Mot | Annotation |
---|---|
Texte imprimable par l'icône d'imprimante située dans le coin supérieur gauche de l'écran. | |
Fiche 1. Pourquoi dit-on un | |
cheval | |
, mais des | |
chevaux? | |
Comme on peut le constater dans les transformations, la réponse se trouve dans l'évolution phonétique des deux mots qui ont été soumis, en raison de leurs constitutions phoniques différentes, à des règles de transformations différentes. | |
En effet, le nom singulier | |
cheval | |
est issu de | |
caballum | |
(ca-BAL-loum), et le nom pluriel | |
chevaux | |
est issu de | |
caballos | |
(ca-BAL-loss). | |
|
|
X | |
, et non pas un | |
S | |
dans la graphie de | |
CHEVAUX | |
? | |
Le linguiste Bernard Cerquiglini vous le dit à cette adresse. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: André Bougaïeff
|
|
CABALLUM | |
cheval [ʃə.'val] | |
[ka.'bal.lum] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
[ka.'bal.lu] | |
R7. Des voyelles du latin classique … tardif : a [a]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
[ka.'bal.lo] | |
R10. Affaiblissement de [b] entre voyelles [v] |
Affaiblissement des consonnes [p] et [b], et aussi [t] et [d]. IIIe s. Entre deux voyelles ou entre une voyelle et la vibrante [r], les consonnes bilabiales [p] et [b] sont devenues [v], fricative labiodentale voisée: rīpam rive De même, l'occlusive non voisée occlusive dentale [t] est devenue la voisée [d], et l'occlusive dentale [d] est devenue fricative interdentale [ð] : matūrum (mûr) [ma.du.ro] |
[ka.'val.lo] | |
R16 Palatalisation de la consonne [k] en gallo-roman central: [ka] [tʃa] |
Ve s.
Les occlusives vélaires [g] et [k] en début de mot ou précédées d'une consonne se sont palatalisées devant la voyelle [a]. La syllabe [ka] est devenue la syllabe [ga] est devenue CArrum char
|
[t∫a.'val.lo] | |
R18. Loi de Bartsch (1er temps): [tʃa] en syllabe ouverte [t͜ʃe] |
VIe s. Après la palatalisation de [g] et [k], les syllabe [t͜ʃa] et [d͜ʒa] en syllabe ouverte, tonique ou atone, sont devenues [t͜ʃe] (tché) et [d͜ʒe] (djé): CArum (cher) devenue ['t͜∫a.ro] est passée à ['t͜∫e.ro] CAnem (chien) devenue ['t͜∫a.ne] est passée à ['t͜∫e.ne] GAllīnam (gelinotte) devenue [dʒa.'li.na] est passée à [dʒe.'li.na]
|
[t∫e.'val.lo] | |
R19. Simplification des consonnes géminées: [ll] [l] |
VIIe s. L'affaiblissement des consonnes entre voyelles a touché les consonnes géminées bb, pp, tt, kk, nn, mm, ff (plus tard pour ss et rr), qui se sont simplifiées. Les clercs les ont réintroduites dans l'orthographe pour diverses raisons, dont celle de redonner aux mots un peu de la forme qu'ils avaient en latin: caballum [ka.'bal.lum] cheval
|
[t∫e.'va.lo] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CVC) |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[t∫e.'val] | |
R27. Loi de Bartsch (3e temps): [t͜ʃe] atone en syllabe ouverte [t͜ʃə] |
XIe s. La syllabe [tʃe] (tché), issue de [tʃa] (v. R18 Loi de Bartsch, 1er temps) en syllabe ouverte atone est devenue [t͜ʃə] (tche): ˚caballum (cheval) [t͜∫e.'va.lo] [t͜∫ə.'val] gallīnam (geline) [d͜ʒe.'li.na] [d͜ʒə.'li.nə]
|
[t∫ə.'val] | |
R35. Simplification des consonnes affriquées: [tʃ] [ʃ] |
XIIIe s. 1. [t͜s] issu de la palatalisation romane de [k] est devenu [s]: cīmam (cime) ['t͜si.ma] [si.mə] Francia (France) ['fran.t͜sja] [frɑ᷉.sə] 2. [d͜ʒ] (dj) issu de la palatalisation romane de [g] est devenu [ʒ] (j): argīllam (argile) [ar.'d͜ʒil.la] [ar.'ʒi.lə] 3. [t͜∫] (tch) et [d͜ʒ] (dj) issus de la palatalisation en gallo-roman central sont devenus [∫] (ch) et [ʒ] (j): carrum (char) [ʹt͜∫ar] [ʹ∫ar]
|
[∫ə.'val] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVe s. Jusqu'au XIVe s., la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi] Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification). |
[∫ə.'va] | |
R40. Retour de la consonne finale |
XVIIe s. Entre le XIIIe et le XVIe s., bien des consonnes finales des mots s'étaient amuïes (voir R38), notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne: un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur. En revanche, les consonnes finales se maintenaient dans la prononciation lorsque le mot qui suivait commençait par une voyelle: un œuf entier. Autrement dit, les consonnes finales ont toujours été plus ou moins présentes, et dans l'esprit des locuteurs, et dans les graphies. À partir du XVIe s., et encore plus au XVIIe s., les grammairiens ont prescrit la prononciation des consonnes finales quel que soit le contexte linguistique: dans certains cas, les consonnes finales ont été réintroduites dans l'usage: œuf, écureuil, miroir, finir; dans d'autres cas, ces consonnes finales ont été réintroduites de façon variable: sourcil [suʁ.sil] ~ [souʁ.si] cerf [sεʁf] ~ [sεʁf] dans d'autres, pas du tout: clef [kle] aimer [ε.me]
|
[∫ə.'val] | |
…/2 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Luc Ostiguy
|
|
CABALLOS | |
chevax, chevaulx, chevaux [ʃə.'vo] | |
[ka.'bal.los] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale : Maintien de la flexion du pluriel |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
R7. Des voyelles du latin classique … tardif: a [a]; o atone [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
R10. Affaiblissement de [b] entre voyelles [v] |
Affaiblissement des consonnes [p] et [b], et aussi [t] et [d]. IIIe s. Entre deux voyelles ou entre une voyelle et la vibrante [r], les consonnes bilabiales [p] et [b] sont devenues [v], fricative labiodentale voisée: rīpam rive De même, l'occlusive non voisée occlusive dentale [t] est devenue la voisée [d], et l'occlusive dentale [d] est devenue fricative interdentale [ð] : matūrum (mûr) [ma.du.ro]
|
[ka.'val.los] | |
R16. Palatalisation de la consonne [k] en gallo-roman central: [ka] [tʃa] |
Ve s.
Les occlusives vélaires [g] et [k] en début de mot ou précédées d'une consonne se sont palatalisées devant la voyelle [a]. La syllabe [ka] est devenue la syllabe [ga] est devenue CArrum char; |
[t∫a.'val.los] | |
R18. Loi de Bartsch (1er temps): [tʃa] en syllabe ouverte [t͜ʃe] |
VIe s. Après la palatalisation de [g] et [k], les syllabe [t͜ʃa] et [d͜ʒa] en syllabe ouverte, tonique ou atone, sont devenues [t͜ʃe] (tché) et [d͜ʒe] (djé): CArum (cher) devenue ['t͜∫a.ro] est passée à ['t͜∫e.ro]; CAnem (chien) devenue ['t͜∫a.ne] est passée à ['t͜∫e.ne]; GAllīnam (gelinotte) devenue [dʒa.'li.na] est passée à [dʒe.'li.na]. |
[t∫e.'val.los] | |
R19. Simplification des consonnes géminées: [ll] [l] |
VIIe s. L'affaiblissement des consonnes entre voyelles a touché les consonnes géminées bb, pp, tt, kk, nn, mm, ff (plus tard pour ss et rr), qui se sont simplifiées. Les clercs les ont réintroduites dans l'orthographe pour diverses raisons, dont celle de redonner aux mots un peu de la forme qu'ils avaient en latin: caballum [ka.'bal.lum] cheval
|
[t∫e.'va.los] | |
R22.1. Amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CVC) |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[t∫e.'vaɫs] | |
R27. Loi de Bartsch (3e temps): [t͜ʃe] atone en syllabe ouverte [t͜ʃə] |
XIe s. La syllabe [tʃe] (tché), issue de [tʃa] (v. R18 Loi de Bartsch, 1er temps) en syllabe ouverte atone est devenue [t͜ʃə] (tche): ˚caballum (cheval) [t͜∫e.'va.lo] [t͜∫ə.'val] gallīnam (geline) [d͜ʒe.'li.na] [d͜ʒə.'li.nə]
|
[t∫ə.'vaɫs] | |
R30. Vocalisation de [ɫ] suivie d'une consonne [w] |
XIe s. La consonne [ɫ] (l) est devenue la semi-voyelle [w] devant une autre consonne (s pluriel, par exemple); cette dernière s'est amalgamée alors à la voyelle précédente pour former une diphtongue: Nota Bene. En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne[l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils prononcent le mot all. 30.1. [aɫ] [a͜w] (ao): saltum (saut) ['saɫt] [sa͜wt] 30.2. [eɫ] [e͜w] (éo): capillos (cheveux) [t͜∫e.'veɫs] [t͜∫ǝ.'ve͜ws] 30.3. [ɛɫ] [ea͜w] (éao):
bellos (beaux) ['bεɫs] ['bea͜ws] 30.4 [oɫ]~ [ɔɫ] [o͜w] : colaphum [koɫp] [ko͜wp]
|
[t∫ə.'va͜ws] | |
R35. Simplification des consonnes affriquées: [tʃ] [ʃ] |
XIIIe s. 1. [t͜s] issu de la palatalisation romane de [k] est devenu [s]: cīmam (cime) ['t͜si.ma] [si.mə] 2. [d͜ʒ] (dj) issu de la palatalisation romane de [g] est devenu [ʒ] (j): argīllam (argile) [ar.'d͜ʒil.la] [ar.'ʒi.lə] 3. [t͜∫] (tch) et [d͜ʒ] (dj) issus de la palatalisation en gallo-roman central sont devenus [∫] (ch) et [ʒ] (j): carrum (char) [ʹt͜∫ar] [ʹ∫ar]
|
[∫ə.'va͜ws] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale. |
XVIe s. Morin (1986: 218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au XVIe s. (miroiR miroi'; sourciL sourci'; aimeR [e.mer] [e.me]). Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dure un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.). En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient.
|
[∫ə.'va͜w] | |
R42. Monophtongaison des diphtongues (2e vague): [a͜w] [o] |
XVIIe s. 1. [a͜w] (ao) issu de la vocalisation de l ([aɫ] [a͜w]) (v. R30) est devenu [o]: saltum (saut) ['saɫt] [sa͜w] [so] 2. [ea͜w] (éao) issu de la vocalisation de l ([εɫ] [ea͡w]) (v. R30) est devenu [o]: bellos (beaux) ['bεɫs] ['bea͜w] ['bo]
|
[∫ə.'vo] | |
…/3 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 2. Pourquoi dit-on | |
un œuf, | |
mais | |
des œu(fs)? | |
Comme on peut le constater dans les transformations, la réponse se trouve simplement dans l'évolution phonétique des deux mots qui ont été soumis, en raison de leurs constitutions phoniques différentes, à des règles de transformations différentes. | |
En effet, les mots | |
œuf | |
et | |
œufs | |
, | |
issus respectivement de | |
ovum | |
(O-woum) | |
et | |
ovos | |
(O-woss), | |
ont connu des évolutions phonétiques différentes en raison de leurs constitutions phoniques respectives. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
ŌVUM | |
°ovum uef, œuf [œf] | |
['o.wum] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['o.wu] | |
R7. Des voyelles du latin classique … tardif: o tonique [ɔ] ; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['ɔ.wo] | |
R8. [w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin |
['ɔ.vo] | |
R11. Diphtongaison romane de [ɔ] du latin tardif (1er temps) [w͜͜ɔ] |
IIIe s. Les voyelles [ɛ] (è) et [ɔ] (o, comme dans sotte) toniques se sont diphtonguées en syllabe ouverte et dans les monosyllabes et sont devenues respectivement [j͜e] (yé) et [w͜ɔ] (wò): mel (miel) ['mεl] ['mj͜el]
|
['w͜ɔ.vo] | |
R22.1. Amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CV) |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
['w͜ɔv] | |
R24. Dévoisement de la consonne finale : [v] [f] |
VIIIe s. Lorsque les voyelles atones finales sont disparues, les consonnes finales voisées se sont automatiquement dévoisées (assourdies): [v] est devenu [f] grandem ['gran.de] [grand] grant (plus tard, grand) pedem ['pj͜e.de] [pj͜ed] piet (plus tard, pied) salvum ['saɫ.vo] [saɫv] salf, sauf Cette consonne non voisée s'entend toujours en français moderne dans certains adjectifs ou noms quand ces derniers se lient à un autre mot commençant par une voyelle: grand ͜ ami 'grand t-ami'
Il s'agit de la question des liaisons, dont on trouve un bon tableau chez
|
['w͜͜ɔf] | |
R32 Diphtongaison romane de [ɔ] du latin tardif (2e temps): [w͜ɔ] [w͜e] |
XIIe s. La diphtongue [w͜ɔ] (wò), issue de la voyelle [ɔ] (ò) en syllabe ouverte tonique ou en monosyllabe (v. R10 Diphtongaison romane, 1er temps), est devenue [w͜e]: cor (cœur) ['kw͜ɔr] ['kw͜er] molam (meule) ['mw͜ɔ.la] ['mw͜e.lə]
|
['w͜ef] | |
R34.2 Monophtongaison des diphtongues (1re vague): [w͜e] [ø] (eu) |
XIIe -XIVe s. À partir du XIIe s., les diphtongaisons qui s'étaient développées au courant du premier millénaire commencent à se monophtonguer, c'est-à-dire passent d'une voyelle complexe constituée de deux timbres à une voyelle à un seul timbre. 34.2. [w͜e] (oé) issu de la diphtongaison romane ([w͜ɔ] [w͜e]) est devenu [ø] (eu, comme dans eux): cor (cœur) ['kw͜ɔr] ['kw͜er] ['kør] molam (meule) ['mw͜ɔ.la] ['mw͜e.lə] ['møl]
|
[øf] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s.
Morin (1986:218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[ø] | |
R40. Retour de la consonne finale |
XVIIe s. Entre le XIIIe et le XVIe s., bien des consonnes finales des mots s'étaient amuïes (voir R37), notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne: un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur. En revanche, les consonnes finales se maintenaient dans la prononciation lorsque le mot qui suivait commençait par une voyelle: un œuf entier. Autrement dit, les consonnes finales ont toujours été plus ou moins présentes, et dans l'esprit des locuteurs, et dans les graphies. À partir du XVIe s., et encore plus au XVIIe s., les grammairiens ont prescrit la prononciation des consonnes finales quel que soit le contexte linguistique: dans certains cas, les consonnes finales ont été réintroduites dans l'usage: œuf, écureuil, miroir, finir; dans d'autres cas, ces consonnes finales ont été réintroduites de façon variable: sourcil [suʁ.sil] ~ [souʁ.si]; cerf [sεʁf] ~ [sεʁf]; dans d'autres, pas du tout: clef [kle], aimer [ε.me]. |
[øf] | |
R41. Ouverture de [ø] tonique en syllabe fermée [œ] |
XVIe - XVIIIe s. La voyelle [e] (é) est devenue [ε] en syllabe fermée. Pour ce qui est de [ø], il est devenu [œ], sauf lorsqu'il était suivi de [z] (menteuse) et qu'il était étymologiquement long (meute, jeûne, beugle, feutre). (Note : dans le français actuel, la prononciation [œ] devant [z] s'entend encore dans le sud de la France.) |
[œf] | |
.../4 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Luc Ostiguy
|
|
ŌVOS | |
°ovos ues, œufs [ø] | |
['o.wos] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale de flexion du pluriel |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['o.wos] | |
R7. Des voyelles du latin classique … tardif: o tonique [ɔ]; o atone [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['ɔ.wos] | |
R8. [w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin; vītam ['wi:.tam] vie |
['ɔ.vos] | |
R11. Diphtongaison romane de [ɔ] du latin tardif (1er temps) [w͜͜ɔ] |
IIIe s. Les voyelles [ɛ] (è) et [ɔ] (o, comme dans sotte) toniques se sont diphtonguées en syllabe ouverte et dans les monosyllabes et sont devenues respectivement [j͜e] (yé) et [w͜ɔ] (wò): mel (miel) ['mεl] ['mj͜el]
|
['w͜ɔ.vos] | |
R22.1. Amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CVC) |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
['w͜͜ɔvs] | |
R26. Amuïssement de la consonne finale devant consonne: [vs] [s] |
IXe s. La plupart des consonnes se sont amuïes suivies d'une consonne, notamment le [s] de flexion pluriel: chamPs (champs) chams verMs (vers) vers bueFs (bœufs) bues clerCs clers
|
['w͜ɔs] | |
R32. Diphtongaison romane de [ɔ] du latin tardif (2e temps): [w͜ɔ] [w͜e] |
XIIe s. La diphtongue [w͜ɔ] (wò), issue de la voyelle [ɔ] (ò) en syllabe ouverte tonique ou en monosyllabe (v. R10 Diphtongaison romane, 1er temps), est devenue [w͜e]: cor (cœur) ['kw͜ɔr] ['kw͜er] molam (meule) ['mw͜ɔ.la] ['mw͜e.lə]
|
['w͜es] ues | |
(graphie médiévale) | |
R34.2. Monophtongaison des diphtongues (1re vague): [w͜e] [ø] |
XIIe -XIVe s. À partir du XIIe s., les diphtongaisons qui s'étaient développées au courant du premier millénaire commencent à se monophtonguer, c'est-à-dire passent d'une voyelle complexe constituée de deux timbres à une voyelle à un seul timbre. 34.2. [w͜e] (oé) issu de la diphtongaison romane ([w͜ɔ] [w͜e]) est devenu [ø] (eu, comme dans eux): cor (cœur) ['kw͜ɔr] ['kw͜er] ['kør]
molam (meule) ['mw͜ɔ.la] ['mw͜e.lə] ['møl]
|
['øs] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s. Morin (1986: 218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au XVIe s. (miroiR miroi'; sourciL sourci'; aimeR [e.mer] [e.me]). Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
['ø] | |
.../5 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 3. Comment expliquer que le mot | |
pierre soit relié à | |
soit relié à | |
pétrifier | |
? | |
Comme on peut le constater, l'étymon latin | |
petram | |
(PÉ-tramm), dont découle le mot | |
pierre | |
, | |
possède un peu de la forme du mot | |
pétrifier | |
. | |
En fait, ce dernier est une construction à partir du latin | |
petram | |
(pierre) et du suffixe français | |
–(i)fier. | |
Selon Rey (2016), ce mot aurait été attesté une première fois en 1580 pour signifier 'changer en pierre' (Double latinisation du français). |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: André Bougaïeff
|
|
PETRAM | |
piedre pierre ['pjεʁ] | |
['pe.tram] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['pe.tra] | |
R7. Des voyelles du latin classique … du latin tardif: e tonique [ε]; a [a] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['pε.tra] | |
R10. Affaiblissement de la consonne [t] [d] |
Affaiblissement des consonnes [p] et [b], et aussi [t] et [d]. IIIe s. Entre deux voyelles ou entre une voyelle et la vibrante [r], les consonnes bilabiales [p] et [b] sont devenues [v], fricative labiodentale voisée: rīpam rive; De même, l'occlusive non voisée occlusive dentale [t] est devenue la voisée [d], et l'occlusive dentale [d] est devenue fricative interdentale [ð] : matūrum (mûr) [ma.du.ro]
|
['pε.dra] | |
R11. Diphtongaison romane de [ε] du latin tardif (1er temps) [j͜e] |
IIIe s. Les voyelles [ɛ] (è) et [ɔ] (o, comme dans sotte) toniques se sont diphtonguées en syllabe ouverte et dans les monosyllabes et sont devenues respectivement [j͜e] (yé) et [w͜ɔ] (wò): mel (miel) ['mεl] ['mj͜el] pedem (pied) ['pε.de] ['pj͜e.de] (PJÉ-dé) cælum (ciel) ['kε.lo] ['kj͜e.lo] molam (meule) ['mɔ.la] ['mw͜ɔ.la]
|
['pj͜e.dra] | |
R22.2. Affaiblissement de la voyelle atone finale: [a] [ə] |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.2. La voyelle atone finale [a] est devenue [ə] (e), comme dans: bellam (belle) devenu ['bε.la] en latin tardif, ensuite, belle ['bε.lə] cantat (il chante) devenu ['t͜∫an.tat] en latin tardif, ensuite chante. La présence de cette voyelle finale [ə] (e) a contribué phonétiquement à l'opposition féminin / masculin: bellam belle vs bellum ['bε.lo] bel, beau salvam sauve vs salvum ['saɫ.vo] sauf novam neuve vs novum ['nɔ.vo] neuf
|
['pj͜e.drə] | |
R29. Affaiblissement du groupe de consonnes final tr [rr] |
XIe s. Entre voyelles, les groupes [tr] ou [dr] sont devenus rr ou r: petram piedre pierre °quadrifurcu carrefour patrem pedre père
|
['pj͜er.rə] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVe s., la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification) |
['pj͜er] | |
R41. Ouverture de [e] tonique en syllabe fermée [ε] |
XVIe - XVIIIe s. La voyelle [e] (é) est devenue [ε] en syllabe fermée. Pour ce qui est de [ø], il est devenu [œ], sauf lorsqu'il était suivi de [z] (menteuse) et qu'il était étymologiquement long (meute, jeûne, beugle, feutre). (Note : dans le français actuel, la prononciation [œ] devant [z] s'entend encore dans le sud de la France.) |
['pj͜εr] | |
R44. Évolution de r [r] [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
['pj͜εʁ] | |
.../6 |
Pour plus de détails, veuillez vous reporter à cette adresse.
Mot | Annotation |
---|---|
En 1582, par la bulle pontificale Inter gravissimas, le pape Grégoire XIII a supprimé dix jours du mois d'octobre pour permettre le remplacement du calendrier julien (introduit en l'an 46 avant notre ère par l'empereur romain Jules César) par le calendrier grégorien, utilisé aujourd'hui dans la plupart des pays. Pour plus de détails, veuillez vous reporter à cette adresse. |
|
Quelle différence y a-t-il entre un | |
chiffre | |
, un | |
nombre | |
et un | |
numéro | |
? | |
Découvrez-la | |
à cette adresse. | |
Fiche 4. Quel est le rapport entre les mots | |
nombre | |
et | |
numéro | |
? | |
Si le mot latin | |
numerum | |
(NOU-mé-roum) est devenu | |
nombre | |
, d'où vient alors le mot | |
numéro | |
? | |
Ce dernier est un emprunt que les Français ont fait à l'italien en 1589. | |
Les mots | |
nombre | |
et | |
numéro | |
sont donc deux formes issues du même étymon, mais appartenant à des langues romanes différentes. Cela illustre bien le fait que le même mot latin peut produire des rejetons différents suivant les langues. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
NUMERUM | |
nombre [nɔ̃br] | |
['nu.me.rum] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['nu.me.ru] | |
R4. Syncope de la voyelle atone en syllabe ouverte à l'intérieur de mot |
Ier-IIe s.
Les voyelles latines qui ne se trouvaient pas dans une syllabe tonique (accentuée), donc atones, ont chuté lorsqu'elles étaient dans une syllabe ouverte à l'intérieur d'un mot : ancOram ancra ancre clērIcum clērcu clerc simUlāre simlāre sembler tabUlam tabla table pōsItum pōstu poste Seule la voyelle [a] dans cette position semble y avoir échappé: parAdīsum paraïs (paradis) Nota Bene : le cas de [l] qui devient [ɫ] à la suite de la syncope. En latin, la consonne [l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all. Ainsi, lorsque la voyelle e de molEre a été affectée par la syncope ( molre), la consonne [l] [ɫ].
|
['num.ru] | |
R7. Des voyelles du latin classique … du latin tardif: o atone [o]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['nom.ro] | |
R13. Épenthèse consonantique |
IVe s.
Il y a eu formation d'une consonne occlusive de même point d'articulation que la consonne qui précède (dite homorganique) entre deux consonnes 1) départagées dans deux syllabes, 2) dont la première consonne est [m], [n] ou [l] et la seconde, [r] ou [l]: [m.r] [m.br] [ɫ.r] [ɫ.dr] [m.l] [m.bl] [n.r] [n.dr]. Ainsi, sim(u)lāre sembler num(e)rum nombre gen(e)ris gendre De même apparaît une consonne occlusive entre [s] ou [z] et [r]: [s.r] [s.tr] [z.r] [z.dr] Ainsi, cōnsuere ˚cōs(e)re cosdre, coudre esse ˚es(se)re estre, être Nota Bene : le cas de [l] qui se prononce [ɫ]. En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all.
|
['nom.bro] | |
R22.3. Affaiblissement de la voyelle atone finale (syllabe CCV) |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.3. Lorsque les voyelles atones finales [e] (é) et [o] se trouvaient dans une syllabe de forme Consonne + [r] ou [l] + [e] ou [o] (syllabe CCV#), elles ont abouti, comme [a], à la voyelle [ə] (e): patrem devenu ['pa.dre] en latin tardif, ensuite pedre ['pe.drǝ] père duplum devenu ['do.blo] en latin tardif, ensuite doble ['do.blǝ] double nostrum devenu ['nɔs.tro] en latin tardif, ensuite nostre ['nɔs.trǝ] nôtre ˚ab oculem devenu [a.'vw͜ɔ.gle] en latin tardif, ensuite [a.'vw͜ɔ.glǝ] aveugle
|
['nom.brǝ] | |
R36. Nasalisation des voyelles |
XIIIe s.
À partir du XIIIe, toutes les voyelles suivies d'une consonne nasale, [m], [n] ou [ɲ] (gn), se sont nasalisées et sont devenues les voyelles nasales [ɑ᷉], [ε᷉], [ɔ᷉] et [œ᷉]. Toutefois, en français moderne, seules les voyelles suivies d'une consonne nasale comprise dans la même syllabe sont demeurées nasales. Ainsi, annum ['an.num] (an) est devenu [ɑ̃n], ensuite [ɑ᷉] fīnum ['fi.num] (fin) est devenu [fĩn], ensuite [fɛ᷉] truncum ['trun.kum] (tronc) est devenu [tro᷉nk], ensuite [tʁɔ᷉] ūnum ['u:.num] (un) est devenu [y᷉n], ensuite [œ᷉]. Quant à celles dont la consonne nasale ne se trouvait pas dans la même syllabe, mais plutôt dans la suivante, elles se sont dénasalisées au cours des siècles suivants: annāta (année) est devenu [ɑ᷉.'ne.ə], ensuite [a.'ne] fīnam (fine) est devenu ['fĩ.nə], ensuite [fin] bonam (bonne) est devenu ['bɔ᷉.nə], ensuite [bɔn] ūnam (une) est devenue [ỹ.nə], ensuite [yn]
|
['nɔ̃.brǝ] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVe s., la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe. (voir les termes diérèse et synérèse en versification.) |
['nɔ̃br] | |
R44. Évolution de r [r] [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
['nɔ̃bʁ] | |
.../7 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 5. Quel est le rapport entre les mots | |
armure | |
et | |
armature | |
? | |
Si le mot latin | |
armatūram | |
(ar-ma-TOU-ramm), après plus de quinze siècles de transformation, est devenu | |
armure | |
, d'où provient alors le mot | |
armature | |
? | |
Ce dernier est un emprunt savant au latin médiéval armatura désignant, en architecture au XIIe s., la charpente sur laquelle on construit une voûte. | |
Les mots | |
armure | |
et | |
armature | |
illustrent bien cette double latinisation du français, l'une, | |
armure | |
, par la voie de l'évolution phonétique, l'autre, | |
armature | |
, par emprunt en vue de l'enrichissement de la langue française en mots nouveaux (Double latinisation du français). |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Luc Ostiguy
|
|
ARMATŪRA | |
armeüre armure [aʁ.myʁ] | |
[ar.ma.'tu:.ram] | |
R1. Amuïssement de la consonne latine |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
[ar.ma.'tu:.ra] | |
R7. Des voyelles du latin classique … latin tardif: ū [u]; a [a] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
[ar.ma.'tu.ra] | |
R10. Affaiblissement de la consonne [t] entre voyelles [d] |
Affaiblissement des consonnes [p] et [b], et aussi [t] et [d]. IIIe s. Entre deux voyelles ou entre une voyelle et la vibrante [r], les consonnes bilabiales [p] et [b] sont devenues [v], fricative labiodentale voisée: rīpam rive; De même, l'occlusive non voisée occlusive dentale [t] est devenue la voisée [d], et l'occlusive dentale [d] est devenue fricative interdentale [ð] : matūrum (mûr) [ma.du.ro]
|
[ar.ma.'du.ra] | |
R22.2. Affaiblissement de la voyelle atone finale: [a] [ə] |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.2. La voyelle atone finale [a] est devenue [ə] (e), comme dans: bellam (belle) devenu ['bε.la] en latin tardif, ensuite, belle ['bε.lə] La présence de cette voyelle finale [ə] (e) a contribué phonétiquement à l'opposition féminin / masculin: bellam belle vs bellum ['bε.lo] bel, beau
|
[ar.ma.'du.rә] | |
R23. Affaiblissement de la voyelle atone pré-tonique : [a] [ә] |
VIIIe s. Les voyelles atones [a], [e] et [o] sont devenues [ə] quand elles se trouvaient en syllabe ouverte devant une syllabe tonique: armAturam armEüre armure quadrIforcum carrEfour latrŌcīnium larrEcin
|
[ar.mә.'du.rә] | |
R25. Voyelle [u] issue de ū devient [y] |
VIIIe s. La voyelle ū (ou) est devenue [y] (u) qu'elle soit en syllabe ouverte ou fermée: mūrum (mur); pūrgat (il purge); matūrum (mûr); nutritūram (nourriture). |
[ar.mə.'dy.rə] | |
R28. Amuïssement des consonnes [t] et [d] entre voyelles |
XIe s. Depuis les premiers siècles du premier millénaire, [t] et [d] entre voyelles s'affaiblissaient lentement (v R9). Au XIe s., ces consonnes, du moins ce qu'il en restait encore, se sont définitivement amuïes: matūrum mûr; nūdam nude nue. |
[ar.mə.'y.rә] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVe s. , la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir du XVIIe s.: vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification. |
[ar.mə.'yr] | |
R39. Amuïssement de la voyelle [a] atone pré-tonique |
XVIe s. Après que [a] en syllabe ouverte devant une syllabe tonique s'est affaibli et est devenu [ə] (v. R23), il disparaît complètement: armAturam armEüre armure; imperAtōrem emperEor empereur. |
[ar.'myr] | |
R44. Évolution de r [r] devenu [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
[aʁ.'myʁ] | |
…/8 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 6. | |
Croire | |
, ou | |
craire | |
comme on dit par chez nous au Québec? | |
Les formes | |
croire | |
et | |
craire | |
proviennent du même mot latin : | |
crēdere | |
(CRÉ-dé-ré). Eh bien oui! | |
Les deux mots sont tout aussi nobles l'un que l'autre de par leur ascendance. | |
Comme on peut le voir dans le calendrier des transformations, le son [e͜͜j], issu de la diphtongaison française des voyelles latines ē et i (R. 17.2) a débouché, selon le lieu géographique, sur deux formes différentes. | |
Dans la région parisienne et dans l'est de ce qui est aujourd'hui la France, l'évolution a donné [e͜͜j] [w͜e] (oé), plus tard [wa] (oa), tandis que, dans le nord-ouest et l'ouest, l'évolution a donné [e͜j] [ε] (è). | |
Cette double destinée est à l'origine de l'alternance entre les formes | |
droit | |
et | |
draitte | |
, | |
froid | |
et | |
fraitte | |
, qu'il | |
soit | |
et qu'il | |
saiye. | |
Aujourd'hui, les secondes ne sont plus entendues que dans les français régionaux de France, entre autres en gallo (Haute-Bretagne) et en normand, et en français québécois de registre familier. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
CRĒDERE | |
credre croire [kʁw͜aʁ] | |
['kre:.de.re] | |
R4. Syncope de la voyelle atone en syllabe ouverte à l'intérieur de mot |
Ier-IIe s.
Les voyelles latines qui ne se trouvaient pas dans une syllabe tonique (accentuée), donc atones, ont chuté lorsqu'elles étaient dans une syllabe ouverte à l'intérieur d'un mot : ancOram ancra ancre clērIcum clērcu clerc simUlāre simlāre sembler tabUlam tabla table pōsItum pōstu poste Seule la voyelle [a] dans cette position semble y avoir échappé: parAdīsum paraïs (paradis) Nota Bene : le cas de [l] qui devient [ɫ] à la suite de la syncope. En latin, la consonne [l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all. Ainsi, lorsque la voyelle e de molEre a été affectée par la syncope ( molre), la consonne [l] [ɫ].
|
['kre:.dre] | |
R7. Des voyelles du latin classique … du latin tardif: ē [e]; e atone [e] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['kre.dre] | |
R17.2. Diphtongaison française (1er temps): [e] [e͜j] |
En syllabe ouverte tonique, les voyelles du latin tardif [e] (de ē ou i du latin classique) se sont diphtonguées en syllabe ouverte tonique: 17.2. [e] [e͜j] (éy): tēlam (toile) ['te͜j.la] vēra (voire) ['ve͜j.ra]
|
['kre͜j.dre] | |
R22.3. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CCV) |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.3. Lorsque les voyelles atones finales [e] (é) et [o] se trouvaient dans une syllabe de forme Consonne + [r] ou [l] + [e] ou [o] (syllabe CCV#), elles ont abouti, comme [a], à la voyelle [ə] (e): patrem devenu ['pa.dre] en latin tardif, ensuite pedre ['pe.drǝ] père duplum devenu ['do.blo] en latin tardif, ensuite doble ['do.blǝ] double nostrum devenu ['nɔs.tro] en latin tardif, ensuite nostre ['nɔs.trǝ] nôtre ˚ab oculem devenu [a.'vw͜ɔ.gle] en latin tardif, ensuite [a.'vw͜ɔ.glǝ] aveugle
|
['kre͜j.drə] | |
R29. Affaiblissement du groupe de consonnes final dr r] |
XIe s. Entre voyelles, les groupes [tr] ou [dr] sont devenus rr ou r: petram piedre pierre °quadrifurcu carrefour patrem pedre père
|
['kre͜j.rə] | |
R33. Diphtongaison française (3e temps): Évolution de [e͜j] [we] ou [ε] |
XIIe-XIIIe s. [e͜j] (éy) est devenu [o͜j](oy): tēlam (toile) ['te͜j.lə] ['to͜j.lə]. Ensuite, [o͜j] est devenu [w͜e] (oé). Cependant, dans la partie ouest du domaine d'oïl, [e͜j] est plutôt devenu [ε] (è); cette double destinée de [e͜j] est à l'origine de l'alternance droit et draitte. |
['krw͜e.rə] ~ ['krε.rə] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVsup>e s. , la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir du XVIIe s.: vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification.) |
['krw͜er] ~ ['krεr] | |
R43. Diphtongaison française (4e temps): Évolution de [w͜e] [w͜a] |
XVIIIe s. [w͜e], issu de la diphtongaison française (v. R17.2) est devenu [wa], ou [wɑ] dans les mots qui avaient eu, dans leur histoire, une consonne s qui suivait: trēs trois [tʁwɑ] pisum pois [pwɑ]
|
['krw͜ar] ~ ['krεr] | |
R44. Évolution de r [r] [ʁ]. |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
['kʁw͜aʁ] ~ ['kʁεʁ] | |
.../9 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 7. Quand un médecin | |
ausculte | |
un corps humain, il en | |
écoute | |
les signaux! | |
Le verbe | |
écouter | |
provient du mot latin | |
auscultārer | |
(aos-koul-TA-ré), signifiant 'écouter avec attention', devenu | |
escultāre | |
(es-koul-TA-ré) en latin tardif, véritable étymon. | |
On le retrouve dans les premiers textes sous la forme | |
escolter | |
(é-koul-TÉR) dans le sens de 'prêter une oreille favorable à quelque chose', plus tard, au | |
XVIe s., | |
escouter | |
(é-cou-TÉ), enfin | |
écouter | |
(é-cou-TÉ). | |
Le mot | |
ausculter | |
est un emprunt au latin médiéval, attesté pour la première fois sous une adaptation française en 1510 (Rey 2016). |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Luc Ostiguy
|
|
AUSCULTĀRER | |
°escultārer escolter, écouter [e.ku.'te] | |
[es.kuɫ.'ta:.re] | |
R5. Prosthèse, ou formation d'une voyelle non étymologique en début de mot. |
IIe s. Une voyelle prosthésique [i] s'est formée au début d'un mot commençant par les groupes de consonnes: -sp [sp], -st [st],–sc [sk]. Ces groupes de consonnes initiales sont devenus respectivement isp-, ist- et isk-: spatulam ispatla espalde, épaule stēllam istella esteile, étoile scūtum iscūtu escu, écu
|
[es.koɫ.'ta.re] | |
R17.1. Diphtongaison française (1er temps): [a] [a͜e] |
Ve s. En syllabe ouverte tonique, les voyelles du latin tardif [e] (de ē ou i du latin classique) [o] (de ō ou u du latin classique) [a] (de ā et a du latin classique) se sont diphtonguées en syllabe ouverte tonique: 17.1. [a] [a͜e] (aé): mare (mer) ['ma͜e.re] nāsum (nez) ['na͜e.zo] āla (aile) ['a͜e.la] Toutefois, [a] [a͜j] (ay) lorsqu'elle est suivie d'une consonne nasale [m] ou [n] : mānum (main) ['ma͜j.no] lanam (laine) ['la͜j.na]
|
[es.koɫ.'ta͜e.re] | |
R20. Loi de Bartsch (2e temps) |
VIIe s. Peu de temps après, [t͜ʃe] issu de [t͜ʃa] en syllabe ouverte est devenu [t͜ʃj͜e] (tchié) en syllabe tonique: carum (cher) devenu ['t͜∫a.ro], ensuite ['t͜∫e.ro], est passé à ['tʃj͜e.ro] (tchié-ro) canem (chien) devenu ['t͜∫a.ne], ensuite ['t͜∫e.ne], est passé à ['tʃj͜e.ne] (tchié-né).
|
[es.koɫ.'te.re] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CV) |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[es.koɫ.'ter] | |
R30.4. Vocalisation de la consonne [ɫ] suivie d'une consonne [w] |
XIe s. La consonne [ɫ] (l) est devenue la semi-voyelle [w] devant une autre consonne (s pluriel, par exemple); cette dernière s'est amalgamée alors à la voyelle précédente pour former une diphtongue: Nota Bene.En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne[l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils prononcent le mot all. 30.4 [oɫ]~ [ɔɫ] [o͜w] : colaphum [koɫp] [ko͜wp] |
[es.ko͜w.'ter] | |
R31. Amuïssement de s suivi d'une consonne |
XIIe s. La consonne s qui ferme une syllabe suivie d'une consonne s'amuït: spatham eSpée épée īnsulam iSle île coStam coSte côte paStam paSte pâte La désarticulation de la consonne s a entraîné, par effet compensatoire, un allongement de la voyelle, qui s'entend encore, par exemple, dans côte, pâte. |
[e.ko͜w.'ter] | |
R34.5. Monophtongaison des diphtongues (1re vague): [o͜w] [u] |
XIIe -XIVe s. 34.5. À partir du XIIe s., les diphtongaisons qui s'étaient développées au courant du premier millénaire commencent à se monophtonguer, c'est-à-dire passent d'une voyelle complexe constituée de deux timbres à une voyelle à un seul timbre. [ɔ͜w] et [o͜w] issus de la vocalisation de l ([ɔɫ] ~ [oɫ] [ɔ͜w] ~ [o͜w]) sont devenus [u] (ou): colaphum coup collos cous pulderem poudre
|
[e.ku.'ter] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale. |
XVIe s. Morin (1986: 218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au XVIe s. (miroiR miroi'; sourciL sourci'; aimeR [e.mer] [e.me]). Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur). Il était plus tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[e.ku.'te] | |
.../10 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 8. Pourquoi | |
moudre | |
le café dans un | |
moulin | |
à café ! | |
Les mots | |
moudre | |
et | |
moulin | |
sont tous deux plus ou moins reliés au même étymon latin. | |
Le mot | |
moudre | |
est issu du verbe | |
molere | |
; | |
moulin | |
, du nom latin | |
molīnum | |
(mo-LI-noum), lui-même construit à partir de | |
molere. | |
Il n'y avait qu'un pas à faire pour créer le syntagme | |
mouler son café | |
, action de broyer des grains dans un | |
moulin. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: André Bougaïeff
|
|
MOLERE | |
moldre moudre [mudʁ] | |
['mo.le.re] | |
R4. Syncope de la voyelle atone en syllabe ouverte à l'intérieur de mot |
Ier-IIe s.
Les voyelles latines qui ne se trouvaient pas dans une syllabe tonique (accentuée), donc atones, ont chuté lorsqu'elles étaient dans une syllabe ouverte à l'intérieur d'un mot : ancOram ancra ancre clērIcum clērcu clerc simUlāre simlāre sembler tabUlam tabla table pōsItum pōstu poste Seule la voyelle [a] dans cette position semble y avoir échappé: parAdīsum paraïs (paradis) Nota Bene : le cas de [l] qui devient [ɫ] à la suite de la syncope. En latin, la consonne [l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all. Ainsi, lorsque la voyelle e de molEre a été affectée par la syncope ( molre), la consonne [l] [ɫ].
|
['moɫ.re] | |
R7. Des voyelles du latin classique … du latin tardif: o tonique [ɔ] ; e atone [e] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['mɔɫ.re] | |
R13. Épenthèse consonantique |
IVe s.
Il y a eu formation d'une consonne occlusive de même point d'articulation que la consonne qui précède (dite homorganique) entre deux consonnes 1) départagées dans deux syllabes, 2) dont la première consonne est [m], [n] ou [l] et la seconde, [r] ou [l]: [m.r] [m.br] [ɫ.r] [ɫ.dr] [m.l] [m.bl] [n.r] [n.dr]. Ainsi, sim(u)lāre sembler num(e)rum nombre gen(e)ris gendre De même apparaît une consonne occlusive entre [s] ou [z] et [r]: [s.r] [s.tr] [z.r] [z.dr] Ainsi, cōnsuere ˚cōs(e)re cosdre, coudre esse ˚es(se)re estre, être Nota Bene : le cas de [l] qui se prononce [ɫ]. En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all.
|
['mɔɫ.dre] | |
R22.3. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CCV) |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.3. Lorsque les voyelles atones finales [e] (é) et [o] se trouvaient dans une syllabe de forme Consonne + [r] ou [l] + [e] ou [o] (syllabe CCV#), elles ont abouti, comme [a], à la voyelle [ə] (e): patrem devenu ['pa.dre] en latin tardif, ensuite pedre ['pe.drǝ] père duplum devenu ['do.blo] en latin tardif, ensuite doble ['do.blǝ] double nostrum devenu ['nɔs.tro] en latin tardif, ensuite nostre ['nɔs.trǝ] nôtre ˚ab oculem devenu [a.'vw͜ɔ.gle] en latin tardif, ensuite [a.'vw͜ɔ.glǝ] aveugle
|
['mɔɫ.drә] | |
R30.4. Vocalisation de [ɫ] suivi d'une consonne: [ɔɫ] [ɔ͜w] |
XIe s. La consonne [ɫ] (l) est devenue la semi-voyelle [w] devant une autre consonne (s pluriel, par exemple); cette dernière s'est amalgamée alors à la voyelle précédente pour former une diphtongue: En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne[l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils prononcent le mot all. 30.4 [oɫ]~ [ɔɫ] [o͜w] : colaphum [koɫp] [ko͜wp] |
[mɔ͜w.drә] | |
R34.5. Monophtongaison des diphtongues (1re vague): [o͜w][u] |
XIIe -XIVe s.
À partir du XIIe s., les diphtongaisons qui s'étaient développées au courant du premier millénaire commencent à se monophtonguer, c'est-à-dire passent d'une voyelle complexe constituée de deux timbres à une voyelle à un seul timbre. 34.5. [ɔ͜w] et [o͜w] issus de la vocalisation de l ([ɔɫ] ~ [oɫ] [ɔ͜w] ~ [o͜w]) sont devenus [u] (ou): colaphum coup collos cous pulderem poudre
|
['mu.drǝ] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVsup>e s. , la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir du XVIIe s.: vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification.) |
['mudr] | |
R44. Évolution de r [r] [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
['mudʁ] | |
.../11 |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 9. Quel est le rapport entre les mots | |
mois | |
et | |
mensuel | |
? Ces deux mots ne se ressemblent pas beaucoup! | |
Le mot | |
mensuel | |
signifiant 'qui a lieu tous les mois' est un emprunt francisé au bas latin | |
mēnsualis | |
, attesté pour la première fois en 1795 (Rey 2016). Voilà le rapport entre les deux mots reliés par le sens, et un peu moins par la forme. |
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
MĒNSEM | |
mois [mwɑ] | |
['me:n.sem] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['me:n.se] | |
R2. Amuïssement de la consonne n devant la consonne s |
IIIe-Ie av. l'ère commune.
Toute consonne [n] s'est amuïe suivie de [s]: peNsāre (pénn-SSA-ré) 'peser une idée, penser' peser mēNsem (MÉNN-sém) meis, mois cōNstāre (conn-STA-ré) 'mis en vente moyennant un prix' coster, coûter
|
['me:.se] | |
R7. Des voyelles du latin classique … du latin tardif: ē [e]; e atone [e] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['me.se] | |
R15. Affaiblissement de la consonne [s] entre deux voyelles [z] |
IVe s.
Entre voyelles, la consonne fricative non voisée [s] (ss), en s'affaiblissant, est devenue la consonne voisée [z]: pensāre [pen.'sa:.re] (pénn-SA-ré) pesāre peser cūriōsam [ku:.ri.'o:.sam] (cou-ri-O-ssamm] curieuse
|
['me.ze] | |
R17.2. Diphtongaison française (1er temps): [e] [e͜j] |
Ve s. En syllabe ouverte tonique, les voyelles du latin tardif [e] (de ē ou i du latin classique) se sont diphtonguées en syllabe ouverte tonique: 17.2. [e] [e͜j] (éy): tēlam (toile) ['te͜j.la] vēra (voire) ['ve͜j.ra]
|
['me͜j.ze] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CV) |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
['me͜jz] | |
R24. Dévoisement de la consonne finale: [z] [s] |
VIIIe s. Lorsque les voyelles atones finales sont disparues, les consonnes finales voisées se sont automatiquement dévoisées (assourdies): [v] est devenu [f] grandem ['gran.de] [grand] grant (plus tard, grand) pedem ['pj͜e.de] [pj͜ed] piet (plus tard, pied) salvum ['saɫ.vo] [saɫv] salf, sauf Cette consonne non voisée s'entend toujours en français moderne dans certains adjectifs ou noms quand ces derniers se lient à un autre mot commençant par une voyelle: grand ͜ ami 'grand t-ami'
Il s'agit de la question des liaisons, dont on trouve un bon tableau chez
|
['me͜js] | |
R33. Diphtongaison française (3e temps) : évolution de [ej] [o͜j] [w͜e] |
XIIe-XIIIe s.
[e͜j] (éy) est devenu [o͜j](oy): tēlam (toile) ['te͜j.lə] ['to͜j.lə]. Ensuite, [o͜j] est devenu [w͜e] (oé). Cependant, dans la partie ouest du domaine d'oïl, [e͜j] est plutôt devenu [ε] (è); cette double destinée de [e͜j] est à l'origine de l'alternance droit et draitte. |
['mw͜es] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s. Morin (1986: 218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au XVIe s. (miroiR miroi'; sourciL sourci'; aimeR [e.mer] [e.me]). Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[mw͜e] | |
R43. Diphtongaison française (4e temps): Évolution de [w͜e], [w͜a]~[wɑ] |
XVIIIe s. [w͜e], issu de la diphtongaison française (v. R17.2) est devenu [wa], ou [wɑ] dans les mots qui avaient eu, dans leur histoire, une consonne s qui suivait: trēs trois [tʁwɑ]; pisum pois [pwɑ]
|
[mwɑ] |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 10. L'homophonie en français en un seul vers : un ver en verre vert. | |
On appelle | |
homophones | |
les mots qui se prononcent de la même façon. Et le français en contient beaucoup, dont | |
ô | |
, | |
eau | |
, | |
haut | |
, | |
aulx | |
(ail, au pluriel), | |
oh! | |
, ainsi que les mots en titre | |
vers | |
, | |
ver | |
, | |
verre | |
et | |
vert | |
. | |
Si ces quatre mots se prononcent aujourd'hui de la même façon, à savoir [vεʁ], leurs orthographes respectives diffèrent : en effet, ce sont des | |
homophones | |
non homographes | |
– Ces quatre mots se prononcent de la même façon, mais s'écrivent de façon différente. | |
À l'origine de ces quatre mots, se trouvaient quatre mots latins bien distincts tant du point de vue de l'orthographe que de celui de la prononciation. | |
Ceux qui ont façonné l'orthographe française au cours du second millénaire ont voulu conserver l'autonomie graphique de ces mots homophones, non seulement pour bien les différencier à l'œil, mais aussi pour rappeler un peu leurs étymons latins et 'faire voir' les mots français, héréditaires ou directement empruntés au latin et francisé (v. Double latinisation), qui appartenaient à leurs 'familles de mots' : | |
verS | |
: lat. | |
veRSus | |
| |
verSet | |
, | |
verSification | |
veRRe | |
: lat. | |
viTRum | |
| |
viTRe | |
, | |
viTRerie | |
, | |
veRRerie | |
, | |
veRRière | |
, | |
veRRine | |
verT | |
: lat. | |
viriDem | |
| |
verDure | |
, | |
verTe | |
ver | |
: lat. | |
veRMem | |
| |
veRMisseau | |
, | |
veRMiselle | |
, | |
veRMifuge | |
, | |
véReux | |
Voici leurs parcours respectifs, qui les ont fait évoluer vers la même forme phonétique [vεʁ]: | |
.../2 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Luc Ostiguy
|
|
VIRIDEM | |
| |
vert | |
['wi.ri.dem] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['wi.ri.de] | |
R4. Syncope de la voyelle atone en syllabe ouverte à l'intérieur de mot |
Ier-IIe s.
Les voyelles latines qui ne se trouvaient pas dans une syllabe tonique (accentuée), donc atones, ont chuté lorsqu'elles étaient dans une syllabe ouverte à l'intérieur d'un mot : ancOram ancra ancre clērIcum clērcu clerc simUlāre simlāre sembler tabUlam tabla table pōsItum pōstu poste Seule la voyelle [a] dans cette position semble y avoir échappé: parAdīsum paraïs (paradis) Nota Bene : le cas de [l] qui devient [ɫ] à la suite de la syncope. En latin, la consonne [l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils disent all. Ainsi, lorsque la voyelle e de molEre a été affectée par la syncope ( molre), la consonne [l] [ɫ].
|
['wir.de] | |
R7. Des voyelles du latin classique à celles du latin tardif: i [e]; e atone [e] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['wer.de] | |
R8. [w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin |
['ver.de] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[verd] | |
R24. Dévoisement de la consonne finale |
VIIIe s. Lorsque les voyelles atones finales sont disparues, les consonnes finales voisées se sont automatiquement dévoisées (assourdies): [v] est devenu [f] grandem ['gran.de] [grand] grant (plus tard, grand) pedem ['pj͜e.de] [pj͜ed] piet (plus tard, pied) salvum ['saɫ.vo] [saɫv] salf, sauf Cette consonne non voisée s'entend toujours en français moderne dans certains adjectifs ou noms quand ces derniers se lient à un autre mot commençant par une voyelle: grand ͜ ami 'grand t-ami'
Il s'agit de la question des liaisons, dont on trouve un bon tableau chez
|
[vert] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s.
Morin (1986:218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[ver] | |
R41. Ouverture de [e] et [ø] toniques en syllabe fermée |
XVIe - XVIIIe s. La voyelle [e] (é) est devenue [ε] en syllabe fermée. Pour ce qui est de [ø], il est devenu [œ], sauf lorsqu'il était suivi de [z] (menteuse) et qu'il était étymologiquement long (meute, jeûne, beugle, feutre). (Note : dans le français actuel, la prononciation [œ] devant [z] s'entend encore dans le sud de la France.) |
[vεr] | |
R44. Évolution de r [r] devenu [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
[vεʁ] | |
…/3 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: André Bougaïeff
|
|
VERMEM | |
verm ver | |
['wer.mem] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['wer.me] | |
R7. Des voyelles du latin classique à celles du latin tardif: e tonique [ε]; e atone [e] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['wεr.me] | |
R8.[w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin |
['vεr.me] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
['vεrm] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s.
Morin (1986:218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[vεr] | |
R44. Évolution de r [r] devenu [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
[vεʁ] | |
…/4 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
VITRUM | |
vedre verre | |
['wi.trum] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['wi.tru] | |
R7. Des voyelles du latin classique à celles du latin tardif: i [e]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['we.tro] | |
R8. [w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin |
['ve.tro] | |
R22.3. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale |
VIIIe s.
En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.3. Lorsque les voyelles atones finales [e] (é) et [o] se trouvaient dans une syllabe de forme Consonne + [r] ou [l] + [e] ou [o] (syllabe CCV#), elles ont abouti, comme [a], à la voyelle [ə] (e): patrem devenu ['pa.dre] en latin tardif, ensuite pedre ['pe.drǝ] père duplum devenu ['do.blo] en latin tardif, ensuite doble ['do.blǝ] double nostrum devenu ['nɔs.tro] en latin tardif, ensuite nostre ['nɔs.trǝ] nôtre ˚ab oculem devenu [a.'vw͜ɔ.gle] en latin tardif, ensuite [a.'vw͜ɔ.glǝ] aveugle
|
['ve.trә] | |
R29. Affaiblissement des groupes de consonnes tr ou dr |
XIe s. Entre voyelles, les groupes [tr] ou [dr] sont devenus rr ou r: petram piedre pierre °quadrifurcu carrefour patrem pedre père
|
['ve.drә] | |
| |
['ver.rә] | |
R37. Amuïssement du e final |
XVe s. Jusqu'au XIVe s., la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi]. Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification) |
[ver] | |
R41. Ouverture de [e] et [ø] toniques en syllabe fermée |
XVIe - XVIIIe s. La voyelle [e] (é) est devenue [ε] en syllabe fermée. Pour ce qui est de [ø], il est devenu [œ], sauf lorsqu'il était suivi de [z] (menteuse) et qu'il était étymologiquement long (meute, jeûne, beugle, feutre). (Note : dans le français actuel, la prononciation [œ] devant [z] s'entend encore dans le sud de la France.) |
[vεr] | |
R44. Évolution de r [r] devenu [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
[vεʁ] | |
…/5 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: André Bougaïeff
|
|
VERSUS | |
vers | |
['wer.sus] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
['wer.su] | |
R7. Des voyelles du latin classique à celles du latin tardif: e tonique [ε]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
['wεr.so] | |
R8. [w] (v) latin devient [v] |
IIIe s. Le son [w], semi-consonne labiovélaire et voisée est devenues [v], fricative labiodentale voisée: vicīnum [wi.'ki:.num] voisin |
['vεr.so] | |
R22.1. Affaiblissement ou amuïssement de la voyelle atone finale |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
['vεrs] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVIe s.
Morin (1986:218) situe arbitrairement l'amuïssement de la consonne finale des mots au Bien que l'on en ait des attestations plus tôt, il est difficile de savoir à quel point ce phénomène était général dans la langue. Cet amuïssement a pu se produire à différentes époques selon les couches sociales et les régions. Quoi qu'il en soit, le phénomène a pu commencer plus tôt pour certaines consonnes, comme cela a été le cas, entre autres, pour [s] marqueur du pluriel. Par ailleurs, il a pu être plus hâtif lorsque le mot suivant commençait pas une consonne (un œuf cuit dur un œu(f) cuit dur), ou tardif lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (un œuf entier) ou à la pause respiratoire (Ramasse cet œuf.) En effet, les grammairiens de l'époque sont unanimes pour dire que ces consonnes se prononçaient encore à la pause dans le parler des classes dirigeantes qu'ils décrivaient. |
[vεr] | |
R44. Évolution de r [r] devenu [ʁ] |
XVIIIe s. La consonne r était roulée sur les dents, un peu à la façon, entre autres, des Espagnols ou des Polonais. Cette prononciation, dite ' r antérieur ', est transcrite [r] en API. La variante prononcée dans le fond de la gorge, dite ' r postérieur ', d'abord uvulaire grasseyée [ʀ], plus tard uvulaire fricative [ʁ], apparaît dès le XVIIe s. Les variantes postérieures se sont imposées au tournant de la Révolution française et ont constitué la nouvelle norme. |
[vεʁ] |
Mot | Annotation |
---|---|
Fiche 11. | |
Neuchâtel | |
ou | |
Châteauneuf | |
, c'est un peu comme 'blanc bonnet | |
ou bonnet blanc' ! | |
En français parlé au Moyen Âge (ou ancien français), il arrivait qu'un même mot présentât deux formes selon ses fonctions grammaticales. | |
Ainsi les mots | |
oiseau | |
, | |
cheveu | |
, | |
chevreuil | |
, étaient dits, | |
au singulier | |
, | |
l'oisel | |
, | |
le chevel | |
, | |
le chevreuil | |
, lorsqu'ils occupaient la fonction complément du verbe ou du nom (dit cas-régime), et | |
li oiseaux | |
, | |
li cheveux | |
, | |
li chevreux | |
, lorsqu'ils occupaient la fonction de sujet de la phrase (dit cas-sujet). | |
Au pluriel | |
, c'était l'inverse: | |
les oiseaux | |
, | |
les cheveux | |
, | |
les chevreux | |
, lorsqu'ils occupaient la fonction de complément, et | |
li oisel | |
, | |
li chevel | |
, | |
li chevreuil | |
, lorsqu'ils occupaient la fonction de sujet. | |
Voir à ce propos la distinction cas sujet / cas régime . | |
Plus tard, une des deux formes a progressivement éliminé l'autre et a occupé les deux fonctions : | |
l'oiseau | |
, | |
les oiseaux | |
; | |
le cheveu | |
, | |
les cheveux | |
; | |
le chevreuil | |
, | |
les chevreuils | |
(dans certains parler régionaux, l'inverse : | |
le chevreu | |
, | |
les chevreux | |
). | |
Il reste, dans la langue française, des traces de ces formes éliminées, dans des mots dérivés, comme | |
oiseleur | |
, | |
écheveler | |
, ou dans des noms de familles, comme | |
Loiselle | |
au Québec. | |
Ainsi en était-il avec | |
château | |
et | |
châtel | |
, dont on peut voir les deux parcours. Les villes | |
Neuchâtel | |
et | |
Châteauneuf | |
ont donc, dans leurs appellations, la même origine linguistique, ainsi que la même signification : un château nouveau. | |
.../2 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
voix: Geneviève Bernard-Barbeau
|
|
CASTELLUM | |
(cas accusatif) châtel [ʃɑ:.'tεl] ~ [ʃa.'tεl] | |
[kas.'tel.lum] | |
R1 Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
[kas.'tel.lu] | |
R7 Des voyelles du latin classique … tardif: a [a]; e tonique [ε]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
[kas.'tεl.lo] | |
R16 Palatalisation de la consonne [k] en gallo-roman central: [ka] [tʃa] |
Ve s.
Les occlusives vélaires [g] et [k] en début de mot ou précédées d'une consonne se sont palatalisées devant la voyelle [a]. La syllabe [ka] est devenue la syllabe [ga] est devenue CArrum char
|
[t͜ʃas.'tεl.lo] | |
R19 Simplication des consonnes géminées: [ll] [l] |
VIIe s. L'affaiblissement des consonnes entre voyelles a touché les consonnes géminées bb, pp, tt, kk, nn, mm, ff (plus tard pour ss et rr), qui se sont simplifiées. Les clercs les ont réintroduites dans l'orthographe pour diverses raisons, dont celle de redonner aux mots un peu de la forme qu'ils avaient en latin: caballum [ka.'bal.lum] cheval
|
[t͜ʃas.'tε.lo] | |
R22.1 Amuïssement de la voyelle atone finale (syllabe CV#) |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[t͜ʃas.'tεl] | |
R31 Amuïssement de s suivi d'une consonne. |
XIIe s. La consonne s qui ferme une syllabe suivie d'une consonne s'amuït: spatham eSpée épée īnsulam iSle île costam coSte côte pastam paSte pâte La désarticulation de la consonne s a entraîné, par effet compensatoire, un allongement de la voyelle, qui s'entend encore, par exemple, dans côte, pâte. |
[t͜ʃɑ:.'tεl] | |
R35 Simplification des consonnes affriquées: [tʃ] [ʃ] |
XIIIe s. 1. [t͜s] issu de la palatalisation romane de [k] est devenu [s]: cīmam (cime) ['t͜si.ma] [si.mə] Francia (France) ['fran.t͜sja] [frɑ᷉.sə] 2. [d͜ʒ] (dj) issu de la palatalisation romane de [g] est devenu [ʒ] (j): argīllam (argile) [ar.'d͜ʒil.la] [ar.'ʒi.lə] 3. [t͜∫] (tch) et [d͜ʒ] (dj) issus de la palatalisation en gallo-roman central sont devenus [∫] (ch) et [ʒ] (j): carrum (char) [ʹt͜∫ar] [ʹ∫ar]
|
[ʃɑ:.'tεl] | |
…/3 |
Mot | Annotation |
---|---|
Mot | Annotation |
---|---|
CASTELLUS | |
(cas nominatif) château [ʃɑ:.'to] ~ [ʃa.to] | |
[kas.'tel.lus] | |
R1. Amuïssement ou maintien de la consonne latine finale : Maintien de la flexion du nominatif singulier |
IIIe-Ier s. av. notre ère. La plupart des consonnes finales du latin qui agissaient comme marques casuelles des noms et des adjectifs se sont amuïes (ont disparu) en latin parlé. Ce phénomène a coïncidé avec l'établissement d'un certain ordre de la phrase latine: mūruM (MOU-roum) ' mur ' mūru eo RomaM ' je vais à Rome' rēgiS (RÉ-guiss) ' du roi Ce sont toutes les consonnes finales qui se sont amuïes à l'exception de celles des verbes, dont la fonction était de marquer la personne verbale, du s final du nominatif (fonction sujet) singulier ainsi que de l'accusatif (entre autres, complément direct) pluriel des noms et des adjectifs. Du reste, mis à part le s du nominatif singulier, ces consonnes s'observent encore en français écrit: tĕneS (TÉ.néss) tu tiens tĕneT (TÉ-nétt) il tient mūrōS (MOU-ross) murS
|
R7. des voyelles du latin classique … tardif: a [a]; e tonique [ε]; u [o] |
Ier-IVe s., selon les voyelles. Le système vocalique du latin reposait sur une opposition fondée sur la longueur des voyelles, dite opposition de quantité: voyelles brèves i, e, u, o, a Cette opposition a laissé place, en latin tardif, à une opposition fondée sur le timbre des voyelles (dite opposition de qualité). De plus, durant cette période, les diphtongues latines æ et œ se sont monophtonguées.
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
Latin classique
|
[kas.'tεl.los] | |
R16. Palatalisation de la consonne [k] en gallo-roman central: [ka] [tʃa] |
Ve s.
Les occlusives vélaires [g] et [k] en début de mot ou précédées d'une consonne se sont palatalisées devant la voyelle [a]. La syllabe [ka] est devenue la syllabe [ga] est devenue CArrum char
|
[t∫as.'tεl.los] | |
R19. Simplification des consonnes géminées: [ll] [l] |
VIIe s. L'affaiblissement des consonnes entre voyelles a touché les consonnes géminées bb, pp, tt, kk, nn, mm, ff (plus tard pour ss et rr), qui se sont simplifiées. Les clercs les ont réintroduites dans l'orthographe pour diverses raisons, dont celle de redonner aux mots un peu de la forme qu'ils avaient en latin: caballum [ka.'bal.lum] cheval
|
[t∫as.'tε.los] | |
R22.1. Amuïssement de la voyelle atone finale |
VIIIe s. En s'affaiblissant, la voyelle atone à la finale des mots a réagi de deux façons: soit elle s'est amuïe totalement, Cette alternative dépend d'au moins deux facteurs: le timbre de la voyelle finale et la forme même de la syllabe dans laquelle celle-ci se trouve. 22.1. Les voyelles atones finales [e] (é) et [o] de beaucoup de mots se sont amuïes lorsqu'elles se trouvaient dans une syllabe du type: 1a. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CV#), comme dans mūrum (mur) devenu muro ['mu.ro] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, mur [myr]; 1b. Consonne + [e] ou [o] (syllabe CVC#), comme dans le mot au pluriel mūrs (murs) devenu murs ['mu.ros] en latin tardif, ensuite, après la disparition de la voyelle finale atone, murs [myrs]. Ces deux cas de figure ont touché beaucoup de mots, qui nous sont parvenus en français sans voyelle finale: altum ['aɫ.to] haut En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne l [l], latérale alvéolaire, était vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononçait [ɫ].
|
[t∫as.'tεɫs] | |
R30. Vocalisation de [ɫ] suivie d'une consonne : [εɫs] [ea͜w] |
XIe s. La consonne [ɫ] (l) est devenue la semi-voyelle [w] devant une autre consonne (s pluriel, par exemple); cette dernière s'est amalgamée alors à la voyelle précédente pour former une diphtongue: Nota Bene. En latin classique ainsi qu'en latin tardif, la consonne[l] (l), latérale alvéolaire, est vélarisée lorsqu'elle est suivie d'une consonne et se prononce [ɫ], un peu à la façon des Portugais lorsqu'ils articulent dernière syllabe du mot Portugal ou des anglophones lorsqu'ils prononcent le mot all. 30.1. [aɫ] [a͜w] (ao): saltum (saut) ['saɫt] [sa͜wt] 30.2. [eɫ] [e͜w] (éo): capillos (cheveux) [t͜∫e.'veɫs] [t͜∫ǝ.'ve͜ws] 30.3. [ɛɫ] [ea͜w] (éao):
bellos (beaux) ['bεɫs] ['bea͜ws] 30.4 [oɫ]~ [ɔɫ] [o͜w] : colaphum [koɫp] [ko͜wp]
|
[t∫as.'tea͜ws] | |
R31. Amuïssement de s suivi d'une consonne. |
XIIe s. La consonne s qui ferme une syllabe suivie d'une consonne s'amuït: spatham eSpée épée īnsulam iSle île costam coSte côte pastam paSte pâte La désarticulation de la consonne s a entraîné, par effet compensatoire, un allongement de la voyelle, qui s'entend encore, par exemple, dans côte, pâte. |
[t∫ɑ:.'tea͜ws] | |
R35. Simplification des consonnes affriquées |
XIIIe s. 1. [t͜s] issu de la palatalisation romane de [k] est devenu [s]: cīmam (cime) ['t͜si.ma] [si.mə] Francia (France) ['fran.t͜sja] [frɑ᷉.sə] 2. [d͜ʒ] (dj) issu de la palatalisation romane de [g] est devenu [ʒ] (j): argīllam (argile) [ar.'d͜ʒil.la] [ar.'ʒi.lə] 3. [t͜∫] (tch) et [d͜ʒ] (dj) issus de la palatalisation en gallo-roman central sont devenus [∫] (ch) et [ʒ] (j): carrum (char) [ʹt͜∫ar] [ʹ∫ar]
|
[∫ɑ:.'tea͜ws] | |
R38. Amuïssement de la consonne finale |
XVe s. Jusqu'au XIVe s., la voyelle [ə] (e) subissait déjà une désarticulation, notamment lorsque le mot qui suivait commençait par une consonne, voire par une voyelle. Quant à [ə] à la finale des mots qui se trouvaient à la pause inspiratoire, on croit qu'il a pu tenir encore un certain temps. Dans cette position, il a, en disparaissant, allongé la voyelle précédente. Cet allongement, à son tour, a disparu à partir vītam (vie) [vi.ə] [vi:] [vi] Il demeure que, dans la versification, la voyelle e a continué de se faire entendre lorsque le mot suivant commençait par une consonne et a compté comme une syllabe (voir les termes diérèse et synérèse en versification). |
[∫ɑ:.'tea͜w] | |
R42. Monophtongaison des diphtongues (2e vague) |
XVIIe s. 1. [a͜w] (ao) issu de la vocalisation de l ([aɫ] [a͜w]) (v. R30) est devenu [o]: saltum (saut) ['saɫt] [sa͜w] [so] 2. [ea͜w] (éao) issu de la vocalisation de l ([εɫ] [ea͡w]) (v. R30) est devenu [o]: bellos (beaux) ['bεɫs] ['bea͜w] ['bo]
|
[∫ɑ:.'to] | |
* * * / / / * * *
|