L'organisation de l'exposé oral

Les objectifs généraux du programme de formation ou les compétences à développer dans le cursus sont les critères de base sur lesquels devrait se construire le contenu de chacun des cours. Ce sont des guides qui permettent la sélection des divers contenus à couvrir. À partir de ces objectifs généraux ou des compétences à développer, il s'agit de formuler les objectifs spécifiques ou les intentions de formation et d'organiser le contenu à communiquer sous forme d'exposé oral.

Voici, en abrégé, une description des deux principales étapes à franchir dans l'organisation d'un exposé, à savoir : la préparation et la prestation.

La préparation

La préparation doit tenir compte des principales dimensions suivantes :

  • les étudiants à qui l'exposé s'adresse : leurs besoins, leurs intérêts, leur maturité intellectuelle, leur maîtrise des préalables (Chamberland, Lavoie et Marquis, 1995);
  • la nature du contenu à enseigner et des grands thèmes à développer : « Quels sont les éléments essentiels que je veux voir apprendre et retenus par les étudiants? » (Proulx, 1993);
  • le degré de spécificité des objectifs à atteindre : il faut savoir faire la différence entre les compétences à développer chez des spécialistes de haut niveau et celles de personnels professionnels;
  • l'équilibre entre les contenus théoriques reliés aux fondements et aux théories structurantes des divers champs disciplinaires et les contenus pratiques reliés au développement des habiletés propres à ces divers champs.

À la fin de cette étape, un exercice s'impose : voir comment on peut éviter de surcharger un exposé même s'il offre l'avantage d'aborder une grande quantité d'informations. Il est inutile de noyer les étudiants sous une avalanche de contenu qu'ils n'auront pas l'occasion d'intégrer et dont ils ne percevront pas forcément l'utilité.

La prestation

Avant le cours

Prendre un certain temps pour échanger avec les étudiants de façon informelle. Plusieurs en profiteront pour poser des questions qu'ils n'ont pas eu l'occasion de poser en classe, d'autres se plairont à faire part de leur opinion sur différents sujets, etc.

Dès le début de la prestation

Attirer l'attention par une question surprenante, une analogie, une anecdote, un problème à résoudre ou un bref questionnaire (vrai ou faux). C'est l'introduction. L'important est de varier cette dernière pour en maximiser l'impact.

Par la suite, il y a tout avantage à présenter aux étudiants un schéma organisateur de l'ensemble des éléments du contenu. C'est une façon pour eux de codifier ces éléments (la codification, 3e des 7 phases d'un acte d'apprentissage selon Gagné, Brien et Paquin, 1976). Ce peut être un graphique, un tableau ou un organigramme reproduit au tableau, sur écran ou sur une copie distribuée. C'est le moment de préciser les objectifs du cours et, le cas échéant, de faire des liens entre la théorie et la pratique.

Durant la prestation

Regarder les étudiants de façon à ce qu'ils perçoivent que le discours leur est adressé personnellement. C'est un excellent moyen d'observer le langage non verbal ou tout autre signe indiquant que le moment est venu de poser des questions, de vérifier leur compréhension, de connaître leur opinion sur le sujet, en un mot, de voir s'ils sont toujours attentifs. Généralement, l'attention tend à diminuer après dix minutes d'écoute.

Le contenu

Il doit être présenté de façon claire, en utilisant des phrases courtes et imagées pour favoriser chez les étudiants « l'émergence de représentations mentales pertinentes » (Chamberland, Lavoie et Marquis, 1995).

Il y a cependant quelques pièges à éviter : des formules toutes faites ou des phrases longues comportant de nombreuses incises ou digressions et qui éloignent du sujet, des tics (vous me suivez, alors, bon, …) ou encore la lecture de notes ou du contenu d'une présentation multimédia (PowerPoint).

Il ne faut jamais négliger l'impact positif de souligner les points importants au tableau ou sur tout autre support visuel, ce qui permet de s'y rattacher au besoin.

Le langage

L'exposé oral étant une formule essentiellement basée sur la communication, il faut savoir s'exprimer devant un auditoire; entre en jeu ici la diction, l'articulation, le débit, le volume. Il faut de plus savoir communiquer, c'est-à-dire tenir compte des étudiants à qui on s'adresse, prévoir des pauses (des moments de silence sont généralement bien appréciés), reformuler, répéter, etc.

Le vocabulaire

C'est l'élément essentiel du contenu théorique. Pour que les étudiants aient une compréhension commune de ce vocabulaire, Bujold (1997) propose d'abord de leur demander :

  • le sens qu'ils donnent aux principaux termes qui seront utilisés, au moyen d'exercices ou de questions permettant l'exploration et la clarification des termes reliés au contenu;
  • en sous-groupes, de faire consensus sur le sens de ces termes;
  • de faire, en grand groupe, une mise en commun.

Il propose ensuite de leur donner, en début d'exposé, le sens qui sera donné à ces termes afin qu'ils puissent comparer avec les leurs, ce qui n'est pas sans susciter des discussions facilitant « la compréhension de la réalité désignée par les termes choisis » (Bujold, 1997).

Le langage non verbal

Dans le même ordre d'idées, le langage non verbal a un impact fort significatif auprès des étudiants. Les yeux, la bouche, le front, la façon de se déplacer, de bouger, de réagir sont autant de comportements porteurs de messages qui seront perçus comme enthousiastes, convaincants, curieux, surpris, encourageants.

Il n'est pas inutile de préciser ici l'importance de :

  • savoir prendre en riant ses erreurs;
  • ne jamais ridiculiser les questions ou les réponses des étudiants;
  • avoir un juste équilibre entre le sérieux et l'humour.

À la fin du cours

C'est la clôture, moment fort de l'exposé. S'il est important d'introduire un cours, il est tout aussi important de le clôturer en en faisant la synthèse, le résumé, ou encore mieux, en faisant résumer par les étudiants ce qui a été traité pendant le cours. C'est aussi, selon Altet et Britten (1983), une belle occasion de donner aux étudiants un sentiment de satisfaction intellectuelle. Essentiellement, lors de la clôture, il s'agit :

  • de revenir sur les objectifs énoncés au début du cours, ce qui « permet aux étudiants de comprendre les concepts présentés et leurs relations bien mieux qu'ils ne l'ont fait au moment de l'introduction » (Prégent, 1990);
  • d'en faire une synthèse à l'aide de questions préparées, ce qui « permet aux étudiants de vérifier leur compréhension des notions essentielles présentées dans le cours » (Prégent, 1990; 195);
  • de faire un rappel des principaux concepts vus afin de situer ces nouvelles acquisitions dans le contexte des connaissances antérieures;
  • d'annoncer le contenu du prochain cours « afin de donner aux étudiants un aperçu de la continuité des diverses séances du cours » (Prégent, 1990; 196);
  • de donner les directives concernant le travail à faire pour la prochaine rencontre (court terme) ou pour une date ultérieure (moyen ou long terme).

Comme différents thèmes peuvent être traités durant un cours de trois heures, il peut y avoir une brève clôture après chacun; il faut donc prévoir des moments d'arrêt pour faire le point avant d'amorcer tout nouveau thème. C'est là un excellent moyen de contrer le problème relié à la limite de la capacité d'absorption d'une grande quantité d'informations. Ces « mini clôtures » consistent alors en des « retours systématiques sur les connaissances transmises » (Barbeau, Montini et Roy, 1997). Cette façon de procéder permettrait, selon eux :

  • de faire des rappels des informations avant de les remplacer par d'autres;
  • d'identifier ce qui est compris et ce qui demanderait des explications supplémentaires;
  • de réajuster le tir.

Selon Prégent (1990), la durée tant de la clôture que de l'introduction devrait représenter 5 % de la durée d'un exposé. Malheureusement, c'est une partie généralement négligée. La difficulté réside davantage dans le fait de la considérer comme faisant partie intégrante d'un cours que dans celle de la préparer.

Après le cours

Si, avant le cours, il est conseillé de prendre quelques minutes pour échanger avec les étudiants, cela vaut également pour la fin du cours. Il y a toujours des étudiants qui ont des questions à poser, qui demandent des précisions sur les travaux ou les lectures, ou encore qui veulent échanger tout simplement.

La prise de notes

Lors d'un exposé oral, les étudiants doivent, dans la mesure où ils ont à conserver l'information, être capable de prendre des notes. Il suffit de circuler un peu et de jeter un œil sur les notes prises pour constater que certains ont bien organisé l'information alors que d'autres adoptent différentes stratégies, entre autres tout noter (c'est généralement ceux qui demandent régulièrement de répéter ce qui vient d'être dit), noter quelques mots, des bouts de phrases, ou plus simplement copier les notes du voisin.

Les manuels de méthodologie du travail font remarquer avec justesse que prendre des notes tout en écoutant est un exercice plus difficile que prendre des notes en lisant puisqu'il est impossible de revenir sur le contenu pour comprendre, ce que seul l'orateur peut faire. C'est dire que la prise de notes comporte un risque de déperdition et de distorsion de l'information communiquée (Tournier, 1978).

Pour faciliter la prise de notes

Sur le plan pratique, le professeur ou le chargé de cours peut aider les étudiants à prendre leurs notes, et ce, de façon efficace. D'abord, en leur conseillant :

  • d'utiliser des feuilles mobiles, côté verso seulement, pour faciliter le classement et l'insertion de matériel supplémentaire;
  • d'organiser leurs notes de façon à mettre en évidence les grands titres, les points forts, les idées secondaires, les exemples;
  • de noter en évitant les effets de style (mots, verbes non expressifs);
  • de noter les définitions, les références;
  • d'utiliser des jeux de flèches pour mieux rendre compte du déroulement d'un raisonnement;
  • d'utiliser des symboles, des abréviations.

Ensuite, en mettant en pratique quelques-unes des suggestions suivantes :

  • donner le plan de l'exposé;
  • limiter le temps de l'exposé en l'entrecoupant d'exercices d'application;
  • remettre un diagramme ou un schéma ouvert que les étudiants complètent au fur et à mesure de l'exposé;
  • donner les idées principales qui seront développées;
  • laisser des temps d'arrêt pour permettre d'écrire;
  • faire élaborer une carte conceptuelle au début et à la fin du cours;
  • dans le cas d'exemples, demander leur attention en leur disant qu'ils auront du temps pour écrire par la suite;
  • après un certain temps, leur permettre d'échanger en petits groupes pour comparer leurs notes, les compléter, les hiérarchiser;
  • ajouter de courts textes pour appuyer certaines parties;
  • faire construire des définitions, des exemples et des contre-exemples, faire rédiger un résumé sous forme de schéma, élaborer des questions.

Aider les étudiants à revoir leurs notes et à les étudier

Selon les éléments d'évaluation liés au cours, les étudiants mettent parfois beaucoup d'énergie dans la mémorisation des contenus. La mémorisation est nécessaire, mais elle est incomplète sur le plan des apprentissages. Lorsque vient le temps d'utiliser ces connaissances mémorisées, les étudiants parviennent difficilement à faire le transfert à une autre situation que celle où elles ont été apprises.

Voici quelques suggestions de scénarios d'appropriation de notes de cours :

  • relire ses notes, les augmenter avec d'autres lectures ou des références au manuel de base le cas échéant; relire à voix basse, à voix haute, des yeux seulement;
  • souligner d'une couleur différente les titres, les idées principales et secondaires de même importance;
  • sélectionner les éléments de contenu essentiels, les analyser, s'en faire une représentation sous forme de tableau, de schéma, de graphique : c'est l'occasion d'identifier les mots-clés;
  • mémoriser de façon efficace : visualiser et tenter de reproduire un schéma, voir aux parties manquantes; trouver des exemples, faire des comparaisons; refaire les exercices d'application donnés en classe; répéter la définition des concepts et les placer en contexte, et surtout se demander dans quel autre contexte cette connaissance pourrait être intégrée;
  • faire un bilan systématique de ce qui a été vu afin de préparer des questions à poser lors d'un cours ultérieur ou avant un examen.

De façon régulière, il reviendrait aux étudiants de faire le point sur leur façon de prendre des notes : ce qui est efficace, ce qui est bien, donc à renforcer; ce qui est à améliorer ou à modifier, et les moyens pour le faire.