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Rupture du ligament croisé antérieur du genou : faut-il opérer ?

 

Limitation

Les procédures médicales pour la reconstruction du ligament croisé antérieur ont beaucoup évolué depuis 20 ans. Ainsi, il est possible que les techniques actuelles permettent de réduire la dégénérescence et d'accroître la fonction du genou à plus long terme. Le choix du traitement devrait toujours considérer les meilleures données probantes, l’expérience du clinicien et les préférences du patient.

La rupture du ligament croisé antérieur du genou est une blessure commune chez les sportifs professionnels et amateurs. En présence de celle-ci, il est possible d’opter pour une prise en charge conservatrice suivit ou non pour une reconstruction ligamentaire. Que ce soit avec ou sans opération, l’objectif est de rétablir la stabilité fonctionnelle du genou et de réduire le développement précoce d’ostéoarthrite. Toutefois, il semble que celle-ci soit inévitable suite à une rupture du ligament croisé antérieur et ce, peu importe la prise en charge.(1) Ainsi, la thérapie devant être préconisé en présence d’une telle blessure demeure source de débat. En effet, les conséquences à long terme de ces deux options (absence ou présence d’une reconstruction ligamentaire) sur la fonction, la stabilité et la dégénérescence du genou ne sont pas connues.

 Ligaments_genou

Figure 1. Structures du genou incluant le ligament croisé antérieur.

 

Van Yperen et al. (2018) ont contacté 50 athlètes ayant subi une rupture du ligament croisé antérieur 20 ans auparavant afin de comparer l’évolution clinique et fonctionnelle d’une prise en charge seulement conservatrice et d’une prise en charge avec l’ajout d’une reconstruction ligamentaire.(2) Lors de la blessure initiale, tous les athlètes avait pris part à un programme de réadaptation en physiothérapie d’une durée de trois mois. Par la suite, les patients présentant encore une impression de « genou qui lâche » (instabilité) ont eu la possibilité de subir une reconstruction ligamentaire. L’étude de Van Yperen et al. (2018) présente un suivi de 25 de ces patients opérés et de 25 patients ayant bien répondu au programme en physiothérapie.

Leurs résultats montrent une évolution similaire des genoux et ce, peu importe la prise en charge. Ainsi, au suivi de 20 ans, les deux groupes présentent une quantité ou un niveau similaire de :

  • État fonctionnel du genou
  • Ostéoarthrite du genou (80% des patients opérés et 68% des patients non-opérés; seulement 12% des genoux controlatéraux)
  • Méniscectomie (72% des patients opérés et 76 % des patients non-opérés)
  • Ostéoarthrite généralisée (2 patients de chaque groupe)
  • Activité physique

Bien que le groupe de patients non opérés présente une instabilité plus marquée du genou, celle-ci n’est pas associée à une incapacité plus marquée ou en davantage de comorbidité (ostéoarthrite ou dommage méniscal).

En conclusion

Les auteurs concluent que la prise en charge conservatrice est à préconiser lors d’une rupture du ligament croisé antérieur. Toutefois, il est important de considérer les critères d’inclusion des patients des deux groupes. En effet, puisque les patients non opérés présentaient une réponse adéquate suite au programme de réadaptation de 3 mois suivi initialement, il n’est pas possible d’émettre des conclusions sur l’équivalence de la prise en charge conservatrice chez les patients ayant choisi de ne pas subir une opération malgré l’instabilité persistante après 3 mois.

La conclusion de cette étude est donc qu’une prise en charge conservatrice devrait être priorisée dans les 3 mois suivant une rupture du ligament croisé antérieur du genou et, chez les patients présentant une instabilité qui perdure après ce délai, la reconstruction ligamentaire peut être envisagée.

Références

1.Lohmander, L.S., Englund, P.M., Dahl, L.L., Roos, E.M., 2007. The long-term consequence of anterior cruciate ligament and meniscus injuries: osteoarthritis. Am J Sports Med 35, 1756-1769.Logo_PubMed2

2.van Yperen, D.T., Reijman, M., van Es, E.M., Bierma-Zeinstra, S.M.A., Meuffels, D.E., 2018. Twenty-Year Follow-up Study Comparing Operative Versus Nonoperative Treatment of Anterior Cruciate Ligament Ruptures in High-Level Athletes. Am J Sports Med, 363546517751683. Logo_PubMed2

 

Dre Isabelle Pagé chiropraticienne DC, MSc, PhD(c)