Depuis 1760, les Canadiens-français n'avaient maintenu que des contacts
occasionnels avec la France. Quelques membres du clergé traversaient bien
l'Atlantique de temps à autre pour acheter des manuels scolaires ou des pièces
d'équipement de laboratoire destinées à l'enseignement des sciences.
Dans l'autre sens, un certain nombre des membres du clergé français avaient émigré au début du
XIXe siècle, chassés de leur mère-patrie par les dirigeants de la Révolution française.
Mais à part quelques rares intellectuels originaux qui voyageaient vers la France ou
vers le Canada, le clergé représentait le seul lien avec la culture française.
En 1844, Louis-Hippolyte Lafontaine fait accepter l'usage du français au Parlement.
Cette victoire ne réduit pas pour autant les tensions entre anglophones et
francophones. L'union du Bas et du Haut Canada ne satisfait personne et ce régime
politique glisse rapidement vers une impasse. Différentes solutions politiques sont
envisagées, de nouveaux partis politiques se forment ou fusionnent.
Témoin de ces tensions, la presse se transforme. Le journalisme d'information devient
un journalisme d'idéologie politique et de revendication.
À Trois-Rivières comme
ailleurs, les hommes politiques auront désormais leur journal pour défendre leurs
différents points de vue.
Il y aura dorénavant des journaux conservateurs, plus ou
moins influencés par le clergé, et des journaux libéraux, combattus par le clergé parce
que les dirigeants libéraux prônent la séparation des pouvoirs du clergé de ceux de
l'état.
Après 1850, certains chefs religieux, surtout les évêques de Montréal et de Trois-Rivières,
défendront ardemment l'idée de la suprématie de l'Église sur le
Gouvernement. Ce sont eux que l'on a appelés les Ultramontains.
Le termeultramontainsfait référence àl'ultramontanisme,qui désigne, en France, le pouvoir 'au-delà des montagnes' (les Alpes), c'est-à-dire le pouvoir spirituel et juridictionnel - sans parler du politique - de Rome, et de l'Église catholique et du pape.