Vocab

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LES MÉTIERS DE MES ANCÊTRES  
par Gilles Grondin
 
L'action du présent texte se situant à l'époque féodale, l'auteur s'est efforcé d'utiliser des mots qui sont apparus durant le Moyen Âge. Vous y retrouverez, en plus des définitions des mots rares, l'historique de plusieurs mots usuels. N'hésitez pas à vous attarder même sur les mots que vous connaissez. Votre curiosité pourrait être récompensée...  
 
Mot Annotation
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LES MÉTIERS DE MES ANCÊTRES
par
Gilles Grondin
L'action du présent texte se situant à l'époque féodale, l'auteur s'est efforcé d'utiliser des mots qui sont apparus durant le Moyen Âge. Vous y retrouverez, en plus des définitions des mots rares, l'historique de
plusieurs plusieurs, adjectif apparu vers 1050 sous la forme pluisur pour prendre sa forme actuelle en 1325. Il est aussi utilisé comme pronom indéfini pluriel dès La chanson de Roland en 1080-1090. Tant l'adjectif que le pronom est toujours au pluriel et conserve la même forme au masculin et au féminin. En France, il désigne généralement un nombre peu important alors qu'au Québec il a conservé le sens de 'grand nombre'. Nous utiliserons plutôt le mot 'quelques' pour indiquer un petit nombre.
mots
usuels. usuel, adjectif apparu en 1298 sous la forme usuau, du bas latin usualis qui avait le sens de 'qui sert, habituel'.
N'hésitez pas à vous attarder même sur les mots que vous connaissez. Votre curiosité pourrait être récompensée...
À ma muse, Danielle, qui m'a tiré de ma muse.  
 
Mot Annotation
À ma
muse, muse, nom féminin, emprunté au XIIIe s. au latin musa, femme inspirant un poète ou un écrivain. L'homonyme, aussi nom féminin, dérivé du verbe intransitif muser (1160-1174), au sens propre 'rester le museau en l'air' qui a évolué vers 'perdre son temps'. Le substantif signifiant donc 'attente, perte de temps'.
Danielle, qui m'a
tiré tirer,verbe transitif apparu en 1080 (on le retrouve dans La Chanson de Roland) avec le sens de 'faire sortir'.
de ma
muse. muse, nom féminin, emprunté au XIIIe s. au latin musa, femme inspirant un poète ou un écrivain. L'homonyme, aussi nom féminin, dérivé du verbe intransitif muser (1160-1174) (bien moins courant que son composé amuser), au sens propre 'rester le museau en l'air' qui a évolué vers 'perdre son temps'. Le substantif signifiant donc 'attente, perte de temps'.
Par une pénible journée d'hiver, alors que la froidure m'avait contraint à me terrer à l'intérieur de mon nid protecteur, je m'efforçais de meubler mes heures de façon profitable. Furetant à la recherche de mes origines, je ne pus m'empêcher d'ébaucher un large sourire lorsque je découvris que j'étais loin d'être le premier représentant de mon lignage à avoir pataugé dans la gadoue. Pierre, un de mes ancêtres, avait en effet occupé la fonction très convoitée de maître gadouard. Au Moyen Âge, ce poste suscitait l'envie car moult privilèges y étaient rattachés. Le maître gadouard se voyait octroyer une vaste parcelle, à l'extérieur de l'enceinte du bourg il va sans dire, sur laquelle il avait l'usufruit sans redevance aucune. De plus, le fruit de ses collectes lui appartenait en propre et quiconque se hasardait à lui en dérober ne fût-ce qu'une infime part encourait un châtiment exemplaire. Le chanci obtenu par la métamorphose de cette matière rancie permettait à ses fils étaliers d'offrir, tant aux manants qu'aux bourgeois, les plus beaux légumes de toute la banlieue en plus du fruit de la chenevière la plus productive qui fût.  
 
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Par une
pénible pénible, adjectif apparu vers 1120, dérivé du nom peine avec le sens de 'qui se fait avec peine' ou 'qui cause de la peine' pour prendre plus tard le sens familier de 'difficile à supporter'.
journée d'hiver,
alors que alors que, locution conjonctive apparue au XIIe s. avec le sens de 'à l'heure où, lorsque'
la
froidure froidure, nom féminin apparu vers 1120 au sens de 'saison froide'. Il a graduellement perdu ce sens pour signifier aujourd'hui 'température froide'.
m'avait
contraint contraindre, verbe transitif apparu vers 1120, issu du latin constringere 'lier ensemble', a longtemps eu le sens de 'peser sur, presser, serrer'. Il était aussi utilisé au sens figuré de 'réprimer, contenir' et dès 1253 avec le sens que l'on lui connaît aujourd'hui, soit 'obliger quelqu'un à agir contre sa volonté'.
à
me terrer se terrer, du verbe transitif 'terrer' signifiant 'faire une terrasse en terre battue' (v.1190), puis entourer d'un rempart' au XVe s. La voix pronominale signifiant 'se mettre à l'abri' est apparue vers 1671.
à l'intérieur de mon
nid nid, nom masculin, apparu en 1175, issu du latin nidus, 'nid d'oiseau'. Dès son apparition, il signifie 'endroit où l'on se réfugie' pour prendre le sens d'habitation de l'homme dans son aspect d'intimité vers 1500.
protecteur, je m'efforçais de
meubler meubler, verbe d'abord apparu à la voix pronominale au sens de 's'enrichir, se doter' (1350). La voix transitive avec le sens de 'garnir ce meubles' apparaît vers 1549 et ce n'est qu'en 1839 qu'apparaît le sens figuré de 'combler une période creuse'.
mes heures de
façon façon, nom féminin, issu du latin factionem, apparu vers 1121 pour désigner la manière d'être d'un animal ou d'une personne. Ce n'est que vers 1578 qu'est apparu le sens de 'manière d'agir'.
profitable. profitable, adjectif signifiant 'qui offre un avantage' apparu vers 1155, simultanément à l'apparition du nom profit.
Furetant fureter, verbe intransitif, dérivé de 'furet', apparu au XIVe s. avec le sens de 'chasser le furet'. C'est en 1547 qu'il a pris la valeur figurée de 'chercher avec curiosité'.
à la recherche de mes
origines, origine, nom féminin, apparu en 1470 en remplacement de l'ancien français orine (1138) pour désigner le point de départ d'un individu, d'une famille ou d'une race.
je ne pus m'empêcher
d'ébaucher ébaucher, verbe transitif apparu en 1369 avec le sens de 'émonder, ébrancher' pour ensuite prendre le sens de 'dégrossir'(une poutre) et finalement en 1380 il prend le sens de 'donner la première forme à un ouvrage'.
un large sourire lorsque je découvris que j'étais
loin d' loin de, locution adverbiale apparue dès 1080 mais employé uniquement avec son sens spatial. C'est vers 1530 qu'elle a également pris une valeur temporelle.
être le premier représentant de mon
lignage lignage, nom masculin, dérivé de 'ligne'. Apparu d'abord sous la forme linage en 1050, le mot recouvre avec une valeur collective l'ensemble des parents d'une souche commune, contrairement à lignée, nom féminin apparu vers 1120 qui désigne seulement la descendance d'une personne.
à avoir
pataugé patauger, verbe intransitif apparu vers 1653-1655, dérivé de patte, avec le sens de 'marcher sur un terrain boueux, détrempé'.
dans la
gadoue. gadoue, nom féminin apparu en 1561 pour désigner un mélange de matières fécales et d'immondices. Au Québec le mot désigne un mélange de neige fondante, de sable et de sel.
Pierre, un de mes ancêtres, avait en effet occupé la fonction très convoitée de
maître maître, adjectif. Dès 1150, l'adjectif posé devant le nom désigne le chef de ceux qui exercent une même fonction.
gadouard. gadouard, nom masculin, apparu en 1578 pour désigner celui qui ramasse et transporte la gadoue. Ce fut l'ancêtre de nos éboueurs.
Au Moyen Âge, ce poste suscitait l'envie car
moult moult, adverbe apparu vers 980, issu du latin multum, signifiant 'très, beaucoup'. Moult est malheureusement quasi disparu de l'usage général, évincé par 'beaucoup'.
privilèges privilège, nom masculin. Emprunté vers 1170 au latin juridique privilegium. Le mot désigne un avantage accordé à une personne ou à un groupe qui en jouit à l'exclusion des autres.
y étaient rattachés. Le maître gadouard se voyait
octroyer octroyer, verbe transitif, réfection (1372) de l'ancien français ostreier (1080) signifiant 'accorder, offrir, attribuer'.
une
vaste vaste, adjectif apparu en 1080 avec le sens de 'ravagé, dévasté'. C'est en 1611 qu'il prend le sens de 'étendue très grande'.
parcelle, parcelle, nom féminin synonyme de 'morceau'. Apparu au XIIe s. (après 1150), le mot a longtemps désigné, en agronomie, une portion de terrain de la même culture.
à l'extérieur de
l'enceinte enceinte, nom féminin apparu en 1284 pour désigner ce qui entoure un espace et en défend l'accès. À compter de 1611, le mot désigne aussi l'espace ainsi fermé. Attention à l'homonyme, adjectif féminin apparu vers 1165 pour désigner l'état de grossesse.
du
bourg bourg, nom masculin apparu vers 1360 pour désigner une petite ville fortifiée puis, un gros village.
il va sans dire, sur laquelle il avait
l'usufruit usufruit, nom masculin apparu en 1276 pour désigner le droit d'usage, de jouissance d'un bien dont on n'est pas propriétaire.
sans
redevance redevance, nom féminin apparu en 1239 pour désigner la taxe due en contrepartie de l'utilisation d'un bien.
aucune. De plus, le fruit de ses collectes lui appartenait
en propre en propre, locution adverbiale apparue en 1690, du mot propre (1130) qui désignait ce qui n'appartient qu'à soi, que l'on ne partage pas.
et
quiconque quiconque, pronom indéfini apparu vers 1170 signifiant 'quel que soit celui qui'.
se hasardait se hasarder, voix pronominale du verbe hasarder apparu au début du XIIIe s. qui signifiait 'jouer aux dés'. C'est en 1389 qu'il a pris le sens de 'risquer'. Le verbe est un dérivé du nom hasard apparu vers 1150 et emprunté à l'arabe az-zahr 'jeu de dés'.
à lui en
dérober dérober, verbe apparu sous sa forme transitive vers 1160-1170 synonyme de dépouiller, piller.
ne
fût-ce :Nous devons employer l'imparfait du subjonctif 'fût-ce' pour nous conformer à la règle de concordance des temps, les autres temps du texte étant au passé.
qu'une
infime infime, adjectif apparu en 1447 signifiant 'qui est placé le plus bas'. Ce n'est que vers 1828-1829 qu'il a pris le sens de 'tout petit'.
part
encourait encourir, verbe transitif qui a signifié vers 1120 's'élancer, se ruer sur', puis vers 1174-1176 il a pris le sens figuré de 'commettre une faute'. Ce n'est qu'au début du XIIIe s. qu'il a enfin pris le sens de 's'exposer à subir quelque chose de fâcheux'.
un
châtiment châtiment, nom masculin apparu vers 1170 comme synonyme de punition, mais surtout utilisé dans un contexte religieux. Aujourd'hui, ce contexte religieux a disparu.
exemplaire. Le
chanci chanci, nom masculin synonyme de engrais. Substantivation du participe passé du verbe chancir (1508) signifiant 'moisir'.
obtenu par la
métamorphose métamorphose, nom féminin apparu vers 1365 pour désigner les transformations d'hommes en animaux, végétaux ou objets. Signifie aujourd'hui 'changement radical'.
de cette matière
rancie ranci, adjectif provenant du participe passé du verbe rancir (1538) désignant ce qui est devenu rance (avant 1350), signifiant alors 'avarié, qui sent'.
permettait à ses fils
étaliers étalier, nom masculin apparu en 1260 pour désigner la marchand qui tient un étal (vers 1165) 'table ou l'on expose les marchandises'.
d'offrir,
tant tant que, locution conjonctive apparue vers 1250 signifian 'aussi bien que', issu de tant, dérivé au Xe s. du latintantum'relativement à cette grandeur, à cette quantité'.
aux
manants manant, nom masculin, substantif du participe présent du verbe manoir 'demeurer, habiter', apparu vers 1175. Au moyen âge il désignait l'habitant d'une circonscription dépendant de la juridiction d'un seigneur. Il a pris en 1579 le sens péjoratif d'un homme de condition inférieure.
qu'aux
bourgeois, bourgeois, nom masculin apparu en 1393 pour désigner l'habitant d'une ville commerçante soustraite à l'influence du seigneur. Le bourgeois faisait partie d'une classe moyenne, intermédiaire entre le noble et le manant.
les plus beaux légumes de toute la
banlieue banlieue, nom féminin apparu en 1185 pour désigner l'espace d'environ une lieu (4 km) autour d'un château, puis d'une ville, dans lequel le seigneur avait juridiction et où s'appliquait la loi du ban.
en plus du fruit de la
chenevière chenevière, nom féminin apparu en 1226 pour désigner une plantation de chanvre (d'abord chenvre (1089) puis chanvre vers 1268-1271). Le chanvre était une plante textile très importante au moyen âge. À ne pas confondre avec le chanvre indien, plan de la même famille, mais cultivé pour la production de stupéfiants.
la plus productive qui
fût. Note grammaticale : La phrase débutant par un verbe à l'imparfait'… permettait…', la concordance des temps exige que nous employions ici l'imparfait du subjonctif. Le français moderne permettrait cependant l'emploi du présent du subjonctif '…qui soit'.
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Même s'il y avait déjà belle lurette que Carolus Magnus avait eu cette idée folle, un jour, d'instaurer l'école, au XVe siècle la masse de la populace était toujours analphabète. Ce n'était pas le cas de Jean, descendant direct de Pierre. Fait inusité pour un plébéien, il savait lire, écrire, et surtout, il savait bien compter, comme tous ses frères et soeurs d'ailleurs. Ce trésor leur venait de leur aïeule paternelle, seule survivante du saccage et du pillage de la chaumière pitoyable de sa famille. Ses parents avaient en effet vu sourdre un bon matin une bande de brigands qui avaient occis toute la maison, oubliant le bébé qui reposait dans son ber. Un moine mendiant, qui passait par là deux jours plus tard, avait perçu des pleurs dans les déblais. Il avait recueilli la miraculée, étonné que les loups ne l'aient point dévorée, et l'avait menée à la matricule la plus rapprochée. Ne pouvant s'occuper d'un nourrisson, les marguilliers avaient de ce pas remis la fillette au couvent avant d'aller prendre une fillette pour se remettre de leurs émotions. Les nonnes, ébahies qu'elle ait pu échapper à un trépas assuré, l'avaient élevée et instruite. Les moniales en avaient fait une véritable érudite. Consciente du trésor inestimable qu'elle possédait, l'ancêtre s'était fait un devoir de le léguer à sa progéniture, sachant bien qu'il s'agissait là de la seule fortune dont aucun maître ne puisse vous dessaisir.  
 
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Même s'il y avait déjà belle
lurette lurette, nom féminin. Il s'agit de la forme altérée de heurette (vers 1119, hurette) diminutif de heure signifiant ' petite heure '. Aujourd'hui le mot ne s'emploie plus que dans l'expression ' il y a belle lurette ' signifiant ' il y a longtemps '.
que
Carolus Magnus Carolus Magnus Charles 1er le Grand dit Charlemagne (747-814). En 789, il crée des écoles ouvertes à tous les enfants et gratuites situées dans les monastères, les bourgs et les villages. Charles le Grand était le fils de Pépin le Bref et de Berthe aux grands pieds. Son fils Louis le Pieux, un roi très dévoué la l'église lui succéda. Comment vous désignerait-on si les patronymes (noms de familles) n'avaient été créés vers la fin du XIIe siècle?
avait eu cette idée folle, un jour,
d'instaurer instaurer, verbe transitif introduit vers 1352-1356 avec le sens de 'renouveler, célébrer à nouveau'. C'est en 1509 qu'il a pris son sens moderne de 'fonder, établir pour la première fois'.
l'école, au XVe siècle la
masse masse, nom féminin issu vers 1050 du latin massa . Vers 1170, le mot signifie 'quantité relativement grande'. Ce n'est que vers 1793 que son application se diffusera en parlant de personnes dans l'expression 'la masse du peuple'. Attention à l'homonyme apparu vers 1135 désignant une arme de guerre.
de la
populace populace, nom féminin apparu vers 1552 pour désigner de façon très péjorative le 'petit peuple'. Le mot a d'abord été masculin jusqu'au XVIIe s.
était toujours
analphabète. analphabète, adjectif apparu vers 1580 désignant quelqu'un qui ne sait ni lire ni écrire. Tiré du grec analphabêtos , signifiant littéralement 'qui ne sait ni A ni B'.
Ce n'était pas le
cas cas, nom masculin, d'abord écrit quas vers 1220, puis cas depuis 1300, signifiant 'ce qui arrive'.
de Jean,
descendant descendant, nom masculin, substantivation du participe présent du verbe descendre, désignant dès 1260 une personne par rapport à celle dont elle est issue.
direct de Pierre. Fait
inusité inusité, adjectif apparu en 1455 pour désigner ce qui sort de l'ordinaire. Le mot est un dérivé du verbe user (1080).
pour un
plébéien, plébéien, nom masculin apparu vers 1355, désignant avec un sens péjoratif la personne qui appartient au 'commun du peuple'.
il savait lire, écrire, et surtout, il savait bien compter, comme tous ses frères et soeurs d'ailleurs. Ce trésor leur venait de leur
aïeule aïeule, nom féminin apparu vers 1180 pour désigner d'abord la grand-mère. Dès le début du XIIIe s. le nom masculin a pris le sens de 'ancêtre'.
paternelle, seule
survivante survivante, nom féminin apparu en 1119 pour désigner quelqu'un qui est demeuré en vie après une catastrophe, un accident.
du
saccage saccage, nom masculin (1596) dérivé du verbe saccager (vers 1450) signifiant 'mettre à sac, détruire'. Au XVe s. les verbes saccager et piller avaient pratiquement la même signification alors qu'aujourd'hui saccager a conservé le sens de 'ravager, détruire' et piller celui de 'voler'.
et du
pillage pillage, nom masculin apparu vers 1300 pour désigner un butin, puis en 1352, l'action de mettre à sac, de détruire. Dérivé du verbe piller, lui-même issu vers 1250 du latin pilleum qui désignait un bonnet dont on coiffait les esclaves affranchis. Le verbe signifiait donc à l'origine 'traiter comme un chiffon, mettre en chiffon'.
de la
chaumière chaumière, nom féminin apparu en 1666 pour désigner une petite maison rurale couverte d'un toit de chaume (1195), 'tige d'une plante'.
pitoyable pitoyable, adjectif dérivé de pitié, d'abord écrit piteable(vers 1120), puis refait en pitoyable vers 1485. Il avait d'abord le sens de 'qui inspire la pitié' puis a pris en 1680 le sens péjoratif de 'qui inspire le mépris'.
de sa famille. Ses parents avaient en effet vu
sourdre sourdre, verbe intransitif , réfection de sirdre (1080) puis sordre (vers 1155). Le verbe signifiait dès 1080 'se présenter, apparaître'. Le verbe soudree existait aussi en ancien français (attesté du XIIe s. au XVe s.), issu du latin soldere. Il signifiait 'payer, acquitter'.
un bon matin une
bande bande, nom féminin apparu vers 1360. Il dériverait du latin médiéval bandum (vers 675 signifiant 'étendard, bannière'. Le mot est d'abord utilisé dans un contexte militaire pour désigner le groupe d'hommes rangés sous la même bannière pour prendre ensuite le sens plus général de 'réunion de personnes' vers 1509. Attention à l'homonyme, aussi nom féminin, apparu 200 ans plus tôt, emprunté à l'ancien germanique bindo signifiant 'ruban'.
de
brigands brigand, nom masculin, emprunté à l'italien brigante . Il a désigné jusqu'à la fin du XIVe s. un soldat à pied. Il a prit le sens moderne de 'voleur armé' à la fin du XVe s.
qui avaient
occis occire, verbe transitif issu vers 980 du latin occidere 'tuer, faire périr'. Très usuel du Xe au XVIe s., sa déchéance s'explique peut-être par l'incertitude de sa conjugaison, à côté de la régularité de celle de 'tuer'.
toute la
maison, maison, nom féminin apparu vers 1130 avec le sens de 'bâtiment servant de logis'. Dès 1174 il est utilisé pour désigner l'ensemble des membres d'une famille qui vivent sous le même toit. Il a gardé ce sens jusqu'en 1611 alors qu'il a été remplacé par 'maisonnée'.
oubliant le bébé qui
reposait reposer, verbe intransitif, synonyme de dormir, rarement utilisé, sinon en parlant d'un défunt. Apparu vers 1050 il fut immédiatement utilisé à la voix pronominale avec le sens de 'cesser de travailler pour faire disparaître la fatigue'.
dans son
ber. ber (ou bers) , nom masculin, de l'ancien français bers, (berz, vers 1150), d'origine incertaine probablement gauloise. Il a donné berceau.
Un moine
mendiant, mendiant, adjectif (avant 1191), du participe présent du verbe 'mendier'. Il s'appliquait alors spécialement dans l'expression 'moine mendiant' (vers 1278) pour désigner un membre de l'un des quatre ordres (Augustiniens, Franciscains, Carmes et Dominicains) apparus au XIIIe s. et qui vivaient exclusivement de quêtes et d'aumônes.
qui passait
par là par là, locution adverbiale apparue vers 1208. Construction à partir de l'adverbe de lieu là qui lors de son apparition vers 1120, s'applique au lieu où l'on va. Notez que la locution s'écrit avec un trait d'union seulement dans l'expression par-ci par-là.
deux jours plus tard, avait
perçu percevoir, verbe transitif, (1188) qui a commencé par exprimer l'action de 'remarquer, saisir par les sens'. C'est à la fin du XIIIe s. qu'il a pris le sens de 'recouvrer une somme d'argent, un impôt'.
des pleurs dans les
déblais. déblai, nom masculin signifiant 'décombres d'un édifice démoli'. Réfection (1641) du mot desblée (1265), dérivé du verbe déblayer qui avait à l'origine le sens de 'moissonner le blé'. Il a pris le sens figuré de 'enlever les décombres' en 1311.
Il avait recueilli la
miraculée, miraculée, nom féminin, 'qui a été l'objet d'un miracle'. Dérivé du nom 'miracle' (1050) qui a donné le verbe transitif très rare 'miraculer', guérir par miracle. La forme substantive du participe passé n'est apparue que vers 1755.
étonné étonner, verbe transitif apparu en 1080. Il signifie d'abord 'étourdir par un coup violent' puis, vers 1200, 'frapper de stupeur, effrayer'. Le sens moderne de 'causer une surprise' apparaît au XVIIe s.
que les loups ne l'aient point
dévorée, dévorer, verbe transitif apparu vers 1120 avec le sens de 'avaler sans goûter'.
et l'avait menée à la
matricule matricule, nom masculin et féminin. Féminin il désigne un registre d'inscription comportant les noms et numéros d'ordre des personnes qui composent un effectif, qui font partie d'un groupe. Masculin il désigne le numéro inscrit dans le registre. Mot emprunté (1460) au bas latin matricula pris dans le sens de 'registre'. Au XIVe siècle, matricula désignait tout aussi bien la liste que la maison d'accueil des pauvres qui étaient inscrits sur cette liste.
la plus rapprochée. Ne pouvant s'occuper d'un
nourrisson, nourrisson, nom masculin. Apparu en 1165, d'abord féminin, la nourriçon désignait l'action de nourrir. Le mot est passé au genre masculin en 1538 alors qu'apparaissait le sens moderne d''enfant allaité par une femme'.
les
marguilliers marguillier, nom masculin, membre du conseil d'une paroisse. D'abord marreglier(vers 1135) et marguelier (1295) puis marguillier(1510), le mot désignait la personne chargée d'accueillir les pauvres et de leur venir en aide.
avaient
de ce pas de ce pas, locution adverbiale signifiant 'immédiatement, sans tarder' apparue en 1548, transformation de del pas (fin du XIIe s.).
remis remettre, verbe transitif apparu vers 1118 avec le sens de 'fondre, liquéfier'. Le sens de 'reconduire' est apparu en 1635.
la
fillette fillette, nom féminin apparu en 1200 pour désigner une petite fille. Attention à l'homonyme apparu en 1387 pour désigner une sorte de tonneau. Il s'emploie encore aujourd'hui pour désigner une demi-bouteille de vin.
au
couvent couvent, nom masculin apparu en 1155 pour désigner le lieu où vivent les membres d'une communauté religieuse.
avant d'aller prendre une
fillette fillette, nom féminin apparu en 1200 pour désigner une petite fille. Attention à l'homonyme apparu en 1387 pour désigner une sorte de tonneau. Il s'emploie encore aujourd'hui pour désigner une demi-bouteille de vin.
pour se remettre de leurs émotions. Les
nonnes, nonne, nom féminin apparu en 1155 pour désigner une religieuse vivant dans un couvent.
ébahies ébahi, adjectif dérivé du verbe ébahir (vers 1120) signifiant 'frappé d'un grand étonnement.
qu'elle ait pu échapper à un
trépas trépas, 'décès', déverbal apparu vers 1130 de trépasser. Le verbe, dès son apparition vers 1080, avait les mêmes sens que passer. Le sens de mourir, que nous retenons aujourd'hui est apparu vers 1155.
assuré, l'avaient élevée et instruite. Les
moniales moniale, nom féminin apparu en 1530 pour désigner une religieuse contemplative vivant généralement cloîtrée.
en avaient fait une véritable
érudite. érudite, nom féminin apparu à la première moitié du XVe s. signifiant 'instruit, savant'. Le sens de 'très instruit' ne s'est précisé qu'au XVIIIe s.
Consciente du trésor
inestimable inestimable, adjectif qui signifie d'abord (1377) 'dont on ne peut faire l'estimation'. Il a pris la valeur moderne 'qui n'a pas de prix' à la fin du XVIe s.
qu'elle possédait,
l'ancêtre ancêtre, nom employé pour désigner les ascendants d'une famille ayant généralement vécu avant les grands-parents. La graphie que nous connaissons aujourd'hui est venue en 1521 remplacer ancestre apparu au XIIe s. Dès cette époque le mot avait le sens qu'on lui connaît aujourd'hui.
s'était fait un devoir de le
léguer léguer, verbe transitif apparu au XIIIe s., emprunté au latin legare de lex (loi). Le verbe a du avoir à l'origine le sens de 'fixer par contrat ou charger par contrat', d'où son sens encore très courant aujourd'hui de 'donner par testament'. Il a pris le sens figuré de 'transmettre' en 1821.
à sa
progéniture, progéniture, nom féminin apparu en 1481, dérivé de progéniteur (1370), lui-même tiré du latin progenitor 'aïeul, ancêtre'. Il désigne concrètement la descendance d'une personne, depuis 1610, ou d'un animal depuis 1753-1757.
sachant bien qu'il s'agissait là de la seule
fortune fortune, nom féminin emprunté vers 1130 au latin fortuna 'divinité qui symbolise le sort'. Il avait alors le sens de 'destin, chance' (avoir bonne ou mauvaise fortune). Ce n'est que depuis le XVe s. qu'il s'emploi pour désigner l'ensemble des richesses.
dont aucun maître ne puisse vous
dessaisir. dessaisir, verbe transitif apparu vers 1155 signifiant dès lors 'déposséder, priver quelqu'un de quelque chose'. Notez l'absence d'accent aigu sur le 'e'.
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Jean était regardé comme loup blanc par les perceveurs qui n'avaient pas manqué de faire mention à leur maître de ce fachier qui versait à chaque occasion son champart sans maugréer, avec célérité et grande précision. Nul besoin d'admonition avec ce vassal hors du commun si différent de ses rudes et hargneux congénères qui vociféraient et grommelaient souvent des injures menant parfois même à leur saisissement. Tous lui reconnaissaient une droiture exemplaire. Jamais il n'avait tenté la moindre bèflerie ni la moindre félonie. Il ne s'était jamais livré à aucune forfaiture. Ses paiements n'accusaient jamais le moindre retard et toujours il exigeait quittance. Il lisait attentivement le précieux écrit, ne manquait jamais de dénoter et de faire corriger la moindre erreur s'il s'en trouvait une, puis le posait soigneusement dans l'un des nombreux dossiers qui se trouvaient à l'intérieur de son humble demeure, se disant chaque fois que cette situation misérable ne pouvait perdurer. Véritable engingneur, il possédait quelques curieux engins de sa conception pour alléger son labeur. Il avait même créé à l'âge de 15 ans, un age qui avait retourné le travail des laboureurs.  
 
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Jean
était regardé comme loup blanc regarder comme loup blanc, expression apparue vers 1200 (comme blanc leu), signifiant 'comme une chose extraordinaire'. Le mot loup dans sa forme actuelle a remplacé en 1180 la forme primitive leu (1080) qui s'est cependant maintenue dans l'expression à la queue leu leu.
par les
perceveurs perceveur, nom masculin (1345), dérivé du verbe percevoir, désignant celui qui collecte les impôts. Il a été remplacé en 1432 par percepteur.
qui n'avaient pas manqué de
faire mention faire mention de, expression apparue vers 1165 avec le sens de 'dire quelque chose à quelqu'un à propos de '.
à leur
maître maître, nom masculin. Dès le milieu de XIIe s., il désigne celui qui exerce une autorité sur un groupe d'individus, peu importe leur occupation.
de ce
fachier fachier, nom masculin qui désignait au moyen âge l'individu lié à un seigneur par un contrat de facherie (voir ce mot plus loin). À la fin du XVe s. le verbe fachier est apparu avec le sens de 'dégoûter'. Noter l'absence d'accent circonflexe dans ces mots.
qui versait à chaque occasion son
champart champart, nom masculin, apparu en 1270 pour désigner en droit féodal la part du produit des champs due par le paysan au seigneur propriétaire des terres. Il désigne aujourd'hui un mélange de céréales semées et récoltées en même temps et destinées à nourrir le bétail.
sans
maugréer, maugréer, verbe intransitif apparu en 1279 avec le sens de 'manifester son mécontentement'.
avec
célérité célérité, nom féminin, emprunté en 1358 au latin celeritas signifiant 'rapidité' (du corps ou de l'esprit).
et grande précision. Nul besoin
d'admonition admonition, nom féminin apparu à la seconde moitié du XIIe s. Il signifiait au début 'avertissement, conseil' puis a pris en 1694 le sens de 'réprimande'.
avec ce
vassal vassal, nom masculin apparu en 1080. À l'époque féodale, il désignait un homme lié personnellement à un seigneur.
hors du commun hors du commun, expression apparue en 1690 pour désigner celui ou celle qui sort de l'ordinaire.
si différent de ses
rudes rude, adjectif apparu vers 1131 pour désigner un être dur, violent, puis, une personne non civilisée, sans raffinement.
et
hargneux hargneux, adjectif apparu vers 1160 pour désigner quelqu'un qui est d'une humeur agressive.
congénères congénère, nom apparu vers 1562 signifiant 'd'une origine commune' Il a pris plus tard le sens péjoratif de 'personne de la même espèce'.
qui
vociféraient vociférer, verbe intransitif emprunté vers 1380 au latin classique vociferare.Il conserve son sens latin de 'parler en criant et avec colère'.
et
grommelaient grommeler, verbe transitif apparu en 1382 avec le sens de 'exprimer son insatisfaction'. Il est aujourd'hui synonyme de 'bougonner, grogner'.
souvent souvent, adverbe apparu en 1050 avec le sens de 'à plusieurs reprises'.
des
injures injure, nom féminin apparu en 1155 sous la forme injuire avec le sens de 'tort, dommage causé par violation d'un droit'. Il a ensuite pris le sens d''outrage' vers 1174-1176 puis de 'parole blessante'.
menant parfois même à leur
saisissement. saisissement, nom masculin apparu en 1170 désignant l'action de faire quelqu'un prisonnier. C'est en 1548 qu'est apparu le sens d'une 'émotion soudaine'.
Tous lui reconnaissaient une
droiture droiture, nom féminin apparu vers 1130-1140 pour exprimer ce qui est légal ou juste. L'usage moderne du mot, avec le sens de 'qualité d'une personne loyale' s'est établi vers 1680.
exemplaire. Jamais il n'avait tenté la moindre
bèflerie bèflerie, nom féminin, aujourd'hui disparu qui signifiait 'tromperie'. Il dérive peut-être du nom biffe qui désignait vers 1220 un tissu sans valeur et du verbe biffer qui vers 1310 signifiait 'tromper'.
ni la moindre
félonie. félonie, nom féminin apparu en 1080 pour désigner un manquement à la parole donnée à son seigneur. Il est aujourd'hui synonyme de 'trahison'. Les anglais utilisent couramment le mot felony pour désigner un crime.
Il ne s'était jamais livré à aucune
forfaiture. forfaiture, nom féminin (1283), désignant une violation du serment de foi fait par un vassal à son seigneur. Le mot désigne aujourd'hui un crime commis par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions. C'est un dérivé du verbe forfaire (vers 1120) qui signifiait 'commettre un délit' et qui a aussi donné le nom forfait signifiant à l'époque 'crime détestable'. Ce sens perdure aujourd'hui (commettre un forfait), à ne pas confondre avec un travail à forfait qui désigne une convention par laquelle on s'engage à exécuter un travail contre une somme déterminée à l'avance.
Ses
paiements paiement, nom masculin apparu en 1165 pour désigner l'action de payer.
n'accusaient accuser, verbe transitif apparu vers 980. Tout comme son ancêtre latin accusare, il peut avoir deux sens selon que l'on accuse une personne ou une chose. Si on accuse quelqu'un, on 'affirme qu'il a commis une faute, porte plainte contre lui'. Par contre, si on accuse une chose, on la 'signale, la montre, la laisse apparaître'.
jamais le moindre retard et toujours il exigeait
quittance. quittance, nom féminin apparu vers 1155 désignant un écrit par lequel un créancier reconnaît avoir reçu paiement de sa créance.
Il lisait attentivement le précieux
écrit, écrit, nom masculin apparu vers 1155 pour désigner ce qui est écrit.
ne manquait jamais de
dénoter dénoter, verbe transitif emprunté vers 1160 au latin denotare 'faire connaître'. Le mot a pris la valeur de 'désigner, dénoncer' en 1350.
et de faire
corriger corriger, verbe transitif apparu vers 1268-1271, emprunté au latin corrigere 'redresser'. En parlant d'un texte, il signifie 'relever les fautes, les erreurs' puis, depuis 1797, 'rendre plus exact, rectifier'.
la moindre
erreur erreur, nom féminin apparu à la fin du Xe s. sous la forme error . L'orthographe s'est modifiée au XIIe s. Il a d'abord signifié 'imposture' avant de désigner l'action de se tromper vers 1123.
s'il s'en trouvait une, puis le
posait poser, verbe apparu en 1050, issu du latin populaire pausare 'cesser, s'arrêter'. Il a d'abord eu le sens de 'reposer, en parlant d'un mort'. Vers 1180, il prend le sens de 'mettre en place (une chose)'.
soigneusement soigneusement, adverbe apparu vers 1190 signifiant 'avec soin'.
dans l'un des nombreux
dossiers dossier, nom masculin apparu en 1352 pour désigner la partie de certains sièges où l'on appuie le dos. Il a ensuite été utilisé pour faire référence au dos d'un livre, puis, à partir de 1586, un ensemble de feuillets relatifs à une affaire et posées dans une chemise (à l'origine, liés entre deux couvertures de cuir).
qui se trouvaient à l'intérieur de son humble
demeure, demeure, nom féminin apparu en 1119 au sens de 'laps de temps'. L'ancien sens de 'retard' existe encore aujourd'hui dans la locution adverbiale apparue en 1690 il y a péril en la demeure 'il y a danger à rester dans la même situation, à attendre'. Le sens moderne de 'lieu de séjour, habitation' est apparu vers 1225.
se disant chaque fois que cette situation
misérable misérable, adjectif apparu à la fin du XIIe s. avec le sens de 'triste, déplorable'. C'est à partir de 1550 qu'il a pris les sens péjoratif de 'vil, méprisable'.
ne pouvait
perdurer. perdurer, verbe intransitif apparu à la fin du XIIIe s. signifiant 'durer éternellement, durer longtemps'. Il est aujourd'hui synonyme de 'se prolonger, persister, se poursuivre'.
Véritable véritable, adjectif apparu en 1188 s'appliquant à ce qui présente un caractère de vérité, puis, vers 1240, pour désigner une personne digne de foi. Antéposé (posé devant le nom), il signifie aussi, depuis 1688, une chose conforme à l'apparence ou à l'idée qu'on s'en fait.
engingneur, engingneur, de l'ancien français engigneor puis engingnieur désignant celui qui conçoit et fabrique des engins de guerre (vers 1155) puis des appareils servant à soulever des lourdes charges ( après 1250). Le mot a donné ingénieur.
il possédait quelques
curieux curieux, adjectif apparu vers 1120 pour désigner une personne qui s'occupe avec soin de quelque chose. Il est alors synonyme de soucieux, soigné. Vers 1538, il désigne une personne soucieuse de voir, de savoir. Depuis 1559, l'antéposition exprime le sens de 'digne d'intérêt, original, étrange'.
engins engin, nom masculin apparu vers 1150 pour désigner une machine capable de lancer des projectiles, puis, après 1250, soulever des fardeaux. Depuis 1487, il désigne un instrument en général. Dès 1150, il a aussi eu le sens abstrait de 'ruse' dans des locutions comme parler par engin 'tromper'.
de sa
conception conception, nom féminin apparu vers 1140-1150, avec le sens de 'fécondation, action de porter un enfant en soi', surtout utilisé alors dans un contexte religieux. En 1315, il a pris le sens intellectuel de 'action de concevoir, d'inventer' puis en 1549, 'le résultat de cette action'.
pour
alléger alléger, verbe transitif apparu au XIe s. signifiant 'rendre plus léger'. Il a aussi aujourd'hui le sens de 'rendre plus supportable, adoucir, atténuer'.
son
labeur. labeur, nom masculin apparu vers 1120. Le mot signifie d'abord 'affliction, peine, malheur' puis en 1155, il prend le sens de 'travail pénible'.
Il avait même
créé créer, verbe transitif apparu vers 1119 sous la forme crier. Emprunté au latin creare, il est d'abord introduit avec une valeur religieuse, signifiant 'tirer du néant'. Il s'est rapidement répandu et à acquis les sens de 'nommer, instituer' (vers 1350), 'fonder, établir' (1611) puis 'être l'inventeur de' (1690).
à
l'âge âge, nom masculin désignant la durée de vie. Il est apparu sous la forme aage, édage (du latin aetaticum) avant 1160. L'accent circonflexe est apparu au XVIe s.
de 15 ans, un
age age, nom masculin apparu vers 1290 sous la forme haie pour désigner la flèche d'une charrue. La forme actuelle n'est attestée en français écrit qu'en 1801.
qui avait
retourné retourner, verbe transitif apparu en 842 sous la forme retournar avec le sens de 'détourner quelqu'un de quelque chose'. Il est ici utilisé avec le sens figuré de 'rendre bonne une situation mauvaise, transformer radicalement'.
le travail des
laboureurs. laboureur, nom masculin apparu vers 1155, dérivé du verbe labourer. Le verbe apparu d'abord sous la forme labeurer, du mot labeur, signifiait à l'origine 'se donner de la peine, travailler'. Il s'est rapidement spécialisé pour signifier dès 1119 'retourner la terre au moyen d'un instrument aratoire'.
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Un jour qu'il cherchait un homme de confiance, le seigneur manda Jean au château. Quittant son logis de bon matin, ce dernier s'y présenta dès le lendemain matin, nullement impressionné par les deux mâtins allongés près du trône de son hôte qui le fit seoir à sa table afin, dit-il, de lui faire une proposition qui, à son avis, lui seyait bien. Jean n'était point babillard contrairement à la légion des badauds. Son insigne sapience lui fit reconnaître d'emblée la bonne affaire lors d'une discussion sans cautèle ni billevesées et il ne barguigna point avant d'accepter de bailler la charge qui lui était offerte. Il aimait les situations claires et avait exposé droitement à son seigneur, sans paraboles ni palabres, qu'il entendait traiter tous les vassaux avec la même probité que celle qu'il lui avait toujours démontrée. Et c'était exactement ce qu'espérait ouïr le maître. Il sut dès lors que les ouï-dire concernant Jean étaient véridiques et qu'il avait fait le bon choix car bien qu'il ne fut point gentil, Jean n'en était mie moins droit.  
 
Mot Annotation
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Un jour qu'il
cherchait chercher, verbe transitif apparu en 1080 sous la forme cercier signifiant 'fouiller, scruter'. C'est en 1210 qu'il a pris le sens de 'essayer de découvrir quelque chose ou quelqu'un'. Il a pris son orthographe actuelle en 1468.
un homme de confiance, le
seigneur seigneur, nom masculin apparu vers 980. Dès lors il signifie 'souverain' en parlant de Dieu. Vers 1175, il désigne en général une personne qui occupe une position dominante.
manda mander, verbe transitif apparu vers 980 avec le sens de 'demander, commander'. C'est vers 1080 qu'il a pris le sens de 'faire venir, convoquer'.
Jean au château. Quittant son logis
de bon matin, de bon matin, locution adverbiale apparue vers 1480 signifiant 'très tôt'.
ce dernier
s'y y, adverbe de lieu d'abord noté i vers 980, puis écrit y à compter du XIIIe s. Dès 980 i puis y est aussi employé comme pronom personnel 'pouvons-nous nous y fier' (nous fier à lui ou elle).
présenta dès le lendemain matin, nullement impressionné par les deux
mâtins mâtin, nom masculin apparu vers 1119 comme nom d'un gros chien puissant employé à la garde.
allongés allonger, verbe transitif apparu vers1160 signifiant 'rendre plus long, étendre'. Il a plus tard pris le sens figuré de 'coucher', surtout à la forme pronominale.
près du
trône trône, nom masculin apparu vers 1120 pour désigner un siège d'apparat où prend place un souverain. Il désigne aussi le siège réservé au maître.
de son
hôte hôte, nom masculin et féminin (début du XIIe s.) désignant depuis le tout début celui qui donne ou qui reçoit l'hospitalité, contrairement au féminin hôtesse qui désigne uniquement la personne qui reçoit alors que celle qui est reçue est une hôte.
qui le fit
seoir seoir, verbe intransitif apparu vers 980 sous la forme seder avec le sens d''être assis'. Il fut aussi utilisé comme synonyme de 'asseoir'. C'est vers 1175 que le verbe a pris la forme transitive indirecte avec le sens de 'être convenable, bien aller à quelqu'un'.
à sa table afin, dit-il, de lui faire une proposition qui, à son avis, lui
seyait seoir, verbe intransitif apparu vers 980 sous la forme seder avec le sens d''être assis'. Il fut aussi utilisé comme synonyme de 'asseoir'. C'est vers 1175 que le verbe a pris la forme transitive indirecte avec le sens de 'être convenable, bien aller à quelqu'un'.
bien. Jean n'était point
babillard babillard, adjectif apparu avant 1550 désignant celui qui parle abondamment, souvent pour ne rien dire. Attention de na pas confondre avec l'homonyme, nom masculin qui désigne un tableau d'affichage.
contrairement à la
légion légion, nom féminin emprunté vers 1155 au latin legio . Il conserva le sens romain de 'groupe de soldats' mais prit aussi très tôt (vers 1170) le sens de 'grand nombre de personnes'.
des
badauds. badaud, nom masculin emprunté en 1532 à l'ancien provençal badau (1130- 1150) signifiant 'niaiserie'. Le nom désignait alors quelqu'un de sot, niais. Cette connotation péjorative à disparu et le mot désigne maintenant un passant, un flâneur.
Son
insigne insigne, adjectif apparu en 1500 signifiant 'remarquable, notable'. Ne pas confondre avec l'homonyme, nom masculin, apparu en 1484 pour désigner l'emblème d'une fonction, d'une dignité. Il désigne aujourd'hui un signe distinctif porté par les membres d'un groupe.
sapience sapience, nom féminin apparu vers 1120 avec le sens de 'intelligence, bon sens, sagesse'.
lui fit reconnaître
d'emblée d'emblée, locution adverbiale apparue avant 1453, succédant à an emblét (vers 1121) avec le sens de 'en cachette, par surprise, clandestinement'. Le sens a évolué pour prendre au XVe s. celui de 'immédiatement' puis 'tout de suite, du premier coup'.
la bonne affaire lors d'une discussion sans
cautèle cautèle, nom féminin apparu vers 1278 signifiant 'ruse, comportement destiné à tromper ou à obtenir un avantage sur quelqu'un'.
ni
billevesées billevesée, nom féminin apparu au XVe s. désignant des paroles vides de sens, des idées creuses.
et il ne
barguigna barguigner, verbe intransitif apparu vers 1165-1170 signifiant 'marchander longuement, hésiter'. Il a donné le verbe anglais to bargain. (XIVe s.).
point avant d'accepter de
bailler bailler, verbe transitif apparu vers 1130-1160, dérivé du latin médiéval bajulare 'exercer une fonction'. Il avait le sens de 'recevoir, accepter, saisir'. Il a aussi eu à la même époque le sens contraire, soit 'donner' (bailler des coups). Ne pas confondre avec bâiller 'ouvrir la bouche sous l'effet de la fatigue'.
la
charge charge, nom féminin apparu en 1170 pour désigner 'une chose qui pèse, ce que peut porter un animal'. Le sens figuré de 'fonction, mission' est apparu vers 1225.
qui lui était
offerte. offrir, verbe transitif apparu vers 1112 avec le sens de 'proposer, présenter quelque chose à quelqu'un'.
Il aimait les situations claires et avait
exposé exposer, verbe transitif apparu à la fin du XIIe s. avec le sens de 'dire, présenter en expliquant'.
droitement droitement, adverbe apparu en 1050 avec le sens qu'il a conservé jusqu'à nos jours de 'directement, franchement'.
à son seigneur, sans
paraboles parabole, nom féminin apparu en 1265 désignant un récit allégorique. Parler en parabole signifie parler d'une manière voilée, obscure. Ne pas confondre avec l'homonyme apparu en 1555 et utilisé en géométrie ou en télécommunication.
ni palabres, palabre, nom féminin ou masculin pluriel emprunté en 1604 à l'espagnol palabra. Il signifie 'discussion longue et inutile'.
qu'il entendait traiter tous les
vassaux vassal, nom masculin apparu en 1080. À l'époque féodale, il désignait un homme lié personnellement à un seigneur.
avec la même
probité probité, nom féminin apparu vers 1429-1430 signifiant 'bonne qualité morale, intégrité'.
que celle qu'il lui avait toujours démontrée. Et c'était exactement ce qu'espérait
ouïr ouïr, verbe transitif apparu vers 980, dérivé du latin audire 'entendre'.
le maître. Il sut
dès lors dès lors, locution adverbiale apparue au XIIIe s. signifiant 'dès cet instant'.
que les
ouï-dire ouï-dire, nom masculin invariable apparu vers 1200 signifiant 'rumeur'
concernant Jean étaient
véridiques véridique, adjectif apparu en 1456. Il s'appliquait alors à une personne et avait le sens de 'qui dit la vérité'. Ce n'est qu'au début du XVIe s. qu'il prend le sens de 'conforme à la vérité'.
et qu'il avait fait le bon choix car bien qu'il ne fut
point point, adverbe, particule de négation apparu vers 1050, synonyme de 'pas' et utilisé en corrélation avec ne depuis 1160.
gentil, gentil, adjectif apparu vers 1050 avec le sens de 'noble de naissance'. C'est vers 1160 qu'il prend le sens de 'qui plaît'. Le mot latin dont il est tiré, gentilis, signifiait 'propre à la race, à la famille' d'où le nom pour désigner la dénomination des gens par rapport au lieu où ils habitent.
Jean n'en était
mie mie, particule de négation apparue en 1080 et demeurée en usage jusqu'au XIXe s. Ne…mie avait le même sens que ne…pas, ne…point. Le mot a évolué à partir de l'ancien sens figuré 'sans consistance' du nom mie désignant la partie molle du pain.
moins
droit. droit, adjectif apparu en 1050 avec le sens de ' 'sans courbure, direct'. Dès 1080 il prend aussi le sens figuré de 'juste, honnête, loyal'.
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Jean devenait donc le responsable du pressoir banal tout neuf, une charge peu banale! Il n'était désormais plus soumis à la banalité mais devenait l'un des responsables de son application. De plus, le cellérier du monastère voisin allait lui enseigner tous les secrets de la conversion du moût en vin et Jean serait aussi le bouteiller de la bastide. Il faisait un bon de géant dans la hiérarchie de son époque. Il ferait maintenant partie de la valetaille du château où le garde-vin jouissait du même prestige que le meunier. Il aurait toujours à user d'intelligence et d'habileté car il devrait tout aussi bien souder le muid qu'actionner le vit du pressoir. Il n'était point valétudinaire, ni égrotant, et non plus cacochyme, et le travail ne lui faisait pas peur. Il était surtout heureux de s'affranchir de son contrat de facherie qui, depuis toujours, ne lui avait laissé qu'une maigre pitance, comme à tous ses voisins, même s'il n'avait jamais ployé sous le faix. Malgré les apparences, son seigneur était juste et bon. Il s'efforçait de bien traiter tous ses serfs. Fait rarissime, ceux-ci étaient même autorisés à chasser pour se nourrir les cerfs qui pullulaient dans la forêt et dévastaient les maigres récoltes. Seule la cruelle pauvreté de son domaine, véritable garrigue, constitué principalement de terres emblavées bordées d'allées de vignes empêchait qu'il appliquât le complant pratiqué sur des terres plus fertiles.  
 
Mot Annotation
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Jean devenait donc le responsable du
pressoir pressoir, nom masculin apparu en 1190 pour désigner un appareil servant à presser. Il s'est spécialisé pour désigner aujourd'hui l'appareil servant à extraire le jus ou l'huile de certains fruits.
banal banal, adjectif apparu en 1246 pour désigner d'abord une personne soumise au ban (loi décrétée par le seigneur) puis, vers 1269, une chose appartenant à une circonscription seigneuriale. Les habitants de la banlieue étaient tenus d'utiliser cet appareil, tout en versant une redevance au seigneur. C'est en 1798 que l'adjectif a pris le sens de 'sans originalité, ordinaire, commun'.
tout
neuf, neuf, adjectif apparu vers 980. Dès cette époque il a le sens de 'nouveau, qui n'a pas servi'. Ne pas confondre avec l'homonyme, adjectif numéral et nom invariable apparu, lui, vers 1119.
une charge peu
banale! banal, adjectif apparu en 1246 pour désigner d'abord une personne soumise au ban (loi décrétée par le seigneur) puis, vers 1269, une chose appartenant à une circonscription seigneuriale. Les habitants de la banlieue étaient tenus d'utiliser cet appareil, tout en versant une redevance au seigneur. C'est en 1798 que l'adjectif a pris le sens de 'sans originalité, ordinaire, commun'.
Il n'était
désormais désormais, adverbe apparu en 1175, de la soudure de la locution des ore mais (1130-1140) signifiant 'dorénavant, à l'avenir'.
plus soumis à la
banalité banalité, nom féminin apparu en 1555 pour désigner le droit du seigneur d'assujettir ses vassaux à l'usage d'objets lui appartenant. Le nom a évolué tout comme l'adjectif banal et signifie maintenant 'une insignifiance, quelque chose de commun'.
mais devenait l'un des responsables de son application. De plus, le
cellérier cellérier, nom masculin apparu vers 1175 pour désigner le religieux préposé au soin du cellier dans un couvent.
du monastère voisin allait lui enseigner tous les secrets de la
conversion conversion, nom féminin apparu vers 1170 utilisé surtout dans son sens religieux signifiant 'retour à la vrai foi'. Il a acquis le sens de 'transformation d'une chose en une autre' vers 1330.
du
moût moût, nom masculin apparu en 1256, désignant le jus du raisin non encore fermenté. Aujourd'hui il s'applique aux jus de tous les fruits.
en vin et Jean serait aussi le
bouteiller bouteiller (boutillier) , nom masculin, (1160), désignant le grand officier de la cours chargé de l'intendance du vin à la table du roi ou du seigneur.
de la
bastide. bastide, nom féminin emprunté en 1305 au provençal bastida (1212-1213) désignant d'abord une ville nouvellement construite, puis une fortification (1360) et un château fort (1374).
Il faisait un bon de géant dans la
hiérarchie hiérarchie, nom féminin, réfection en 1545 de gerarchie (1332). Au début le mot est un terme théologique désignant l'ordre, la subordination des anges. Puis vers 1389 est apparu le sens de 'ordre et subordination des rangs dans une société'.
de son époque. Il ferait maintenant partie de la
valetaille valetaille, nom féminin employé péjorativement (avant 1573) pour désigner l'ensemble des valets d'une maison.
du château où le
garde-vin garde-vin, synonyme de bouteiller. Ce n'est que vers 1690 que le terme sommelier a désigné la personne qui mettait les couverts et préparait le vin servi par l'échanson. Sommelier désignait à l'origine (vers 1250) un conducteur de bête de somme.
jouissait du même prestige que le
meunier. meunier, mon masculin apparu sous sa forme actuelle en 1260, en remplacement de molnier (1174), du latin molinum (moulin) pour désigner la personne qui possède ou exploite un moulin.
Il aurait
toujours toujours, adverbe apparu en 1080 avec le sens perdu aujourd'hui de 'tout de suite'. Il est utilisé ici au sens de 'quoi qu'il arrive'.
à
user d' user de, forme transitive indirecte apparue au XIIIe s. du verbe d'abord transitif direct user (1080) dans le sens de 'faire usage de'.
intelligence intelligence, nom féminin apparu vers 1175 avec le sens de 'faculté de connaître, de comprendre'.
et d'habileté car il devrait tout aussi bien
souder souder, verbe transitif apparu vers 1160-1170 en remplacement de solder (fin du XIe s.) avec le sens de 'rendre solide'. Il a signifié par extension 'boucher un tonneau défectueux'.
le
muid muid, nom masculin apparu en 1135 (d'abord écrit mui jusqu'à la fin du XVIe s.). Il désignait en premier lieu une mesure de capacité puis a désigné le tonneau pouvant contenir cette mesure.
qu'actionner le
vit vit, nom masculin apparu en 1195, du latin classique vectis (levier, barre d'un pressoir'. Il a rapidement pris en français le sens de 'membre viril'.
du pressoir.
Il n'était point
valétudinaire, valétudinaire, adjectif apparu en 1380, désignant une personne maladive.
ni égrotant, égrotant, adjectif emprunté avant 1300 au latin classique aegrotans 'malade'. Introduit avec le sens latin, le mot disparut pour être repris au XIXème siècle pour désigner une personne qui est dans un état maladif permanent.
et non plus
cacochyme, cacochyme, adjectif apparu en 1478, emprunté au grec kako «mauvais» et khumos «suc», avait le sens médical «plein de mauvaises humeurs». Au moyen âge, les humeurs, au nombre de quatre ( bile, atrabile, flegme et sang ) désignaient les liquides corporels dont l'équilibre déterminait l'état de santé. D'où la saignée comme traitement médical qui avait pour but de rétablir cet équilibre. Aujourd'hui, le mot désigne une personne faible, en mauvaise santé, particulièrement dans le cas d'un vieillard.
et le travail ne lui faisait pas peur. Il était surtout heureux de
s'affranchir s'affranchir, verbe apparu tout d'abord sous sa forme pronominale (fin du XIIe s.) avec le sens de 'se libérer', dérivé du latin médiéval francus qui avait le sens de 'libre'.
de son contrat de
facherie facherie, nom féminin désignant une méthode d'exploitation agricole en vogue au XVe siècle s'apparentant au métayage, mais beaucoup plus avantageuse pour le seigneur puisque la part revenant à ce dernier était beaucoup plus élevée que cinquante pour cent. Autre avantage pour le seigneur, ces contrats s'échelonnaient sur plusieurs années, ajoutant ainsi une obligation de résidence permanente qui incombait à l'exploitant.
qui,
depuis toujours, ne lui avait laissé qu'une maigre
pitance, pitance, nom féminin d'origine incertaine. Il pourrait être apparu en 1124, dérivé du latin médiéval pitentia qui désignait la nourriture donnée aux moines. Il a conservé le sens de 'portion de nourriture ou nourriture quotidienne'.
comme à tous ses voisins, même s'il n'avait jamais
ployé ployer, synonyme de 'plier, fléchir', employé pour la première fois en 881 dans la La Cantilène de Sainte Eulalie.
sous le
faix. faix, nom masculin apparu vers 1360, en remplacement de fais (1080) signifiant 'fardeau'.
Malgré les apparences, son seigneur était
juste juste, adjectif apparu vers 1120 avec la valeur religieuse de 'conforme à la justice divine'. Il s'est laïcisé au XIIIe s. pour désigner la personne qui agit conformément à la loi et de manière équitable.
et
bon. bon, adjectif apparu vers 881 avec le sens de 'convenable, estimable'. Dès le Xe s., il désigne une personne qui fait le bien.
Il s'efforçait de bien traiter tous ses
serfs. serf, nom masculin apparu en 1080. D'abord utilisé pour désigner un serviteur, il a ensuite désigné une personne n'ayant pas de liberté individuelle complète, dépendant d'un seigneur. C'est un synonyme de vassal.
Fait
rarissime, rarissime, adjectif apparu vers 1544 signifiant 'extrêmement rare'.
ceux-ci étaient même
autorisés autoriser, verbe transitif apparu au XIIIe s. en remplacement de actorizer (fin du XIIe s.) avec le sens de 'certifier, prouver'. Le sens moderne de 'permettre' est apparu en 1439.
à chasser pour se nourrir les
cerfs cerf, nom masculin apparu en 1080 pour désigner un mammifère ruminant ongulé, spécialement le mâle. La femelle est la biche.
qui
pullulaient pulluler, verbe intransitif apparu en 1320 signifiant 'se multiplier rapidement'. Il a aujourd'hui aussi le sens de 'être très abondant'.
dans la forêt et
dévastaient dévaster, verbe transitif apparu vers 980 signifiant 'détruire, ravager'.
les maigres récoltes.
Seule la cruelle pauvreté de son domaine, véritable
garrigue, garrigue, nom féminin emprunté en 1544 au provençal gariga (vers 1120) désignant un terrain aride.
constitué principalement de terres
emblavées emblaver, verbe transitif dont le participe passé est attesté dès 1242 pour désigner une terre ensemencée en blé. Le verbe signifie aujourd'hui 'semer des céréales'.
bordées d'allées de vignes
empêchait empêcher, verbe transitif apparu vers 1120 signifiant 'mettre dans l'impossibilité d'agir'.
qu'il
appliquât Note grammaticale : La phrase débutant par un verbe à l'imparfait '… empêchait…', la concordance des temps exige que nous employions ici l'imparfait du subjonctif. Le français moderne permettrait cependant l'emploi du présent du subjonctif '…qu'il applique…'.
le
complant complant, nom masculin apparu en 1231 pour désigner un contrat qui unissait un propriétaire terrien et un paysan qui exploitait la terre de ce dernier. Chacun conservait la moitié de la récolte. Seul le verbe complanter perdure avec le sens de 'planter un terrain d'espèces différentes'. Le mot fut remplacé vers 1840 par métayage, de l'ancien français moitoiage , dérivé de l'ancien verbe moitoier'partager, diviser par moitié' (1155).
pratiqué sur des terres plus fertiles.
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Jean prisait se gausser et voulu derechef inquiéter sa tendre et naïve Alexandra que cette convocation soudaine avait mise en émoi. Rentrant à la brune, il se composa un visage déconfit pour franchir l'huis de sa pauvrette demeure. Il ne put cependant contenir son égaiement très longtemps et annonça vitement aux siens la nouvelle qui les ébaudit tous. Le lendemain, son Alexandra, ne lui tenant aucune rigueur de l'affolement qu'il lui avait causé la veille, lui offrit même un petit déduit matutinal quasi peccamineux tant elle était heureuse. La nouvelle se répandit incontinent dans la banlieue. Jean n'eut aucun mal à faire fi des brocards des quelques envieux qui prétendaient à qui mieux mieux que la tâche lui messeyait. Toute leur malignité était largement compensée par les appuis de la majorité des fâchers qui venaient le congratuler et voyaient en lui un protecteur qui saurait les traiter avec sollicitude afin de les inciter à se prendre en main pour améliorer leur situation.  
 
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Mot Annotation
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Jean
prisait priser, verbe transitif apparu en 1080 avec le sens de 'estimer, accorder de la valeur'. Il est aujourd'hui synonyme de 'apprécier, aimer'. Ne pas confondre avec l'homonyme, apparu en 1807 et signifiant 'aspirer du tabac'.
se gausser se gausser, verbe pronominal d'origine incertaine apparu vers 1580 signifiant 'plaisanter, se moquer de quelque chose ou de quelqu'un'.
et voulu
derechef derechef, adverbe apparu en 1138 sous la forme de rechief signifiant 'à nouveau'.
inquiéter inquiéter, verbe transitif apparu vers 1170 dans le sens de 'troubler la tranquillité, tourmenter'.
sa tendre et naïve Alexandra que cette
convocation convocation, nom féminin apparu en 1341 désignant l'action de convoquer signifiant au XIVe s. 'appeler, faire venir à soi de manière impérative'. L'idée d'autorité, d'obligation est disparue au XIXe s.
soudaine soudaine, adjectif apparu vers 1210 pour désigner ce qui survient brusquement, provoquant une certaine surprise.
avait mise en
émoi. émoi, nom masculin apparu vers 1175 pour désigner un trouble provoqué par la crainte ou l'inquiétude.
Rentrant à la
brune, à la brune, locution adverbiale apparue vers 1640 signifiant 'au crépuscule, quand il commence à faire sombre'. Au Québec on utilise plus volontiers l'expression 'à la brunante'.
il se
composa composer, verbe transitif apparu vers 1120 avec le sens de 'assembler les éléments en un tout'. Par extension il a signifié 'élaborer une apparence' (1559, composer son visage).
un visage
déconfit déconfire, verbe transitif apparu en 1080 signifiant 'défaire un ennemi'. Seul le participe passé adjectivé demeure dans le sens de 'battu, défait'.
pour franchir l'
huis huis, nom masculin apparu en 1050 signifiant 'porte'. Il n'est plus employé que dans l'expression 'à huis clos'.
de sa
pauvrette pauvret, adjectif apparu en 1267, synonyme de pauvre (1050).
demeure. Il ne put cependant
contenir contenir, verbe transitif apparu en 1050 signifiant 'enfermer en soi, réprimer'.
son
égaiement égaiement, nom masculin apparu vers1175 signifiant 'joie, plaisir'. Ne pas confondre avec égaillement apparu en 1870 et signifiant 'dispersement, éparpillement'.
très longtemps et annonça
vitement vitement, adverbe apparu vers 1155, dérivé de vite alors adjectif. À partir du XVIe s., vite s'est aussi employé comme adverbe et a supplanté vitement.
aux siens la nouvelle qui les
ébaudit ébaudir, verbe transitif apparu vers 1223 signifiant 'étonner, surprendre'.
tous.
Le lendemain, son Alexandra, ne lui tenant aucune
rigueur rigueur, nom féminin apparu vers 1283 signifiant 'sévérité, inflexibilité'. La locution tenir rigueur à au sens de 'garder du ressentiment pour' est apparue en 1538.
de
l'affolement affolement, nom masculin apparu en 1217 pour désigner l'état de celui qui est devenu fou. Il a aussi signifié 'hâte, précipitation'. Il est aujourd'hui synonyme de 'inquiétude'.
qu'il lui avait causé la veille, lui offrit même un petit
déduit déduit, substantif du participe passé du verbe déduire apparu vers 1160 pour désigner un divertissement amoureux, notamment l'amour physique.
matutinal matutinal, adjectif apparu vers 1190, synonyme de matinal mais avec une connotation plus joyeuse. On parlera d'un labeur matinal mais d'un plaisir matutinal.
quasi quasi, adverbe signifiant 'presque' apparu vers 980.
peccamineux peccamineux, adjectif apparu au XVIIe s., emprunté au latin médiéval peccaminus (XIIIe s.) 'de la nature du péché'.
tant elle était heureuse. La nouvelle se répandit
incontinent incontinent, adverbe apparu au XIIIe s. signifiant 'sur le champ'. Il est issu de la formule latine in continenti tempore, 'dans le temps qui suit immédiatement'. A ne pas confondre avec l'adjectif ' incontinent ', signifiant quelqu'un qui ne peut se retenir d'uriner.
dans la
banlieue. banlieue, nom féminin apparu en 1185 pour désigner l'espace d'environ une lieu (4 km) autour d'un château, puis d'une ville, dans lequel le seigneur avait juridiction et où s'appliquait la loi du ban.
Jean n'eut aucun mal à
faire fi faire fi de, locution apparue en 1828 avec le sens de 'dédaigner' née de l'interjection fi (1178) du latin ficum 'fumier'. Fi, suivi d'un nom exprimait le dédain, le mépris.
des
brocards brocard, nom masculin apparu vers 1373-1377, d'abord écrit brocart désignant une raillerie, une parole blessante. Ne pas confondre avec son homonyme apparu vers 1394 pour désigner en cerf d'un an ni avec brocart emprunté en 1519 à l'italien broccato et désignant une étoffe de soie brodée d'or ou d'argent.
des quelques
envieux envieux, nom masculin apparu vers 1120-1150 désignant celui qui est jaloux.
qui
prétendaient prétendre, verbe transitif apparu en 1320 avec le sens de 'demander, réclamer (un droit)'. Cependant, dès 1380, il a aussi été utilisé pour exprimer l'idée d''affirmer'.
à qui mieux mieux à qui mieux mieux, locution adverbiale signifiant 'chacun plus que l'autre'. Apparue en 1489, en remplacement de qui mialz mialz attestée dès 1170.
que la tâche lui
messeyait. messeoir, verbe intransitif apparu vers 1220 avec le sens de 'mal convenir'.
Toute leur
malignité malignité, nom féminin apparu vers 1120 avec le sens de 'méchanceté, malveillance'.
était
largement largement, adverbe apparu vers 1176-1184 expriment l'idée d'abondance.
compensée par les appuis de la
majorité majorité, nom féminin apparu en 1290 avec le sens de 'supériorité en nombre'.
des
fâchers fâcher, nom masculin, synonyme de 'fachier', apparaissant dans certains textes. C'est à la fin du XVe s. que le verbe fâcher est apparu avec le sens de 'causer du déplaisir, mettre en colère'.
qui venaient le
congratuler congratuler, verbe transitif apparu avant 1356. Il a d'abord été employé au sens intransitif de 'se réjouir avec quelqu'un'. Il a pris le sens de 'féliciter' en 1546.
et voyaient en lui un
protecteur protecteur, nom masculin apparu en 1234 avec le sens de 'défenseur, celui qui protège'.
qui saurait les traiter avec
sollicitude sollicitude, nom féminin apparu en 1265 avec le sens de 'inquiétude, soucis'. C'est à compter de 1370 environ qu'il a pris le sens de 'soins attentifs à l'égard d'une personne', seul sens encore vivant aujourd'hui.
afin de les inciter à se
prendre en main prendre en main (quelqu'un ou quelque chose) , locution verbale apparue vers 1160, signifiant 'prendre possession de'. Aujourd'hui, l'expression signifie plutôt 'se charger de'.
pour améliorer leur situation.
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