EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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Le village de Lorette (Wendake), 1752

Le père Bonneau [...] célébra la messe; tout le village y assista; les femmes, les filles et les enfants [...]. Le prêtre entonna un hymne en langue sauvage; les femmes et les filles seulement répondaient. Elles chantent avec une cadence et une justesse qu'on ne peut acquérir en Europe que par un long usage de la musique; elles continuèrent durant toute la messe; […].

Les femmes et les grandes filles étaient chaussées en souliers sauvages, avaient des mitasses aux jambes, étaient vêtues d'une chemise plus ou moins blanche, d'un machicoté [jupe courte] qui n'est probablement qu'une pièce d'étoffe rouge ou bleue garni de 9 à 10 rangs l'un sur l'autre, de galons de soie ou d'argent faux, qui leur pend depuis la ceinture jusqu'aux genoux, et d'un mantelet d'étoffe de soie; leur col était en porcelaine et leurs poignets garnis de bracelets de même matière; leurs cheveux étaient rassemblés et fermés dans un étui de buis ou d'écorce qui leur pendait sur le dos, à l'instar des cadenettes ou queues des Européens. [...]

Tous ces Sauvages sont originaires de la nation huronne, […]. Ils sont partisans des Français, en ont donné des marques, de manière qu'après les Abénakis, ce sont les seuls proprement sur qui on peut compter. [...]

La plupart parlent français, sont assez vêtus de même; néanmoins ils portent toujours un braguet [pagne] et une couverture de laine dont ils s'enveloppent; ils élèvent des volailles et des bestiaux; ils ont même des chevaux qu'ils conduisent eux-mêmes, attelés à des carrioles pour se rendre en ville. […]

Les maisons sont bâties à l'instar et dans le goût de celles de nos habitants, de pièces sur pièces, couvertes en planches et distribuées avec cheminées, portes et fenêtres. Ils s'y procurent assez les mêmes commodités; entre autres des poêles en hiver […]. Les hommes néanmoins, malgré toutes ces aisances qu'ils se procurent à force d'argent, conservent toujours l'usage de la chasse en hiver, mais ils ne s'éloignent guère plus de 30 à 35 lieues [150 à 175 km; une lieue équivaut à environ 5 km].

Ce village est composé de 25 familles, faisant ensemble 120 âmes. Ces familles n'occupent que 17 maisons et sont divisées en trois bandes du nom de la Tortue, du Vautour et du Loup.

Chacune de ces bandes a son chef particulier, qui est soumis à un autre à titre de grand chef; et on ne compte parmi eux que 40 guerriers.

Source : Louis Franquet, Voyages et mémoires sur le Canada en 1752 et 1753, Montréal, Éditions Élysée, 1974, p. 104-107.