EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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Ne faire qu'un seul peuple : le métissage

Afin d'accélérer le peuplement de la colonie et l'intégration des peuples autochtones, le projet d'une nation mixte grâce aux mariages entre Français et Amérindiennes voit le jour. Champlain avait souhaité que les Algonquins et les Montagnais donnent leurs filles en mariage aux Français, ce qui, sur le coup, avait bien amusé les Montagnais. Il avait aussi dit aux Hurons-Wendats, « Nos jeunes hommes marieront vos filles, et nous ne formerons qu'un seul peuple ». Les Hurons, comme les autres nations amérindiennes, ont déjà l'habitude de ce genre de mariages qui renforcent les alliances économique et politique entre nations. Mais ils sont préoccupés du traitement que les hommes français accorderont à leurs femmes.

Les Jésuites, sont d'accord avec cette idée de mariage entre Français et Autochtones, mais à une condition. Ils veulent que les Amérindiennes soient d'abord « francisées de langue et de mœurs », c'est-à-dire entièrement assimilées. Rapidement, on permet aux Français d'épouser des Amérindiennes qui ne sont pas baptisées. On est convaincu que la culture du mari l'emportera nécessairement sur celle de l'épouse et qu'on aura ainsi autant de nouvelles chrétiennes.

D'abord encouragées par les autorités civiles et religieuses, ces alliances sont peu à peu trouvées moins recommandables. Le métissage ne permet pas d'obtenir les résultats voulus dans le domaine de la civilisation, de la francisation et de l'assimilation. On s'efforce alors de restreindre ces unions en les interdisant. À l'expérience, on constate que ce n'est pas tellement la culture de l'épouse amérindienne qui cède devant celle de l'époux, car les familles s'établissent dans les communautés amérindiennes. Les enfants adoptent les coutumes et la langue autochtone et s'intègrent au groupe de la mère autochtone. L'assimilation s'effectue dans le sens inverse que les autorités espéraient. Comme on dit à l'époque, en parlant de l'influence et de l'attrait des cultures autochtones sur les Européens: un Français devient plutôt « Sauvage » qu'un « Sauvage » ne devient Français.