Extrait du rapport sur l'apprentissage coopératif

Mise en contexte

Les professeur(e)s et les chargé(e)s de cours au module de travail social de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue utilisent l'approche pédagogique en apprentissage coopératif au cours de leur enseignement en vidéoconférence et en présentiel, et ce, depuis l'année universitaire 2001-2002.

L'analyse suivante se compose de deux parties : une première évaluation de l'approche en apprentissage coopératif faite auprès des étudiants de première année (n : 22) à la fin de 2001- 2002 et une seconde évaluation auprès d'étudiants (n : 23) de première année et première session à l'automne 2002. Pour ces deux cohortes, il s'agit de questionnaires différents.

Analyse et interprétation des résultats

Cohorte 1 : 2001-2002

Ce questionnaire cherchait à mesurer les perceptions des étudiants de façon exploratoire. Les résultats obtenus ont été regroupés en deux catégories : les commentaires positifs et les commentaires négatifs.

Commentaires positifs

Les étudiants croient que la coopération favorise l'acquisition et la rétention des connaissances. Cela aide à créer des liens et des amitiés; la formule coopérative permet plus d'échanges et se rapproche de la « vraie vie » au plan des relations humaines. La coopération offre la possibilité de découvrir l'autre. Elle encourage l'esprit de groupe.

Selon plusieurs, elle procure des outils pour le travail d'équipe. Elle est plus stimulante que l'approche magistrale ou traditionnelle jugée trop contraignante. La coopération permet de s'enrichir du contact des autres.

Commentaires négatifs

En réalité, les étudiant(e)s n'ont pas critiqué négativement l'enseignement coopératif, mais ils ont profité de l'occasion pour se plaindre des cours en vidéoconférence. En fait, plusieurs y voient juste un prétexte pour l'implantation définitive de ce mode de présentation des cours. La coopération ne serait qu'une façon de dorer la pilule.

On n'observe aucune différence notable dans les commentaires entre le groupe de Val-d'Or et celui de Rouyn-Noranda, sauf peut-être le fait que les étudiants de cette dernière municipalité se plaignent davantage de l'enseignement par vidéoconférence.

Cohorte 2 : 2002-2003

Le second questionnaire compte cinq questions. Voici la synthèse des réponses obtenues.

Question 1 : Que comprenez-vous de l'apprentissage coopératif utilisé dans l'enseignement en travail social?

Selon les étudiants, l'entraide semble l'habileté la plus importante à développer lors de l'apprentissage coopératif. Cette approche favorise la solidarité, l'ouverture aux autres et l'insertion éventuelle au marché du travail. Elle facilite les rapports personnels. Seule note négative, un répondant estime que les travaux d'équipe ne rendent pas suffisamment justice à l'effort individuel.

Question 2 : Est-ce que cette approche pédagogique vous a permis de développer une ou des valeurs en coopération?

L'ouverture aux autres est la valeur qu'ils ont appris davantage à développer. L'entraide et la solidarité font aussi bonne figure au nombre des réponses. L'apprentissage coopératif semble avoir forcé le respect de l'autre et la tolérance envers ses idées, même si elles s'avèrent différentes des nôtres. En quelque sorte, il oblige à réfléchir sur la façon d'apprendre en équipe et à améliorer l'efficacité des membres pour le bien commun. Le respect mutuel se situe à la base de la coopération en classe.

Question 3 : Est-ce que cette approche pédagogique vous a permis de développer des habiletés en coopération?

L'organisation des tâches et la gestion du temps sont les habiletés mentionnées par les répondants.

Question 4 : Est-ce que le climat affectif dans la classe a été adéquat pour motiver les étudiants à coopérer?

À cette question, on note une différence marquée entre le groupe de Val-d'Or et celui de Rouyn- Noranda. À Val-d'Or, on signale que le climat était parfois tendu dans la classe et que certains étudiants n'ont pas favorisé la coopération. À l'opposé, à Rouyn-Noranda, on mentionne une atmosphère agréable en classe, ce qui a facilité le partage des expériences et la mise en commun des idées.

Question 5 : Au cours de la session, vous avez travaillé en équipe. Avez-vous perçu des différences entre travailler en équipe selon l'approche coopérative et les travaux d'équipe produits auparavant? Sinon, qu'est-ce qui pourrait être apporté pour créer cette différence?

Les valeurs rattachées à la coopération semblent aider à créer un climat sain en classe. Également, l'apprentissage coopératif contribue à améliorer le travail d'équipe en incitant les étudiants à se questionner sur leur façon d'agir avec les autres dans le cadre de la réalisation d'un projet. Ce questionnement paraît conduire au respect mutuel et à la recherche de solutions lors de situations conflictuelles.

Les étudiants estiment que l'entraide, l'ouverture aux autres et la confiance représentent des valeurs essentielles à la réussite de la pédagogie coopérative.

Enfin, aucune amélioration n'a été proposée pour créer une différence entre le travail d'équipe sans ou avec l'approche coopérative.

Conclusion

La coopération au module de travail social de l'UQAT paraît cheminer sur la bonne voie. À la lumière des réponses compilées, la réaction des étudiants va dans ce sens. Le seul bémol exprimé concerne la réussite personnelle. Peut-être faudrait-il réajuster le tir et évaluer les étudiants sur une base individuelle selon un pourcentage plus élevé? Néanmoins, rien n'indique que ce sentiment est partagé par la majorité.

Il demeure que l'apprentissage en mode coopératif remporte un certain succès chez les étudiants. Une évaluation de cette approche à la fin de chaque session constitue une stratégie pertinente afin d'apporter les correctifs utiles dans l'intérêt général.

(Rapport fait en collaboration avec Sylvain Beaupré, Émilienne Laforge et Louise Villeneuve, professeures et chargé de cours au programme de baccalauréat en travail social de l'UQAT, printemps 2003.)