EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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La perception autochtone des maladies d'origine européenne

Un ancien récit wyandot, recueilli en 1912 par l'anthropologue Marius Barbeau, révèle l'impact décisif des maladies d'origine européenne sur le destin des Autochtones. John Kayrahoo, un habitant de la réserve wyandotte d'Oklahoma, raconte l'histoire de la formation d'une alliance amérindienne pour repousser les Européens à la mer et son échec:

Quand les Wyandots [des descendants de Hurons, de Neutres et de Pétuns dispersés] réalisèrent que les Européens étaient des envahisseurs et qu'ils voulaient toujours davantage de terres, ils «protestèrent alors avec véhémence et cherchèrent à inciter l'étranger à partir. Mais ce fut sans résultat, et les difficultés et les guerres commencèrent. [...].Les Wyandots trouvèrent de nombreuses tribus d'Indiens prêtes à s'unir et à déclarer la guerre à l'envahisseur.

Une terrible guerre s'ensuivit. En dernier recours, l'homme blanc utilisa un germe de maladies. Lorsqu'il vit le vent souffler vers les Indiens, il déboucha une bouteille remplie de germes de variole et les laissa sortir. Défait par cette calamité, l'Indien dut se rendre»

Source : Denys Delâge, « Les premiers contacts selon un choix de récits amérindiens publiés aux XIXe et XXe siècles », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 22(2-3), 1992, p. 104.

Ce récit démontre que la dépopulation causée par les épidémies a grandement facilité l'établissement des Européens sur le territoire autochtone. Les Européens n'ont pas réellement soufflé la variole sur les Autochtones. Ils ne sont pas directement responsables de l'introduction des maladies et de leur propagation sur le continent américain, puisque ce phénomène incontrôlable leur a échappé. Plus tard, des Européens auront l'idée d'exterminer des Autochtones rebelles à l'aide de vêtements et de couvertures infectés par la variole.