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Céphalées et exercices, est-ce que la distribution des séances est importante ?

50 à 75 % c’est la proportion d’adultes qui rapportera au moins un épisode de céphalée au cours d’une année. (OMS 2016) Le tiers de ces personnes présente en fait une migraine. Environ 4 personnes sur 100 rapportent souffrir d’une céphalée durant au moins 15 jours par mois!

La céphalée est ainsi une condition entraînant une invalidité importante chez les individus atteints. Plus précisément, la migraine a été identifiée comme la 8e condition menant au plus grand nombre d’années vécu en présence d’incapacité. Les cervicalgies, souvent rapportées conjointement aux céphalées, sont quant à elles classifiées au 4e rang lorsque toutes les conditions sont considérées et au 2e rang parmi les conditions musculosquelettiques. (Vos et al. et al., 2012)

De nombreuses options thérapeutiques sont maintenant offertes aux patients présentant des céphalées et cervicalgies.(Bussières et al., 2016; Varatharajan et al., 2016) Les chiropraticiens peuvent entre autres offrir la thérapie manuelle (manipulation vertébrale ou mobilisation vertébrale) à leurs patients et peuvent combiner cette thérapie à d’autres interventions telles que des exercices. Mais à quelle fréquence est-ce que les exercices devraient être exécutés ? Quelle durée une séance d’exercice devrait avoir ? C’est ce à quoi l’essai clinique randomisé d’Andersen et al. (2017) a tenté de répondre.

Au départ, 573 travailleurs présentant des céphalées accompagnées ou non de cervicalgie ont été distribués aléatoirement dans 5 groupes. À l’exception de ceux du groupe contrôle, les participants prenaient part à un protocole d’entraînement de 20 semaines dont la fréquence et la durée des entraînements variaient, mais totalisaient au total 1 heure par semaine (tableau 1). Une description détaillée des exercices et du nombre de répétitions de chacun est présentée dans l’article. En résumé, les exercices consistaient en des amplitudes de mouvement au niveau glénohuméral, des exercices de renforcement léger des trapèzes et des muscles scapulo-thoraciques ainsi qu’un étirement des muscles extenseurs du poignet et des doigts.   

Tableau 1. Description de la fréquence et de la durée des séances selon les groupes

Groupe

Description

Nombre de participants au départ

Nombre de participants à la fin

1WS

1 séance de 1 heure par semaine supervisée

116

69

3WS

3 séances de 20 minutes par semaine supervisées

126

75

9WS

9 séances de 7 minutes par semaine supervisées

106

55

3M

3 séances de 20 minutes par semaine non supervisées

124

64

Référence

--------

101

81

 

Les auteurs ont effectué une analyse en intention de traiter afin de tenir compte du nombre important de participants ayant abandonné. Malgré que cette analyse accroisse la robustesse des résultats, il n’est pas possible de déterminer la cause réelle d’abandon. Est-ce que les participants ont eu une aggravation de leur condition ? Une résolution complète ? Le protocole était-il trop exigeant ? 

Les résultats de cette étude montrent une diminution d’environ 50 % de la fréquence et de l’intensité des céphalées dans tous les groupes ayant pris part au protocole d’entraînement comparativement au groupe de référence. Ces résultats suggèrent que la distribution des séances au cours d’une semaine n’est pas un critère déterminant de l’amélioration clinique. De plus, les exercices supervisés semblent plus efficaces pour réduire la prise d’analgésique que les exercices non supervisés.

En conclusion

L’exécution d’une heure par semaine d’exercices de renforcement et d’étirement cervicaux et des épaules sont bénéfiques chez les travailleurs présentant des céphalées avec ou sans cervicalgies. Les exercices supervisés diminuent également la prise d’analgésique comparativement aux exercices non supervisés.

Références

1. Organisation mondiale de la santé (OMS), (2016) Céphalées, aide-mémoire N°277, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs277/fr/ logo_OMS

2. Vos, T., Flaxman, A. D., Naghavi, M., Lozano, R., Michaud, C., Ezzati, M., ... Memish, Z. A. (2012). Years lived with disability (YLDs) for 1160 sequelae of 289 diseases and injuries 1990-2010: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2010. Lancet, 380(9859), 2163-2196. Logo_PubMed2

3. Bussières, A. E., Stewart, G., Al-Zoubi, F., Decina, P., Descarreaux, M., Hayden, J., ... Ornelas, J. (2016). The Treatment of Neck Pain–Associated Disorders and Whiplash-Associated Disorders: A Clinical Practice Guideline. Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, 39(8), 523-564.e527. Logo_PubMed2

4. Varatharajan, S., Ferguson, B., Chrobak, K., Shergill, Y., Cote, P., Wong, J. J., ... Sutton, D. (2016). Are non-invasive interventions effective for the management of headaches associated with neck pain? An update of the Bone and Joint Decade Task Force on Neck Pain and Its Associated Disorders by the Ontario Protocol for Traffic Injury Management (OPTIMa) Collaboration. Eur Spine J, 25Logo_PubMed2

5. Andersen, C. H., Jensen, R. H., Dalager, T., Zebis, M. K., Sjogaard, G. & Andersen, L. L. (2017). Effect of resistance training on headache symptoms in adults: Secondary analysis of a RCT. Musculoskelet Sci Pract, 32, 38-43. Logo_PubMed2

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Dre Isabelle Pagé chiropraticienne DC, MSc, PhD(c)