EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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L'éducation et la conversion des enfants amérindiens

Les enfants amérindiens furent, au début, envoyés en France pour être instruits, mais cette pratique ne donna pas les résultats voulus. Les Jésuites vont alors chercher à les isoler de leur milieu afin de les transformer en Français catholiques. Par la suite, ils pourront retourner parmi leurs compatriotes pour les influencer. La première tentative est celle du séminaire de Notre-Dame-des-Anges, sur la rivière Saint-Charles. Au début, l'expérience est tentée avec de jeunes Hurons, puis on la poursuit ensuite avec de jeunes Montagnais. On espérait aussi transformer les jeunes filles en les éduquant parmi les Français. Les Ursulines se consacrent à ce projet à partir de 1639. Trente ans plus tard, la supérieure des Ursulines livrait ses impressions sur le travail de conversion et d'assimilation auprès des jeunes Amérindiennes, dans une lettre à son fils:

Nous avons francisé plusieurs filles sauvages, tant Huronnes qu'Algonquines, que nous avons ensuite mariées à des Français, qui font fort bon ménage. Il y en a une entre autres qui sait lire et écrire en perfection, tant en sa langue huronne qu'en notre française; il n'y a personne qui la puisse distinguer ni se persuader qu'elle soit née Sauvage. M. l'Intendant [Jean Talon] en a été si ravi, qu'il l'a obligée de lui écrire quelque chose en sa langue et en la nôtre, pour l'emporter en France et le faire voir comme une chose extraordinaire. Sa Majesté [Louis XIV, 1661 à 1715], qui a envoyé des troupes en ce pays, voyant que Dieu y a béni ses armes, désire que l'on francise ainsi peu à peu tous les Sauvages, afin d'en faire un peuple poli [civilisé]. L'on commence par les enfants. Mgr notre Prélat [François de Montmorency de Laval, 1623-1708] en a pris un grand nombre à cet effet; les révérends Pères en ont pris aussi en leur collège de Québec; tous sont vêtus à la française, et on leur apprend à lire et à écrire comme en France. Nous sommes chargées des filles, conformément à notre esprit; mais quoique nous les ayons élevées depuis que nous sommes en ce pays, nous n'avons néanmoins francisé que celles dont les parents l'ont bien voulu, et quelques pauvres orphelines dont nous étions les maîtresses; les autres n'étaient que passagères et demeuraient avec nous un mois ou un peu plus, puis elles faisaient place à d'autres.

Source : E. Richaudeau, Lettres de la révérende mère Marie de l'Incarnation, Paris, Casterman, 1876, vol. 2, p. 388-389.