Français autrefois

 
JACQUES CARTIER (1491-1557)
 
Procédures pour écouter les reconstitutions ainsi que pour prendre connaissance des commentaires philologiques et les imprimer.  
  • Pour entendre, cliquez sur l'icône de son située au-dessus du texte.  
     
  • Pour faire apparaître les mots qui comportent un commentaire philologique, passez le curseur sur le texte; cliquez sur les mots en surbrillance pour prendre connaissance du commentaire. Pour clore la fenêtre de commentaire, cliquez sur le X.  
     
  • Pour tout imprimer (texte, transcriptions phonétiques, traductions et commentaires philologiques), cliquez sur l'icône « imprimante » en haut en gauche.
* * *
Les deux extraits de Brief recit, & ſuccincte narration, de la nauigation faictes es yſles de canada, Hochelaga & saguenay & autres, auec particulieres meurs, Langaige & ceremonies des habitans d'icelles: fort delectable à veoir (1539) sont empruntés à l'ouvrage: Huchon, M. 2009. Le français au temps de Jacques Cartier, Nouvelle édition augmentée du fac-similé du Brief recit (1545), Collection Confluences, Tangence éditeur, Université du Québec à Rimouski et Université du Québec à Trois-Rivières.  
 
Le lecteur remarquera que l'orthographe des extraits du Brief recit diffère de façon importante des extraits de saint Louis, du procès de Jeanne d'Arc ou du Gargantua de Rabelais.  
Cela s'explique par le fait que les extraits du Brief recit sont tirés tels quels du manuscrit, ce qui n'est pas le cas des premiers dont l'orthographe a été, en quelque sorte, ' modernisée ' au fil des époques pour la rendre un peu plus accessible aux lecteurs.  
 
Il se trouve quelques différences entre le texte de référence du Brief recit et le contenu de l'enregistrement ; ce qui est entendu dans la simulation se trouve entre parenthèses.  
 
Mot Annotation
JACQUES CARTIER
Qui est Jacques Cartier?
Découvrez-le à cette adresse.
(1491-1557)
Procédures pour écouter les reconstitutions ainsi que pour prendre connaissance des commentaires philologiques et les imprimer.
  • Pour entendre, cliquez sur l'icône de son située au-dessus du texte.
  • Pour faire apparaître les mots qui comportent un commentaire philologique, passez le curseur sur le texte; cliquez sur les mots en surbrillance pour prendre connaissance du commentaire. Pour clore la fenêtre de commentaire, cliquez sur le X.
  • Pour tout imprimer (texte, transcriptions phonétiques, traductions et commentaires philologiques), cliquez sur l'icône « imprimante » en haut en gauche.
  • * * *
    Les deux extraits de
    Brief recit, & ſuccincte narration, de la nauigation faictes es yſles de canada, Hochelaga & saguenay & autres, auec particulieres meurs, Langaige & ceremonies des habitans d'icelles: fort delectable à veoir
    (1539) sont empruntés à l'ouvrage: Huchon, M. 2009.
    Le français au temps de Jacques Cartier,
    Nouvelle édition augmentée du fac-similé du
    Brief recit
    (1545), Collection Confluences, Tangence éditeur, Université du Québec à Rimouski et Université du Québec à Trois-Rivières.
    Le lecteur remarquera que l'orthographe des extraits du
    Brief recit
    diffère de façon importante des extraits de saint Louis, du procès de Jeanne d'Arc ou du
    Gargantua
    de Rabelais.
    Cela s'explique par le fait que les extraits du
    Brief recit
    sont tirés tels quels du manuscrit, ce qui n'est pas le cas des premiers dont l'orthographe a été, en quelque sorte, ' modernisée ' au fil des époques pour la rendre un peu plus accessible aux lecteurs.
    Il se trouve quelques différences entre le texte de référence du
    Brief recit
    et le contenu de l'enregistrement ; ce qui est entendu dans la simulation se trouve entre parenthèses.
    […] Ilz ont auſsi vne herbe de quoy ilz font grand amaſtz l'eſté durand (durant l'été) pour l'yuer.  
    [il zɔ᷉ a͜w.si yn ɛr.bə də kw͜e il fɔ᷉ grɑ᷉ ta.mɑ dy.rɑ᷉ le.te pur li.vɛr]  
    […] Ils ont aussi une herbe qu'ils amassent en grande quantité durant l'été pour l'hiver,  
     
    Laquelle ilz eſtiment fort, & en vſent les hommes ſeulement en (en la) facon que (qui) enſuit.  
    [la.kɛl il zɛs.tim fɔr e ɑ᷉ nyz le zɔ᷉m sœ.lə.mɑ᷉ ɑ᷉ la fa.sɔ᷉ ki ɑ᷉.sɥi]  
    qu'ils estiment fort, et que seuls les hommes utilisent de la façon qui s'ensuit.  
     
    Ilz la font ſeicher au ſoleil, & la portẽt à leur col envne petite peau de beſte en lieu de ſac,  
    [il la fɔ᷉ sɛ.ʃe ro sɔ.lɛʎ e la pɔrt a lœr kɔl ɑ᷉ nyn pə.tit pa͜w də bɛ:t ɑ᷉ ljø də sak]  
    Ils la font sécher au soleil, et la portent à leur cou dans une petite peau de bête en lieu de sac,  
     
    auec vng cornet de pierre, ou de boys: puis à toute heure font pouldre de ladicte herbe  
    [a.vɛk œ᷉ kɔr.nɛ də pjɛr u də bw͜e pɥi za tut ør fɔ᷉ pu.drə də la.dit ɛrb]  
    avec un cornet de pierre ou de bois. Puis à toute heure, ils réduisent en poudre ladite herbe  
     
    & la mettẽt en l'ung des boutz dudict cornet. puis mettent vng charbon de feu deſſus,  
    [e la mɛt ɑ᷉ lœ᷉ de bu dy.di kɔr.nɛ pɥi mɛt œ᷉ ʃar.bɔ᷉ də fø də.sy]  
    et la mettent en l'un des bouts dudit cornet. Puis, ils mettent un charbon de feu dessus,  
     
    & ſoufflent par l'autrebout, tant qu'ilz ſ'emplẽt (s'emplissent) le corps de fumée,  
    [e sufl par la͜w.trə bu tɑ᷉ kil sɑ᷉.plis lə kɔr də fy.me:]  
    et soufflent par l'autre bout, tant qu'ils s'emplissent le corps de fumée;  
     
    tellement qu'elle leur ſort par la bouche, & par les nazilles, cõe par vng tuyau de cheminée:  
    [tɛ.lə.mɑ᷉ kɛl lœr sɔr par la buʃ e par le na.ziʎ kɔ᷉m par œ᷉ tɥi. ja͜w də ʃə.mi.ne.ə]  
    tellement qu'elle leur sort par la bouche et par les narines comme par un tuyau de cheminée;  
    & diſent (~ils disent) que cela les tient ſains & chauldement,  
    [il diz kə sə.la le tjɛ᷉ sɛ᷉ ze ʃa͜wd.mɑ᷉]  
    et ils disent que cela les tient sains et au chaud,  
     
    & ne vont iamais sans auoir cesdictes (sans lesdites) choſes.  
    [e nə vɔ᷉ ʒa.mɛ sɑ᷉ le.dit ʃoz]  
    et ils ne vont jamais sans avoir ces dites choses.  
     
    Nous auons eſprouué (~expérimenté) ladicte fumée, après laquelle auoir mis dedãs noſtre bouche,  
    [nu. za.vɔ᷉ zɛs.pe.ri.mɑ᷉.te la.dit fy.me: a.prɛ la.kɛl a.vw͜ɛr mi də.dɑ᷉ nɔ.trə buʃ]  
    Nous avons expérimenté ladite fumée; après laquelle avoir mis notre bouche dedans,  
     
    ſemble y auoir mis de la pouldre de poyure tãt eſt chaulde. (Huchon, p. 141)  
    [sɑ᷉bl i a.vw͜ɛr də la pu.drə də pw͜ɛ.vrə tɑ᷉ tɛ ʃa͜wd]  
    il semble y avoir mis de la poudre de poivre tant elle est chaude.  
     
    Cedict (~ Ledit) peuple vyt quasi en cõmunaulté de biens, aſſez de la ſorte des Breſilãs,  
    [lə.di pœpl vi ka.zi ɑ᷉ kɔ᷉.my.na͜w.te də bjɛ᷉ a.se də la sɔr.tə de bre.zi.ljɛ᷉]  
    Ledit peuple vit quasi en communauté de biens, assez de la sorte des Brésiliens,  
     
    & ſont (~ tous) veſtuz de peaulx de beſtes ſauuaiges, & aſſez pouremẽt.  
    [e sɔ᷉ tus vɛ.ty də pa͜w də bɛt sa͜w.vaʒ e a.se po.vrə.mɑ᷉]  
    et sont tous vêtus de peaux de bêtes sauvages, et assez pauvrement.  
     
    L'yuer ilz ſõt chaulſez de chauſſes et ſoulliez & l'eſté võt nudz pietz (~ dechausses).  
    [li.vɛr il sɔ᷉ ʃa͜w.se də ʃa͜ws et su.ʎe e le.te vɔ᷉ de.ʃa͜ws]  
    L'hiver ils sont chaussez de chausses et souliers et l'été ils vont déchaussés.  
     
    Ilz gardẽt l'ordre de mariage, fors que ilz (~les hommes) prẽnẽt deux ou trois femmes,  
    [il gar.də lɔr.drə də ma.rjaʒ fɔr kə le zɔ᷉m prɛn dø zu trw͜e fɑ᷉m]  
    Ils gardent l'ordre de mariage, sauf qu'ils prennent deux ou trois femmes,  
     
    & depuis (~ dempuis) que leur (~le) mary eſt mort iamais (les femmes) ne ſe remariẽt,  
    [e dɑ᷉.pɥi kə lə ma.ri ɛ mɔr ʒa.mɛ le fɑ᷉m nə sə rə.ma.ri:]  
    et depuis que leur mari est mort, jamais elles ne se remarient,  
     
    ains (~mais) fõt le dueil de ladicte mort toute leur vie,  
    [mɛ fɔ᷉ lə dœʎ də la.dit mɔr tu.tə lœr vi:]  
    mais font le deuil de ladite mort toute leur vie,  
     
    & ſe taignẽt le viſaige de charbon pellé (~pilé),  
    [e sə tɛɲ lə vi.zaʒ də ʃar.bɔ᷉ pi.le]  
    et se teignent le visage de charbon pilé,  
     
    & et de greſſe eſpez comme l'eſpeſſeur du doz d'ung couſteau,  
    [e də grɛ:s kɔm le.pɛ.sœr dœ᷉ ku.ta͜w]  
    et de graisse épaisse comme l'épaisseur du dos d'un couteau,  
     
    & à cela congnoiſt on que elles ſont veufues (Huchon, p. 140).  
    [e a sə.la kɔ᷉.nw͜e.tɔ᷉ kɛl sɔ᷉ vœv]  
    et à cela sait-on qu'elles sont veuves.  
    * * *
    Le récit du troisième voyage de Jacques Cartier a été conservé dans le troisième volume des œuvres de Richard Hackluyt qui le publia en 1600, en anglais.  
     
    La traduction française, dont est tiré l'extrait suivant, a paru à Québec, en 1843, dans Voyage et Découverte au Canada, entre les années 1534 et 1542, par Jacques Quartier, le Sieur de Roberval, Jean Alphonse de Xanctoigne, &c., publié sous la direction de la Société littéraire et historique de Québec et imprimé chez William Cowan et fils.  
     
    On constatera que l'orthographe du texte n'est plus la même que celle des textes précédents rédigés au XVIe siècle, mais est plutôt celle qui était en cours au XIXe siècle lorsque l'ouvrage a été imprimé.  
    * * *
    Mot Annotation
    […] Ilz ont
    auſsi auſsi = aussi

    Durant les premiers siècles du second millénaire (XIe – XVIe), on écrivait en français de plus en plus (à la main, bien sûr), et de plus en plus vite, puisque la demande de manuscrits augmentait. Les clercs tentaient d'en mettre davantage sur chaque page pour économiser l'argent et la place: les lettres étaient ainsi resserrées.

    Cette situation a engendré un conflit entre le caractère rapidement écrit et cursif de l'écriture et l'impératif de la lisibilité, d'où la nécessité de procédés de lisibilité compensatoires.

    Un des procédés a été celui des variantes calligraphiques de position de la lettre s: le s long initial et médian, soit ſ, ayant souvent l'apparence d'un f, usage qui remonte à la fin du XIIe siècle (Catach 1992).

    Voir plus de détails à cette adresse.

    vne vne = une

    L'usage de la lettre v (variante orthographique de u en écriture gothique) pour transcrire la voyelle [y] était variable à l'époque.

    Quand elle était utilisée, c'était à l'initiale de mot. En revanche, seule la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot, tant pour la consonne [v] (yuer ' hiver') que pour la voyelle [y] (fumée).

    herbe de quoy ilz font grand amaſtz l'eſté durand (durant l'été) pour
    l'yuer. yuer = hiver

    1. À cette époque, la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot pour la consonne [v] (yuer, poyure 'poivre') que pour [y] (fumée).

    Avec la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694), terminée sous l'autorité de Régnier-Desmarais, on a supprimé la variante y à l'initiale de mot devant v:yuer ~ yver > iver. En 1762, on créa la graphie hiver, avec la lettre initiale h qui avait comme fonction, entre autres, de relier ce mot à son étymon latin hibernum.

    2. Pour distinguer une suite de lettres qui auraient pu, à la lecture, être mal différenciées, on remplaçait le i par y, notamment dans le voisinage des lettres u, v, m et n: amy (ami), yver (hiver).

    De cette façon, les boucles et les jambages constituaient des repères qui aidaient à mieux distinguer des tracés trop semblables, des syllabes et des mots différents.

    Jusqu'au XVIIe siècle, le y continuera de fonctionner comme une variante libre de i; après cette époque, le y ne sera plus guère maintenu que dans les mots issus du grec et, bien sûr, dans les noms de lieux et les patronymes déjà existants.

    [il zɔ᷉ a͜w.si yn ɛr.bə də kw͜e il fɔ᷉ grɑ᷉ ta.mɑ dy.rɑ᷉ le.te pur li.vɛr]
    […] Ils ont aussi une herbe qu'ils amassent en grande quantité durant l'été pour l'hiver,
    Laquelle ilz eſtiment fort,
    & & = et

    Appelée perluette (it. per lo et ' pour le et ') ou esperluette, ce signe était une des nombreuses abréviations que les clercs ont conçues pour accélérer l'écriture manuscrite.

    On peut l'observer dès le IXe s. dans la Cantilène de sainte Eulalie (Baddelaey et Biederman-Pasques 2003).

    Voir plus de détails à cette adresse.

    en vſent les
    hommes hommes = hommes

    Dans l'ancienne langue, toute voyelle devant une consonne nasale, à savoir [n], [m] ou [ɲ] (gn), était nasalisée.

    En ancien français, homme (orthographié ome) était alors prononcé [ɔ̃.mə], ensuite [ɔ̃m]: XIIe ome [ɔ̃.mǝ] › XVIe homme [ɔ̃.mǝ], [ɔ᷉m]] › fr. mod.homme [ɔm].

    À partir du XVIIe siècle, seule la voyelle dont la consonne nasale se trouvait historiquement dans la même syllabe (syllabe fermée) a conservé sa nasalisation en français moderne: XIIe bon [bɔ̃n] › fr. mod. [bɔ̃].

    ſeulement en (en la) facon que
    (qui) enſuit. (qui) enſuit = ensuit

    Durant les premiers siècles du second millénaire (XIe – XVIe), on écrivait en français de plus en plus (à la main, bien sûr), et de plus en plus vite, les écrits manuscrits se multipliant et la demande s'élargissant.

    Les clercs tentaient d'en mettre davantage sur chaque page pour économiser l'argent et la place: les lettres étaient donc resserrées.

    Cette situation allait engendrer un conflit entre le caractère rapidement écrit et cursif de l'écriture et l'impératif de la lisibilité, d'où la nécessité de procédés de lisibilité compensatoires. Il y a plusieurs manifestations de cette volonté d'augmenter la lisibilité.

    Un des procédés pour augmenter la lisibilité des textes manuscrits a été celui des variantes calligraphiques de position de la lettre s: le s long initial et médian, soit ſ, ayant souvent l'apparence d'un f, usage qui remonte à la fin du XIIe siècle (Catach 1992).

    Voir plus de détails à cette adresse.

    [la.kɛl il zɛs.tim fɔr e ɑ᷉ nyz le zɔ᷉m sœ.lə.mɑ᷉ ɑ᷉ la fa.sɔ᷉ ki ɑ᷉.sɥi]
    qu'ils estiment fort, et que seuls les hommes utilisent de la façon qui s'ensuit.
    Ilz la font ſeicher au
    ſoleil, ſoleil = soleil

    1. Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    2. Jusqu'au XVIIe s., les graphèmes ill ou il, prononcés aujourd'hui [j], étaient prononcé [ʎ], dit l palatalisé, mouillé, proche du son [lj].

    C'est pourquoi, dans l'enregistrement, nous entendons [sɔ.lɛʎ] plutôt que [sɔ.lɛj].

    & la
    portẽt portẽt = portent

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    à leur col
    envne envne = en une

    Jusqu'au XVIIIe s., on commettait souvent l'erreur d'amalgamer les mots, souvent un mot grammatical et un lexème entretenant un rapport syntaxique étroit: envne (en une), lorgueil (l'orgueil), quon (qu'on), dun evenemant (d'un évènement), jai entendu (j'ai entendu), vous mavez preté (vous m'avez prêté).

    petite peau de
    beſte beſte = bête

    La lettre s (à vrai dire la lettre ſ, s long pour faciliter la lisibilité: v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète) était étymologique, mais elle n'était plus prononcée depuis le XIe s.

    Les clercs l'ont conservée par tradition calligraphique et parce qu'elle rappelait l'étymon latin bestia.

    La lettre s a été supprimée dans la troisième édition du Dictionnaire de l'Académie (1740) et le graphème e a été coiffé d'un accent circonflexe ayant pour fonction d'évoquer sa durée. On entend encore cet allongement (noté par un deux-points dans une transcription phonétique) en français québécois: [bɛ:t].

    en lieu de ſac,
    [il la fɔ᷉ sɛ.ʃe ro sɔ.lɛʎ e la pɔrt a lœr kɔl ɑ᷉ nyn pə.tit pa͜w də bɛ:t ɑ᷉ ljø də sak]
    Ils la font sécher au soleil, et la portent à leur cou dans une petite peau de bête en lieu de sac,
    auec
    vng vng = un.

    L'usage de la lettre v (variante orthographique de u en écriture gothique) pour transcrire la voyelle [y] était variable à l'époque.

    Quand elle était utilisée, c'était à l'initiale de mot.

    En revanche, seul la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot, tant pour la consonne [v] (yuer ' hiver ') que pour la voyelle [y] (fumée).

    2. Pour distinguer une suite de jambages, qui auraient pu, à la lecture, être mal différenciés, on ajoutait la lettre g à l'article un: ung, vng.

    De cette façon, les boucles et les jambages constituaient des repères qui aidaient à mieux distinguer des tracés trop semblables, des syllabes et des mots différents.

    cornet de pierre, ou de
    boys: boys = bois

    Depuis le XIIe s., le graphème oi (ou oy) était prononcé [w͜e](oé) ou [w͜ε] (oè).

    La prononciation [w͜a] (oa) n'a commencé à se faire entendre qu'au XVIIe s., chez le petit peuple de Paris.

    On entendait aussi [w͜ɑ] (oâ) dans le cas de mots qui se terminaient avec –s: bois, mois, pois, poids, trois.

    Jusqu'au XVIIIe s., les prononciations [w͜a] et [w͜ɑ] ont été critiquées par les grammairiens.

    Pour distinguer une suite de jambages qui auraient pu, à la lecture, être mal différenciés, les clercs utilisaient la lettre y au lieu de i. Jusqu'au XVIIe siècle, le y continuera de fonctionner comme une variante libre de i; après cette époque, le y ne sera plus guère maintenu que dans les mots issus du grec et, bien sûr, dans les noms de lieux et les patronymes déjà existants.

    puis à toute heure font
    pouldre pouldre = poudre

    La lettre l était étymologique, mais elle n'était plus prononcée depuis le XIe s.

    Les clercs du Moyen Âge l'ont conservée pour que ce mot puisse être rattaché à son étymon latin pulverem.

    Au XVIe s., le grammairien Étienne a donné à cette lettre étymologique muette une valeur diacritique: elle était maintenue pour indiquer au lecteur que le graphème ou devait être lu comme une seule voyelle, à savoir [u] (ou), plutôt que comme deux voyelles successives bien distinctes [o] et [y] (u).

    de
    ladicte ladicte = ladite

    Dès le XIIIe s., on préconisait, chaque fois que c'était possible, une correspondance stricte entre les graphies en usage pour le latin et celles du français.

    L'orthographe française a été fortement marquée par cette pratique qui consistait à habiller les mots avec une lettre muette empruntée à l'étymon latin.

    On observe encore aujourd'hui le résultat de cette pratique avec, entre autres, le mot doigt: lat. digitum › XIe s. doi, doie › XVIe s. doigt.

    La lettre muette c dans ladicte a donc été ajoutée par les clercs de façon à relier le mot dicte aux mots latins dont il origine: dictum (parole, mot), dicere (dire).

    herbe
    [a.vɛk œ᷉ kɔr.nɛ də pjɛr u də bw͜e pɥi za tut ør fɔ᷉ pu.drə də la.dit ɛrb]
    avec un cornet de pierre ou de bois. Puis à toute heure, ils réduisent en poudre ladite herbe
    & la
    mettẽt mettẽt = mettent

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    en
    l'ung vng = un

    L'usage de la lettre v (variante orthographique de u en écriture gothique) pour transcrire la voyelle [y] était variable à l'époque.

    Quand elle était utilisée, c'était à l'initiale de mot.

    En revanche, seul la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot, tant pour la consonne [v] (yuer ' hiver ') que pour la voyelle [y] (fumée).

    2. Pour distinguer une suite de jambages qui auraient pu, à la lecture, être mal différenciés, on ajoutait la lettre g à l'article un: ung, vng.

    De cette façon, les boucles et les jambages constituaient des repères qui aidaient à mieux distinguer des tracés trop semblables, des syllabes et des mots différents.

    des boutz dudict cornet. puis mettent vng charbon de feu deſſus,
    [e la mɛt ɑ᷉ lœ᷉ de bu dy.di kɔr.nɛ pɥi mɛt œ᷉ ʃar.bɔ᷉ də fø də.sy]
    et la mettent en l'un des bouts dudit cornet. Puis, ils mettent un charbon de feu dessus,
    & ſoufflent par
    l'autrebout, autrebout = Jusqu'au XVIIIe s., on commettait souvent l'erreur d'amalgamer les mots, souvent un mot grammatical et un lexème entretenant un rapport syntaxique étroit: autrebout (autre bout), envne (en une), lorgueil (l'orgueil), quon (qu'on), dun evenemant (d'un évènement), jai entendu (j'ai entendu).
    tant qu'ilz
    ſ'emplẽt ſ'emplẽt = s'emplissent.

    Du verbe empler en usage au Moyen Âge, variante de emplir.

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    3. Jusqu'au XVIIIe s., on commettait souvent l'erreur d'amalgamer les mots, souvent un mot grammatical et un lexème entretenant un rapport syntaxique étroit: envne (en une), lorgueil (l'orgueil), vous mavez preté (vous m'avez prêté).

    4. Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe. Il remplaçait tout élément nasal n ou m.

    Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    (s'emplissent) le corps de
    fumée, fumée = fumée

    Dans l'ancienne langue, la lettre e à la finale des mots était prononcée.

    Par exemple, les mots cheminée et fumée étaient prononcés [ʃə.mine.ǝ] et [fy.me.ə].

    Peu à peu, le son [ǝ] s'est amuï et, par effet compensatoire, a allongé la voyelle qui le précédait. C'est cet allongement que l'on peut entendre, dans l'enregistrement, dans le mot fumée prononcé [fy.me:](le deux-points après [e] signifie que la voyelle est allongée).

    [e sufl par la͜w.trə bu tɑ᷉ kil sɑ᷉.plis lə kɔr də fy.me:]
    et soufflent par l'autre bout, tant qu'ils s'emplissent le corps de fumée;
    tellement qu'elle leur ſort par la bouche, & par les
    nazilles, nazilles = narines

    Jusqu'au XVIIe s., les graphèmes ill ou il, prononcés aujourd'hui [j], étaient prononcés [ʎ], dit l palatalisé, mouillé, proche du son [lj].

    C'est pourquoi, dans l'enregistrement, nous entendons [na.ziʎ] plutôt que [na.zij].

    cõe cõe = comme

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    par
    vng vng = un

    L'usage de la lettre v (variante orthographique de u en écriture gothique) pour transcrire la voyelle [y] était variable à l'époque.

    Quand elle était utilisée, c'était à l'initiale de mot.

    En revanche, seul la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot, tant pour la consonne [v] (yuer ' hiver ') que pour la voyelle [y] (fumée).

    Pour distinguer une suite de jambages qui auraient pu, à la lecture, être mal différenciés, on ajoutait la lettre g à l'article un: ung, vng.

    De cette façon, les boucles et les jambages constituaient des repères qui aidaient à mieux distinguer des tracés trop semblables, des syllabes et des mots différents.

    tuyau de
    cheminée: cheminée = cheminée

    Dans l'ancienne langue, la lettre e à la finale des mots était prononcée.

    Par exemple, les mots cheminée et fumée étaient prononcés [ʃə.mi.ne.ǝ] et [fy.me.ə].

    Peu à peu, le son [ǝ] s'est amuï et, par effet compensatoire, a allongé la voyelle qui le précédait: aussi, à cette époque, prononçait-on soit [ʃə.mi.ne:] (le deux-points après [e] signifie que la voyelle est allongée), soit, de façon plus traditionnelle, [ʃə.mi.ne.ǝ], comme c'est le cas dans l'enregistrement.

    [tɛ.lə.mɑ᷉ kɛl lœr sɔr par la buʃ e par le na.ziʎ kɔ᷉m par œ᷉ tɥi. ja͜w də ʃə.mi.ne.ə]
    tellement qu'elle leur sort par la bouche et par les narines comme par un tuyau de cheminée;
    & diſent (~ils disent) que cela les tient ſains &
    chauldement, chauldement = chaudement

    Dans l'ancienne langue, le graphème au était prononcé en diphtongue [a͜w] (ao) et est devenu, vers le XVIIIe s., [ɔ:] long ou [o:] long selon la consonne qui suivait.

    La lettre l était étymologique, mais n'était plus prononcée depuis le XIe s.

    Les clercs du Moyen Âge l'ont conservée pour que ce mot puisse être rattaché à son étymon latin caldam.

    Au XVIe s., le grammairien Étienne a donné à cette lettre étymologique muette une valeur diacritique: elle était maintenue pour indiquer au lecteur que le graphème au devait être lu comme une seule voyelle (d'abord la diphtongue [a͜w] (ao), ensuite [ɔ] ou [o]) plutôt que comme deux voyelles successives bien distinctes [a] et [y] (u).

    [il diz kə sə.la le tjɛ᷉ sɛ᷉ ze ʃa͜wd.mɑ᷉]
    et ils disent que cela les tient sains et au chaud,
    & ne vont
    iamais iamais = jamais

    Depuis le tout début, le son [ʒ] était rendu par la lettre i. Aussi cette lettre transcrivait-elle les sons [i] et [ʒ].

    Au XVIe s., les grammairiens réformateurs Meigret et Peletier du Mans ont tenté d'imposer le graphème j pour le son [ʒ], mais n'ont pas réussi en raison du fait que l'usage était réglé par les imprimeurs qui ont refusé toute transformation radicale (Huchon 2009: 46).

    Il a fallu attendre Corneille, à la fin du XVIIe, qui a demandé à l'Académie de régulariser l'usage de i pour [i] et j pour [ʒ], ainsi que de u pour [y] et v pour [v].

    sans
    auoir auoir = avoir

    À cette époque, la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot tant pour la consonne [v] (auoir ' avoir ', yuer ' hiver ') que pour la voyelle [y] (fumée).

    Depuis le XIIe s., le graphème oi (ou oy) était prononcé [w͜e](oé) ou [w͜ε] (oè).

    La prononciation [w͜a] (oa) n'a commencé à se faire entendre qu'au XVIIe, chez le petit peuple de Paris.

    cesdictes (sans lesdites) choſes.
    [e nə vɔ᷉ ʒa.mɛ sɑ᷉ le.dit ʃoz]
    et ils ne vont jamais sans avoir ces dites choses.
    Nous auons eſprouué (~expérimenté) ladicte fumée, après laquelle auoir mis
    dedãs dedãs = dedans

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    noſtre noſtre = notre

    La lettre s (à vrai dire la lettre ſ, s long pour faciliter la lisibilité: v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète) était étymologique, mais elle n'était plus prononcée depuis le XIe s. Les clercs l'ont conservée par tradition calligraphique et parce qu'elle rappelait l'étymon latin nostrum.

    bouche,
    [nu. za.vɔ᷉ zɛs.pe.ri.mɑ᷉.te la.dit fy.me: a.prɛ la.kɛl a.vw͜ɛr mi də.dɑ᷉ nɔ.trə buʃ]
    Nous avons expérimenté ladite fumée; après laquelle avoir mis notre bouche dedans,
    ſemble y auoir mis de la pouldre de
    poyure poyure = poivre

    Depuis le XIIe s., le graphème oi (ou oy) était prononcé [w͜e](oé) ou [w͜ε] (oè).

    Les prononciations [w͜͜a] (oa) ou [w͜ɑ] (oâ) n'ont commencé à se faire entendre qu'au XVIIe chez le petit peuple de Paris.

    À cette époque, la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot tant pour la consonne [v] (poyure ' poivre ', yuer ' hiver ') que pour la voyelle [y] (fumée).

    tãt eſt
    chaulde. chaulde = chaude

    Dans l'ancienne langue, le graphème au était prononcé en diphtongue [a͜w] (ao) et est devenu, vers le XVIIIe s., [ɔ:] long ou [o:] long selon la consonne qui suivait.

    La lettre l était étymologique, mais n'était plus prononcée depuis le XIe s.

    Les clercs du Moyen Âge l'ont conservée pour que ce mot puisse être rattaché à son étymon latin caldam.

    Au XVIe s., le grammairien Étienne a donné à cette lettre étymologique muette une valeur diacritique: elle était maintenue pour indiquer au lecteur que le graphème au devait être lu comme une seule voyelle (d'abord la diphtongue [a͜w], ensuite [ɔ] ou [o]) plutôt que comme deux voyelles successives bien distinctes [a] et [u].

    (Huchon, p. 141)
    [sɑ᷉bl i a.vw͜ɛr də la pu.drə də pw͜ɛ.vrə tɑ᷉ tɛ ʃa͜wd]
    il semble y avoir mis de la poudre de poivre tant elle est chaude.
    Cedict (~ Ledit) peuple vyt quasi en
    cõmunaulté cõmunaulté = communauté

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    Dans l'ancienne langue, le graphème au était prononcé en diphtongue [a͜w] (ao) et est devenu, vers le XVIIIe s., [ɔ:] long ou [o:] long selon la consonne qui suivait.

    La lettre l est apparue dans le mot comunalté (vers 1280), qui était la réfection de communité (vers 1130); toutefois, les lettres al étaient déjà prononcées [a͜w] plutôt que [al].

    Au XVIe s., le grammairien Étienne a donné à cette lettre étymologique muette une valeur diacritique: elle était maintenue pour indiquer au lecteur que le graphème au devait être lu comme une seule voyelle (d'abord la diphtongue [a͜w], ensuite [ɔ] ou [o]) plutôt que comme deux voyelles successives bien distinctes [a] et [u].

    de biens, aſſez de la ſorte des
    Breſilãs, Breſilãs = Brésiliens

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe. Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    [lə.di pœpl vi ka.zi ɑ᷉ kɔ᷉.my.na͜w.te də bjɛ᷉ a.se də la sɔr.tə de bre.zi.ljɛ᷉]
    Ledit peuple vit quasi en communauté de biens, assez de la sorte des Brésiliens,
    &
    ſont (~ tous) veſtuz de
    peaulx peaulx = peaux

    Dans l'ancienne langue, le graphème au était prononcé en diphtongue [a͜w] (ao) et est devenu, vers le XVIIIe s., [ɔ:] long ou [o:] long selon la consonne qui suivait.

    La lettre l était étymologique, mais n'était plus prononcée depuis le XIe s. Les clercs du Moyen Âge l'ont conservée pour que ce mot puisse être rattaché à son étymon latin pellis.

    Au XVIe s., le grammairien Étienne a donné à cette lettre étymologique muette une valeur diacritique: elle était maintenue pour indiquer au lecteur que le graphème au devait être lu comme une seule voyelle (d'abord la diphtongue [a͜w], ensuite [ɔ] ou [o]) plutôt que comme deux voyelles successives bien distinctes [a] et [u].

    de beſtes
    ſauuaiges, ſauuaiges = sauvages

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi et enſuit pour une explication complète).

    À cette époque, la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot pour la consonne [v]: sauuaige, (sauvage), poyure (poivre), yuer (hiver).

    Dès le moyen français (XIVe et XVe s.), la voyelle [a] s'est fermée en [ε] (è) ou [e] (é) quand elle était suivie d'une consonne palatale, telle [ʒ] (sauvage › sauvaige; avantage › avantaige). Ce phénomène a même touché Paris, et les grammairiens l'observaient encore au XVIe s.

    & aſſez
    pouremẽt. pouremẽt = pauvrement

    La première graphie du mot pauvre a été poure (povre).

    Le graphème au provient des clercs du XVe siècle qui souhaitaient rapprocher ce mot de son étymon latin pauper. Les deux graphies ont cohabité jusqu'au début du XVIIe s.

    À cette époque, la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot pour la consonne [v]: pourement (pauvrement), sauuaige, (sauvage), poyure (poivre), yuer (hiver).

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe. Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    [e sɔ᷉ tus vɛ.ty də pa͜w də bɛt sa͜w.vaʒ e a.se po.vrə.mɑ᷉]
    et sont tous vêtus de peaux de bêtes sauvages, et assez pauvrement.
    L'yuer ilz
    ſõt [ſõt = sont

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    2. Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    chaulſez chaulſez = chaussés

    Dans l'ancienne langue, le graphème au était prononcé en diphtongue [a͜w] (ao) et est devenu, vers le XVIIIe s., [ɔ:] long ou [o:] long selon la consonne qui suivait.

    La lettre l était étymologique, mais n'était plus prononcée depuis le XIe s. Les clercs du Moyen Âge l'ont ajoutée pour que ce mot puisse être rattaché au mot latin dont il origine, à savoir calcis (signifiant, en latin, talon).

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    À partir du XIIIe s., le son [e] (é) en finale de mot suivi de la marque du pluriel (orthographié –és aujourd'hui) était souvent orthographié –ez: biautez (beautés), amitiez (amitiés), damnez (damnés), aimez (aimés).

    Au XVIe s., il y avait maintenant une variation entre les graphies –és et –ez.

    Les concepteurs de la quatrième édition du Dictionnaire de l'Académie (1762) ont supprimé la graphie -ez pour la remplacer par -és, sauf dans le cas de la deuxième personne du pluriel et de certains mots courts (nez, assez, chez).

    de chauſſes et ſoulliez & l'eſté võt nudz pietz (~ dechausses).
    [li.vɛr il sɔ᷉ ʃa͜w.se də ʃa͜ws et su.ʎe e le.te vɔ᷉ de.ʃa͜ws]
    L'hiver ils sont chaussez de chausses et souliers et l'été ils vont déchaussés.
    Ilz
    gardẽt gardẽt = gardent

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe. Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    l'ordre de mariage, fors que ilz (~les hommes) prẽnẽt deux ou trois
    femmes, femmes = femmes

    Dans l'ancienne langue, toute voyelle devant une consonne nasale, à savoir [n], [m] ou [ɲ] (gn), était nasalisée.

    C'est pourquoi nous entendons [fɑ᷉m] dans l'enregistrement, plutôt que [fam]. Évolution : XIIe s., femme (ou fame) [fɑ᷉.mə] › XVIe femme [fɑ᷉.mə], [fɑ᷉m] › fran. mod. [fam].

    À partir du XVIIe siècle, seule la voyelle dont la consonne nasale se trouvait historiquement dans la même syllabe (syllabe fermée) a conservé sa nasalisation en français moderne: XIIe bon [bɔ̃n] › fr. mod. [bɔ̃].

    [il gar.də lɔr.drə də ma.rjaʒ fɔr kə le zɔ᷉m prɛn dø zu trw͜e fɑ᷉m]
    Ils gardent l'ordre de mariage, sauf qu'ils prennent deux ou trois femmes,
    & depuis (~ dempuis) que leur (~le) mary eſt mort iamais (les femmes) ne ſe
    remariẽt, remariẽt = remarient

    Dès le IXe s., on observe l'usage du tilde comme procédé d'abréviation d'une syllabe.

    Il remplaçait tout élément nasal n ou m. Il a été utilisé d'abord pour transcrire une voyelle nasale; plus tard, pour simplement abréger l'écriture en permettant de faire l'économie des lettres n et m.

    À partir du XIIIes., la finale –ent de la sixième personne verbale, prononcée sans doute [ənt], s'est progressivement effacée de la prononciation. La voyelle [i], dans le cas de remarient, s'est allongée par effet compensatoire, comme on peut l'entendre dans l'enregistrement: [rə.ma.ri:] (le deux-points après [i] signifie que la voyelle est longue).

    [e dɑ᷉.pɥi kə lə ma.ri ɛ mɔr ʒa.mɛ le fɑ᷉m nə sə rə.ma.ri:]
    et depuis que leur mari est mort, jamais elles ne se remarient,
    ains (~mais) fõt le
    dueil dueil = deuil

    L'ancienne graphie ue pour transcrire le son [ø] issu du son [ɔ] accentué latin (lat. dŏlum › dueil › deuil) a été remplacée par eu au XVIe s.

    de ladicte mort toute leur
    vie, vie = vie

    Dans l'ancienne langue, la lettre e à la finale des mots était prononcée.

    Par exemple, vie se prononçait en deux syllabes: [vi.ǝ]. Peu à peu, le son [ǝ] s'est amuï et, par effet compensatoire, a allongé la voyelle qui le précédait. C'est cet allongement que l'on peut entendre dans le mot vie prononcé [vi:] dans l'enregistrement.

    [mɛ fɔ᷉ lə dœʎ də la.dit mɔr tu.tə lœr vi:]
    mais font le deuil de ladite mort toute leur vie,
    & ſe taignẽt le
    viſaige viſaige = visage

    Utilisation de ſ, dit s long, pour accroître la lisibilité (v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète).

    Dès le moyen français (XIVe et XVe s.), la voyelle [a] s'est fermée en [ε] (è) ou [e] (é) quand elle était suivie d'une consonne palatale, telle [ʒ] (visage › visaige; sauvage › sauvaige). Ce phénomène a même touché Paris, et les grammairiens l'observaient encore au XVIe s.

    de charbon pellé (~pilé),
    [e sə tɛɲ lə vi.zaʒ də ʃar.bɔ᷉ pi.le]
    et se teignent le visage de charbon pilé,
    & et de greſſe eſpez comme l'eſpeſſeur du doz d'ung
    couſteau, couſteau = couteau

    La lettre s (à vrai dire la lettre ſ, s long pour faciliter la lisibilité: v. les mots cliquables auſsi ou enſuit pour une explication complète) était muette, et n'était pas étymologique, couteau ayant comme origine le mot latin cultellum.

    La présence de la lettre s (s long) est plutôt analogique d'autres mots: couster (coûter), coustume (coutume), cousture (couture). La forme couteau s'est imposée dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694).

    [e də grɛ:s kɔm le.pɛ.sœr dœ᷉ ku.ta͜w]
    et de graisse épaisse comme l'épaisseur du dos d'un couteau,
    & à cela
    congnoiſt congnoiſt = sait-on

    Dès le XIIIe s., on préconisait, chaque fois que c'était possible, une correspondance stricte entre les graphies en usage pour le latin et celles du français.

    L'orthographe française a été fortement marquée par cette pratique qui consistait à habiller les mots avec une lettre muette empruntée à l'étymon latin. La lettre g, muette, a été introduite par les clercs au XVIe s., entre autres, pour relier ce mot au mot latin cognoscere signifiant connaître.

    Depuis le XIIe s., le graphème digramme oi (ou oy) était prononcé [w͜e] (oé) ou [w͜ε] (oè).

    Au XVIe s., ce graphème était également prononcé [ε] (è), notamment dans les finales verbales et dans quelques mots, tels que Anglois (Anglais), François (Français), congnoistre ~ connoître (connaître). C'est ce son [ε] qui s'est imposé dans ces derniers cas.

    La graphie ai pour [ε] a été officiellement admise avec la sixième édition du Dictionnaire de l'Académie (1835).

    on que elles ſont
    veufues veufues = veuves

    La lettre f (non étymologique, puisqu'absente du mot latin vidŭa) avaient deux ou peut-être trois fonctions.

    La première, diacritique, indiquait que la lettre u suivante devait être prononcée [v] plutôt que [y]. En effet, seule la lettre u était utilisée à l'intérieur de mot, tant pour orthographier la consonne [v] (yuer › hiver) que la voyelle [y] (fumée).

    La seconde fonction, lexicale, était de permettre au lecteur de relier spontanément le mot veufue à son masculin veuf.

    Enfin, cette graphie, par son jambage vers le haut, constituait une stratégie de lisibilité. En effet, durant les premiers siècles du second millénaire (XIe – XVIe), on écrivait de plus en plus (à la main, bien sûr), et de plus en plus vite, puisque la demande de manuscrits augmentait; en conséquence, les clercs tentaient d'augmenter la quantité de texte sur chaque page dans le but d'économiser l'argent et la place, en resserrant les lettres.

    Cette situation a engendré un conflit entre le caractère rapidement écrit et cursif de l'écriture et l'impératif de la lisibilité, d'où la nécessité de procédés de lisibilité compensatoires.

    (Huchon, p. 140).
    [e a sə.la kɔ᷉.nw͜e.tɔ᷉ kɛl sɔ᷉ vœv]
    et à cela sait-on qu'elles sont veuves.
    * * *
    Le récit du troisième voyage de Jacques Cartier a été conservé dans le troisième volume des œuvres de Richard Hackluyt qui le publia en 1600, en anglais.
    La traduction française, dont est tiré l'extrait suivant, a paru à Québec, en 1843, dans
    Voyage et Découverte au Canada,
    entre les années 1534 et 1542,
    par Jacques Quartier, le Sieur de Roberval, Jean Alphonse de Xanctoigne, &c., publié sous la direction de la Société littéraire et historique de Québec et imprimé chez William Cowan et fils.
    On constatera que l'orthographe du texte n'est plus la même que celle des textes précédents rédigés au XVIe siècle, mais est plutôt celle qui était en cours au XIXe siècle lorsque l'ouvrage a été imprimé.
    * * *
    Et sur cette haute Montagne ou Promontoire, nous trouvasmes une belle fontaine  
    [e syr sɛt ha͜wt mɔ᷉.tɑ᷉ɲ u pro.mɔ᷉.tw͜ɛr nu tru.vam yn bɛl fɔ᷉.tɛ᷉n]  
     
    très-proche du dit Fort: joignant lequel nous trouvasmes une bonne quantité de pierres,  
    [trɛ prɔʃ dy.di fɔr ʒw͜a.ɲɑ᷉ lə.kɛl nu tru.vɑ᷉m yn bɔ᷉n kɑ᷉.ti.te də pjɛr]  
     
    que nous estimions être Diamans. De l'autre côté de ladite Montagne et au pied d' icelle,  
    [kə nu zɛs.ti.mjɔ᷉ ɛ.trə dja.mɑ᷉ də la͜w.trə ko.te də la.di.tə mɔ᷉.taɲ e o pje di.sɛl]  
     
    qui est vers la grande Rivière, se trouve une belle mine du meilleur fer qui soit au monde,  
    [ki ɛ vɛr la grɑ᷉d ri.vjɛr sə truv yn bɛl min dy mɛ.ʎør fɛr ki sw͜e to mɔ᷉d]  
     
    laquelle s'étend jusques proche de notre Fort, et le sable sur lequel nous marchions  
    [la.kɛl se.tɑ᷉ ʒys.kə prɔʃ də nɔ.trə fɔr e lə sɑ:.blə syr lə.kɛl nu mar.ʃjɔ᷉]  
     
    est terre de Mine parfaite prête à mettre au fourneau.  
    [ɛ tɛr də mi.nə par.fɛt prɛt a mɛtr o fur.na͜w]  
     
    Et sur le bord de l'eau, nous trouvâmes certaines feuilles d'un Or fin, aussi épaisses que l'ongle. […] (p. 74)  
    [e syr lə bɔr də la͜w nu tru.vɑ᷉m sɛr.tɛn fœʎ dœ᷉ nɔr fɛ᷉ o.si e.pɛs kə lɔ᷉gl]  
     
    […] Et en quelques endroits, nous avons trouvé des pierres comme Diamans,  
    [e ɑ᷉ kɛl.kə zɑ᷉.drw͜e nu za.vɔ᷉ tru.ve de pjɛr kɔ᷉m dja.mɑ᷉]  
     
    les plus beaux, polis et aussi merveilleusement taillés qu'il soit possible à homme de voir;  
    [le ply ba͜w pɔ.li e a͜w.si mɛr.vɛ.ʎø.zə.mɑ᷉ ta.ʎe kil sw͜e pɔ.sibl a ɔ᷉m də vw͜ɛr]  
     
    et lorsque le Soleil jette ses rayons sur iceux,  
    [e lɔrs.kə lə sɔ.lɛʎ ʒɛt se rɛ.jɔ᷉ syr i.sø]  
     
    ils luisent comme si c'étoient des étincelles de feux. (p. 75)  
    [il lɥiz kɔ᷉m si se.tw͜ej de ze.tɛ᷉.sɛl də fø]  
     
    Site web créé par Luc Ostiguy et André Bougaïeff  
    Université du Québec à Trois-Rivières (Québec, Canada)  
     
    * * * / / / * * *
    Mot Annotation
    Et sur cette haute
    Montagne Dans l'ancienne langue, toute voyelle devant une consonne nasale, à savoir [n], [m] ou [ɲ] (gn), était nasalisée, d'où, dans l'enregistrement, la nasalisation de la voyelle orale a [mɔ᷉.tɑ᷉ɲ] (fr. mod. [mɔ᷉.taɲ]).
    ou Promontoire, nous
    trouvasmes trouvasmes = trouvâmes

    Au XVIe s., la lettre s était déjà muette depuis plusieurs siècles. Mais, elle a été conservée pour indiquer au lecteur que la voyelle a était longue. La lettre s a été supprimée dans la troisième édition du Dictionnaire de l'Académie (1740) et le graphème a a été coiffé d'un accent circonflexe.

    Dans l'ancienne langue, toute voyelle devant une consonne nasale, à savoir [n], [m] ou [ɲ] (gn), était nasalisée.

    C'est pourquoi nous entendons [tru.vɑ᷉m] dans l'enregistrement, plutôt que [tru.vam]. Évolution : XIIe trouvasmes [tru.vɑ᷉.mə] › XVIe trousvasmes [tru.vɑ᷉.mə], [tru.vɑ᷉m] › fran. mod. trouvâmes [tru.vam].

    À partir du XVIIe s., seule la voyelle dont la consonne nasale se trouvait historiquement dans la même syllabe (syllabe fermée) a conservé sa nasalisation en français moderne.

    une belle fontaine
    [e syr sɛt ha͜wt mɔ᷉.tɑ᷉ɲ u pro.mɔ᷉.tw͜ɛr nu tru.vam yn bɛl fɔ᷉.tɛ᷉n]
    très-proche très-proche = très proche

    Encore à la fin du XVIIIe s., les limites des mots n'étaient pas toujours celles d'aujourd'hui. On écrivait sur-tout (surtout), long-temps (longtemps), mal-adroit (maladroit); mais, inversement, très-grand, aussi-bien.

    du dit Fort: joignant lequel nous trouvasmes une
    bonne bonne = Dans l'ancienne langue, toute voyelle devant une consonne nasale, à savoir [n], [m] ou [ɲ] (gn), était nasalisée: année était dit [ɑ̃.ne.ǝ].

    C'est pourquoi, dans l'enregistrement, on entend [bɔ̃n] avec [ɔ̃] plutôt que [ɔ].

    À partir du XVIIe s., seule la voyelle dont la consonne nasale se trouvait historiquement dans la même syllabe (syllabe fermée) a conservé sa nasalisation en français moderne: XIIe bonne [bɔ̃.nǝ] › XVIe [bɔ᷉n] › fr. mod. [bɔn]; XIIe bon [bɔ̃n] › XVIe bon [bɔ̃] › fr. mod. [bɔ̃].

    quantité de pierres,
    [trɛ prɔʃ dy.di fɔr ʒw͜a.ɲɑ᷉ lə.kɛl nu tru.vɑ᷉m yn bɔ᷉n kɑ᷉.ti.te də pjɛr]
    que nous estimions
    être Diamans. être Diamans = être des diamants

    Encore au XVIe s., le déterminant (article) est souvent absent devant un nom (substantif), notamment lorsqu'on faisait intervenir un pluriel généralisant ou une comparaison générale (v. des pierres comme Diamans).

    Avec la sixième édition du Dictionnaire de l'Académie (1835), il y adoption définitive de la même forme au singulier et au pluriel des noms et des adjectifs se terminant avec en ant ou ent: dens, diamans, enfans, présens › dents, diamants, enfants, présents.

    De l'autre côté de ladite Montagne et au pied d'
    icelle, icelle = celle-ci (pronom démonstratif féminin)
    [kə nu zɛs.ti.mjɔ᷉ ɛ.trə dja.mɑ᷉ də la͜w.trə ko.te də la.di.tə mɔ᷉.taɲ e o pje di.sɛl]
    qui est vers la grande Rivière, se trouve une belle mine du
    meilleur

    Jusqu'au XVIIe s., les graphèmes ill ou il, prononcés aujourd'hui [j], étaient prononcé [ʎ], dit l palatalisé, mouillé, proche du son [lj]. C'est pourquoi, dans l'enregistrement, nous entendons [mɛ.ʎør] plutôt que [mɛ.jør]].

    2. La prononciation du graphème digramme eu, prononcé [ø] par Cartier et ses contemporains, comme dans meilleur, est devenue [œ] à partir du XVIIe s. Ce changement vocalique, touché par ladite loi de position, s'est produit lorsque la voyelle [ø] était en syllabe fermée par [r], notamment à la finale des mots: -eur [ør] › [œr].

    fer qui soit au monde,
    [ki ɛ vɛr la grɑ᷉d ri.vjɛr sə truv yn bɛl min dy mɛ.ʎør fɛr ki sw͜e to mɔ᷉d]
    laquelle s'étend jusques proche de notre Fort, et le sable sur lequel nous marchions
    [la.kɛl se.tɑ᷉ ʒys.kə prɔʃ də nɔ.trə fɔr e lə sɑ:.blə syr lə.kɛl nu mar.ʃjɔ᷉]
    est terre de Mine parfaite prête à mettre au fourneau.
    [ɛ tɛr də mi.nə par.fɛt prɛt a mɛtr o fur.na͜w]
    Et sur le bord de l'eau, nous trouvâmes certaines feuilles d'un Or fin, aussi épaisses que l'ongle. […] (p. 74)
    [e syr lə bɔr də la͜w nu tru.vɑ᷉m sɛr.tɛn fœʎ dœ᷉ nɔr fɛ᷉ o.si e.pɛs kə lɔ᷉gl]
    […] Et en quelques endroits, nous avons trouvé des pierres comme Diamans,
    [e ɑ᷉ kɛl.kə zɑ᷉.drw͜e nu za.vɔ᷉ tru.ve de pjɛr kɔ᷉m dja.mɑ᷉]
    les plus beaux, polis et aussi merveilleusement taillés qu'il soit possible à homme de
    voir;

    Depuis le XIIe s., le graphème oi (ou oy) était prononcé [w͜e](oé) ou [w͜ε] (oè). La prononciation [w͜a] (oa) a commencé à se faire entendre au XVIIe chez le petit peuple de Paris.

    [le ply ba͜w pɔ.li e a͜w.si mɛr.vɛ.ʎø.zə.mɑ᷉ ta.ʎe kil sw͜e pɔ.sibl a ɔ᷉m də vw͜ɛr]
    et lorsque le Soleil jette ses rayons sur
    iceux, iceux = ceux-ci (pronom démonstratif pluriel)
    [e lɔrs.kə lə sɔ.lɛʎ ʒɛt se rɛ.jɔ᷉ syr i.sø]
    ils luisent comme si
    c'étoient c'étoient = c'étaient

    À partir du XIIIe s., la finale –ent de la 3e personne verbale du pluriel, prononcée sans doute [ənt], s'est progressivement effacée de la prononciation. La dernière voyelle s'est allongée par effet compensatoire: [se.tw͜e:] (le deux-points signifie que [w͜e] (oé) est prononcé avec un allongement). La voyelle allongée [w͜e:] pouvait être prononcée également [w͜ej] (oèy) comme on peut l'entendre dans l'enregistrement: [se.tw͜ej].

    Depuis le XIIe s., le graphème digramme oi (ou oy) était prononcé [w͜e] (oé) ou [w͜ε] (oè).

    Au XVIe s., ce graphème était également prononcé [ε] (è), notamment dans les finales verbales et dans quelques mots, tels que Anglois (Anglais), François (Français), congnoistre ~ connoître (connaître). C'est ce son [ε] qui s'est imposé dans ces derniers cas.

    La graphie ai pour [ε] a été officiellement admise avec la sixième édition du Dictionnaire de l'Académie (1835).

    des étincelles de feux. (p. 75)
    [il lɥiz kɔ᷉m si se.tw͜ej de ze.tɛ᷉.sɛl də fø]
    Site web créé par Luc Ostiguy et André Bougaïeff
    Université du Québec à Trois-Rivières (Québec, Canada)
    * * * / / / * * *