EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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Les Algonquins et les Népissingues adressent une pétition au gouvernement (1845)

Dans cette pétition, les Algonquins et les Népissingues de la vallée de l'Outaouais décrivent les problèmes qu'ils rencontrent à cause des progrès de la colonisation et de la coupe du bois sur leurs terres de chasse. Afin de survivre, ils souhaitent cultiver sur leurs terres.

Quand vous nous voyez voyager de côté et d'autres sur les fleuves, les rivières et les lacs dans nos faibles canots, vous nous trouvez bien misérables. C'est bien la vérité, nous l'avouons. Nous sommes dans la misère parce qu'on nous dépouille tous les jours de ce que nous possédons. Nos terres passent rapidement entre les mains des Blancs. Depuis longtemps vous nous conseillez de cultiver; bien longtemps nous n'avons pas écouté un conseil si salutaire. Cela est-il étonnant ? Nous étions riches autrefois, rien ne nous manquait : les forêts étaient peuplées d'animaux de toute espèce dont nous vendions les dépouilles bien cher à l'avide marchand; cela nous donnait le moyen de suffire à nos besoins et à ceux de nos enfants. Mais il n'en est plus ainsi maintenant. Les Blancs s'établissent de tous côtés sur nos terres; et où l'on ne cultive pas, les gens des chantiers sont là pour détruire et faire fuir les animaux qui restent dans le petit espace de terre que l'on ne nous a pas encore ravi. Nos familles sont sans moyens de subsistance et nous ne savons où chercher de quoi vivre. Nous sommes réduits à la plus grande détresse. Nous voulons imiter les Blancs. C'est pourquoi nous demandons un terrain pour cultiver. […] C'est une partie de nos terres de chasse que nous voulons cultiver si vous nous accordez ce que nous vous demandons.

Source : Alexis De Barbezoieux, Histoire de la province ecclésiastique d'Ottawa et de la colonisation dans la vallée de l'Ottawa, Ottawa, La Cie d'Imprimerie d'Ottawa, 1897, p. 442-443; cité dans Alain Beaulieu, Les Autochtones du Québec, Québec/Montréal, Musée de la civilisation, Éditions Fides, 1997, p. 106-107.