EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
EDUTIC
RETOUR
L'établissement des Hollandais à New York

Ce récit raconte l'installation des Hollandais à New York. Il a été reconstitué vers 1801, à partir de différentes versions (delawares, monseys et mahicans), par le révérend John Heckewelder, missionnaire chez les Amérindiens de Pennsylvanie. Laissons parler la tradition orale… Après une première rencontre, les Européens reviennent pour s'installer :

Le navire revint la saison suivante et tous furent heureux de se revoir. [...] Les jours passèrent et les Blancs devinrent plus familiers avec les Indiens et demandèrent à rester, sollicitant des Indiens qu'ils leur donnent seulement un terrain de la grandeur que pourrait couvrir [ou encercler] une peau de bœuf - que l'on apporta et étendit sur le sol à leurs pieds. Les Indiens n'ayant pas hésité à leur accorder ce qu'ils demandaient, les Blancs prirent un couteau et commencèrent à couper la peau pour en faire une lanière pas plus grosse que le doigt d'un petit enfant, de telle sorte que, quand ils eurent fini, ils avaient fait un gros tas. On tira cette lanière sur une grande distance, puis on en fit un cercle pour que les deux extrémités puissent se joindre. Les Blancs prirent bien soin de ne pas rompre la lanière qui, finalement, encerclait un grand terrain. Les Indiens furent étonnés de l'intelligence supérieure [dans le sens de la ruse] des Blancs, mais ils ne voulaient pas les contrarier pour un bout de terrain, car ils en avaient beaucoup. Les Indiens et les Blancs vécurent en harmonie longtemps, quoique les Blancs leur aient demandé de temps à autre plus de terrain et se soient avancés toujours plus haut le long de la rivière Mahicanittuk [la rivière Hudson]. Les Indiens croyaient que bientôt les Blancs voudraient leur pays en entier, ce qui était déjà le cas à cette époque.

Source : Denys Delâge, « La tradition orale de l'arrivée des Européens à New York », Culture et colonisation en Amérique du Nord, Sillery, Septentrion, 1994, p. 205-206.

La métaphore de la peau de bœuf transformée en fines lanières serait d'origine européenne. Des Européens auraient raconté cette fable à des Amérindiens qui l'auraient récupérée afin d'illustrer la dépossession de leur territoire. L'histoire de la peau de bœuf, ou de bison, se retrouve chez plusieurs nations autochtones. Elle explique comment les alliances se sont retournées contre les premiers habitants du continent. Elle illustre aussi la perception autochtone de plusieurs traités.