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Histoire de l'iconographie botanique
en Amérique française du 17e au 19e siècle
CHARLEVOIX

12. Conclusion du chapitre sur Charlevoix

Les sources littéraires et iconographiques de la Description sont principalement françaises et anglaises. Charlevoix collige les textes et les figures d'ouvrages datant de 1635 à 1731 ou 1743. La Description témoigne de l'approche d'un érudit qui fait une place importante aux écrits. Il séjourne durant sept années en Nouvelle-France. Or, étrangement, il ne représente pas la figure du Maïs, une des plantes importantes pour les Amérindiens.

La Description met en scène les outils intellectuels de botanistes français du XVIIe siècle auxquels s'ajoutent les textes et les figures de plantes de naturalistes qui ont parcouru et décrit l'Amérique septentrionale à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècles. Parfois contradictoires, le Journal et la Description trahissent le choix de l'historien, du savant de cabinet, au détriment de l'observation méticuleuse du botaniste. Le repérage des sources littéraires et iconographiques de la Description illustre bien l'éclectisme de Charlevoix quand vient le moment d'inventorier et de décrire les espèces botaniques de la Nouvelle-France. Il existe dans la Description autant de classifications botaniques que d'auteurs cités. Sur le modèle des histoires de la botanique, Charlevoix réfère parfois aux Anciens comme Dioscoride et Pline. Il fait aussi état de quelques botanistes qui marquent le XVIe et le XVIIe siècles comme Matthioli, Bauhin et Parkinson.

L'une des sources importantes de Charlevoix est le Canadensium de Cornuti de 1635. Cet ouvrage construit sur le modèle des Histoires, des Commentaires, s'intéresse aux formes des plantes et leur donne un nom. Tournefort présente Cornuti comme un botaniste peu versé dans la connaissance des plantes et dont les appellations sont souvent inexactes.

Charlevoix utilise abondamment l'Histoire naturelle de l'anglais Mark Catesby, un naturaliste et dessinateur autodidacte. Celui-ci s'inspire de façon lointaine de la méthode de Ray qui est considéré comme le fondateur de la classification naturelle en Angleterre.

Charlevoix mentionne aussi les ouvrages de Tournefort, mais ses descriptions ne rendent pas les spécimens végétaux avec autant d'acuité et ne classent pas avec les paramètres de la méthode de Tournefort. La comparaison entre les figures des plantes de Tournefort et celles de Charlevoix marque clairement la différence entre la méthode naturelle et l'artificielle. Les figures de la Description montrent l'appareil végétatif des plantes. Or si la fleur mérite l'attention du dessinateur, il y manque les détails des parties qui permettent de compter et de classer selon la méthode de Tournefort. Charlevoix s'intéresse à la forme de la plante, à son histoire, à ses propriétés et à ses usages alors que Tournefort différencie la description exacte des plantes, de leurs usages.


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