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L'APPEL DE LA MER
par
Mélanie Viau
 
Je marchais face au vent du nord.  
J'aime bien la mer. La mer emporte tout.  
J'aimerais bien être emportée un jour. Loin, très loin...  
Le monde est si plein de touts à être emportés.  
 
Un jour, j'ai décidé d'arrêter de marcher.  
 
Je me suis arrêtée au versant d'un rêve vert.  
La mer ici était l'anachorète  
des êtres béotiens des plaines avoisinantes.  
Je ne pouvais qu'en abhorrer le son.  
Comment aimer le son sans faire preuve de laxisme  
déconcertant  
lorsque la mélopée du silence règne en autocratie  
sur cette mer gargantuesque.  
Je ne pouvais qu'abaisser le front avec componction  
dans l'espoir que ma présence ne trouble pas le souffle tranquille  
de l'eau  
qui haussait ses courants au rythme de mes pas dilatoires.  
Je ne pouvais plus espérer la méritocratie  
pour ce penchant tranquille.  
Je ne pouvais que croire au relatif tremblement de nos têtes  
pour espérer  
que mes jours n'étaient pas le fruit d'une périclitation immanente.  
Mais le vent me manqua.  
L'air me manqua.  
Sur les seuils d'une mer sybilline.  
Je sentis mes poumons cesser de se sustenter  
à même le monde sous mes pieds.  
Fini les rodomontades, les calembredaines et les billevisées  
dans ma bouche de béni-oui-oui.  
L'absence d'air me fit le même effet que l'abondance de rêves,  
elle me coupa en deux.  
J'avais eu raison de subodorer de mauvaises affaires  
avec cette mer cabalistique.  
Je m'effondrai dans le sol dur de la plage,  
comme on tombe à genoux au jour glorieux d'armistice  
et je rendis mes armes, et mes pas, aux souffle marin.  
 
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