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Histoire de l'iconographie botanique
en Amérique française du 17e au 19e siècle
CHARLEVOIX

8. Charlevoix et l'Histoire naturelle de Catesby (suite 1.)

Voici ce que Charlevoix en dit:

"Cet arbre, que Banister attribue à la Jamaïque, ne lui est point particulier, & se trouve sur les côtes de la Virginie & de la Floride. Il a rarement plus de seize pieds de haut, & plus d'un pied de diametre. Son écorce est blanche, & fort rude. Son tronc & ses grosses branches ont cela de singulier, qu'ils sont presque tous couverts de protubérances pyramidales, terminées en pointe fort aiguë, & de la même consistance, que l'écorce de l'Arbre. Les plus grandes sont grosses comme des noix; les petites branches n'ont que des épines; les feuilles sont rangées deux à deux, l'une vis-à-vis de l'autre, sur une tige longue de six pouces, & soutenues par des pédicules d'un demi pouce. Ces feuilles sont de travers; leurs plus grandes côtes ne les partagent point par le milieu. Des extrémités des branches sortent de longues tiges, qui portent de petites fleurs blanches à cinq feuilles, avec des étamines rouges. Ces fleurs forment de petits bouquets: chacune est suivie de quatre semences d'un verd luisant, renfermée dans une capsule verte & ronde. Les feuilles ont la même odeur, que celles de l'Oranger; elles sont aromatiques, aussi-bien que l'écorce, les semences très-chaudes, astringentes. On s'en sert en Virginie & en Caroline pour le mal de dents, & c'est de-là que l'Arbre a pris son nom."* .

(Pour voir le texte de Catesby en parallèle avec celui de Charlevoix, cliquez ici)

Cet exemple montrant que Charlevoix a tout simplement copié le texte de Catesby n'est pas unique. Charlevoix modifie parfois certains termes des parties de la fleur qui ne sont pas ceux de Catesby ou encore de Tournefort. Par exemple, Catesby parle du "pistil" du Laurier aux fleurs odoriférantes qui "s'augmente jusqu'à la grosseur d'une grosse Noix"*, alors que Charlevoix affirme que "lorsque la fleur est passée, le piston croît jusqu'à la grosseur d'une noix /../ * .Est-ce une variante linguistique du vocabulaire botanique ou une erreur d'amateur non averti?

En 1702, Furetière définit le terme "piston" et ne réfère aucunement à la botanique:

"La partie mobile de la pompe qui fait joüer. C'est un gros bâton cylindrique qui entre dans le corps de la pompe, & qui est attaché à une barre de fer qui s'élève, & qui s'abaisse par le moyen d'une manivelle que fait agir la force mouvente. Le mouvement du piston sert à aspirer l'eau, ou à la comprimer. Il y a aussi des pistons dans les seringues, dans la machine pneumatique & autres qu'on fait joüer avec la main."*,

alors que sa définition du "pistil" correspond à la réalité botanique:

"Terme botanique, est la partie de la fleur qui est au milieu de son calice, où est enfermée sa graine. Le pistil de la tulipe est accompagné de plusieurs petits filets qui portent des estamines." *.


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