L'interdépendance et la responsabilisation individuelle

Ces deux composantes ne vont pas l'une sans l'autre. Howden et Kopiec (2000) disent de l'interdépendance que c'est la pierre angulaire du travail en coopération, et de la responsabilisation qu'elle est le complément à l'interdépendance.

L'interdépendance correspond à la perception d'être lié aux autres membres du groupe et c'est ce qui permet au groupe d'exister. Les étudiants doivent partager un objectif commun s'ils veulent retirer de leur travail des bénéfices mutuels. Ils doivent comprendre et croire qu'ils partagent tous le même sort : ils perdent ou ils gagnent en équipe. Il s'agit donc de favoriser cette interdépendance, et selon Howden et Kopiec (2000), il existe sept moyens de s'en assurer : « les objectifs, les récompenses, les tâches, les rôles, les forces extérieures et l'environnement de travail ». 

Les objectifs

C'est un aspect omniprésent dans tout travail en coopération. Cet objectif doit être clairement précisé et chacun doit en avoir une compréhension commune. À retenir : il n'y a travail en coopération que si chacun participe et contribue à l'atteinte d'un objectif commun, objectif défini par l'enseignant ou par les membres eux-mêmes.

La rétroaction positive 

Il pourrait s'avérer nécessaire de prévoir des renforcements afin de favoriser cette interdépendance, particulièrement au début d'un travail en coopération. Pour encourager le développement d'une plus grande cohésion, on peut, si chaque membre a contribué à l'effort collectif, accorder la même appréciation, par exemple. Cependant, il demeure préférable que la motivation des membres de l'équipe soit davantage de nature intrinsèque.

Les ressources

Un travail en coopération qui oblige à partager différents types de ressources (dictionnaires, articles…) est un moyen de favoriser une interdépendance positive. Ces ressources, on doit s'assurer qu'elles soient disponibles, en nombre suffisant et réparties de manière à ce que chacun puisse en disposer, évitant ainsi qu'elles soient monopolisées par un seul membre qui, finalement, accomplirait la tâche seul.

Les tâches

Le travail en coopération permet d'organiser les tâches à accomplir de différentes façons. Le travail peut être divisé en tâches individuelles (chacun a une partie du travail à réaliser), en étapes (observation, cueillette, analyse, rapport, etc.) ou en responsabilités (répartition : un membre, tous les membres).

Les rôles

Une bonne façon de s'assurer de la participation de chacun des membres du groupe et d'éviter les conflits est de proposer aux équipes de se donner des rôles. Ainsi, chaque membre sait exactement en quoi consiste sa responsabilité au sein de l'équipe, et l'organisation de même que la nature des rencontres s'en trouvent facilitées. Voici quelques exemples de rôles de base à jouer au sein d'une équipe :

  • Le facilitateur : cette personne s'assure que chaque membre de l'équipe remplit bien les fonctions qui lui sont assignées et que les objectifs demeurent toujours présents à l'esprit du groupe. Cette personne fait le pont entre l'enseignant et l'équipe ou entre d'autres équipes et la sienne.
  • Le vérificateur : cette personne conserve les productions de l'équipe et s'assure du respect des échéances, des délais et du temps de parole alloué à chacun lors des discussions. S'il y a lieu, la personne consigne également les réponses à des sondages ou à des enquêtes.
  • Le gardien du climat : cette personne se charge tout particulièrement d'encourager les membres, de les féliciter. Elle peut aussi agir comme médiateur lors de conflits en trouvant des moyens pour résoudre le problème.
  • L'observateur : cette personne note et compile des informations à propos des comportements relatifs aux habiletés de coopération à mettre en pratique. Elle s'assure que ces informations sont rassemblées car elles seront fort utiles lors de l'évaluation du fonctionnement du groupe. Cette personne présente aux membres de l'équipe, à certains moments, ses observations et les progrès qui ont été remarqués.

Les rôles peuvent être attribués par l'enseignant ou par les étudiants. Howden et Kopiec (2000), proposent un exemple d'un plan de travail illustrant une interdépendance liée aux rôles. Selon eux, il faut comprendre qu'il n'est pas facile pour un étudiant d'être en processus d'apprentissage et en même temps assumer un rôle, comme il ne faut pas présumer que les rôles, vu leur nature, sont toujours assumés de façon adéquate.

Les forces extérieures

Le travail d'une équipe peut être influencé par des forces extérieures telles le temps et la compétition. Il est donc important de préciser le temps alloué à chaque activité, ce qui, en soi, est équitable pour toutes les équipes : on ne communique pas le résultat du travail à l'intérieur de cette période. Certaines stratégies comportant une part de compétitivité peuvent favoriser davantage l'esprit de compétition que de coopération. Sans s'empêcher d'utiliser ces formules, c'est le doigté du professeur ou du chargé de cours qui fera en sorte qu'il n'y aura pas de gagnants ou de perdants puisque ce n'est pas le but de cette stratégie pédagogique.

L'environnement

Il est question ici de l'organisation physique de l'environnement afin qu'il soit propice aux rencontres et au travail. Pour de courtes activités de travail en coopération, on peut faire en sorte que les étudiants travaillent avec leurs voisins immédiats; pour un travail de plus longue durée, il serait préférable de disposer de tables qui permettent de réunir au moins tous les membres d'une même équipe d'étudiants.

La responsabilisation individuelle

C'est ce qui fait que chaque membre du groupe a fait son travail de façon correcte et qu'il peut en témoigner. C'est un élément qu'il faut favoriser surtout lorsque la motivation n'est pas la même chez tous les membres d'une équipe. Dans le cas contraire, il n'est pas vraiment nécessaire de s'en préoccuper. C'est progressivement que les étudiants développent leur sens de la responsabilisation et qu'ils « se rendent peu à peu compte de l'importance de la responsabilité et en font une partie intégrante de leurs habitudes d'apprentissage » (Howden et Kopiec, 2000).

Interdépendance et responsabilisation

Tout en considérant les valeurs et les habiletés de coopération, l'interdépendance et la responsabilisation s'actualisent à partir des rôles, des tâches et des objectifs qui sont poursuivis par les membres de l'équipe. Les équipes de travail en coopération sont appelées à développer des automatismes, par exemple déterminer dès le début un animateur, un secrétaire et, selon les besoins, un porte-parole, un gestionnaire du temps, etc. Le texte « Les Oies » illustre bien cette interdépendance. Quand à l'extrait vidéo suivant, il illustre une façon d'introduire cette composante.