Enseignant efficace

On  pourrait supposer qu'un bon enseignant est un enseignant efficace. Mais face à un groupe d'étudiants plus ou moins intéressés devant ce qui leur est proposé, plus ou moins constants dans la réalisation de leurs travaux, peu efficaces dans leur façon de s'approprier la matière ou de se préparer aux examens, plus ou moins autonomes, on en arrive vite à se poser la question : suis-je efficace?

À cette question, Barbeau, Montini et Roy (1997) proposent les quatre stratégies suivantes pour orienter la démarche de l'enseignant qui éprouverait le besoin d'explorer des éléments de réponses à ses questions :

  • se connaître comme enseignant;
  • connaître ses étudiants;
  • connaître différentes méthodes d'enseignement;
  • contribuer au développement d'étudiants plus efficaces.

Ces stratégies s'inscrivent dans une activité d'autoanalyse critique de son enseignement. Chacune d'elles comprend des moments de réflexion supportés par des énoncés ou des questionnaires dont la compilation et l'analyse des résultats aideront à mieux comprendre l'ensemble du processus d'apprentissage. Voici un résumé de chacune ces stratégies.

Se connaître comme enseignant

Cette première stratégie comprend deux moments de réflexion qui sont autant d'occasions de prendre le recul nécessaire pour objectiver la nature de ses interventions pédagogiques.

Le premier moment porte sur les attentes des étudiants envers leur enseignant en répondant aux cinq questions suivantes :

  • suis-je disponible aux étudiants lorsqu'ils sont en situation d'apprentissage?
  • est-ce que mon attitude envers eux est caractérisée par le respect?
  • est-ce que ma démarche pédagogique vise la compréhension du plus grand nombre?
  • est-ce que je privilégie une approche rigoureuse et exigeante?
  • est-ce que je suis intéressé et motivé par mon enseignement?

Le deuxième moment porte sur l'engagement cognitif du professeur ou du chargé de cours dans son enseignement, c'est-à-dire « … la qualité et l'intensité de l'effort mental fourni lors de l'accomplissement des tâches d'enseignement ou de tâches connexes. » (Barbeau, Montini et Roy, 1997). Cette fois, le professeur est invité à répondre rapidement à une série d'énoncés en pensant à un cours qui lui cause particulièrement problème; voici deux exemples d'énoncés :

  • il m'arrive régulièrement de préparer mon cours à la dernière minute;
  • quand j'ai un doute, je consulte toujours les étudiants pour vérifier si le travail qu'ils ont à faire a été bien compris.

Les réponses devraient faire ressortir les éléments positifs de son engagement cognitif, ou encore ceux pour lesquels il y aurait place à amélioration. Les auteurs proposent également des façons d'y travailler.

Connaître ses étudiants

Cette deuxième stratégie comprend un moment  de réflexion de l'enseignant à propos de ses étudiants. Entre autres questions, le professeur ou le chargé de cours doit se demander :

  • ces étudiants, qui sont-ils?
  • est-ce qu'ils se connaissent bien comme étudiants?
  • quelles sont leurs préoccupations?
  • qu'est-ce qui les motive?
  • qu'elle est leur connaissance de la matière?
  • etc.

Comme suite à donner aux résultats, des moyens sont suggérés pour questionner tant sa façon d'enseigner que sa façon d'agir avec les étudiants. 

Connaître différentes méthodes d'enseignement

Cette troisième stratégie comprend un moment de réflexion de l'enseignant par rapport à ses pratiques pédagogiques à la suite duquel il est invité à faire un inventaire de toutes les façons possibles de varier son enseignement. Ce bref questionnaire amène le professeur ou le chargé de cours à se demander, entre autres :

  • s'il connaît différentes méthodes d'enseignement;
  • s'il utilise toujours les mêmes;
  • s'il réserve parfois des surprises aux étudiants, par exemple en changeant le déroulement du cours et la façon de procéder;
  • s'il utilise l'évaluation formative et sommative.

Contribuer au développement d'étudiants plus efficaces

C'est lors de cette quatrième stratégie que l'enseignant pourra vérifier si la nature de son enseignement a permis à l' étudiant « d'organiser et d'orchestrer à sa guise ses études et ses apprentissages » (Barbeau, Montini et Roy, 1997). C'est le moment de se demander si ses étudiants se connaissent en tant qu'apprenants, s'ils connaissent leur façon d'apprendre, s'ils savent renforcer ou corriger leur démarche d'apprentissage.