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Les risques associés aux thérapies manuelles

What are the risks of manual treatment of the spine? A scoping review for clinicians.

 

Gabrielle Swait et Rob Finch

Chiropr Man Therap. 2017 Dec 7;25:37

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29234493

 

Les risques associés aux thérapies manuelles demeurent un sujet épineux. Certains auteurs estiment que les risques sont minimes alors d’autres vont jusqu’à affirmer que la seule possibilité de la survenue d’un accident sérieux pose un risque inacceptable pour les patients. Les auteurs du présent article ont voulu réviser les plus récentes évidences scientifiques à ce sujet.

 

La définition de risque fait référence à divers événements indésirables qui ont un impact négatif sur le patient et qui sont causés pas une procédure thérapeutique plutôt que par un processus naturel. Pour les besoins de cette revue, les événements indésirables ont été divisés en deux catégories, soit “bénins” et “sérieux”.

 

Les auteurs ont interrogé les banques de données MEDLINE, EMBASE et COCHRANE à l’aide de mots clefs associés aux risques des thérapies manuelles.  Leurs critères de sélection leur a permis de retenir 298 articles pour leur révision.

 

Les événements bénins

 

Les résultats de l’étude montrent que des événements bénins se produisent fréquemment à la suite de l’application de thérapies manuelles (jusqu’à 83% des patients adultes). Leurs effets sont d’intensité modérée et se présentent le plus souvent sous la forme de douleurs musculosquelettiques ou de maux de tête. D’autres patients peuvent présenter des symptômes divers de nature neurologique (ex : étourdissements, nausées, troubles visuels acouphènes, faiblesse aux bras ou aux jambes, confusion). Les patients qui présentent des niveaux d’incapacité de niveau modéré à élevé présentent une plus grande probabilité de souffrir de symptômes transitoires que les personnes qui ont un niveau d’incapacité faible. Les effets des événements bénins se résorbent habituellement en deçà de 24 heures.

 

Les chercheurs n’ont pas identifié d’intervention manuelle spécifique qui pourrait représenter un risque accru d’effets indésirables bénins, mais, dans l’ensemble, les manipulations cervicales peuvent représenter un plus grand risque d’événement transitoire que les mobilisations cervicales et les manipulations thoraciques chez les patients souffrant de cervicalgie. Des effets non spécifiques ou l’évolution naturelle de la maladie peuvent aussi contribuer à la survenue d’événements indésirables bénins.

 

Les événements sérieux

 

Les études cliniques qui ont vérifié les risques associés aux thérapies manuelles pour les problèmes de dos et de cou n’ont détecté aucun événement indésirable sérieux. Ceci suggère que ces événements sont rares et rendent ainsi le calcul du taux de risque très difficile. Soulignons que les résultats des études cliniques ne s’extrapolent pas facilement à la population générale en raison des mécanismes de sélection des patients et des traitements utilisés lors des études. Ainsi, il est impossible de conclure que le risque d’un accident sérieux à la suite de l’application d’une thérapie manuelle est nul.

 

Il existe une certaine association statistique, chez les personnes de moins de 45 ans entre les visites chez des praticiens d’interventions manuelles et la survenue d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Cependant, cette association est la même pour les visites chez les médecins. Il est donc suggéré que de manière générale, les interventions manuelles ne sont pas une cause directe d’accident vasculaire cérébral. Cependant, un processus pathologique qui mène à un AVC peut causer une douleur cervicale pour laquelle le patient consulte un praticien en thérapie manuelle.

 

Les événements sérieux peuvent ainsi être le résultat de pathologies préexistantes. Par conséquent, l’examen clinique est essentiel afin de vérifier la présence de facteurs de risque, de symptômes ou de signes signalant la présence possible de cette pathologie.

 

Les événements sérieux chez les enfants

 

Certains enfants peuvent subir des effets indésirables allant de bénins à modérés (incluant, sensibilité, maux de tête, étourdissements, vomissement et pleurs). Les cas sérieux sont rares et dans plusieurs de ces cas, une pathologie préexistante était présente. Une revue de littérature portant spécifiquement sur le sujet des enfants a été publiée en 2016 :

 

Hawk C, et al. Best practices for chiropractic Care of Children: a consensus update. J Manip Physiol Ther. 2016;39(3):158–68.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27040034

 

Les événements sérieux chez les personnes âgées

 

Peu d’études ont évalué les événements indésirables à la suite des thérapies manuelles chez les personnes âgées. Une étude récente a conclu qu’il n’y a aucune évidence d’un risque accru d’événements indésirables dans cette population.

 

Hawk C, et al. Best practices for chiropractic Care for Older Adults: a systematic review and consensus update. J Manip Physiol Ther. 2017;40(4):217–29.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28302309

 

Conclusions

 

La littérature scientifique suggère que des événements bénins se produisent fréquemment à la suite de thérapies manuelles alors que les événements sérieux sont rares. L’analyse de l’incidence et de la relation causale entre les thérapies manuelles et les événements sérieux représente un défi en raison des limites méthodologiques des études.

 

Sur le plan pratique, puisque les événements sérieux peuvent être le résultat de l’évolution de pathologies préexistantes, l’évaluation des signes et symptômes pour identifier ces pathologies est importante. Les auteurs soulignent également l’importance du consentement éclairé.

 

Selon les auteurs, les praticiens peuvent contribuer davantage à la compréhension de la survenue des effets indésirables. Un mécanisme suggéré consiste à dévoiler anonymement, les circonstances entourant les événements indésirables afin de cumuler des données. Un outil à cet usage existe au Royaume-Uni, le Chiropractic Patient Incident Reporting and Learning System (https://rcc-uk.org/cpirls/). Cet outil permet aux chiropraticiens de partager l’information et facilite le développement et la publication de guides qui favorisent les pratiques sécuritaires.