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Université du Québec à Trois-Rivières
RECUEIL DE TEXTES
motscomp
UNE VIE
A NEUF
(Cliquez sur les adjectifs composés)
par
Alexandra Cournoyer
(Le lien
pourpre.com/chroma
vous mènera au site ultime
sur les noms de couleurs en français...)
Il aurait bien aimé s'affirmer
riche comme Crésus,
mais au lieu de cela, il se trouvait
pauvre comme Job.
Sa vie lui apparaissait
sens dessus dessous.
Il s'avérait
non-violent,
mais également
pas bien malin.
Il vivait une vie
sur la paille,
il se plaignait à dire qu'il n'était pas
né sous une bonne étoile.
Côté travail, il restait
gonflé à bloc,
mais rien à faire, il ne se trouvait pas
couronné de succès.
Il vivait ses journées
à cran,
sa carrière,
en chute libre.
Il n'aimait pas être
fauché comme les blés.
Alors il devenait
soupe-au-lait
lors des entrevues. Et de plus, il portait une cravate
aile de corbeau,
ce qui aggravait sérieusement son cas.
Ses amours ne se montraient pas non plus
à la hauteur.
Il avait beau se trouver
à l'écoute
des femmes et s'affirmer
tout sourire
avec elles, il avait l'air
gêné aux entournures.
Il n'attirait donc pas les femmes, surtout pas avec ses cheveux
poivre et sel.
Ce qu'il aurait donné pour être réputé
beau comme un camion
et
tout sucre tout miel!...
Malgré le fait qu'il apparaissait comme quelqu'un de
franc du collier,
il enchaînait le refus des femmes. Il a donc commencé à se montrer
sur la défensive.
Il paraissait
tout en nerfs
lorsqu'il parlait à une conquête. Il se sentait
bête comme chou.
Il avait tellement l'air
sur ses gardes
qu'il ne reçut plus aucune invitation. Il se sentait
blême de colère,
car il savait qu'au fond de lui, il se trouvait
digne d'estime.
Il se changea donc en quelqu'un d'
amer comme chicotin
et de
rabat-joie
concernant l'amour. Il ne portait plus que des vêtements
brou de noix
et
caca d'oie.
Son apparence n'avait plus d'importance.
Également, il passait pour un homme avec une famille pas
du tonnerre.
Bien sûr, il avait des parents qui l'aimaient, mais ses parents paraissaient
en admiration
devant son frère aîné, qui semblait vraiment
culcul la praline,
et qui ne jurait que par ses bas
cuisse de nymphe émue.
N'ayant jamais apprécié être considéré comme quelqu'un
au second plan,
la relation
à couteaux tirés
avec son frère s'établissait mal.
Il avait aussi un jeune frère
porté disparu,
depuis quelques années, alors qu'on l'imaginait
dans l'âge ingrat.
On pouvait le présumer
entre la vie et la mort,
en bon état
ou encore,
en liberté surveillée,
mais personne n'en parlait jamais. Et encore, sa mère avait accouché d'un enfant
mort-né
il y a plusieurs années.
Par chance, il ne demeurait pas
sans domicile fixe.
D'accord, sa maison avait l'air
cra-cra,
tous les murs étaient
passe-velours
et sa chambre
queue de vache,
mais au moins, il ne dormait pas dans la rue.
Il se sentait
au plus mal
quand tout à coup il reçu un coup de téléphone. On le supposait bien
à l'écoute
de l'homme d'
âge avancé
qui l'appelait pour lui annoncer qu'il avait maintenant du travail dans son entreprise. Il se proclamerait bientôt
plein aux as,
il se disait
sur la bonne voie,
on le jugeait
sûr et certain!
Dès le lendemain,
bon chic bon genre,
il se rendit à son travail. Il rencontra une femme, et comme il se sentait
tout-puissant,
il alla lui parler. Elle s'avéra
sous le charme
de cet homme
flambant neuf.
Comme c'était un homme
entre deux âges,
il savait qu'il apparaissait
en bonne posture
pour avoir la vie qu'il voulait. On le savait
près du but,
on le croyait
à son aise
dans son travail, on l'estimait
au mieux
avec sa femme et enfin, on le déclarait maintenant
bien avec
lui-même. Sa vie ayant l'air maintenant
bien balancée,
il pouvait vivre un destin
sans peur et sans reproche.
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