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Les deux extraits de
Brief recit, & ſuccincte narration, de la nauigation faictes es yſles de canada, Hochelaga & saguenay & autres, auec particulieres meurs, Langaige & ceremonies des habitans d'icelles: fort delectable à veoir
(1539) sont empruntés à l'ouvrage: Huchon, M. 2009.
Le français au temps de Jacques Cartier,
Nouvelle édition augmentée du fac-similé du
Brief recit
(1545), Collection Confluences, Tangence éditeur, Université du Québec à Rimouski et Université du Québec à Trois-Rivières.
Le lecteur remarquera que l'orthographe des extraits du
Brief recit
diffère de façon importante des extraits de saint Louis, du procès de Jeanne d'Arc ou du
Gargantua
de Rabelais.
Cela s'explique par le fait que les extraits duBrief recit
sont tirés tels quels du manuscrit, ce qui n'est pas le cas des premiers dont l'orthographe a été, en quelque sorte, ' modernisée ' au fil des époques pour la rendre un peu plus accessible aux lecteurs.
Il se trouve quelques différences entre le texte de référence du
Brief recit
et le contenu de l'enregistrement ; ce qui est entendu dans la simulation se trouve entre parenthèses.
[…] Ilz ont
auſsivneherbe de quoy ilz font grand amaſtz l'eſté durand (durant l'été) pour
l'yuer. [il zɔ᷉ a͜w.si yn ɛr.bə də kw͜e il fɔ᷉ grɑ᷉ ta.mɑ dy.rɑ᷉ le.te pur li.vɛr]
[…] Ils ont aussi une herbe qu'ils amassent en grande quantité durant l'été pour l'hiver,
Laquelle ilz eſtiment fort,
&en vſent les
hommesſeulement en (en la) facon que
(qui) enſuit. [la.kɛl il zɛs.tim fɔr e ɑ᷉ nyz le zɔ᷉m sœ.lə.mɑ᷉ ɑ᷉ la fa.sɔ᷉ ki ɑ᷉.sɥi]
qu'ils estiment fort, et que seuls les hommes utilisent de la façon qui s'ensuit.
Ilz la font ſeicher au
ſoleil,& la
portẽtà leur col
envnepetite peau de
beſteen lieu de ſac,
[il la fɔ᷉ sɛ.ʃe ro sɔ.lɛʎ e la pɔrt a lœr kɔl ɑ᷉ nyn pə.tit pa͜w də bɛ:t ɑ᷉ ljø də sak]
Ils la font sécher au soleil, et la portent à leur cou dans une petite peau de bête en lieu de sac,
auec
vngcornet de pierre, ou de
boys:puis à toute heure font
pouldrede
ladicteherbe
[a.vɛk œ᷉ kɔr.nɛ də pjɛr u də bw͜e pɥi za tut ør fɔ᷉ pu.drə də la.dit ɛrb]
avec un cornet de pierre ou de bois. Puis à toute heure, ils réduisent en poudre ladite herbe
& la
mettẽten
l'ungdes boutz dudict cornet. puis mettent vng charbon de feu deſſus,
[e la mɛt ɑ᷉ lœ᷉ de bu dy.di kɔr.nɛ pɥi mɛt œ᷉ ʃar.bɔ᷉ də fø də.sy]
et la mettent en l'un des bouts dudit cornet. Puis, ils mettent un charbon de feu dessus,
& ſoufflent par
l'autrebout,tant qu'ilz
ſ'emplẽt(s'emplissent) le corps de
fumée, [e sufl par la͜w.trə bu tɑ᷉ kil sɑ᷉.plis lə kɔr də fy.me:]
et soufflent par l'autre bout, tant qu'ils s'emplissent le corps de fumée;
tellement qu'elle leur ſort par la bouche, & par les
nazilles,cõepar
vngtuyau de
cheminée: [tɛ.lə.mɑ᷉ kɛl lœr sɔr par la buʃ e par le na.ziʎ kɔ᷉m par œ᷉ tɥi. ja͜w də ʃə.mi.ne.ə]
tellement qu'elle leur sort par la bouche et par les narines comme par un tuyau de cheminée;
& diſent (~ils disent) que cela les tient ſains &
chauldement, [il diz kə sə.la le tjɛ᷉ sɛ᷉ ze ʃa͜wd.mɑ᷉]
et ils disent que cela les tient sains et au chaud,
& ne vont
iamaissans
auoircesdictes (sans lesdites) choſes.
[e nə vɔ᷉ ʒa.mɛ sɑ᷉ le.dit ʃoz]
et ils ne vont jamais sans avoir ces dites choses.
Nous auons eſprouué (~expérimenté) ladicte fumée, après laquelle auoir mis
dedãsnoſtrebouche,
[nu. za.vɔ᷉ zɛs.pe.ri.mɑ᷉.te la.dit fy.me: a.prɛ la.kɛl a.vw͜ɛr mi də.dɑ᷉ nɔ.trə buʃ]
Nous avons expérimenté ladite fumée; après laquelle avoir mis notre bouche dedans,
ſemble y auoir mis de la pouldre de
poyuretãt eſt
chaulde.(Huchon, p. 141)
[sɑ᷉bl i a.vw͜ɛr də la pu.drə də pw͜ɛ.vrə tɑ᷉ tɛ ʃa͜wd]
il semble y avoir mis de la poudre de poivre tant elle est chaude.
Cedict (~ Ledit) peuple vyt quasi en
cõmunaultéde biens, aſſez de la ſorte des
Breſilãs, [lə.di pœpl vi ka.zi ɑ᷉ kɔ᷉.my.na͜w.te də bjɛ᷉ a.se də la sɔr.tə de bre.zi.ljɛ᷉]
Ledit peuple vit quasi en communauté de biens, assez de la sorte des Brésiliens,
&
ſont (~ tous) veſtuz de
peaulxde beſtes
ſauuaiges,& aſſez
pouremẽt. [e sɔ᷉ tus vɛ.ty də pa͜w də bɛt sa͜w.vaʒ e a.se po.vrə.mɑ᷉]
et sont tous vêtus de peaux de bêtes sauvages, et assez pauvrement.
L'yuer ilz
ſõtchaulſezde chauſſes et ſoulliez & l'eſté võt nudz pietz (~ dechausses).
[li.vɛr il sɔ᷉ ʃa͜w.se də ʃa͜ws et su.ʎe e le.te vɔ᷉ de.ʃa͜ws]
L'hiver ils sont chaussez de chausses et souliers et l'été ils vont déchaussés.
Ilz
gardẽtl'ordre de mariage, fors que ilz (~les hommes) prẽnẽt deux ou trois
femmes, [il gar.də lɔr.drə də ma.rjaʒ fɔr kə le zɔ᷉m prɛn dø zu trw͜e fɑ᷉m]
Ils gardent l'ordre de mariage, sauf qu'ils prennent deux ou trois femmes,
& depuis (~ dempuis) que leur (~le) mary eſt mort iamais (les femmes) ne ſe
remariẽt, [e dɑ᷉.pɥi kə lə ma.ri ɛ mɔr ʒa.mɛ le fɑ᷉m nə sə rə.ma.ri:]
et depuis que leur mari est mort, jamais elles ne se remarient,
ains (~mais) fõt le
dueilde ladicte mort toute leur
vie, [mɛ fɔ᷉ lə dœʎ də la.dit mɔr tu.tə lœr vi:]
mais font le deuil de ladite mort toute leur vie,
& ſe taignẽt le
viſaigede charbon pellé (~pilé),
[e sə tɛɲ lə vi.zaʒ də ʃar.bɔ᷉ pi.le]
et se teignent le visage de charbon pilé,
& et de greſſe eſpez comme l'eſpeſſeur du doz d'ung
couſteau, [e də grɛ:s kɔm le.pɛ.sœr dœ᷉ ku.ta͜w]
et de graisse épaisse comme l'épaisseur du dos d'un couteau,
& à cela
congnoiſton que elles ſont
veufues(Huchon, p. 140).
[e a sə.la kɔ᷉.nw͜e.tɔ᷉ kɛl sɔ᷉ vœv]
et à cela sait-on qu'elles sont veuves.
* * *
Le récit du troisième voyage de Jacques Cartier a été conservé dans le troisième volume des œuvres de Richard Hackluyt qui le publia en 1600, en anglais.
La traduction française, dont est tiré l'extrait suivant, a paru à Québec, en 1843, dansVoyage et Découverte au Canada,
entre les années 1534 et 1542,par Jacques Quartier, le Sieur de Roberval, Jean Alphonse de Xanctoigne, &c., publié sous la direction de la Société littéraire et historique de Québec et imprimé chez William Cowan et fils.
On constatera que l'orthographe du texte n'est plus la même que celle des textes précédents rédigés au XVIe siècle, mais est plutôt celle qui était en cours au XIXe siècle lorsque l'ouvrage a été imprimé.
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Et sur cette haute
Montagneou Promontoire, nous
trouvasmesune belle fontaine
[e syr sɛt ha͜wt mɔ᷉.tɑ᷉ɲ u pro.mɔ᷉.tw͜ɛr nu tru.vam yn bɛl fɔ᷉.tɛ᷉n]
très-prochedu dit Fort: joignant lequel nous trouvasmes une
bonnequantité de pierres,
[trɛ prɔʃ dy.di fɔr ʒw͜a.ɲɑ᷉ lə.kɛl nu tru.vɑ᷉m yn bɔ᷉n kɑ᷉.ti.te də pjɛr]
que nous estimions
être Diamans.De l'autre côté de ladite Montagne et au pied d'
icelle, [kə nu zɛs.ti.mjɔ᷉ ɛ.trə dja.mɑ᷉ də la͜w.trə ko.te də la.di.tə mɔ᷉.taɲ e o pje di.sɛl]
qui est vers la grande Rivière, se trouve une belle mine du
meilleurfer qui soit au monde,
[ki ɛ vɛr la grɑ᷉d ri.vjɛr sə truv yn bɛl min dy mɛ.ʎør fɛr ki sw͜e to mɔ᷉d]
laquelle s'étend jusques proche de notre Fort, et le sable sur lequel nous marchions
[la.kɛl se.tɑ᷉ ʒys.kə prɔʃ də nɔ.trə fɔr e lə sɑ:.blə syr lə.kɛl nu mar.ʃjɔ᷉]
est terre de Mine parfaite prête à mettre au fourneau.
[ɛ tɛr də mi.nə par.fɛt prɛt a mɛtr o fur.na͜w]
Et sur le bord de l'eau, nous trouvâmes certaines feuilles d'un Or fin, aussi épaisses que l'ongle. […] (p. 74)
[e syr lə bɔr də la͜w nu tru.vɑ᷉m sɛr.tɛn fœʎ dœ᷉ nɔr fɛ᷉ o.si e.pɛs kə lɔ᷉gl]
[…] Et en quelques endroits, nous avons trouvé des pierres comme Diamans,
[e ɑ᷉ kɛl.kə zɑ᷉.drw͜e nu za.vɔ᷉ tru.ve de pjɛr kɔ᷉m dja.mɑ᷉]
les plus beaux, polis et aussi merveilleusement taillés qu'il soit possible à homme de
voir; [le ply ba͜w pɔ.li e a͜w.si mɛr.vɛ.ʎø.zə.mɑ᷉ ta.ʎe kil sw͜e pɔ.sibl a ɔ᷉m də vw͜ɛr]
et lorsque le Soleil jette ses rayons sur
iceux, [e lɔrs.kə lə sɔ.lɛʎ ʒɛt se rɛ.jɔ᷉ syr i.sø]
ils luisent comme si
c'étoientdes étincelles de feux. (p. 75)
[il lɥiz kɔ᷉m si se.tw͜ej de ze.tɛ᷉.sɛl də fø]
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