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Histoire de l'iconographie botanique
en Amérique française du 17e au 19e siècle
CHARLEVOIX

4. La classification botanique au début du XVIIIe siècle.

La botanique du XVIIIe siècle prend sa classification dans les recherches de Tournefort qui publie un ouvrage important intitulé: Élémens de botanique ou Méthode pour connoître les plantes* dans lequel il classe les 8,846 plantes connues de son temps. Sa classification diffère de celles qui existent jusque-là. Au chapitre deuxième, notre sous-chapitre intitulé: La classification des traités de botanique du XVIIe siècle ou vers une classification naturelle situe l'apport de Tournefort à la classification botanique. Celui-ci croit que:

"Res Herbaria quae Botanice dici solet, in duas partes dividitur, quarum prior in recta plantarum cognitione, altera in optimo earum usu sita est"* .

Sur cette question, les idées de Charlevoix et de Tournefort diffèrent. La classification de Tournefort se présente de façon très visuelle et simple, comme le montrent les planches de l'Introduction à la Botanique de Philibert  . Les 22 classes y sont bien représentées. Les sections, ou classes, sont faites d'après le nombre et la disposition des pièces de la corolle. À cette classification visuelle s'ajoutent des descriptions courtes et précises.

Retrouvons-nous quelque chose de cette méthode dans l'iconographie et le texte de Charlevoix? Le tableau 12 de la page précédente précise l'intérêt de Charlevoix pour la représentation des fleurs, mais il est loin d'en montrer le détail, de compter et d'étudier la disposition des pièces de la corolle.

De plus, les planches de la Description n'atteignent pas le niveau de précision de celles qui se trouvent dans l'Anatome Plantarum* de Malpighi  qui précède de presque 70 années l'ouvrage de Charlevoix.

Ajoutons que les Lettres de 1720 et 1721 de Charlevoix classent encore les plantes avec des méthodes du début ou du milieu du XVIIe siècle qui décrivent les structures visibles des plantes. Prenons, par exemple, cette description des Citrons:

"Il croît au Détroit des Citronniers en plein sol, dont les fruits ont la forme & la couleur de ceux de Portugal, mais ils sont plus petits, & d'un goût fade; ils sont excellents confits. La racine de cet Arbre est un poison mortel & très-subtil, & en même-tems un antidote souverain contre la morsure des Serpens. Il faut la piler & l'apliquer à l'instant sur la playe: ce remède est prompt & immanquable."*


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