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Fracture du radius distal et lésions aux tissus mous environnants

Les fractures du radius distal sont très fréquentes : elles constituent 17% des fractures diagnostiquées en salle d’urgence.[1] Certains sous-groupes de patients, en particulier ceux âgés de plus de 50 ans, sont plus susceptibles de subir des fractures en raison de la diminution de leur densité minérale osseuse.[2] Dans la plupart des cas, les fractures guérissent après la pose d’un plâtre. Lorsque la seule manipulation externe ne peut rétablir l’alignement de l’os, ou lorsque l’extension de la fracture à une surface articulaire est associée à un désalignement significatif (supérieur à 2 mm), l’opération chirurgicale est nécessaire.[3]  Les radiographies conventionnelles postéro-antérieures, latérales et obliques permettent une évaluation précise de l'alignement osseux et de l'angulation dans la plupart des cas. Cependant, ce type de radiographie échoue souvent à détecter un discret désalignement de la marge articulaire et donc limite une planification chirurgicale détaillée. Lorsque l'incertitude diagnostique persiste ou que la fixation opératoire est planifiée, la tomodensitométrie dans les plans sagittaux et coronaux directs fournit une évaluation optimale des marges articulaires et de la position et du nombre des fragments de fracture. Malheureusement, ni l’une ni l’autre de ces techniques ne facilite l'évaluation de la lésion concomitante des tissus mous et, par conséquent, lorsqu'elle est réalisée après une telle imagerie, l'intervention chirurgicale permet de restaurer l'intégrité osseuse seulement.

Pourtant, de nombreux patients souffrent de lésions aux tissus mous à la suite d’une fracture du radius distal, cela même après restauration de l’alignement osseux. C’est pourquoi de plus en plus de chercheurs examinent ce type de lésion. Dans une étude prospective récente, des chercheurs[1] ont examiné par arthroscopie 60 patients présentant des fractures du radius distal et ont découvert que 41 patients avaient des lésions des tissus mous associées. Cette étude a été menée dans le but de comparer l'évaluation des fractures radiales distales lorsque diagnostiquées à l’aide de radiographies conventionnelles avec l’évaluation des fractures radiales distales lorsque diagnostiquées grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), suivant l’hypothèse que l'IRM pourrait non seulement améliorer l'évaluation des lésions osseuses, mais aussi permettre la détection préopératoire simultanée des lésions des tissus mous.

Cette hypothèse s’est trouvée confirmée. En effet, l’IRM permet une meilleure évaluation de l’état des lésions osseuses accompagnant les fractures radiales distales que les radiographies conventionnelles. De plus, dans 50% des cas, l’IRM permet l’identification d’une lésion concomitante des tissus mous.[2]

D’autres chercheurs ont souhaité vérifier la corrélation entre la douleur à la métaphyse radiale distale (lorsqu’elle persiste plus de deux semaines après l’avènement de la blessure) et la présence d’une fracture occulte. En accord avec leur hypothèse de départ, il appert que la présence de douleur à la métaphyse plus de deux semaines suivant la blessure suggère fortement la présence d’une fracture radiale distale occulte.[3]

Dr Marcel Veilleux, chiropraticien / 11 janvier 2019

Lexique 

 Distal : éloigné du centre du corps. Par exemple, la main est distale par rapport au coude.

Plans anatomiques

Tomodensitométrie : Type d’imagerie par rayons X permettant de voir des coupes du corps humain dans le plan de face (frontal ou coronal), de côté (sagittal) et transverse (vue d’en haut).

Taco

[1] Geissler, W.B., Freeland, A.E., Savoir, F.H. & al. (1996). « Intracarpal soft-tissue lesions associated with an intra-articular fracture of the distal end of the radius. » Journal of Bone and Joint Surgery America. 78, 357-364.

[2] Spence, L.D., Savenor, A., Nwachuku, I. & al. (1998). « MRI of fractures of the distal radius : Comparison with conventional radiographs. » Skeletal Radiology. 27, p.244-249.

[3] Glickel, S.Z., Hinojosa, L., Eden, C.M. & al. (2017). « Predictive power of distal radial metaphyseal tenderness for diagnosing occult fracture. » Journal of Hand Surgery America. 42, p.835.e1-835.e4.

[1] Palmer, A.K. (1988). « The distal radioulnar joint.» Dans Lichtman, D.M. (ed.) The wrist and its disorders. WB Saunders, Philadelphie, p.220-231.

[2] Gehrmann, S.V., Windolf, J. & Kaufmann, R.A. (2008). « Distal radius fracture management in the elderly : A literature review. » Journal of Hand Surgery America. 33(3), p.421-429.

[3] Knirk, J.L. & Jupiter, J.B. (1986). « Intraarticular fractures of the distal end of the radius in young adults. » Journal of Bone and Joint Surgery America. 68, p.647-659.