Préface duDéfricheur:''Le but de l'auteur était de faire connaître la vie et les travaux des défricheurs et d'encourager notre jeunesse
canadienne à se porter vers la carrière agricole,
au lieu d'encombrer les professions d'avocat, de
notaire, de médecin et les comptoirs des
marchands, comme elle fait de plus en plus, au
grand détriment de l'intérêt public et national.''
Jean-Baptiste Dorion est un personnage hors du commun, craint et respecté.
Farouchement opposé au projet de la Confédération canadienne, Jean-Baptiste Dorion fonde en 1862 le journalLe Défricheur,à Saint-Pierre-de-Durham, village près de Drummondville, village dont il réussira à faire changer le nom pour celui deL'Avenir, titre du journal de combat qu'il avait lancé en 1847 pour le compte de l'Institut canadien, une organisation libérale radicale dont il était l'un des fondateurs.
Dorion se sert duDéfricheurpour débattre longuement les désavantages de la future Confédération canadienne et promouvoir à outrance l'idéologie libérale et ses positions anticléricales.
Jean-Paul Delagrave (Histoire de l'information au Québec,Montréal, 1980) écrit que dans son édition du 27 avril 1866,Le Défricheursomme le clergé '' de cesser de promouvoir la Confédération, ce projet diabolique, et de laisser le peuple se prononcer lui-même''.
À la mort de Jean-Baptiste Dorion, survenue le 1er novembre 1866 dans sa 40e année, événement qui a fait les manchettes dans tout le Québec, son frère, Antoine-Aimé Dorion, demande à Wilfrid Laurier de prendre la relève du défunt. Laurier accepte et assume la direction duDéfricheurà partir du 18 novembre. Il le déménage à Victoriaville, où il est plus facile pour lui de l'éditer.
Publié à partir de Victoriaville, à compter du 1er janvier 1987,Le Défricheursert d'exutoire à Wilfrid Laurier : ses réflexions cinglantes sur l'Acte d'Union de 1840 et le projet confédératif lui attirent bien des ennuis, particulièrement de la part d'un clergé outré par l'audace des opinions que véhicule ce journal radical.
La santé de Laurier se détériore et de gros problèmes financiers minent l'hebdomadaire rebelle. Le 21 mars 1867,Le Défricheurpublie son dernier numéro; un peu plus de trois mois plus tard, le Canada adopte la Confédération.