EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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Les deux réseaux d’alliance

Deux principaux réseaux d'alliance se forment. D'un côté, l'on retrouve les Hurons-Wendats, leurs alliés autochtones et les Français; de l'autre, les Iroquois, leurs alliés amérindiens et les Anglais. La rivalité entre ces groupes donnera naissance à plusieurs conflits sur le continent.

« La maison longue commune » ou l'alliance franco-amérindienne

Une maison longue commune, ou une cabane, symbolise l'alliance entre les Amérindiens et les Français. Chaque nation alliée y possède son feu. Plusieurs nations s'allient aux Français : celles de l'Acadie, du bassin du Saint-Laurent, des Pays d'En Haut, c'est-à-dire des Grands Lacs, et des villages situés à proximité des colons français dans la vallée du Saint-Laurent. Toujours moins nombreux que leurs voisins des colonies de la Nouvelle-Angleterre, les Français s'appuient sur leurs alliés autochtones. Ils dépendent d'eux pour le commerce et la défense de leur colonie. Ils s'accommodent des coutumes du pays et apprennent la langue des autochtones, ainsi que le langage des présents et des métaphores. Les rencontres entre alliés durent plusieurs jours. Elles donnent lieu à des festivités marquées par des échanges de présents, des festins et des discours accompagnés de wampums.

Principales nations autochtones alliées aux français

Situation Nations
En Acadie Abénakis, Malécites et Micmacs
Dans la vallée du Saint-Laurent Algonquins, Atikamekw, Innus (Montagnais), Naskapis, Népissingues
Autochtones des villages près des colons Abénakis, Algonquins, Hurons-Wendats, Iroquois, Népissingues
Dans les Pays d'En Haut (Grands Lacs) Hurons (Wyandots), Outaouais, Neutres, Pétuns, Ériés, Ojibwés, Chippewas, Potéouatamis, Folles Avoines (Menommenees), Chouanons, Illinois, Sioux

« La chaîne d'alliance » ou l'alliance anglo-amérindienne

Les Iroquois n'avaient pas directement accès aux marchandises européennes troquées dans le golfe du Saint-Laurent. À partir de 1609, ils se tournent vers les marchands hollandais qui font la traite sur la rivière Hudson en territoire mohican (État de New York). Les Agniers (Mohawks), qui parviennent à déloger les Mahingans (Mohicans) comme intermédiaires de commerce, deviennent les principaux partenaires des Hollandais. Une corde qui rattache un navire hollandais à un arbre, en terre iroquoise, illustre l'alliance entre les Iroquois et les Hollandais.

Les Iroquois s'allient ensuite aux Britanniques qui ont repoussé les Hollandais (1664). Le lien étroit entre ces deux groupes est symbolisé par une chaîne qui relie les deux partenaires. Les Iroquois et leurs alliés autochtones se tiennent à un bout de la chaîne, tandis que les Britanniques se retrouvent à l'autre extrémité. Les Iroquois (particulièrement les Agniers), de par l'ancienneté de leur relation avec les Britanniques, détiennent une place importante au sein de cette alliance. Un deuxième réseau d'alliance anglo-amérindien se forme à partir des postes de traite de la Baie d'Hudson (1670). Au sein de ce réseau, créé dans un but uniquement commercial, les Cris deviennent d'importants fournisseurs de fourrures.

Principales nations autochtones alliées aux britaniques

Situation Nations
Région de la Baie James Athapaskans, Cris et Inuits
Côte est américaine La Ligue des Cinq Nations iroquoises, Andastes (Susquehannocks), Chicachas, Delawares et Mahingans (Mohicans)

L'alliance pour les Autochtones

Alors que les Amérindiens se considèrent indépendants et libres, les Français comme les Anglais souhaitent acquérir davantage de pouvoir et dominer l'alliance. Toutefois, ils ne parviennent pas à faire des Amérindiens des sujets de leur roi. Les Européens, qui se greffent à un réseau d'alliances autochtones, doivent s'adapter aux coutumes amérindiennes afin de ne pas déplaire à leurs partenaires et risquer de les perdre. L'alliance, que les Amérindiens considèrent comme une entente renouvelable périodiquement, est fragile ; elle peut basculer à tous moments. Au sein de ces alliances, les Autochtones servent leurs propres intérêts et défendent leur territoire. En fait, chacun y cherche son avantage et tente de tirer profit des rivalités entre les différents groupes.

Des alliés militaires indispensables

La présence des Amérindiens alliés aux côtés des miliciens canadiens et des soldats français lors des guerres coloniales, fut très importante autant du point de vue offensif que défensif. Des contemporains, dont le jésuite Louis Nicolas à la fin du 17e siècle, affirmaient que la force militaire des Français reposait sur leurs alliances avec les Autochtones. À la fin du Régime français, on le répète encore : la colonie française ne peut se soutenir que par « l'affection des Sauvages ». Les Indiens dits domiciliés, les Hurons-Wendats près de Québec, les Iroquois de la région de Montréal et les Abénakis sur la rive sud du Saint-Laurent (Odanak, Wôlinak), sont devenus des défenseurs de la colonie ainsi que les alliés des Grands Lacs et de l'Ohio. C'est également eux qui servent de guides et ravitaillent les troupes.