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"Craquement" des articulations: une modélisation

Publiée en mars 2017 dans le Journal of the Canadian Chiropractic Association, cette étude effectuée par les Drs Jerome Fryer, Jeffrey Quon et Richard Vann, avait pour but de proposer un modèle in vitro pouvant aider à identifier un mécanisme, et par conséquent une source, des ''craquements'' des articulations, phénomène sonore connu mais mal compris.  Cette étude faisait suite à celle publiée en 2015 par les Drs Jerome Fryer, Greg Kawchuk et Jacob Jaremko réfutant le concept actuel véhiculé dans la profession au sujet des facteurs pouvant causer les cavitations, soit la théorie de l'éclatement d'une bulle.

Ce modèle in vitro assez simple a permis de reproduire les caractéristiques observées précédemment (son, cavité et période réfractaire) lors d'expériences connexes sur des articulations humaines.

À l'aide d'une ventouse sous tension et d'un fluide énucléé (aucune bulle préexistante) simulant la synovie, un son provenant de la cavité intra-articulaire a été produit, suivi d'une période réfractaire durant laquelle aucun 'craquement' sonore n'a été produit jusqu'à ce que la cavité observée se soit résorbée dans le liquide articulaire.  À l'inverse, lorsque la même expérience a été effectuée avec un liquide nucléé (bulles préexistantes), une perforation de la cavité s'effectuait, mais sans son ni période réfractaire.

Les chercheurs ont conclu que, lorsqu'un joint sellé est rempli d'un liquide énucléé, une décompression résulte en la formation d'une cavité (et non d'une bulle) accompagnée d'un 'crac' audible.  Le 'crac' est d'une certaine manière associé à la formation de la cavité (un vide) - et non à la formation d'une bulle ni à l'éclatement de cette bulle.

Pourquoi ce phénomène ne se produit qu'avec un liquide énucléé?  Cela représente un modèle beaucoup plus près de la réalité synoviale, mais le mécanisme sonore n'est pas clair et reste difficile à étudier avec de vrais tissus.

La force de cette étude a été de reproduire in vitro la période réfractaire suivant un 'crac' audible et ce, encore une fois, seulement avec un liquidé énucléé.

Référence : J Can Chiropr Assoc 2017; 61(1)

Complément à l'article:

Les projets de recherche qui découleront de cette expérience in vitro impliquent l'utilisation d'outils de résonnance magnétique plus précis pour mesurer les forces et les tensions impliquées, les dimensions des cavités et le temps de dissolution de ces dernières sur des modèles in vivo, et ce dans le but de valider et de mieux expliquer le modèle de la cavitation.  Un projet en ce sens est prévu à l'Université de Colombie-Britannique en association avec le British Columbia Chiropractic College.

Texte préparé par Sébastien Robidoux D.C., département de chiropratique, avril 2020.