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UNE VIE A NEUF
(Cliquez sur les adjectifs composés)
 
par
Alexandra Cournoyer
 
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sur les noms de couleurs en français...)
 
Il aurait bien aimé s'affirmer riche comme Crésus, mais au lieu de cela, il se trouvait pauvre comme Job. Sa vie lui apparaissait sens dessus dessous. Il s'avérait non-violent, mais également pas bien malin. Il vivait une vie sur la paille, il se plaignait à dire qu'il n'était pas né sous une bonne étoile.  
Côté travail, il restait gonflé à bloc, mais rien à faire, il ne se trouvait pas couronné de succès. Il vivait ses journées à cran, sa carrière, en chute libre. Il n'aimait pas être fauché comme les blés. Alors il devenait soupe-au-lait lors des entrevues. Et de plus, il portait une cravate aile de corbeau, ce qui aggravait sérieusement son cas.  
Ses amours ne se montraient pas non plus à la hauteur. Il avait beau se trouver à l'écoute des femmes et s'affirmer tout sourire avec elles, il avait l'air gêné aux entournures. Il n'attirait donc pas les femmes, surtout pas avec ses cheveux poivre et sel. Ce qu'il aurait donné pour être réputé beau comme un camion et tout sucre tout miel!...  
Malgré le fait qu'il apparaissait comme quelqu'un de franc du collier, il enchaînait le refus des femmes. Il a donc commencé à se montrer sur la défensive. Il paraissait tout en nerfs lorsqu'il parlait à une conquête. Il se sentait bête comme chou. Il avait tellement l'air sur ses gardes qu'il ne reçut plus aucune invitation. Il se sentait blême de colère, car il savait qu'au fond de lui, il se trouvait digne d'estime.  
Il se changea donc en quelqu'un d' amer comme chicotin et de rabat-joie concernant l'amour. Il ne portait plus que des vêtements brou de noix et caca d'oie. Son apparence n'avait plus d'importance. Également, il passait pour un homme avec une famille pas du tonnerre.  
Bien sûr, il avait des parents qui l'aimaient, mais ses parents paraissaient en admiration devant son frère aîné, qui semblait vraiment culcul la praline, et qui ne jurait que par ses bas cuisse de nymphe émue. N'ayant jamais apprécié être considéré comme quelqu'un au second plan, la relation à couteaux tirés avec son frère s'établissait mal.  
Il avait aussi un jeune frère porté disparu, depuis quelques années, alors qu'on l'imaginait dans l'âge ingrat. On pouvait le présumer entre la vie et la mort, en bon état ou encore, en liberté surveillée, mais personne n'en parlait jamais. Et encore, sa mère avait accouché d'un enfant mort-né il y a plusieurs années.  
Par chance, il ne demeurait pas sans domicile fixe. D'accord, sa maison avait l'air cra-cra, tous les murs étaient passe-velours et sa chambre queue de vache, mais au moins, il ne dormait pas dans la rue. Il se sentait au plus mal quand tout à coup il reçu un coup de téléphone. On le supposait bien à l'écoute de l'homme d' âge avancé qui l'appelait pour lui annoncer qu'il avait maintenant du travail dans son entreprise. Il se proclamerait bientôt plein aux as, il se disait sur la bonne voie, on le jugeait sûr et certain!  
Dès le lendemain, bon chic bon genre, il se rendit à son travail. Il rencontra une femme, et comme il se sentait tout-puissant, il alla lui parler. Elle s'avéra sous le charme de cet homme flambant neuf. Comme c'était un homme entre deux âges, il savait qu'il apparaissait en bonne posture pour avoir la vie qu'il voulait. On le savait près du but, on le croyait à son aise dans son travail, on l'estimait au mieux avec sa femme et enfin, on le déclarait maintenant bien avec lui-même. Sa vie ayant l'air maintenant bien balancée, il pouvait vivre un destin sans peur et sans reproche.  
 
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