l’âge adulte, que ce soit en tant que victime ou auteur de violence. Lorsque l’exposition à la violence conjugale est jumelée à des abus physiques, le risque de reproduire des comportements violents est d’autant plus important.
Les croyances que chacun des parents entretient à l’endroit de l’enfant influencent de façon importante son comportement et peuvent entrainer un risque plus important d’abus physique ou de rejet envers l’enfant, etc. Prenons l’exemple d’une mère qui perçoit des similarités entre son fils et son ex-conjoint de la part de qui elle a été victime de comportements violents. Celle-ci peut adopter certains comportements de rejet. Elle se demande « Est-ce qu’il y a des risques que mon enfant devienne violent comme son père? » Le fait de comparer l’enfant au parent qui commet la violence conjugale est extrêmement néfaste pour lui.
Les croyances erronées des parents en fonction des attentes fondées sur le genre peuvent également constituer un risque de préjudice pour l’enfant. L’enfant qui ne répond pas à ces attentes se retrouve davantage exposé à la violence.
Ce concept suggère qu’un individu qui s’attend à vivre des évènements négatifs modifie ses comportements en fonction de ses pensées et de ses croyances de telle sorte que la prophétie se réalise. Dans un contexte de violence conjugale, le parent pourrait croire que son enfant ressemble à son partenaire qui commet la violence. Des propos comme « Tu es comme ton père. », « Son portrait tout craché. », « Tu vas finir comme ton père. » peuvent amener l’enfant à développer des troubles de comportements et de l’agressivité, confirmant ainsi l’image anticipée du parent; « J’avais raison. »
La prophétie autoréalisante peut avoir pour effet de réduire ou d’augmenter la sévérité de violence conjugale. Par exemple, une étude a permis de conclure que les hommes déclarés coupables de violence conjugale traitaient mieux leurs enfants et étaient moins enclins à infliger de graves blessures à leur partenaire s’ils croyaient que leurs enfants leur ressemblaient physiquement (Burch et Gallup, 2000).
La violence conjugale entraine d’importants impacts sur la santé mentale des personnes qui la subissent. Le parent victime présente des taux nettement plus élevés d’anxiété et davantage de symptômes dépressifs que la moyenne des gens. Il perd confiance en lui et se sent coupable. Une tension intérieure est constamment présente. La femme qui accueille l’arrivée d’un nouvel enfant peut plonger dans une dépression postpartum.
Un état de stress posttraumatique est fréquent. La personne ressent alors un sentiment de peur intense. Les conséquences de cet état sont nombreuses; souvenirs répétitifs et envahissants, symptômes physiques, difficulté à ressentir les émotions, sentiment de détachement, état d’alerte, cauchemars.
Les symptômes de dépression augmentent le risque d’être victime de violence conjugale et constituent un facteur de risque face à une « revictimisation » ou, autrement dit, le fait de s’engager à nouveau dans la relation violente. La dépression entraine une diminution des capacités reliées au jugement, au sentiment d’avoir confiance en soi, à la capacité d’exercer une affirmation saine à l’égard d’autrui ainsi qu’une perte d’énergie et de motivation. La détection des risques est affaiblie, de même que les processus de prise de décisions permettant d’éviter ces risques. Il devient donc plus difficile de mettre fin à une relation nocive pour son enfant et soi-même.
On observe également un effet circulaire, dans le système mère-enfant, en lien avec la violence conjugale et les problèmes de santé mentale chez la dyade. Les impacts de l’exposition à la violence conjugale chez l’enfant d’un an sont liés à l’apparition de problèmes intériorisés et extériorisés à l’âge de cinq ans. Aussi, les résultats indiquent une corrélation positive entre l’exposition de l’enfant d’un an à la violence conjugale et la dépression chez la mère une fois que l’enfant atteint l’âge de trois ans. De plus, la santé mentale de la mère dont l’enfant est âgé de trois ans est significativement associée à des problèmes de comportements intériorisés et extériorisés chez l’enfant à l’âge de cinq ans (Huang et coll., 2010). L’effet médiateur de la santé mentale de la mère est appuyé par plusieurs autres études (Ahlfs-Dunn et Huth-Bocks, 2014; Gewirtz et coll., 2011; Gonzalez, MacMillan, Tanaka, Jack, et Tonmyr, 2014).
La violence conjugale entraine de multiples traumatismes physiques (ex. : ecchymoses, coupures, commotion cérébrale), des problèmes physiques (ex. : anémie, allergies, maux de tête, insomnie) et des douleurs chroniques, voire des incapacités.
Elle peut aussi entrainer des conséquences sexuelles chez les femmes qui la subissent. En fonction de différents facteurs, dont le cycle de la violence conjugale, certaines femmes sont contraintes d’adopter des comportements sexuels à risque et sont ainsi plus à risque de contracter des ITSS.
L’ensemble de ces éléments entrave leurs compétences parentales.
Plus le parent qui subit la violence conjugale présente des troubles psychologiques, plus ses enfants sont susceptibles de manifester des défis sur le plan comportemental et social.
Plus les épisodes de violence conjugale sont nombreux et sévères, plus la santé mentale du parent victime se détériore, entrainant des impacts négatifs sur l’adaptation de l’enfant.
Plus ce parent éprouve divers problèmes de santé, moins il dispose de ressources personnelles pour offrir à l’enfant la chaleur, l’affection, l’encadrement et le soutien nécessaires.
Le parent qui subit la violence conjugale peut user de diverses substances en tant que stratégie d’adaptation à cet environnement violent et pour ainsi diminuer les impacts de la violence. Il ressent alors plus faiblement les émotions négatives qui y sont associées.
La personne qui subit les comportements violents peut agresser son partenaire pour se défendre ou pour se venger. Le tout-petit est témoin de cette violence, au même titre que celle commise par l’auteur habituel de violence conjugale. Il ne peut pas comprendre que cette violence se manifeste en réaction à celle subie. Il ressentira de la peur.
Il peut y avoir une compétition entre le parent qui commet la violence conjugale et l’enfant pour obtenir l’attention et l’affection du parent qui subit la violence. Dans ce cas, des pressions peuvent être exercées par le parent violent afin de diminuer l’attention que l’autre parent porte à l’enfant.
Les personnes significatives jouent un rôle crucial dans la vie de l’enfant face à sa sécurité physique et psychologique. La présence d’un réseau social adéquat, qui soutient la famille et se montre préoccupé par sa situation, constitue un facteur incontestable de protection. À l’inverse, si les individus « voient » la violence conjugale sans ne jamais la dénoncer, sans même ne jamais en parler, ils deviennent des complices de cette violence. L’enfant se sent abandonné, fâché et triste. Garder le silence face à la violence conjugale équivaut à la cautionner.
Pire encore, certaines personnes peuvent prendre parti et alimenter les conflits, les croyances et les pensées qui suscitent la peur, ce qui engendre des conséquences négatives pour l’enfant exposé à la violence conjugale.
L’absence de famille élargie et de personnes significatives traduit l’isolement vécu par ces familles.
La distanciation de l’entourage face à la personne qui subit la violence conjugale :
Les impacts financiers sont fort importants lors d’une séparation. Les parents qui subissent la violence conjugale évoquent leur difficulté à quitter leur partenaire, car ils anticipent des obstacles dans leur capacité à répondre aux besoins de la famille et peuvent même se retrouver à la rue. Une fois le départ actualisé, ces parents éprouvent effectivement de nombreuses difficultés financières, le relogement précaire pouvant par exemple entrainer la perte de l’emploi, des frais de déménagement et/ou de location. Tous ces éléments bouleversent aussi l’enfant.
Vivre au sein d’une famille au statut socio-économique précaire entraine des conditions de vie plus difficiles, augmentant ainsi le risque de violence conjugale. Toutefois, il faut rappeler que la violence conjugale et l’exposition de l’enfant à celle-ci sont présentes à tous les niveaux socio-économiques. Il serait faux de croire qu’un parent ne vit pas de violence au sein de son couple parce qu’il gagne bien sa vie et a un emploi reconnu.
Des absences au travail ainsi qu’un arrêt de travail ou des activités quotidiennes apparaissent comme des conséquences de la violence conjugale. Le parent qui subit la violence doit souvent faire face aux jugements et au rejet de la part de ses collègues de travail. Son enfant et lui deviennent encore plus isolés.
Les femmes qui subissent la violence conjugale sont plus susceptibles que les hommes qui en sont les auteurs de suspendre leurs activités habituelles.
Les risques d’instabilité résultant des déménagements sont importants. Les parents qui sont victimes de violence conjugale ont la possibilité de se réfugier auprès de certaines ressources, comme les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, ou chez des membres de leur entourage. Un retour dans le milieu familial, un déménagement dans une autre ville ou un accueil dans une nouvelle ressource peut ensuite survenir. Ces va-et-vient engendrent une instabilité pour le tout-petit, bien qu’il s’agisse d’un processus souvent nécessaire pour permettre à la victime de quitter définitivement la relation conjugale violente.
Même lorsque le départ est bien préparé par le parent, notamment en permettant à l’enfant d’apporter les objets significatifs comme son doudou préféré, ce dernier perd tout de même l’environnement qui lui est familier, y compris sa chambre et son lit.
Certaines victimes de violence conjugale doivent déménager afin de fuir leur conjoint qui menace leur sécurité. Depuis 2006, l’article 1974.1 du Code civil du Québec permet de résilier un bail avec un avis de trois mois dans ces situations. Depuis l’adoption de cette mesure, certains propriétaires compréhensifs offrent aux femmes violentées la possibilité de résilier leur bail plus rapidement.
Certains parents auteurs de violence conjugale bloquent l’accès au téléphone à l’autre parent et le privent de contacts avec l’extérieur. Cette situation se présente plus particulièrement dans les réalités familiales ethnoculturelles diverses.
Le parent qui subit la violence se retrouve isolé des personnes de qui il était jadis proche. Le parent qui commet la violence conjugale entretient un discours négatif — « parle contre » — les amis et la famille, plaçant ainsi son partenaire encore plus à l’écart.
Pour les familles ethnoculturelles, les valeurs du pays d’accueil face à l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la lutte à la violence conjugale et aux méthodes éducatives inappropriées peuvent différer de celles de leur pays d’origine. Le processus de socialisation au sein du milieu de garde permet d’aider les enfants des personnes immigrantes à mieux s’intégrer, et à mieux comprendre et transmettre certaines valeurs du pays d’accueil.
L’exposition à la violence conjugale peut faire en sorte que l’enfant expérimente plusieurs changements de milieux de garde, créant une instabilité pour le tout-petit. Il voit ainsi changer sa routine et ses heures de repas et de sommeil. Les transitions et les environnements dans lesquels il doit composer se multiplient. L’enfant peut aussi être témoin d’interventions policières, par exemple en voyant son père quitter la maison, menottes aux mains, dans la voiture des policiers.
Les parents sont conscients de l’importance de la coparentalité auprès de leur enfant. Ils cherchent à trouver des façons non violentes de résoudre les conflits.
Certains membres de la famille gardent contact avec l’enfant et ses parents par différents moyens : offrent du gardiennage, apportent des plats préparés, écrivent des cartes à l’enfant, etc.