Situation générale
Région correspondante à une section du fleuve Saint-Laurent, comprise entre Sorel et Trois- Rivières, située à 65 km à l'est de Montréal dans la province de Québec. La région est située en plein cœur du Québec habité, à faible distance des principales agglomérations urbaines de la province.
Traits physiques
Le lac Saint-Pierre est un élargissement du fleuve Saint-Laurent et origine d'une immense cavité dans le roc qui a été partiellement comblée par les sédiments argileux de la mer de Champlain. Sur les terres basses entourant le lac, on retrouve ces sédiments argileux sous un dépôt d'alluvions.
La région proposée comporte deux vastes ensembles soit un archipel, situé en amont, qui comprend une centaine d'îles, un lac peu profond, d'une superficie de 480 km2. La partie aval du lac a une profondeur généralement inférieure à 3 m sauf dans la voie maritime, où la profondeur moyenne est d'environ 11 m. Son lit, principalement constitué d'argile marine, est parsemé de zones de sédiments fins, de sable, de gravier et d'affleurements rocheux.
Le comportement hydrologique de ce vaste plan d'eau est typique de celui d'un élargissement fluvial. Les caractéristiques du lac et du delta sont plutôt lenthiques, hormis pour la zone profonde correspondant au chenal de navigation où se concentre une part importante du débit, surtout en période d'étiage.
Les 14 tributaires du lac fournissent ensemble un débit relativement important (près de 800 m3/s) au lac Saint-Pierre qui est principalement constitué des apports d'eau originant des grands lacs et du couloir fluvial situé en amont (près de 11 000 m3/s). La régularisation des eaux des Grands Lacs influence directement le niveau d'eau du lac Saint-Pierre. Les masses d'eau du lac ne forment pas un mélange homogène puisque l'eau des affluents coule près des rives tandis que la voie maritime contient les eaux en provenance des Grand Lacs.
Le lac Saint-Pierre est un des secteurs du fleuve où le taux de sédimentation est le plus élevé, à cause des apports des rivières Richelieu, Saint-François, Yamaska et Nicolet.
La marée, considérée négligeable à Sorel, a déjà un effet visible à Trois-Rivières et est certainement impliquée dans la dynamique du lac Saint-Pierre; cela se traduit par un ralentissement de courant et une surélévation du plan d'eau.
La topographie très peu accidentée du territoire de même que la faiblesse des pentes favorisent la création de milieux humides très importants en termes de superficie. La vaste étendue de sa plaine de débordement, qui peut atteindre plus de 25 000 ha dont 18 000 sous une récurrence de 0-2 ans, lui confère le rang de la plus importante plaine d'inondation en eaux douces au Québec.
Caractéristiques écologiques
Le lac Saint-Pierre est partie intégrante de la région écologique 2b (Lac Saint-Pierre) du Québec méridional; zone de feuillus, domaine de l'érablière à tilleul et de l'érablière à bouleau jaune, sous-domaine de l'érablière à tilleul. L'érablière argentée, de plus en plus rare au Québec, est omniprésente dans la région et forme l'association végétale arborescente dominante. Dans la région du lac Saint-Pierre, on trouve une dominance de la végétation caractéristique des zones à substrats humides. Le lac Saint-Pierre est bordé par une vaste plaine d'inondation, en fait la plus grande plaine d'inondation en eaux douces du Québec. Au printemps, les eaux débordent du lit du fleuve et submergent 7 000 ha de prairies naturelles, d'arbustaies, de forêts riveraines et de terres cultivées. Dans cette vaste plaine d'inondation, on compte 4 000 ha de terres agricoles qui sont principalement utilisées par 350 000 oiseaux (canards, oies et bernaches) lors de leur halte migratoire printanière. Environ 20 % des marais du Saint-Laurent se trouvent dans la région du lac Saint-Pierre. Les marais couvrent plus de 8 000 ha et sont d'une très grande importance à l'échelle du corridor fluvial, puisque 70 % de ceux-ci sont disparus le long du Saint-Laurent au cours des 50 dernières années. Les vastes marais profonds et peu profonds de l'est de l'archipel ainsi que le caractère insulaire de ces derniers présentent une valeur faunique toute particulière. Enfin, soulignons la présence d'une communauté végétale rare à Scirpe à soies inégales.
Les herbiers aquatiques, véritables jardins de plantes flottantes et submergées, s'étendent sur plus de 6 200 ha et sont fortement utilisés par la faune. Ils servent de support à des myriades d'invertébrés ainsi que pour la reproduction et l'alimentation des poissons. Cette biomasse est aussi utilisée par la sauvagine, autant pour l'élevage des canetons que lors des arrêts migratoires du printemps et de l'automne.
Source : Ministère de l'Environnement et de la Faune, Lac Saint-Pierre. Fiche d'information sur les zones humides Ramsar, 1998, pp. 1-3.