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Le tendon d'Achille: tendinoses asymptomatiques et chirurgies

Résumé par Dr Marcel Veilleux, chiropraticien

Quelques explications

Le tendon d’Achille est le tendon le plus fort et le plus épais du corps humain. Pourtant, les ruptures du tendon d’Achille (RTA) sont des blessures fréquentes. Leur incidence semble aller en augmentant, et l’âge moyen auquel les personnes subissent cette blessure est clairement en augmentation.[1] Le débat au sujet du traitement le plus approprié quant à ce type de blessure se poursuit, et aucun consensus n’est encore établi, alors que la recherche confirme pourtant l’importance d’une réhabilitation rapide.

Le processus pathologique qui mène à la RTA semble cependant mieux identifié. En général, la RTA survient lorsque deux facteurs sont présents :

  • Le premier facteur est la présence d’une tendinose, qui consiste en une dégénérescence des tissus tendineux. Cela entraîne invariablement une faiblesse en un point ou un autre du tendon d’Achille.
  • Une tension musculaire suffisante pour que le tendon cède constitue le second facteur. Même si la rupture semble être la conséquence d’un traumatisme sur un tendon néanmoins en santé, en réalité, elle peut être le résultat d’une seule contraction excentrique (lorsque le muscle contracté se rallonge) sur un tendon présentant une tendinose cliniquement asymptomatique.[2]

Par ailleurs, on pourrait s’attendre à ce que les patients subissant une RTA éprouvent des symptômes précurseurs les alarmant d’une potentielle rupture, mais dans la grande majorité des cas, il n’en est rien : la plupart des patients souffrant d’une RTA ne ressentent aucun symptôme avant que la rupture survienne.[3]

Les RTA sont fréquentes chez les jeunes athlètes et parmi la population adulte active. La plupart des RTA surviennent durant la pratique du soccer, du tennis, du badminton et du squash.[4] Cependant, 25% des gens subissant une RTA sont des adultes sédentaires.[5]

L’ultrasonographie (communément appelée « échographie ») est un type d’imagerie diagnostique accessible et peu dispendieux qui peut être utile pour détecter les pathologies du tendon d’Achille. Les principales caractéristiques du tendon anormal sont la présence de calcification, une augmentation de la vascularisation et la présence de foyers hypoéchogènes.

Plusieurs études ont démontré que cette dernière caractéristique – la présence de foyers hypoéchogènes – est la plus importante dans la prédiction des risques de RTA.[6] L’appareil à échographie émet des ultrasons qui sont réfléchis par le tendon. Les zones affaiblies du tendon réfléchissent moins les ultrasons (c’est pourquoi on les nomme « foyers hypoéchogènes ») et créent de ce fait une image de plusieurs types de lésions, incluant les tendinoses. Par ailleurs, la recherche démontre que les gens dont les muscles et tendons du mollet sont plus courts que la normale (gastrocnemius equinus) sont plus à risque de souffrir d’une tendinose.[7]

Traitements

Bien évidemment, le traitement de la RTA nécessite une opération chirurgicale. Il existe deux types de chirurgies : les procédures minimalement invasives et les chirurgies ouvertes. Les deux procédures ont été employées avec succès, particulièrement chez les jeunes sujets. Les recherches montrent que la chirurgie ouverte mène à de faibles taux de nouvelles ruptures, et fournit au tendon d’Achille une puissance et une endurance plutôt fiables.[8] Cependant, des complications majeures telles une infection ou une nécrose des plaies surviennent parfois des suites d’une chirurgie ouverte.[9] C’est pourquoi différentes procédures chirurgicales minimalement invasives ont récemment été utilisées – avec succès – pour éviter ces complications.

Des chercheurs ont souhaité comparer les effets des chirurgies minimalement invasives à ceux des chirurgies ouvertes. Bien que des recherches supplémentaires soient encore à effectuer, il appert que les chirurgies minimalement invasives mènent à des taux de nouvelles RTA qui sont inférieurs à ceux enregistrés suite aux chirurgies ouvertes. De plus, les chirurgies minimalement invasives s’effectuent à moindre coût que les chirurgies ouvertes, et génèrent habituellement moins de complications.[10]

[1] C. Noback, P., E. Freibott, C., Tantigate, D. & al. (2018). « Prevalence of Asymptomatic Achilles Tendinosis. » Foot & Ankle International. 00(0), p.1-5.

[2] Kerrigan, D.C., Riley, P.O., Rogan, S., & Burke, D.T. (2000). « Compensatory advantages of toe walking. » Archives of Physical Medicine and Rehabilitation. 81(1), 38-44.

[3] Ingiis, A.E., Scott, W.N., Sculco, T.P. & al. (1976). « Ruptures of the tendo achillis. An objective assessment of surgical and non-surgical treatment. » Journal of Bone Joint Surgery America. 58, p.990-993.

[4] Nistor, L. (1981). « Surgical and non-surgical treatment of Achilles Tendon rupture. A prospective randomized study. » Journal of Bone Joint Surgery America. 63, 394-399.

[5] Del Bueno, A., Volpin, A. & Maffulli, N. (2014). « Minimally invasive versus open surgery for acute Achilles tendon rupture : A systematic review. » British Medical Bulletin. 109, p.45-54.

[6] Ho, G., Tantigate, D., Kirschenbaum, J. et al. (2017). « Increasing age in Achilles rupture patients over time. » Injury. 48(7), p.1701-1709.

[7] Hattrup, S.J. & Johnson, K.A. (1985). « A review of ruptures of the Achilles tendon. » Foot Ankle, 6, p.34-38.

[8] C. Noback, P., E. Freibott, C., Tantigate, D. & al. (2018). « Prevalence of Asymptomatic Achilles Tendinosis. » Foot & Ankle International. 00(0), p.1-5.

[9] Worth, N., Ghosh, S. & Maffulli, N. (2007). « Management of acute Achilles tendon ruptures in the United Kingdom. » Journal of Orthopedic Surgery, 15, p.311-314.

[10] Winter, E., Weise, K., Weller, S. et al. (1998). « Surgical repair of Achilles tendon rupture. Comparison of surgical with conservative treatment. » Archives of Orthopaedic and Trauma Surgery, 117, p.364-367.