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Le mal de tête: ce qu'il faut savoir

Le mal de tête, que les spécialistes appellent « céphalée, » caractérise une douleur ressentie à la tête de manière généralisée (tout le tour de la boîte crânienne) ou unilatérale (d’un seul côté). Généralement sans conséquence, les céphalées peuvent cependant  être symptomatiques d’une affection plus importante.

Il existe de nombreux types de céphalées, classifiés en trois catégories distinctes [1] : les céphalées primaires, les céphalées secondaires et les neuropathies crâniennes douloureuses, douleurs faciales et autres céphalées.

Si l’on exclut les gens souffrant de maux de tête dus à un accident, une blessure ou une maladie quelconque, la grande majorité de la population souffrant plus ou moins souvent de céphalées se retrouve dans la première catégorie, celle des céphalées primaires. Les céphalées primaires sont les plus courantes. Elles comprennent les migraines, les céphalées de tension, les céphalées trigéminales autonomes, et enfin, les céphalées que l’on regroupe dans la catégorie des autres céphalées primaires. Nous traiterons ici des migraines et des céphalées de tension, parmi les plus courantes des céphalées primaires ainsi que des céphalées secondaires appelées cervicogéniques (prenant origine dans le cou).

Céphalée v migraine

LES MIGRAINES

La migraine (avec ou sans aura) est un phénomène très commun, qui affecte 12% de la population (18% des femmes et 6% des hommes)[2]. Des études épidémiologiques montrent que la prévalence de la migraine varie de façon inversement proportionnelle au statut socioéconomique des sujets [3].

Les migraines sans aura touchent 75% à 80% de la population souffrant de migraine. La migraine sans aura se caractérise par un mal de tête unilatéral et pulsatile, d’intensité modérée à sévère, d’une durée de plusieurs heures et associé à une sensation nauséeuse et/ou des vomissements, ainsi qu’à une intolérance marquée à la lumière et au bruit [4].

Les migraines avec aura, quant à elles, touchent environ 20% de la population souffrant de migraine. Les symptômes de la migraine avec aura sont les mêmes que pour la migraine sans aura, mais s’ajoute à ces derniers l’apparition d’un phénomène habituellement visuel préalable aux autres symptômes, une sorte d’aura lumineuse et scintillante qui prend forme le plus souvent du côté opposé, dans le champ visuel, au côté où la douleur de la migraine est ressentie par le sujet. Ce phénomène visuel est souvent associé à une sensation de picotement au niveau du visage et/ou de la main, également du côté opposé à l’apparition de la migraine [5].

Les chercheurs ne connaissent pas encore les causes exactes de l’apparition des migraines. Le plus souvent, on associe les attaques de migraine à différents types de désordres électriques dans le système nerveux, à l’inflammation, ou encore à la dilatation de certains vaisseaux sanguins. De récentes recherches tendent cependant à éliminer l’hypothèse de la dilatation des vaisseaux sanguins comme cause potentielle de l’apparition des migraines [6]. En tous les cas, il semble qu’un mode de vie moins sain (mauvaise diète alimentaire, cigarette, alcool, etc.) de même que de hauts degrés de fatigue et/ou de stress constituent des facteurs accentuant la probabilité de déclenchement d’une crise migraineuse.

Il existe plusieurs traitements disponibles pour les personnes souffrant de migraines. L’acétaminophène (un analgésique vendu, à faible dose, sans prescription) et l’ibuprofène (un anti-inflammatoire également vendu, à faible dose, sans prescription) peuvent parfois être utilisés par les médecins ou les patients eux-mêmes. Pour les sujets pour lesquels la douleur est trop forte et pour ceux souffrant de migraines chroniques, il existe d’autres types de médicaments, sous prescription cette fois, servant à agir sur la migraine chronique (prise d’un médicament à long terme), ou au moment des attaques uniquement (prise ponctuelle d’un médicament).

Pour les migraineux souhaitant d’abord tenter un traitement naturel, pour ceux chez qui le traitement médicamenteux ne fonctionne pas ou qui jugent les effets secondaires débilitants, ou pour ceux encore qui préfèrent éviter la prise de médicament pour quelque raison que ce soit, la chiropratique peut constituer une solution intéressante. En effet, plusieurs études de cas [7] effectuées sur des patients souffrant de migraine témoignent de l’efficacité de la chiropratique dans le traitement de ce type de céphalées. Par ailleurs, une récente étude quantitative (avec groupes contrôles) [8] qui s’est tenue sur une période de 18 mois, démontre l’efficacité du traitement chiropratique et de la manipulation spécifique de certains tissus mous dans le traitement de la migraine.

LES CÉPHALÉES DE TENSION

Les céphalées de tension (CT) constituent les maux de tête les plus communs. À peu près tout le monde souffrira d’une céphalée de tension à quelques reprises au cours de sa vie. Malgré le fait que les céphalées de tension représentent les céphalées primaires les plus communes, ce sont celles dont le mode d’action est le moins bien connu. Difficile, donc, d’en déterminer les causes. Plusieurs soutiennent, d’ailleurs, que les céphalées de tension sont des fragments de migraine [9].

Parmi les critères diagnostiques des céphalées de tension, on retrouve le fait qu’il s’agit de maux de tête généralisés (bilatéraux), non pulsatiles et d’intensité légère à modérée. Les céphalées de tension n’entraînent pas de sensation nauséeuse et/ou de vomissements. Elles ne sont pas aggravées par l’activité physique, et peuvent entraîner une intolérance marquée à la lumière ou au bruit, mais non aux deux à la fois.

Tout comme pour les migraines, il existe évidemment des médicaments qu’il est possible de prendre avec ou sans prescription pour soulager la douleur associée aux céphalées de tension. Il n’est pas clair, cependant, que la chiropratique puisse aider tous les sujets souffrant d’une céphalée de tension. En effet, plusieurs études de cas démontrent que la chiropratique semble avoir contribué à l’amélioration de la condition du sujet souffrant [10] mais certaines revues systématiques de la littérature [11] tendent à montrer que la corrélation entre les traitements chiropratiques et la diminution de l’intensité et/ou de la fréquence des céphalées de tension n’est pas significative au point d’entraîner la recommandation systématique du traitement.

LES CÉPHALÉES CERVICOGÉNIQUES

Comme son nom l’indique, la céphalée cervicogénique a son origine dans le cou. Les traumatismes dus à toutes sortes d’accidents, les mouvements répétitifs ou les mauvaises postures de travail en sont souvent la cause. La douleur est ressentie à la tête, mais la cause est localisée dans le cou. On dit alors que c’est une douleur référée. Diverses maladies des structures anatomiques du cou peuvent être à l’origine de ces céphalées. La démonstration de signes cliniques qui impliquent une source de douleur au cou est un des facteurs servant à établir le diagnostic de céphalée cervicogénique.

Le traitement des maux de tête cervicogéniques devrait s’adresser à la cause située dans le cou et peut varier selon ce qui fonctionne le mieux pour chaque individu. Les thérapies physiques et les exercices physiques réguliers produisent souvent les meilleurs résultats.

Posture céphalée

Un mal de tête unilatéral qui a son origine dans la région cervicale et occipitale associé à une amplitude de mouvement limitée et à une douleur positionnelle et qui de plus peut être soulagé par une injection anesthésiante occipitale suggère probablement une céphalée cervicogénique.

Dr Marcel Veilleux, chiropraticien
20 février 2019

1- International Headache Society. (2016). International Classification of Headache Disorders 3rd edition (ICHD-3). London. Tel que lu le 27 février 2017 au https://www.ichd-3.org/

2- Robbins, M.S., Grosberg, B.M. & Lipton, R.B. (2013). Op. Cit., p. 11.

3- Lipton, R.B., Stewart, W.F., Diamond, S. et al. (2001). « Prevalence and burden of migraine in the United States : data from the American Migraine Study II. » Headache, 41, p. 646-657.

4- Robbins, M.S., Grosberg, B.M. & Lipton, R.B. (2013). Op. Cit.

5- Ibid.

6- Charles, A. (2013). « Vasodilatation out of the picture as a cause of migraine headache. » The Lancet Neurology, 12(5), p.419-420.

7- Par exemple, voir Tuchin, P.J. (2008). « A case of chronic migraine remission after chiropractic care. » Journal of Chiropractic Medicine, 7, p. 66-70. Voire également Woodfield, H.C., Hasick, D.G., Becker, W.J., Rose, M.S. & Scott, J.N. (2015). « Effect of Atlas Vertebrae Realignment in Subjects with Migraine : An Observational Pilot Study. » BioMed Research International, 2015, Article ID 630472, 18 pages.

8- Chaibi, A., Benth, J.S., Tuchin, P.J. et al. (2017). « Chiropractic spinal manipulative therapy for migraine : a three-armed, single-blinded, placebo, randomized controlled trial. » European Journal of Neurology, 24, p.143-153.

9- Robbins, M.S., Grosberg, B.M. & Lipton, R.B. (2013). Op. Cit., p. 11.

10- Par exemple, voir Vernon, H., Jansz, G., Goldsmith, C.H. & McDermaid, C. (2009). « A randomized, placebo-controlled clinical trial of chiropractic and medical prophylactic treatment of adults with tension-type headache : results from a stopped trial. » Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, 32(5), p.344-351. Voire également Ohlsen, B.A. (2012). « Combination of acupuncture and spinal manipulative therapy : management of a 32-year-old patient with chronic tension-type headache and migraine. » Journal of Chiropractic Medicine, 11(3), p. 192-201.

11- Par exemple, voir Bryans, R., Descarreaux, M., Duranleau, M. & al. (2011). « Evidence-based guidelines for the chiropractic treatment of adults with headache. » Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, 34(5), p. 274-289.